Présentation


 
Jeudi 7 août 4 07 /08 /Août 00:17

Figé sur place, une main occupée par une bouteille neuve de téquila et l’autre à tenir la porte qu’il venait d’ouvrir, Idriss regardait fixement Auxence en face de lui. Après cette dispute avec sa petite sœur, une des rares qu’ils avaient ensemble, c’était la dernière chose dont il avait besoin, c’était d’avoir celui qui lui faisait agiter sa conscience depuis plusieurs mois. Comme quelques minutes auparavant, son imagination lui jouait des tours, son esprit dérivant vers des rives pas très catholiques, mais comme il l’avait déjà fait, il garda un semblant de calme.

-          Qu’est-ce que tu fous là ?

Auxence reconnut facilement l’amabilité dont pouvait faire preuve Idriss mais avait un peu espérer  que cela change avec ce qu’il avait pu se passer entre eux. C’était apparemment trop demander au jeune homme. Lui aussi se demandait ce qu’il faisait ici, sur le pas de la porte d’Idriss. Enfin si, il le savait mais il avait du mal à l’accepter. Du mal à accepter l’évolution de ses sentiments depuis ces derniers mois pour cette personne passée de maître chanteur à partenaire sexuel sans qu’il y ait trouvé quelque chose à redire. Il était pleinement consentant, cette partie de lui-même qu’il détestait jusqu’à ce qu’il parle avec Ephram. Ou plutôt que celui-ci l’informe qu’il était en couple avec Daegan depuis plusieurs mois. Sans qu’il le dise, une pointe de jalousie s’était formée en lui, jaloux des sentiments qu’ils pouvaient avoir entre eux alors que lui ne pouvait avoir que du sexe avec Idriss. Il avait mis une explication et un nom sur une situation qui le minait depuis ces derniers mois et cela lui faisait mal de le reconnaître. Pourquoi avait-il des sentiments forts pour lui alors que toutes les filles ou femmes qui étaient passées dans son lit n’avaient pu faire naître cela en lui ?

Auxence ne le savait pas mais il devait lui en parler quitte à se prendre l’humiliation de sa vie, bien qu’il trouvait celle de l’hôtel pourtant pas mal, et  à ce que tout le lycée le sache. De toute façon, il considérait son avenir comme perdu depuis le début de ce chantage, il pensait n’avoir aucune chance de gagner contre Idriss de cette façon-là.

-          Il faut qu’on parle, lâcha finalement Auxence.

-          Pourquoi ça ? J’ai rien à dire moi.

-          Moi si. J’en marre.

-          De quoi ? Demanda Idriss qui ne comprenait plus rien

Le jeune homme sentit que ça n’allait définitivement pas être sa journée. Ses larmes de colère sourde avaient laissé place à de la peur. La peur de quoi ? Idriss n’arrivait pas à le savoir et il ne voulait pas le savoir.

-          Du chantage et du fait qu’on couche ensemble. Non. Qu’on baise ensemble selon le plaisir de monsieur.

-          C’est la meilleure de l’année celle-ci. Je te signale que tu es aussi consentant que moi et que c’est même toi qui provoques certaines situations. Tous les deux, on y trouve notre compte.

-          Oui mais j’arrête.

-          Tu veux vraiment tout perdre. C’est ça ?

-          Je m’en fous. Je veux passer à autre chose…

Les mots  qu’Auxence avait prononcés avec véhémence firent resurgir la jalousie d’Idriss. Ça y était, il n’avait pas fait assez attention et quelqu’un s’était rapproché de son jouet, de son amant même s’il avait du mal à l’accepter.

-          Si tu fais ça, tu vas le payer cher Auxence.

-          Est-ce que tu pourrais m’écouter jusqu’au bout ? Demanda le jeune homme tandis que son regard se perdait sur Idriss et ce qu’il pouvait tenir entre ses doigts. Et qu’est ce tu fous avec cette bouteille entière à la main ?

-          A ta place, je ne préférerais pas le savoir. Ca te regarde même pas. Comme tu l’as si bien dit. On baise ensemble, on ne sort pas ensemble.   

Au bout de quelques minutes, le ton avait fortement monté entre les deux jeunes hommes qui étaient à présent prêts à en venir aux mains, à faire passer par les poings ce que leurs bouches refusaient de dire à haute voix. Ce qui arriva jusqu’à ce qu’un incident se produise sans qu’aucun des deux n’en prenne réellement conscience. Idriss, armé de la bouteille de tequila, frappa Auxence à la tempe droite. Un grand cri de douleur échappa des lèvres du blond qui tomba en derrière sous la force du coup, la tête en arrière. Celle-ci heurta les pierres de l’allée de la demeure. Idriss s’attendait à la réponse fracassante d’Auxence mais ce dernier ne se releva pas. Il avait beau attendre, rien n’y faisait. Ceylan, alertée par le cri, descendit les escaliers quatre par quatre, manquant de justesse de chuter et arriva jusqu’aux lieux où son frère se tenait immobile, où des larmes sans sanglots ravageaient de nouveau son visage. Il semblait figé sur place. Quand elle vit Auxence à terre, elle se précipita à lui, sondant son pouls et le giflant pour le réveiller après avoir vu que celui-ci était là. Mais rien n’y faisait. Un peu affolée, elle composa un numéro qu’elle connaissait bien, celui de Daegan avec son portable qu’elle avait pris soin d’amener de sa chambre puis celui des secours. Le jeune homme arriva en même temps qu’eux.

Après avoir vérifié l’état du joueur de basket et qu’il ne risquait rien à être bougé, deux secouristes le mirent sur un brancard rétractable  puis dans l’ambulance jusqu’à l’hôpital le plus proche.

Deux heures plus tard, les trois jeunes gens se trouvaient dans une petite chambre vert pale, aux senteurs de javel, aux draps propres et aux continuels bip-bips des machines respiratoires et cardiaques. Auxence était allongé, vêtu d’une blouse bleue cobalt, les bras sur les draps auxquels des perfusions étaient attachées. Le médecin avait prononcé un verdict sans appel une heure plus tôt, un coma temporaire dû au choc à la tête de la bouteille et du sol. Il ne pouvait pas encore se prononcer s’il y avait des risques de séquelles au cerveau. Il portait tout de même un bandage autour de la tête pour maintenir un pansement sur sa tempe droite car en tombant, une pierre lui avait méchamment entaillé la peau à cet endroit. Après être assuré que tout allait bien, enfin aussi bien que possible, Daegan ramena Ceylan chez elle, plutôt sonnée par ce qu’il venait de se passer. Il n’avait jamais réussi à faire bouger Idriss de la chambre pour le faire rentrer lui aussi. Au bout d’un moment, il laissa tomber, murmura un faible au revoir avant de fermer la porte et de laisser Idriss seul avec ce qu’il avait fait. Tout ce qu’il avait pu contenir en lui face aux deux autres, s’éclata sous la forme de grands sanglots, chose rare chez lui, détestant de telles représentations de sentiments. Il venait de prendre réellement conscience de ce qu’il avait fait et de ce qui l’avait poussé à son geste. Qu’est-ce que ça aurait été s’il avait bu comme à son habitude ?  

Contrairement à ce qu’il avait dit, il ne voulait lui faire aucun mal. Il voulait plus l’avoir dans ses draps et le serrer dans ses bras pendant qu’Auxence dormait que le voir respirer à l’aide d’un appareil sur un lit d’hôpital. Idriss s’adossa à un mur de la chambre et glissa contre. Ses lèvres laissaient passer sans cesse « elle avait raison » pendant que ses mains agrippaient sa tête, ses cheveux.

Quelques heures plus tard, vers les quatre heures du matin, Idriss était toujours au chevet d’Auxence. Il avait réussi à convaincre les infirmières de le laisser rester durant la nuit ; elles avaient craqué devant la détresse des yeux noisette du jeune homme. Deux d’entre elles lui avaient apporté des couvertures  pour passer la nuit malgré le temps doux de la saison.

Le jeune homme s’était installé sur une chaise inconfortable, avec une très mince assise de cuir gris clair, qu’il avait tiré à côté de lit de son jouet. Il ne disait rien, son esprit se contentait de ressasser au ralenti le film de la soirée et les moments où ils avaient été  ensemble de gré ou de force, se contentant de lui tenir la main. Se sentant faiblir et proche des abysses du sommeil, il se leva et sortit de la chambre pour descendre à l’étage inférieur, au service de cardiologie, se chercher un café court, bien serré pour lui permettre de tenir le reste de la nuit et une partie de la matinée. Aujourd’hui, il n’irait pas en cours, ni les suivants d’ailleurs, pas tant qu’Auxence n’ait ouvert les yeux. A moins qu’il ait une somation de ses parents aimants mais bien trop souvent absents.

La machine à café fit un bruit pas possible au milieu des couloirs déserts, quand elle se mit en route suite à la commande d’Idriss. Ce dernier avait dû faire toutes les poches de son baggy pour trouver les quelques pièces nécessaires pour avoir son café. Il se saisit du gobelet marron du bout des doigts car le liquide foncé était brulant et diffusait sa chaleur sur toutes les surfaces. Sur les pointes de pieds et souhaitant un bonne nuit aux infirmières de garde dans leur poste, il traversa tout le service quand une voix masculine l’intercepta de son nom. Après une légère hésitation et sachant qu’Auxence était à l’étage supérieur, peut être à se réveiller, Idriss entra dans cette chambre sous l’insistance de la voix. Quelle ne fut pas sa surprise d’y trouver le père d’Auxence, confortablement installé sur son lit par une bonne dose d’oreillers. Lui aussi était branché à des machines cardiaques. Il le connaissait pour l’avoir croisé quatre ou cinq fois quand il était venu dans la maison d’Auxence. Il l’aimait bien malgré son côté assez bizarre et papa poule. Il se demanda ce qu’il faisait ici dans cette chambre, pourtant il se souvenait vaguement qu’Auxence  avait parlé des problèmes de santé chez son père un jour où ils avaient coupé au début de l’acte et il avait dû aller au pas de course à l’hôpital.

Ne sachant pas quoi dire à cet homme, il porta à ses lèvres, le liquide brulant et en avala deux gorgées rapidement, comme pour le réveiller définitivement de ce qui lui semblait n’être qu’un cauchemar plutôt long.

-          C’est toi qui viens souvent à la maison ces derniers temps ? Finit par demander le père d’une petite voix.

-          Oui.

-          Qu’est-ce que tu fais là ?

-          Je me suis énervé et j’ai frappé quelqu’un, alors j’attends son réveil.

Il omettait de lui dire que c’était de son fils dont il était question. Il pouvait par moment se comporter comme un vrai salaud, il y avait certaines choses que les parents n’avaient pas à savoir.

-          Quelqu’un que tu aimes bien ?

-          Oui. Quelqu’un que j’aime beaucoup.

Les mots sortirent de sa bouche sans qu’il s’en rende compte, le plus naturellement du monde. Le père eut un mince sourire devant ce petit aveu qui lui rappelait la fraicheur de l’adolescence.

-          Je vois, dit-il en souriant. Et tu lui as dit ?

-          Non.

-          Tu devrais.

-          Pourquoi ?

-          La personne aimerait sans doute beaucoup le savoir.

-          Vous croyez ?

-          J’en suis sûr. C’est important de se savoir et de se sentir aimer.

-          Et vous. Vous faites quoi ici ? Questionna Idriss comme pour changer de sujet, glissant sur une pente dont il n’avait pas envie.

-          J’ai encore fait une petite attaque en travaillant tard ce soir. Heureusement que mon assistant était là et a appelé les urgences. Je n’ai pas fait avertir Auxence pour éviter de l’inquiéter comme la dernière fois.

-          Ah bon ?

-          Il s’inquiète facilement dès qu’on a un petit problème de santé.

-          Comment ça ?

-          Je ne sais pas s’il te l’a dit mais Auxence a perdu sa mère à sept ans. Il est resté très marqué par la leucémie foudroyante de ma femme et il est devenu très attaché à moi, même s’il ne le montre pas forcément. Sous son apparence sans doute froide et hautaine, c’est un gamin un peu paresseux qui peut s’attacher facilement.

La tendresse du père était évidente en parlant de son fils. Lui aussi n’avait plus que la chair de sa chair dans sa vie, ayant coupé les ponts avec deux familles des années avant la naissance de son fils. Il aimait leurs petites vies à tous les deux, leur petite cellule familiale.

-          Monsieur, je crois que je vais y aller. Et vous devez avoir besoin de repos.

-          Un peu. Tu ne diras rien à Auxence ?

-          Pourquoi je le ferais ?

-          Merci.

-          Pas de quoi, dit Idriss sur le pas de la porte, une main autour du gobelet refroidi et une autre sur un mur à la surface lisse.

-          Au fait, ce que j’ai dit. C’est comme mon petit Auxi, il aimerait le savoir.

La porte se referma sans aucune réponse du jeune homme. Le père continua de sourire. Contrairement à ce que pensait Idriss, il était au courant que son fils était entré à l’hôpital en urgences et dans le coma à cause du jeune homme qui était passé dans sa chambre. Il avait décidé de ne rien lui dire, ni sa pensée quand il vit que la peine sur son visage était sincère, tout comme ses mots. Il ne lui avait pas dit non plus qu’il était au courant de la relation qui les unissait. Une fois, ils n’avaient pas été très discrets et il avait bien compris que les gémissements échappés étaient de plaisir et non pas d’autre chose. Il eut du mal à le digérer les deux premières semaines mais il s’y fit, et il attendait qu’Auxence lui en parle. Et comme il le connaissait, il allait le faire sous peu, au vu de certaines tournures d’événements. Demain, il passerait le voir. Pour le moment, sa poitrine le lançait un peu et la fatigue se faisait sentir dans tous ses membres. Il retira deux oreillers avant de s’allonger convenablement et fermer les yeux. Demain était un autre jour, tel fut sa dernière pensée avant d’être pris dans le sommeil.

 

A six heures du matin, les premières lueurs rosées de l’aube commençaient à apparaître à l’horizon et derrière les immeubles et maisons et quelqu’un n’avait pas dormi de la nuit, passant six heures à veiller avec Ceylan et à s’abreuver de cafés et de thé tout en zappant sur la télécommande de l’immense plasma que les Macknelly possédaient. Puis il avertit la jeune fille qui sommeillait sur ses jambes qu’il devait partir pour voir Ephram et lui dire pour Auxence. Il arrêta sa Twingo verte en douceur devant le portail de maison en briques de son petit ami. Il le poussa sans faire de bruit pour toquer à la porte. Ce fut Ephram qui lui ouvrit et un grand sourire éclaira son visage avant qu’il saisisse le cou et le planque contre un mur du petit hall d’entrée pour l’embrasser passionnément. Baiser auquel, naturellement, Daegan ne put s’empêcher de répondre malgré les nouvelles qu’il apportait. Il adorait quand Ephram se faisait entreprenant comme ça. Apparemment il était content et même très content de le voir aussi tôt le matin tout en sachant qu’il avait pendant une semaine, la maison pour lui seul.

Le jeune homme mit fin à leur échange quand il sentit des mains vicieuses sous son pull fin pour prendre la route de ses fesses. A la plus grande incompréhension de son petit ami, il se sépara de lui et mit une petite distance pour être sur qu’il ne lui saute pas dessus.

-          Qu’est-ce qui se passe Daegan ? J’aime pas quand tu fais cette tête. C’est signe de mauvaise nouvelle.

-          Cette fois, oui.

-          Accouche.

-          Auxence est à l’hôpital, dans le coma. Ça s’est passé dans la nuit.

-          Pardon ? Tu peux répéter, là.

-          Il y a eu une discussion entre Auxence et Idriss qui a mal tourné et Auxence se trouve dans le coma.  

 

Ca se passe pas comme vous voulez, et ça se finit surement pas comme vous voulez non plus, mais attendez la suite et vous serez servies. Tout se passe dans le prochain chapitre.
Tout, sauf la fin.... hihihi
Gros bisous de la part des deux auteurs sadiques et qui sont fières de l'être...

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Jeudi 31 juillet 4 31 /07 /Juil 00:05

Le lendemain était un mercredi, et de bon matin, Auxence se rendit au lycée. Il avait d’autres soucis plus importants, mais aller en cours lui permettrait de penser à autre chose. Du moins, c’est ce qu’il croyait. Quand il arriva devant le portail de son établissement, il aperçut Ephram. Aussitôt, une dangereuse rancune envahit son esprit. Il se dirigea vers lui d’un pas décidé et rageur, déterminé à recevoir les explications qu’il méritait, ainsi que le soutien dont il avait besoin, même s’il ne l’admettrait jamais. Arrivé à hauteur de son ami, il s’arrêta, les mains rangées dans les poches de son blouson et les sourcils froncés.

-          Putain mais qu’est-ce que t’as foutu hier soir ? Hurla-t-il, sans même saluer Ephram.

-          J’étais chez Idriss, répondit le roux, un sourire aux lèvres, amusé par la réaction d’Auxence.

-          Tu préférais être chez ce con qu’avec moi ??!

-          Ce con, hein ? Insista Ephram, toujours aussi souriant.

Auxence sentit le chagrin refaire surface, alors il tenta de se contrôler, pour ne pas craquer devant son ami. Tant bien que mal, il réussit à retenir ses larmes, et c’est les yeux brillants qu’il raconta toute l’histoire à Ephram.

-          Mon père est à l’hôpital. Il a fait un infarctus hier soir. C’est pour ça que je t’ai appelé aussi tard. Mais toi… toi, t’étais chez cet abruti de première ! J’avais besoin de toi, moi ! Tu étais là quand ma mère est morte, tu sais le mal que ça m’a fait ! Voir mon père inconscient, ça m’a rappelé de mauvais souvenirs, et t’étais pas là pour me soutenir ! J’avais besoin de toi, merde !

Il avait essayé, mais il n’y était pas arrivé. Le visage d’Auxence était ravagé. Ses larmes s’étaient mises à couler sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. Ephram ne souriait plus. Il s’en voulait. S’il avait su, il aurait répondu à l’appel de son ami la veille. Il ne l’aurait jamais laissé tomber dans un moment pareil, car oui, il avait été là pour voir Auxence traumatisé par la mort de sa mère, et il savait qu’il ne supporterait pas de perdre son père. Malgré quelques futiles disputes, il aimait son paternel, et si ce n’était pour lui, il n’aurait jamais été aussi doué dans tout ce qu’il entreprenait.

-          Je suis désolé, je sav… Commença Ephram.

Mais Auxence ne le laissa pas finir, peu enclin à accepter des excuses, même si à la base, il était venu voir son ami pour ça. Il était à présent trop énervé pour l’écouter. Il était obnubilé par l’absence d’Ephram la veille à l’hôpital, car celui-ci avait préféré passer sa soirée chez Idriss, et Auxence se demandait bien pourquoi. Il ne leur connaissait aucune affinité commune, et la perspective d’une éventuelle relation, ne serait-ce qu’amicale, entre eux faisait monter en lui un étrange sentiment, qu’il n’oserait jamais qualifier de jalousie, même sous la torture.

-          J’en veux pas de tes excuses, lança-t-il, d’un ton froid et amer. Tu sais quoi ? Moi aussi, je préfère être chez Idriss qu’avec toi !

Sur ces belles paroles plus honnêtes qu’il ne se l’imaginait, Auxence laissa son ami, seul, au milieu d’une foule d’autres élèves qui avaient assisté à leur discussion animée. Se sentant observé, Ephram traversa la cour du lycée et disparut dans un couloir de l’établissement, la tête baissée.

 

Quelques mois plus tard, le printemps avait imposé sa présence. Les arbres et les plantes bourgeonnaient et on pouvait déjà apercevoir quelques fleurs naissantes. Le mois de mai s’annonçait ensoleillé et coloré, mais il représentait aussi les dernières semaines de cours dans leur lycée pour ceux qui étaient en terminale, car juin était réservé aux examens.

Daegan et Ephram sortaient ensemble et ils se découvraient chaque jour un peu plus, savourant leur relation fusionnelle. En privé, ils se dévoilaient leurs sentiments et leurs envies, mais au lycée ou lors des entraînements de basket, ils ne montraient pas leur liaison, car leurs amis n’étaient pas au courant. Ils ne leur avaient pas encore dit, voulant profiter du calme autour d’eux avant de subir la foudre de certains. Les personnes connaissant la vérité se comptaient sur les doigts d’une main, puisque seulement leurs parents respectifs et Ceylan le savaient. La confrontation avec la sœur d’Idriss avait été inévitable, puisqu’ils s’étaient embrassés devant elle le jour où elle les avait appelés pour l’aider à calmer son frère, quelques mois plus tôt. Elle avait bien réagi, et leurs parents aussi, pour leur plus grand soulagement.

Un vendredi après-midi, pendant l’entraînement, Ephram attira Auxence à l’écart des autres joueurs, alors qu’ils pratiquaient un exercice deux par deux. Il avait pris une décision, et il allait s’y tenir, car il n’en pouvait plus de mentir à son meilleur ami.

-          J’ai un truc à te dire, Auxi, commença-t-il.

Le blond ne dit rien. Il se contenta de lever les yeux, tout en lançant le ballon à Ephram. Ce dernier ne se formalisa pas de son manque de communication. Il savait qu’Auxence attendait simplement qu’il continue, ne voyant pas l’intérêt de l’interrompre alors qu’il s’apprêtait à lui parler.

-          Je sors avec quelqu’un, continua Ephram.

-          T’es passé à autre chose alors, répondit Auxence, intéressé. J’espère que t’as choisi un meilleur parti que cette peste d’Anita, j’ai jamais pu la sentir.

Ephram sourit à cette remarque. Il avait toujours su que son meilleur ami n’appréciait pas sa petite copine, même si en face d’elle, le blond avait toujours essayé d’avoir une attitude agréable.

-          C’est Daegan, déclara-t-il, sans détour.

Surpris, Auxence n’attrapa pas le ballon que lui lança Ephram. Il s’était préparé à le recevoir, les bras tendus en avant et les paumes ouvertes se faisant face, mais suite à la révélation de son ami, il n’avait pas fait en sorte que ses mains se rejoignent sur le cuir orange du ballon. Ce dernier était venu s’abattre contre son torse, puis il était tombé à ses pieds, avant d’aller finir sa course à quelques mètres de là, contre un mur.

Auxence baissa les bras pour ne pas que tout le monde se tourne vers lui et se demande ce qu’il lui prenait à rester figé ainsi. Les yeux ébahis et la bouche entrouverte, il fixa Ephram un moment.

-          Tu veux que je répète ? Demanda le roux, las d’être dévisagé ainsi.

-          N…non, c’est bon, bégaya Auxence. Je suis surpris, c’est tout. J’ai rien vu venir.

-          Si tu m’avais écouté plus souvent, tu l’aurais su plus tôt, répliqua Ephram.

Auxence ne contredit pas son ami, car il savait que celui-ci avait raison. Semblant se rendre compte de quelque chose, il parcourut le gymnase des yeux et il finit par trouver Daegan. Il était tourné vers eux, et il avait l’air d’avoir attentivement suivi leur conversation, même s’il ne devait pas avoir entendu grand-chose. Auxence lui sourit, simplement, ne sachant pas quoi faire d’autre, et Daegan retourna à ses occupations, avec la ferme attention de découvrir le contenu des propos échangés par ses deux coéquipiers.

-          Ca fait longtemps ? Finit par demander Auxence, reportant son attention sur son ami.

-          Quelques mois, répondit Ephram.

Quelques mois, répéta le blond dans sa tête. Son meilleur ami sortait avec un garçon qu’ils connaissaient tous les deux, et ce depuis plusieurs mois, et il n’avait rien remarqué. Soudain, une pensée s’inséra brusquement dans son esprit. Ephram venait en quelque sorte de lui avouer qu’il était, si ce n’était gay, en tout cas bisexuel. Il avait alors lui-même la possibilité de se confier à son ami et de lui parler de ses aventures avec Idriss, sans crainte d’être rejeté. Pourtant, les mots ne voulaient pas sortir de sa bouche. Si ça avait été n’importe qui d’autre, il aurait été capable de prononcer son nom, mais admettre qu’il avait régulièrement des relations sexuelles avec le garçon qu’il était censé mépriser plus que quiconque lui était impossible. Encore une fois, il n’allait rien dire, et il n’aurait sûrement jamais plus une si bonne opportunité de le faire.

N’ayant plus rien à ajouter, Auxence alla récupérer le ballon égaré de l’autre côté du gymnase, puis il le lança à Ephram. Ils firent quelques passes, jusqu’à ce que leur coach leur montre un autre exercice, et l’entraînement se termina dans une bonne humeur habituelle, comme si rien ne s’était passé.

 

Une semaine plus tard, à quelques kilomètres de l’enceinte sportive, deux jeunes personnes se retrouvèrent encore une fois seules dans le silence de leur villa aux dimensions astronomiques. Un vendredi de plus était passé, et Idriss venait de rentrer du lycée. Il déposa son sac de cours dans sa chambre, puis il rejoignit sa sœur dans le salon, après être allé chercher une bouteille de soda dans le frigo et un paquet de biscuits chocolatés dans un placard de la cuisine. Il s’installa sur le canapé, prenant autant de place qu’il pouvait, puis il tourna sa tête vers l’écran de télévision que sa sœur avait allumé.

Comme tous les jours à cette heure-là, elle regardait son programme favori : une émission de télé réalité. Divers inconnus étaient enfermés dans une maison surprenante et colorée et ils étaient filmés vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Idriss n’en voyait pas l’intérêt, mais il sourit en se disant que c’était tout à fait de l’âge de sa sœur de regarder ce genre de choses. Il ferma les yeux, après avoir posé la bouteille et les gâteaux par terre. Il resta allongé quelques minutes, mais son repos fut de courte durée, car Ceylan lui adressa la parole.

-          Comment va Daegan ? Lui demanda-t-elle.

Idriss fronça les sourcils, tout en gardant les paupières closes. Il appréciait son ami, mais il ne comprenait pas pourquoi tout le monde s’intéressait subitement à lui.

-          Qu’est-ce que vous avez tous à me parler de lui ? S’énerva-t-il.

-          Qui tous ? S’étonna Ceylan.

Idriss ouvrit les yeux et se releva, pour se retrouver en position assise, les coudes posés sur ses cuisses. Il se frotta les yeux, comme pour se réveiller et chasser la lassitude qui le gagnait.

-          L’autre abruti, dit-il, se voulant le plus désagréable possible. Pendant la semaine, il a pas arrêté. Daegan par ci, Daegan par là. Il m’a gonflé, alors t’y mets pas aussi.

-          Celui avec qui tu couches ? Rétorqua Ceylan, ayant une vague idée de l’identité du fameux abruti. Si elle avait raison, elle allait devoir ouvrir les yeux à son frère, car il se voilait la face, elle en était persuadée.

Idriss serra les poings, et il respira un bon coup, pour cacher l’effet que lui faisait le simple fait d’imaginer le blond à nouveau dans son lit. Il ne tarderait pas à revenir, mais tant qu’il n’était pas là, Idriss se devait de demeurer impassible. Auxence était la victime de son chantage, un garçon avec lequel il s’amusait. Rien de plus.

-          Oui, mais ça, on s’en fout, c’est pas de lui qu’on parle, lança-t-il.

Ceylan se leva, agacée par l’attitude son frère aîné. Il avait trois ans de plus qu’elle, mais elle avait souvent l’impression d’être plus mature et plus réaliste que lui. Quand il s’agissait de relations, amicales ou amoureuses, Idriss était une véritable calamité. L’absence de leurs parents y était sûrement pour quelque chose, Ceylan s’en doutait. Même s’ils s’occupaient rarement d’eux, Idriss les aimait beaucoup, et intérieurement, il souffrait de les voir si peu. Il ne le disait à personne, mais elle le savait. S’il n’osait pas ouvrir son cœur à quelqu’un, c’était parce qu’il avait trop peur d’en être ensuite éloigné.

-          Si, justement ! Cria Ceylan, hors d’elle. Tu es tellement fier que tu te rends pas compte que tu l’aimes bien, cet abruti ! Tu vois même pas ce qu’il se passe pour ton meilleur ami.

Elle tourna les talons, et quitta le salon en franchissant la porte qui menait dans le hall d’entrée. Elle monta ensuite les escaliers pour aller s’enfermer dans sa chambre, et détendre ses nerfs qui venaient d’en prendre un coup.

Au rez de chaussée, Idriss n’avait pas bougé. Assis sur le bord du canapé, il avait la tête droite, et il fixait un point imaginaire en face de lui. Il méditait sur tout ce que venait de lui dire sa sœur, et il tentait d’en discerner le vrai du faux. Il fut surpris de sentir des larmes couler sur ses joues, car il n’avait pas fait attention à l’humidité grandissante qui avait envahi l’intérieur de ses yeux. Il n’essaya pas de dissimuler son chagrin, car il n’y avait personne autour de lui. Peut-être avait-il besoin de faire le vide, de se libérer de choses qui lui pesaient un peu plus chaque jour. Peut-être était-ce un moyen comme un autre pour aller mieux. Pleurer.

Plus ses larmes ravageaient son visage, plus les souvenirs remontaient à la surface, et il finit par ne plus vraiment savoir pour quelle raison il pleurait. Il tenta de se convaincre que c’était parce qu’il ne s’était jamais sérieusement disputé avec sa sœur auparavant, mais au fond de lui, il savait que ce n’était pas la vérité. Pourtant, il préférait s’enfermer dans son mensonge et faire semblant d’y croire. Un peu.

N’arrivant pas à se calmer et à retenir ses larmes qui déferlaient sur sa peau a présent humide, il n’entrevit qu’une solution. La plus lâche, celle vers laquelle il se tournait le plus souvent, car il était bel et bien lâche, ce jeune homme que tout le monde imaginait si courageux. Il se leva et quitta le canapé sur lequel il était assis. Il se dirigea vers l’unique meuble contenant ses plus précieux trésors. Il en ouvrit la porte, puis il attrapa une bouteille pleine. Encore une fois, il allait noyer son chagrin dans l’alcool, car il ne savait pas comment faire autrement.

Il se laissa glisser contre le mur du salon, se préparant à sombrer dans un univers qu’il ne connaissait que trop bien. Il serra la bouteille entre ses doigts, puis il en attrapa le goulot avec sa main droite. Mais son geste fut interrompu par une sonnerie stridente qui retentit dans toute la maison. Idriss marmonna quelques mots incompréhensibles, et il reprit là où il en était, sans prendre la peine d’aller ouvrir la porte d’entrée. Lorsque son visiteur se fit plus insistant, il se leva. Il allait l’accueillir comme il se devait, comme quelqu’un qui le dérangeait.

Il essuya les quelques larmes qui brillaient encore sur son visage, puis, sans lâcher la bouteille d’alcool pas encore ouverte, il marcha jusque dans le hall. Il tourna la clé dans la serrure, et mué par le peu de volonté qu’il lui restait, il abaissa la poignée. Il ouvrit la porte, puis il leva les yeux pour voir qui était l’individu qui osait l’importuner. Il fut surpris de le voir devant chez lui, alors qu’ils n’avaient pas prévu de se voir, mais il n’en montra rien. Debout sur le perron, Auxence était là.

Et un chapitre de plus, un!
Il est assez court, on le sait, mais ne vous inquiétez pas, les deux prochains seront trèèèsss longs, on peut vous l'assurer, tout en vous informant qu'il n'en reste que trois. Après, cette histoire sera terminée T_T
Alors profitez bien de nos p'tits lous!
Gros bisous à tout le monde!

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Jeudi 24 juillet 4 24 /07 /Juil 19:30

Ces trois mots simples et pourtant chargés d’un sens certain mirent un moment à arriver aux oreilles de Daegan et il lui fallut du temps pour en saisir le sens. Ephram était libre, plus d’entrave pour stopper le quelque chose qui se passait entre eux. Un grand sourire naquit sur ses lèvres, vite mangé par Ephram dans un baiser violent et passionnel, ses dents mordant les lèvres au sang, chassant cette frustration des dernières semaines. Les mains du roux ne caressaient plus les longs cheveux noirs de Daegan mais les retiraient en arrière pour les séparer afin qu’ils retrouvent mieux leurs bouches dans un grand choc.

Daegan était totalement conquis par la perte des inhibitions de celui qui allait passer d’ami à amant. Jusqu’à lors inactives sur les hanches d’Ephram, les mains du jeune homme prirent une route de campagne pour se glisser sous l’élastique du maillot de bain, à la recherche de deux belles formes fermes à caler sous la paume, et elles y imprimèrent une caresse douce et excitante. Sous l’effet de cette attention, le jeune homme bougeait légèrement contre Daegan et son pénis commençait à se tendre sérieusement. Cela fit sortir un gémissement de sa bouche, se noyant dans leur baiser. De plus en plus excité par son compagnon, Daegan ne put s’empêcher de glisser son majeur entre les deux fesses du jeune homme pour y chercher quelque chose de bien particulier ; dans lequel il glissa d’un coup sec et profond son doigt.

Ephram lâcha la bouche et le maillot de bain de son compagnon pour avoir un grognement mécontent sous cette intrusion qu’il ne pensait pas aussi rapide. La douleur n’était pas là à cause de l’eau chaude du jacuzzi, agissant tel un lubrifiant. Un autre doigt l’avait rejoint et le faisait se coller encore plus à son amant.

-          Arrête de faire ça, si tu ne veux pas que je te prenne sur place. Je préférerais quelque chose d’un peu plus romantique comme première fois entre nous.

La réponse qu’il reçut fut un coup de dent à la naissance du cou et une langue qui lécha la blessure occasionnée. Dans le même laps de temps, Ephram mit franchement sa main gauche dans le short large de bain pour l’apposer fermement sur le pénis raide jusqu’à la douleur. Il lui retira le prépuce et joua de son pouce sur le bout. Un long frisson remonta tout le long du dos de Daegan. Son compagnon continuait les sévices sur son corps en lui mordant l’oreille droite avec application avant de lui glisser à l’oreille :

-          Maintenant. On a assez attendu.

-          Très bien, articula Daegan entre deux souffles courts causés par le traitement que lui faisait toujours subir Ephram. Lève-toi.

Le jeune homme arrêta tout mouvement et le regarda en levant un sourcil suspicieux avant de faire ce qu’il lui disait. Daegan avait retiré ses doigts et il tira d’un coup le short de bain qu’il lui avait passé vingt minutes plus tôt, lui-même se souleva quelque peu pour enlever le sien. Puis son compagnon se réinstalla sur ses cuisses, prit l’appendice en main une nouvelle fois pour le guider jusqu’à son antre, sur laquelle il fit pression pour faire entrer le bord du gland.

Daegan ne s’attendait pas à une telle prise d’initiatives de la part d’Ephram. Ce qu’il ne savait pas, c’était qu’Ephram avait passé de longues heures à se documenter sur l’acte entre hommes, dés qu’il fut séparé d’Anita. Il ne voulait pas paraître pour quelqu’un ignorant de la chose. Par contre, bien qu’il se soit préparé à la douleur dans cet endroit et bien que l’eau chaude soit tel un lubrifiant, il eut un hoquet sous la pression douloureuse de ses chairs face à cette intrusion. Bien qu’il vit que son amant avait mal, Daegan ne put s’empêcher de poser ses mains sur les hanches de son co-équipier afin de le faire s’abaisser d’un seul coup, pour éviter qu’Ephram, sous la douleur, ne fasse machine arrière. De plus, il n’avait jamais été partisan de faire durer les effets néfastes. Plus vite ce serait fait, plus vite ils pourraient passe à autre chose.

Pendant deux minutes, il n’y eut plus rien à part le bruit des remous. Puis Ephram commença à faire de petits mouvements de haut en bas  pendant que Daegan occupa sa bouche et son membre raide. Peu à peu, la douleur s’atténua, laissant place à des petites aiguilles à la douleur délicieuse.  N’aime-t-on pas la douleur pour le plaisir malsain qu’elle apporte ? De petits soupirs s’échappaient de la bouche de Daegan auxquels répondaient les gémissements de son amant qui commençait à se déhancher de plus en plus, cherchant à ressentir un maximum de sensations et à être proche de son amant aux longs cheveux noirs. La chaleur du bain et celle naissante entre eux les amenaient lentement mais sûrement à des milliers de lieux d’ici.

Deux cris distincts et des soupirs d’aise conclurent cet acte sexuel et inaugurèrent le début de leur relation. Avec précaution, Daegan, encore légèrement dans les limbes du plaisir, souleva son petit ami pour le libérer de son pénis et permettre aux fluides de sortir de cet endroit inadapté, pendant qu’Ephram reprenait son souffle, le front appuyé contre son épaule. Daegan caressa tendrement les cheveux et les flans du roux tout en l’embrassant doucement.

-          Ça fait trop mal, dit Ephram qui parla enfin.

Son compagnon ne put retenir un petit rire nerveux.

-          Mais c’est bon, succulent. Encore, plus encore.

Daegan ne comprit pas tout de suite ce qu’il voulait jusqu’à sentir deux mains caressantes sur son torse.  

-          Ok, mais sortons de cette fournaise, sinon on va mourir avant de recommencer.

Avec une grimace traversant son visage, Ephram se leva de son fauteuil humain pour sortir du jacuzzi. Son petit ami le suivit attentivement des yeux, prenant plaisir à le regarder et remarquant pour la première fois  la croix de Râ tatouée sur l’omoplate gauche du jeune homme. Il n’avait pas le corps parfait qu’il aimait trouver chez les personnes qu’il lui arrivait de fréquenter, mais il avait le petit quelque chose qui lui faisait le trouver indéniablement désirable et beau. Il sortit tout de suite après pour le placer contre un mur en bois. Il le retourna pour l’embrasser à pleine bouche, comme si sa vie en dépendait. Son corps entier vibrait à nouveau. Finalement, Ephram n’était pas le seul à réclamer à nouveau. Après des préliminaires aussi empressés que brusques, Daegan lui fit enlacer sa taille de ses jambes avant de commencer à le pénétrer et repartir pour une nouvelle étreinte enflammée.

Ce fut à ce moment-là que le portable du jeune homme décida de se faire entendre en utilisant une sonnerie digne des plus grands concerts de métal. Daegan savait qui c’était mais il n’avait aucune envie de répondre. Idriss pouvait aller se faire voir pour une fois, il avait beaucoup plus important à faire comme satisfaire sexuellement son petit ami.

Daegan ne répondit qu’une bonne vingtaine de minutes après, sur les nerfs que le téléphone ne s’arrête pas de sonner, en tenant d’une main sa serviette de bain autour de sa taille. La personne à l’autre bout du fil allait avoir de ses nouvelles pour avoir interrompu le restant de sa soirée avec Ephram, mais quelle ne fut pas sa surprise d’avoir Ceylan au lieu d’Idriss.

Une Ceylan paniquée, en pleurs et proche de la crise à cause de son cher et tendre frère. Celui-ci avait encore bu, mais contrairement aux autres fois, il était devenu violent, proférant des injures et cassant tout ce qui se trouvait à portée de sa main sans que sa sœur ne trouve à le calmer. Elle avait même échappé de peu à la trajectoire d’un énorme vase.

-          Très bien Ceylan. Ne t’inquiète pas, j’arrive dans cinq minutes, dit le jeune homme à la fin de la conversation.

Au même moment, Ephram refaisait son apparition, habillé et une grimace imprimée sur son visage. Une once de jalousie l’étreignit quand il entendit la dernière phrase.

-          C’était qui ?

-          Ceylan, la jeune sœur d’Idriss. Elle a de gros problèmes et je lui ai dit que je passais tout de suite. Désolé, mais le reste de notre si bonne soirée va tomber à l’eau. Tu n’as qu’à t’installer dans ma chambre, il y a de quoi s’occuper.

-          Tu en as pour longtemps ?

-          Je sais pas. Tout dépend dans quel état il sera.

-          Je viens avec toi.

-          Jalousie ? Demanda Daegan, qui avait bien vu l’attitude de celui qu’il considérait comme son nouveau petit ami.

-          Non.

-          C’est ça.

En disant cela, il s’approcha de lui et le serra contre lui.

-          C’est Idriss. Il a certains problèmes que Ceylan ne peut pas endiguer toute seule par moments.

-          Comme quoi ?

-          L’alcool.

-          Ah…, fut tout ce que trouva à dire Ephram, étonné que cette personne ait un penchant pour la bouteille. Tu aurais besoin de mon aide ?

-          Je crois que oui. Ça va être sans doute difficile de le contrôler quand il est comme ça.

Ephram fit un sourire à son nouveau petit ami avant de se dégager de son étreinte pour saisir son sac de cours qu’il avait abandonné dans le grand hall d’entrée. Daegan se attrapa la clé de sa Twingo verte, posée dans une petite coupelle de porcelaine de Sèvres, et son manteau, avant que les deux se dirigent vers la voiture.

 

Quand Ceylan ouvrit la grande porte de sa demeure à Daegan et à un garçon qu’elle ne connaissait pas, un cri et un bruit de vase cassé se firent entendre, en provenance du vaste salon. La jeune fille leur jeta un regard embué de larmes qui exprimait toute la peine du monde. Le jeune homme aux cheveux noirs ne put s’empêcher de serrer dans ses bras ce petit bout dans un geste quasi-fraternel et dans le but secret de la rassurer, puis il la lâcha pour se diriger dans le lieu de chaos en compagnie d’Ephram.

Idriss s’était une fois de plus laissé prendre par l’alcool et ses faits secondaires, sauf que là, il ne se contrôlait plus, faisant sortir une rage et une violence plutôt contenues ces derniers temps. Et ce fut tous les objets qui lui passaient sous la main qui devinrent ses victimes pendant qu’il marmonnait des paroles sans queue ni tête. Ses derniers souffre-douleur étaient le canapé et ses coussins. En voyant cela, Daegan ne put s’empêcher de serrer ses poings à en enfoncer ses ongles courts dans les paumes de ses mains, le voir ainsi lui donnait l’impression d’être impuissant. Ephram posa une main sur l’épaule de son petit ami  pour le sortir de sa torpeur, avant de se diriger vers Idriss pour le saisir par derrière, le bloquant de ses bras au niveau des épaules. Il le fit très facilement car sa carrure de sportif le lui permettait. Le jeune homme tenta de se débattre, mais il était trop imbibé par alcool pour que ses mouvements soient coordonnés et forts. Idriss reconnut vaguement son ami avant de sentir un coup de poing dans le ventre au niveau du diaphragme, lui coupant brutalement le souffle, puis le faisant sombrer dans l’inconscience. Daegan avait frappé fort, il savait qu’il aurait mal au réveil mais cela était un moyen très efficace pour le calmer.

Chacun des deux se saisit d’un côté d’Idriss pour le monter à l’étage, jusqu’à sa chambre, pendant que Ceylan essayait d’étouffer les sanglots qui l’agitaient encore. Ils posèrent le jeune homme aux mèches bleues sur le lit, le maintenant assis par une main dans le dos. Daegan alla fouiller dans son armoire bien ordonnée, miracle dû à la femme de ménagé qui venait tous les deux jours, pour trouver un pyjama. Pendant que son petit ami cherchait et installait Idriss, inconscient, assis sur le lit, Ephram sentit sa poche arrière droite vibrer sous l’effet d’un portable. De sa main libre, il le prit pour regarder qui pouvait l’appeler à cette heure-ci. Le nom d’Auxence lui fit arracher une grimace, il n’avait pas envie d’écouter les états d’âme de son meilleur ami, pour une fois, il pouvait bien se débrouiller tout seul. Il  raccrocha et éteignit l’appareil avant de le remettre à sa place, dans son jean.

Un quart d’heure plus tard, ils avaient changé Idriss et l’avaient couché, en veillant à ce qu’il soit bien sur le côté de façon à ce qu’il ne se noie pas dans son vomi, au cas où, et ils avaient posé une petite bassine en plastique bleue au bord du lit s’il se réveillait. Puis ils descendirent au rez-de-chaussée pour aider Ceylan à ramasser, à nettoyer et à ranger les dégâts qui étaient plus importants qu’ils le pensaient. Daegan essaya de demander à la jeune fille ce qui avait pu déclencher cette nouvelle crise de la boisson chez son ami, mais Ceylan n’avait aucune réponse, à part qu’il était rentré particulièrement énervé des cours. Des cours qu’il suivait de plus en plus régulièrement depuis quelque temps.

Quand on lui demandait le pourquoi de cette soudaine assiduité, il répondait que c’étaient bientôt les examens finaux et qu’il était temps pour lui de se mettre un tout petit peu à travailler, mais il y avait une autre raison qu’il n’avouerait sous aucun prétexte. C’était qu’il voulait garder un œil sur son jouet, l’objet de son chantage qu’il exerçait toujours, de peur que quelqu’un l’approche plus qu’amicalement, la jalousie et la possession l’animant.

Trois bonnes heures furent nécessaires pour tout remettre en ordre et jeter deux sacs poubelles de cinquante litres aux ordures. Ceylan cherchait déjà l’excuse à dire aux parents à leur retour d’un énième voyage d’affaires.  Les deux garçons remontèrent à l’étage pour surveiller Idriss, et Ephram ne put s’empêcher de demander si ce genre de comportement arrivait souvent.

-          Non, c’est que la deuxième fois. La première, c’était alors que leurs parents avaient parlé de l’envoyer dans un internat huppé, pour lutter contre son absentéisme. Finalement, cela ne s’est pas fait, mais on a du récupérer Idriss à ce moment-là.

-          Ca date ?

-          Un an et demi environ. Et toi, ça date ?

-          De quoi ?

-          Le tatouage que tu as en haut du dos ?

-          Ah ça. D’un an moins un mois. C’était pour fêter je sais plus quoi avec Auxence. Nous  nous sommes tous les deux fait faire un tatouage. En plus, on avait l’accord de nos parents, c’était ça le meilleur dans l’histoire, répondit Ephram avec un sourire, comme pour détendre une atmosphère devenue pesante.

-          Merci d’être venu avec moi.

-          De rien.

Daegan tourna un peu la tête, soudain gêné car il n’avait pas réellement pensé à ce qu’ils avaient fait quelques heures plus tôt, jusqu’à présent. Implicitement, ils savaient qu’ils sortaient ensemble mais d’un seul coup, il ne savait plus comment réagir. Finalement, il trouva la manière la plus simple de s’exprimer. Il s’approcha de lui, lui saisit doucement la nuque pour l’embrasser longuement et passionnément. Ce fut à ce moment-là que Ceylan se décida à entrer dans la chambre pour voir comment dormait son grand frère. Tout le monde resta figé sur place, un grand silence s’installa.

-          Mais vous êtes tous gays, ce n’est pas possible ?

-          Qu’est-ce que tu veux dire ? Demanda Daegan, un sourire flottant sur ses lèvres.

Ceylan mit une main devant sa bouche, réalisant qu’elle venait de faire une nouvelle gaffe. Elle devenait réellement une spécialiste des boulettes en tout genre.  

-          J’ai rien dit. C’est ma langue qui a fourché.

-          Ceylan, ça fait la deuxième fois.

-          C’est Idriss et Auxence, c’est ça ? Dit Ephram, neutre, demandant juste une confirmation aux doutes qu’il commençait à avoir depuis un certain moment.

Daegan regardait successivement la jeune fille et son petit ami avec de grands yeux écarquillés. Un grand seau d’eau glacée venait de lui être versé sur la tête. Alors, le jeune homme dont avait parlé Ceylan quelques semaines auparavant, c’était son capitaine. Il ne comprenait plus rien, demandant des explications à Ephram qui lui dit que les deux traînaient de plus en plus ensemble, mais qu’aucun des deux ne voulait admettre les liens qu’ils avaient. Plusieurs fois, le jeune homme avait tenté d’amener le sujet sur le tapis, mais sans succès, il s’était dit que peut-être, Auxence viendrait à en parler de lui-même. Mais quand Daegan lui demanda comment ils s’étaient connus, Ephram esquiva la question en disant qu’il n’en savait rien. Certaines choses ne devaient pas être dites, il avait donné sa parole.

Tous les trois se mirent d’accord pour ne rien dire et garder le secret sur les deux relations, Ephram et Daegan souhaitant vivre le début de leur histoire tranquillement, en attendant que les choses changent, que les deux autres se décident à parler.  

Un peu plus tard que d'habitude, mais toujours le jeudi, le chapitre est là. Contrairement à d'habitude, nous n'avons pas de conneries à raconter, la fatigue est sur nous. 
Bisous à tous et à toutes t à la semaine prochaine pour un nouvel épisode ^^ 

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Jeudi 17 juillet 4 17 /07 /Juil 02:12

Après sa déclaration foudroyante, Ceylan fut laissée pour compte. Se rendant compte qu’elle avait apparemment fait une gaffe, elle s’éclipsa, sous le regard meurtrier de son grand frère. Les deux garçons se retrouvèrent seuls dans la pièce, debout, se dévisageant l’un l’autre.

-          Quoi ? Tenta Idriss pour faire comme si de rien n’était.

Le silence de Daegan le déstabilisa, comme rarement ça lui arrivait. Son ami ne semblait pas disposé à lui adresser la parole. Il attendait des explications, et Idriss le comprenait parfaitement, mais il ne pouvait pas tout lui dire, même si une partie de la vérité était à présent révélée.

-          Fais pas attention à ce qu’elle dit, essaya-t-il de nier. C’est juste un gars qui est venu passer la nuit ici, et je l’ai laissé dormir.

-          Te fous pas de ma gueule, Idriss, intervint Daegan, tout en croisant ses bras sur son torse.

-          C’est la vérité !

-          J’te crois pas ! Tu laisses jamais un type dormir chez toi, encore moins par simple bonté d’âme ! Quand quelqu’un passe la nuit chez toi, c’est parce que tu l’as baisé !

-          Pas cette fois ! Tu me vois enculer un gars ?

Daegan ne répondit rien, car il n’y avait rien à dire. Oui, il imaginait parfaitement son ami dans les bras d’un autre garçon, et il se doutait un peu de son identité, mais jamais il ne l’avouerait. Il voulait qu’Idriss se confie à lui. Ca prendrait du temps, il le savait, mais il finirait par venir lui parler, car tôt ou tard, cette situation finirait par le dépasser, comme c’était son cas avec Ephram.

Sachant que son ami n’allait faire que s’enfoncer dans de vaines explications qui ne le convaincraient pas, il tourna les talons et se dirigea vers la porte d’entrée. La main sur la poignée, il prononça quelques derniers mots, d’un ton se voulant calme et amical.

-          Un jour, il faudra que tu admettes la vérité ‘Dris’, et ce jour-là, je serai là, car je l’ai déjà acceptée pour toi.

Il s’en alla, sans attendre de réponse. Alors qu’il n’avait pas encore complètement refermé la porte, il s’arrêta net, reconnaissant le bruit de bouteilles qui s’entrechoquent. Il serra les poings, ne voulant pas céder et aller au secours de son ami. Idriss devait s’en sortir, seul. Daegan se sentait coupable de ne pas l’empêcher de se saouler une fois de plus, mais il ne pouvait pas faire autrement. Il fut rassuré quand il entendit Ceylan arriver dans le salon et discuter avec son frère. Apparemment, elle l’avait calmé, car des pas lourds grimpèrent les escaliers menant au second étage, suivis de près par une démarche plus légère qui devait être celle de la jeune fille. Daegan ferma discrètement la porte, et il quitta définitivement la demeure de son meilleur ami.

 

***

Suite à ces quelques jours mouvementés, les quatre jeunes garçons passèrent le reste de leurs vacances chacun de leur côté. Ils avaient tous quelque chose à cacher, et ils avaient peur que leurs amis respectifs devinent tout. Auxence passa Noël avec son père, comme il le faisait depuis plusieurs années. Depuis que sa mère était morte, son paternel n’était plus enclin aux grands repas, contrairement à la famille d’Ephram, qui s’était réunie une fois de plus en ce jour festif. Daegan s’était retrouvé seul, comme d’habitude, car ses parents n’arrivaient jamais à s’arranger pour être là, ne serait-ce que le jour de Noël. Il aurait pu passer la soirée avec Idriss, mais celui-ci avait été invité au restaurant par Marylin, qui se doutait que son ami n’aurait rien de prévu. Ceylan avait été invitée chez une amie, alors ça tombait bien.

Pour le passage à la nouvelle année, ce fut le même scénario, à quelques détails près, puis la rentrée de janvier arriva. Le lundi, tout le monde se leva difficilement, ayant pris goût aux grasses matinées. Malgré eux, ils se retrouvèrent devant le lycée, et la sonnerie annonçant le début des cours les sortit définitivement de leur léthargie. La journée fut très ordinaire : des élèves inattentifs, des brouhahas incessants, des professeurs ennuyeux. En apparence, rien ne semblait avoir changé, même si dans la tête de certains, des changements s’opéraient.

Le lendemain, à la sortie de l’entraînement de basket, Auxence et Ephram sortirent du gymnase côte à côte. Leur dernière conversation à double sens semblait oubliée, et les choses étaient revenues à la normale. Ils marchaient silencieusement pour rentrer chez eux quand Daegan s’approcha d’un pas vif et les interpella :

-          Attendez, les gars !

Les deux jeunes hommes s’arrêtèrent et se retournèrent. Dès qu’il put sentir son regard sur lui, Daegan plongea ses yeux dans ceux d’Ephram, qui fut parcouru d’un léger frisson pendant une fraction de seconde. Ca avait été bref, mais il avait compris. Les mots étaient devenus inutiles, les expressions suffisaient. De plus, il avait lui aussi envie de se retrouver seul avec le garçon qui le troublait, car ils avaient des choses à se dire. Il avait des choses à lui dire.

-          Ca te dérange pas de rentrer seul ? Finit-il par demander à Auxence.

-          Non, non, pas de souci, répondit le blond.

Ephram fut étonné que son ami accepte aussi facilement qu’il le laisse tomber, mais il ne fit aucune remarque. Il se contenta de l’observer. Auxence était perdu dans ses pensées, et ce n’était pas la première fois. Ca devenait récurrent. Ephram n’eut pas le temps d’ajouter un mot que déjà, Auxence continuait sa route, l’air absent.

Daegan invita simplement Ephram à boire un verre, et ils passèrent un agréable moment. Au fil des jours, leurs rendez-vous se firent plus réguliers. D’un soir de temps en temps, ils en arrivèrent à se voir deux ou trois fois par semaine, en dehors du lycée et du sport. Aucune allusion n’était jamais faite à leur baiser échangé, mais la tension était parfois palpable, et quand ça arrivait, ils ne savaient pas comment réagir. Un raclement de gorge exagéré de l’un ou de l’autre mettait le plus souvent fin au malaise qui avait pris place entre eux.

Leur relation n’évoluait pas beaucoup. Ils n’étaient que des amis, même si leur complicité naissante représentait plus que ça à leurs yeux. Ils n’osaient pas se l’avouer. Ephram était intimidé par Daegan, et ce dernier hésitait à prendre les devants alors qu’Ephram avait quelqu’un d’autre dans sa vie. A défaut de choses qui les concernaient tous les deux, c’était de leurs meilleurs amis respectifs qu’ils parlaient.

-          Auxence est bizarre en ce moment, déclarait Ephram.

-          C’est clair, y’a sûrement un truc qui le tracasse, répondait Daegan.

-          Sûrement oui…

-          Idriss, c’est pareil. Ca fait quelques temps qu’il est plus lui-même. Il réagit plus pareil.

-          Faudrait qu’on leur parle et qu’on essaye de comprendre, même s’il doit y avoir aucun rapport entre le changement d’Auxi et de ton pote…

C’était le genre de conversations qu’ils avaient régulièrement. Ils s’interrogeaient sur l’attitude étrange de leurs amis. Un regard entendu clôturait généralement le débat. Ils avaient beau dire le contraire, ils étaient persuadés qu’il y avait un lien entre Auxence et Idriss. Daegan en savait plus qu’Ephram, grâce aux gaffes de Ceylan, mais il préférait se taire, car il n’avait pas de preuves de ce qu’il avançait, et il ne voulait pas trahir son ami. Si Idriss avait choisi le silence, il devait le faire aussi.

 

Petit à petit, Daegan et Ephram se mirent à avoir des réactions inappropriées pour de simples amis. Ils ne s’embrassaient pas, ils ne se caressaient pas, mais ils faisaient en sortes que leurs doigts se frôlent, que leurs genoux s’entrechoquent. Ces signes étaient imperceptibles pour les autres, mais ils faisaient vibrer les deux jeunes hommes, qui se rapprochaient de plus en plus, cherchant toujours un peu plus de proximité et de contact.

Un soir, Daegan invita Ephram chez lui, comme il l’avait déjà fait plusieurs fois. Il lui proposa de s’asseoir dans un fauteuil du salon, puis il alla chercher à boire dans le bar en bois d’ébène, noir et vernis. Le meuble était si brillant que le jeune homme pouvait entrevoir son reflet. Il sourit à cette pensée, puis il se baissa pour attraper quelques bouteilles. Il alla les poser sur la table basse, puis il se dirigea vers la cuisine pour en ramener deux verres.

Après avoir demandé à Ephram ce qu’il voulait, il le servit, puis il versa quelques gouttes de whisky pur dans son propre verre. Ils parlèrent de tout et de rien tout en vidant leurs verres, puis Daegan débarrassa la table. Quand il eut tout nettoyé, il passa devant Ephram, qui était toujours assis sur un fauteuil.

-          Je vais à l’étage, je reviens, lui dit-il.

Le roux ne chercha pas à en savoir plus, et il admira encore une fois la richesse de la demeure de son ami. Les meubles étaient de grande valeur, et ils devaient atteindre un prix exorbitant. Tout était propre, il n’y avait pas la moindre trace de poussière. Ephram savait qu’une femme de ménage venait tous les matins, très tôt. Elle nettoyait tout, sans déranger Daegan qui dormait généralement. Elle faisait parfois du bruit, notamment quand elle passait l’aspirateur, mais il en avait l’habitude, alors ça ne le gênait pas.

Ephram avait les yeux rivés sur un miroir orné de dorures quand il entendit son ami descendre les escaliers. Il se retourna, et son menton se décrocha quand son regard se posa sur les épaules carrées et les formes à la fois musclées et élancées de son hôte. Daegan était debout au pied des marches, torse nu, vêtu d’un simple short de bain bleu marine, et il en tenait un autre noir dans une main.

-          C’est pour toi, déclara-t-il, en le tendant à Ephram.

-          Pourquoi on se met en maillot ? Rétorqua le roux.

Daegan s’approcha de lui, et plaqua le vêtement sur le torse de son ami, qui l’attrapa pour ne pas qu’il tombe par terre. Mais Daegan n’enleva pas sa main, coincée sous celle d’Ephram, qui n’osait ni la retirer, ni aller plus loin. Il leva un sourcil, pour faire comprendre à Daegan qu’il ne voyait pas où il voulait en venir. Le jeune homme aux cheveux noirs comprit le message.

-          On va aller faire trempette dans le jacuzzi, expliqua-t-il, en dégageant sa main et s’éloignant de quelques pas.

Ephram sourit, car il appréciait cette idée. Il commença à se déshabiller pour se changer, mais il s’arrêta net lorsqu’il réalisa que Daegan était toujours en face de lui. Il avait encore son boxer et son t-shirt à enlever, mais il pouvait déjà sentir le regard brûlant de son ami dévorer son corps. Ses joues s’empourprèrent, et il baissa la tête. Daegan comprit sa gêne, alors il le laissa tranquille.

-          Je t’attends dans le jacuzzi, lança-t-il d’un ton amusé, en faisant coulisser une porte, dévoilant ainsi l’endroit convoité.

Quand il eut refermé la porte, Ephram retira le peu de vêtements qu’il lui restait, puis il enfila le short de bain noir. Il posa ses habits sur le canapé, avant d’aller rejoindre Daegan. Celui-ci l’entendit arriver, mais il n’ouvrit pas les yeux. La tête en arrière, accoudé sur le rebord du jacuzzi, il faisait le vide dans son esprit. Ephram l’imita, profitant par la même occasion de la douce chaleur de l’eau. Ils restèrent un moment dans cette position, face à face.

Ephram réagit quand il se fit asperger d’eau par son ami, qui semblait d’humeur taquine. Ils s’amusèrent comme deux enfants, plongeant la tête sous l’eau et remontant à la surface pour mieux attaquer l’autre. A bout de souffle à cause d’un fou rire incontrôlable, ils se calmèrent et retournèrent s’asseoir, l’un à côté de l’autre cette fois, quelques centimètres séparant leurs corps immergés.

Un léger malaise s’installa, occulté par le bruit des bulles. Ephram tenta de se concentrer sur les jets d’eau sortant des parois qui lui faisaient autant de bien qu’un massage du dos modéré. Il s’endormait à moitié quand il sentit l’eau bouger, furtivement. Il ouvrit les yeux, et son cerveau refusa d’ordonner à son corps de s’éloigner. Daegan s’était approché de lui, et Ephram ne faisait plus un seul geste. Comme il ne repoussait pas son ami, ce dernier vint coller sa cuisse à la sienne, et il passa son bras gauche autour des épaules du roux, qui ne protesta pas.

Daegan exerça de légères caresses dans le cou d’Ephram qui se détendit peu à peu. Il n’avait pas peur, mais il attendait de voir jusqu’où Daegan était prêt à aller. Une sensation délicieuse prit possession de son bas-ventre quand une main habile entreprit d’aller et venir sur son torse. Ephram se laissa faire, quelques gémissements s’échappant parfois entre ses lèvres closes. Daegan le fixait, semblant attendre qu’il intervienne. Enivré par les caresses de son ami, Ephram prit confiance en lui, et il se dégagea de l’étreinte de Daegan pour aller s’asseoir sur ses genoux. L’eau recouvrait alors seulement le bas de son corps, dévoilant son torse et ses tétons déjà rougis et pointés à l’extrême.

Il fit glisser ses mains sur les bras de Daegan, qui frissonna à ce simple contact, puis il remonta jusque sur ses épaules. Il s’attarda un instant sur ses clavicules, sans lâcher son ami du regard, puis il contourna son cou, avant de poser ses mains sur les pectoraux peu visibles du garçon aux cheveux noirs. Sensuellement, il parcourut le torse de Daegan, laissant ses doigts filer sur la peau douce et humide du jeune homme. Ce dernier était à présent aussi excité que son ami, Ephram le sentait, car il était assis sur lui.

Il ne dit rien, et il se contenta d’aller plonger ses doigts dans la chevelure soyeuse de Daegan, qui posa alors ses mains sur les hanches du roux. Ils se jaugèrent un moment, tentant de deviner les pensées de l’autre, puis Ephram réduisit l’infime distance qui séparait encore leurs visages. Dès qu’il sentit le souffle de Daegan sur ses lèvres, il s’arrêta, pour profiter de cette douce sensation intime. N’y tenant plus, il reprit ce qu’il avait entrepris. Ses lèvres frôlèrent celles de Daegan, mais ce dernier ne lui permit pas de suite d’approfondir leur échange.

-          Et ta copine ? S’inquiéta Daegan, en éloignant son ami de quelques centimètres.

Ephram lui sourit, à la fois rassurant et soulagé de ne pas avoir été poussé en arrière pour une autre raison.

-          On a cassé, déclara-t-il.

  
Et un chapitre de plus, un.
Il est un peu court, mais vous devez savoir que les prochains seront trèèès longs et trèèès intéressants^^
Un mal de crâne et une fatigue soudaine n'ont pas arrangé les choses, mais on espère qu'il vous a plu.
Qui a imaginé des canards dans le "bain"?
La réponse est --> Nous : coin coin ils font.
(d'accord, on part se cacher).
NON, on revient, on n'a pas honte. Après tout, vous nous connaissez assez bien pour savoir que nous sommes un peu folles.
Bises à tout le monde, et ne fuyez pas, amis du soir (ou du matin, ça dépend du point de vue).

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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P'tit plaisir^^

 

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