Présentation

Jeudi 31 juillet 4 31 /07 /Juil 00:05

Le lendemain était un mercredi, et de bon matin, Auxence se rendit au lycée. Il avait d’autres soucis plus importants, mais aller en cours lui permettrait de penser à autre chose. Du moins, c’est ce qu’il croyait. Quand il arriva devant le portail de son établissement, il aperçut Ephram. Aussitôt, une dangereuse rancune envahit son esprit. Il se dirigea vers lui d’un pas décidé et rageur, déterminé à recevoir les explications qu’il méritait, ainsi que le soutien dont il avait besoin, même s’il ne l’admettrait jamais. Arrivé à hauteur de son ami, il s’arrêta, les mains rangées dans les poches de son blouson et les sourcils froncés.

-          Putain mais qu’est-ce que t’as foutu hier soir ? Hurla-t-il, sans même saluer Ephram.

-          J’étais chez Idriss, répondit le roux, un sourire aux lèvres, amusé par la réaction d’Auxence.

-          Tu préférais être chez ce con qu’avec moi ??!

-          Ce con, hein ? Insista Ephram, toujours aussi souriant.

Auxence sentit le chagrin refaire surface, alors il tenta de se contrôler, pour ne pas craquer devant son ami. Tant bien que mal, il réussit à retenir ses larmes, et c’est les yeux brillants qu’il raconta toute l’histoire à Ephram.

-          Mon père est à l’hôpital. Il a fait un infarctus hier soir. C’est pour ça que je t’ai appelé aussi tard. Mais toi… toi, t’étais chez cet abruti de première ! J’avais besoin de toi, moi ! Tu étais là quand ma mère est morte, tu sais le mal que ça m’a fait ! Voir mon père inconscient, ça m’a rappelé de mauvais souvenirs, et t’étais pas là pour me soutenir ! J’avais besoin de toi, merde !

Il avait essayé, mais il n’y était pas arrivé. Le visage d’Auxence était ravagé. Ses larmes s’étaient mises à couler sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. Ephram ne souriait plus. Il s’en voulait. S’il avait su, il aurait répondu à l’appel de son ami la veille. Il ne l’aurait jamais laissé tomber dans un moment pareil, car oui, il avait été là pour voir Auxence traumatisé par la mort de sa mère, et il savait qu’il ne supporterait pas de perdre son père. Malgré quelques futiles disputes, il aimait son paternel, et si ce n’était pour lui, il n’aurait jamais été aussi doué dans tout ce qu’il entreprenait.

-          Je suis désolé, je sav… Commença Ephram.

Mais Auxence ne le laissa pas finir, peu enclin à accepter des excuses, même si à la base, il était venu voir son ami pour ça. Il était à présent trop énervé pour l’écouter. Il était obnubilé par l’absence d’Ephram la veille à l’hôpital, car celui-ci avait préféré passer sa soirée chez Idriss, et Auxence se demandait bien pourquoi. Il ne leur connaissait aucune affinité commune, et la perspective d’une éventuelle relation, ne serait-ce qu’amicale, entre eux faisait monter en lui un étrange sentiment, qu’il n’oserait jamais qualifier de jalousie, même sous la torture.

-          J’en veux pas de tes excuses, lança-t-il, d’un ton froid et amer. Tu sais quoi ? Moi aussi, je préfère être chez Idriss qu’avec toi !

Sur ces belles paroles plus honnêtes qu’il ne se l’imaginait, Auxence laissa son ami, seul, au milieu d’une foule d’autres élèves qui avaient assisté à leur discussion animée. Se sentant observé, Ephram traversa la cour du lycée et disparut dans un couloir de l’établissement, la tête baissée.

 

Quelques mois plus tard, le printemps avait imposé sa présence. Les arbres et les plantes bourgeonnaient et on pouvait déjà apercevoir quelques fleurs naissantes. Le mois de mai s’annonçait ensoleillé et coloré, mais il représentait aussi les dernières semaines de cours dans leur lycée pour ceux qui étaient en terminale, car juin était réservé aux examens.

Daegan et Ephram sortaient ensemble et ils se découvraient chaque jour un peu plus, savourant leur relation fusionnelle. En privé, ils se dévoilaient leurs sentiments et leurs envies, mais au lycée ou lors des entraînements de basket, ils ne montraient pas leur liaison, car leurs amis n’étaient pas au courant. Ils ne leur avaient pas encore dit, voulant profiter du calme autour d’eux avant de subir la foudre de certains. Les personnes connaissant la vérité se comptaient sur les doigts d’une main, puisque seulement leurs parents respectifs et Ceylan le savaient. La confrontation avec la sœur d’Idriss avait été inévitable, puisqu’ils s’étaient embrassés devant elle le jour où elle les avait appelés pour l’aider à calmer son frère, quelques mois plus tôt. Elle avait bien réagi, et leurs parents aussi, pour leur plus grand soulagement.

Un vendredi après-midi, pendant l’entraînement, Ephram attira Auxence à l’écart des autres joueurs, alors qu’ils pratiquaient un exercice deux par deux. Il avait pris une décision, et il allait s’y tenir, car il n’en pouvait plus de mentir à son meilleur ami.

-          J’ai un truc à te dire, Auxi, commença-t-il.

Le blond ne dit rien. Il se contenta de lever les yeux, tout en lançant le ballon à Ephram. Ce dernier ne se formalisa pas de son manque de communication. Il savait qu’Auxence attendait simplement qu’il continue, ne voyant pas l’intérêt de l’interrompre alors qu’il s’apprêtait à lui parler.

-          Je sors avec quelqu’un, continua Ephram.

-          T’es passé à autre chose alors, répondit Auxence, intéressé. J’espère que t’as choisi un meilleur parti que cette peste d’Anita, j’ai jamais pu la sentir.

Ephram sourit à cette remarque. Il avait toujours su que son meilleur ami n’appréciait pas sa petite copine, même si en face d’elle, le blond avait toujours essayé d’avoir une attitude agréable.

-          C’est Daegan, déclara-t-il, sans détour.

Surpris, Auxence n’attrapa pas le ballon que lui lança Ephram. Il s’était préparé à le recevoir, les bras tendus en avant et les paumes ouvertes se faisant face, mais suite à la révélation de son ami, il n’avait pas fait en sorte que ses mains se rejoignent sur le cuir orange du ballon. Ce dernier était venu s’abattre contre son torse, puis il était tombé à ses pieds, avant d’aller finir sa course à quelques mètres de là, contre un mur.

Auxence baissa les bras pour ne pas que tout le monde se tourne vers lui et se demande ce qu’il lui prenait à rester figé ainsi. Les yeux ébahis et la bouche entrouverte, il fixa Ephram un moment.

-          Tu veux que je répète ? Demanda le roux, las d’être dévisagé ainsi.

-          N…non, c’est bon, bégaya Auxence. Je suis surpris, c’est tout. J’ai rien vu venir.

-          Si tu m’avais écouté plus souvent, tu l’aurais su plus tôt, répliqua Ephram.

Auxence ne contredit pas son ami, car il savait que celui-ci avait raison. Semblant se rendre compte de quelque chose, il parcourut le gymnase des yeux et il finit par trouver Daegan. Il était tourné vers eux, et il avait l’air d’avoir attentivement suivi leur conversation, même s’il ne devait pas avoir entendu grand-chose. Auxence lui sourit, simplement, ne sachant pas quoi faire d’autre, et Daegan retourna à ses occupations, avec la ferme attention de découvrir le contenu des propos échangés par ses deux coéquipiers.

-          Ca fait longtemps ? Finit par demander Auxence, reportant son attention sur son ami.

-          Quelques mois, répondit Ephram.

Quelques mois, répéta le blond dans sa tête. Son meilleur ami sortait avec un garçon qu’ils connaissaient tous les deux, et ce depuis plusieurs mois, et il n’avait rien remarqué. Soudain, une pensée s’inséra brusquement dans son esprit. Ephram venait en quelque sorte de lui avouer qu’il était, si ce n’était gay, en tout cas bisexuel. Il avait alors lui-même la possibilité de se confier à son ami et de lui parler de ses aventures avec Idriss, sans crainte d’être rejeté. Pourtant, les mots ne voulaient pas sortir de sa bouche. Si ça avait été n’importe qui d’autre, il aurait été capable de prononcer son nom, mais admettre qu’il avait régulièrement des relations sexuelles avec le garçon qu’il était censé mépriser plus que quiconque lui était impossible. Encore une fois, il n’allait rien dire, et il n’aurait sûrement jamais plus une si bonne opportunité de le faire.

N’ayant plus rien à ajouter, Auxence alla récupérer le ballon égaré de l’autre côté du gymnase, puis il le lança à Ephram. Ils firent quelques passes, jusqu’à ce que leur coach leur montre un autre exercice, et l’entraînement se termina dans une bonne humeur habituelle, comme si rien ne s’était passé.

 

Une semaine plus tard, à quelques kilomètres de l’enceinte sportive, deux jeunes personnes se retrouvèrent encore une fois seules dans le silence de leur villa aux dimensions astronomiques. Un vendredi de plus était passé, et Idriss venait de rentrer du lycée. Il déposa son sac de cours dans sa chambre, puis il rejoignit sa sœur dans le salon, après être allé chercher une bouteille de soda dans le frigo et un paquet de biscuits chocolatés dans un placard de la cuisine. Il s’installa sur le canapé, prenant autant de place qu’il pouvait, puis il tourna sa tête vers l’écran de télévision que sa sœur avait allumé.

Comme tous les jours à cette heure-là, elle regardait son programme favori : une émission de télé réalité. Divers inconnus étaient enfermés dans une maison surprenante et colorée et ils étaient filmés vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Idriss n’en voyait pas l’intérêt, mais il sourit en se disant que c’était tout à fait de l’âge de sa sœur de regarder ce genre de choses. Il ferma les yeux, après avoir posé la bouteille et les gâteaux par terre. Il resta allongé quelques minutes, mais son repos fut de courte durée, car Ceylan lui adressa la parole.

-          Comment va Daegan ? Lui demanda-t-elle.

Idriss fronça les sourcils, tout en gardant les paupières closes. Il appréciait son ami, mais il ne comprenait pas pourquoi tout le monde s’intéressait subitement à lui.

-          Qu’est-ce que vous avez tous à me parler de lui ? S’énerva-t-il.

-          Qui tous ? S’étonna Ceylan.

Idriss ouvrit les yeux et se releva, pour se retrouver en position assise, les coudes posés sur ses cuisses. Il se frotta les yeux, comme pour se réveiller et chasser la lassitude qui le gagnait.

-          L’autre abruti, dit-il, se voulant le plus désagréable possible. Pendant la semaine, il a pas arrêté. Daegan par ci, Daegan par là. Il m’a gonflé, alors t’y mets pas aussi.

-          Celui avec qui tu couches ? Rétorqua Ceylan, ayant une vague idée de l’identité du fameux abruti. Si elle avait raison, elle allait devoir ouvrir les yeux à son frère, car il se voilait la face, elle en était persuadée.

Idriss serra les poings, et il respira un bon coup, pour cacher l’effet que lui faisait le simple fait d’imaginer le blond à nouveau dans son lit. Il ne tarderait pas à revenir, mais tant qu’il n’était pas là, Idriss se devait de demeurer impassible. Auxence était la victime de son chantage, un garçon avec lequel il s’amusait. Rien de plus.

-          Oui, mais ça, on s’en fout, c’est pas de lui qu’on parle, lança-t-il.

Ceylan se leva, agacée par l’attitude son frère aîné. Il avait trois ans de plus qu’elle, mais elle avait souvent l’impression d’être plus mature et plus réaliste que lui. Quand il s’agissait de relations, amicales ou amoureuses, Idriss était une véritable calamité. L’absence de leurs parents y était sûrement pour quelque chose, Ceylan s’en doutait. Même s’ils s’occupaient rarement d’eux, Idriss les aimait beaucoup, et intérieurement, il souffrait de les voir si peu. Il ne le disait à personne, mais elle le savait. S’il n’osait pas ouvrir son cœur à quelqu’un, c’était parce qu’il avait trop peur d’en être ensuite éloigné.

-          Si, justement ! Cria Ceylan, hors d’elle. Tu es tellement fier que tu te rends pas compte que tu l’aimes bien, cet abruti ! Tu vois même pas ce qu’il se passe pour ton meilleur ami.

Elle tourna les talons, et quitta le salon en franchissant la porte qui menait dans le hall d’entrée. Elle monta ensuite les escaliers pour aller s’enfermer dans sa chambre, et détendre ses nerfs qui venaient d’en prendre un coup.

Au rez de chaussée, Idriss n’avait pas bougé. Assis sur le bord du canapé, il avait la tête droite, et il fixait un point imaginaire en face de lui. Il méditait sur tout ce que venait de lui dire sa sœur, et il tentait d’en discerner le vrai du faux. Il fut surpris de sentir des larmes couler sur ses joues, car il n’avait pas fait attention à l’humidité grandissante qui avait envahi l’intérieur de ses yeux. Il n’essaya pas de dissimuler son chagrin, car il n’y avait personne autour de lui. Peut-être avait-il besoin de faire le vide, de se libérer de choses qui lui pesaient un peu plus chaque jour. Peut-être était-ce un moyen comme un autre pour aller mieux. Pleurer.

Plus ses larmes ravageaient son visage, plus les souvenirs remontaient à la surface, et il finit par ne plus vraiment savoir pour quelle raison il pleurait. Il tenta de se convaincre que c’était parce qu’il ne s’était jamais sérieusement disputé avec sa sœur auparavant, mais au fond de lui, il savait que ce n’était pas la vérité. Pourtant, il préférait s’enfermer dans son mensonge et faire semblant d’y croire. Un peu.

N’arrivant pas à se calmer et à retenir ses larmes qui déferlaient sur sa peau a présent humide, il n’entrevit qu’une solution. La plus lâche, celle vers laquelle il se tournait le plus souvent, car il était bel et bien lâche, ce jeune homme que tout le monde imaginait si courageux. Il se leva et quitta le canapé sur lequel il était assis. Il se dirigea vers l’unique meuble contenant ses plus précieux trésors. Il en ouvrit la porte, puis il attrapa une bouteille pleine. Encore une fois, il allait noyer son chagrin dans l’alcool, car il ne savait pas comment faire autrement.

Il se laissa glisser contre le mur du salon, se préparant à sombrer dans un univers qu’il ne connaissait que trop bien. Il serra la bouteille entre ses doigts, puis il en attrapa le goulot avec sa main droite. Mais son geste fut interrompu par une sonnerie stridente qui retentit dans toute la maison. Idriss marmonna quelques mots incompréhensibles, et il reprit là où il en était, sans prendre la peine d’aller ouvrir la porte d’entrée. Lorsque son visiteur se fit plus insistant, il se leva. Il allait l’accueillir comme il se devait, comme quelqu’un qui le dérangeait.

Il essuya les quelques larmes qui brillaient encore sur son visage, puis, sans lâcher la bouteille d’alcool pas encore ouverte, il marcha jusque dans le hall. Il tourna la clé dans la serrure, et mué par le peu de volonté qu’il lui restait, il abaissa la poignée. Il ouvrit la porte, puis il leva les yeux pour voir qui était l’individu qui osait l’importuner. Il fut surpris de le voir devant chez lui, alors qu’ils n’avaient pas prévu de se voir, mais il n’en montra rien. Debout sur le perron, Auxence était là.

Et un chapitre de plus, un!
Il est assez court, on le sait, mais ne vous inquiétez pas, les deux prochains seront trèèèsss longs, on peut vous l'assurer, tout en vous informant qu'il n'en reste que trois. Après, cette histoire sera terminée T_T
Alors profitez bien de nos p'tits lous!
Gros bisous à tout le monde!

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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