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Sagesse d'une étoile [en cours]

Mercredi 1 juillet 3 01 /07 /Juil 23:41

Sur le coup, aucun son ne vint à sortir de sa bouche  tant sa surprise était grande. C’était bien la dernière personne qu’il pensait trouver dans ce lieu qui était en quelque sorte son temple à la bonne humeur pour son travail.  Le jeune homme n’avait pas beaucoup changé en un mois physiquement. Il portait un jean plutôt bien coupé, mettant en valeur ses longues jambes, le haut de son corps était caché par un épais blouson kaki et marron parsemé d’écussons de toute sorte. Quelque chose dans les yeux bleus profonds semblait briller d’une lueur nouvelle, inconnue à Calixte la dernière fois qu’il l’avait vu.  

Orion n’arrivait pas non plus à faire un début de conversation. L’impression de malaise l’habitant à la sortie du taxi lui revenait comme un boomerang. Pour lui, cette sortie qui devait être une occasion de se rapprocher en amitié les avait finalement plus éloignés qu’autre chose. Une sorte de fossé s’était creusé en quelques mots ; peut-être malheureux, peut-être mal interprétés mais le mal était fait. Il restait à savoir lesquels. Le jeune homme n’avait pas eu le courage de l’appeler pour chercher un semblant d’explication. De nombreuses fois, il avait mis le numéro sur l’écran du téléphone portable, le doigt était resté en suspend sur la touche verte sans jamais avoir le courage de passer à l’acte. Le manque de courage était ce qui le caractérisait à l’heure actuelle. Sa relation avec Camélia en était une révélation frappante.

Passés les premiers temps d’une relation, les gens commençaient à voir les principaux défauts de la personne aimée et la jeune femme n’avait plus grand-chose à voir avec la magnifique créature qui l’avait fait craquer, fait gravir des monts et des montagnes pour attirer un dixième de son attention. Elle considérait toute chose comme dûe et n’hésitait pas à se servir d’Orion comme d’un objet de parade auprès de ses copines. Son petit ami était une personne très aimée par tous de par son caractère avenant et joyeux, et ce qui ne gâchait rien à l’affaire, un bon élève. Elle montrait de plus en plus un aspect possessif, jalouse et imbu d’elle-même. De plus, Orion avait remarqué qu’elle ne pouvait pas vraiment soutenir une conversation poussée, ses connaissances n’étaient que de surface. Il n’avait jamais eu avec elle, la conversation à bâtons rompus de Calixte et le regrettait car avec l’amour à tous les sens du terme, il fallait bien meubler. Les corps ne faisaient pas tout. Le jeune homme mourrait d’envie de lui dire, de lui en parler mais il ne voulait pas voir son doux visage triste.

Orion regarda les cheveux ou, plutôt les dreads assemblées sur la tête tel un poulpe des profondeurs qui contrastaient avec ses habits d’homme moderne. On se serait plus attendu à le voir avec des vêtements de Babs. Tout chez Calixte était élément de contradiction et le jeune homme ne savait finalement pas comment lui parler.

-         Salut, finit-il par lui dire.

-         ‘lut. C’est bizarre de te trouver ici. C’était bien un des derniers lieux où je pensais te trouver.

-         Merci.

La voix d’Orion était faible. Les mots de Calixte sonnaient comme des reproches, ainsi que le visage dont étaient sorties ces paroles.

-         Je suis désolé. Je voulais pas dire ça comme ça, se reprit Calixte devant la mine du jeune homme. Ca fait un moment qu’on s’est pas vu, ni même parlé.

-         J’ai cru comprendre que tu avais quelque chose contre moi.

-         Oui, ton côté obtus mais bon, chacun a le droit d’avoir ses propres opinions mais il faut être aussi tolérant.

-         Tu vas me faire une leçon ?

-         Non. reprenons depuis le début. Comment vas-tu ? Ta petite amie a l’air de te tenir en forme.

-         On peut dire ça. Et toi ?

-         Comme d’habitude. C’est toujours la même routine. Tu as fini le livre ?

Le jeune adulte allait répondre quand une personne sortant de la boutique le bouscula. Il s’excusa mais on lui fit remarquer qu’il se trouvait sur le passage, qu’ils feraient mieux d’aller parler ailleurs. Sauf que dehors, la pluie s’était mise à tomber dur et qu’Orion ne disposait pas de parapluie pour se protéger. Jusqu’à là, le temps était clair, sans nuage à l’horizon mais le ciel avait décidé de se couvrir d’un coup.

Devant le visage embêté de son ami, Calixte lui proposa de passer à son appartement se trouvant à deux rues d’ici. Une légère hésitation puis un acquiescement, les deux se mirent à courir comme des dératés jusqu’au porche de l’immeuble concerné. Ils étaient devenus deux serpillières vivantes quand la porte s’ouvrit. Calixte les fit monter jusqu’au premier étage.

Un petit quarante mètres carré s’ouvrit. Un ensemble très chaleureux fit son accueil à Orion. Il y avait un petit hall d’entrée avec un guéridon, un porte-manteau et une armée impressionnante de chaussures pour tous les cas de figure. Le salon qui faisait sa suite se résumait par un amoncellement de livres et de DVD contre tous les murs. La télévision avait une place dans une niche faite pour elle dans une bibliothèque. Deux grosses corbeilles de linge étaient posées à terre en attente qu’on s’occupe d’elles. Le seul élément anecdotique dans la pièce était un bouquet de dix roses blanches d’un vase banal, posé sur une petite table à manger ovale. La cuisine était identique à beaucoup d’autres mis à part un petit aquarium où nageaient trois poissons rouges, au-dessus du frigo. Un couloir en partance du hall menait à la salle de bains et à la chambre.

Calixte fit retirer ses chaussures à Orion et l’installa dans le salon après avoir dégagé deux chaises  de plis de magazines qui les ensevelissaient et lui demanda si il voulait manger chez lui. Orion eut un regard vers une fenêtre, le temps n’était pas décidé à se calmer, c’était même le contraire. Un coup de fil à ses parents en leur promettant qu’il serait rentré par quelque moyen que ce soit vers les minuit.

Calixte revint de la cuisine amé de plusieurs bouteilles dans les bras et de deux verres à Whisky au bout des mains. Le jeune invité était surpris de voir autant d’alcool et aussi vite. L’hôte avait mis un poisson ainsi qu’un gratin congelé au four pour une quarantaine de minutes. Calixte pensait toujours qu’un repos sans alcool ne valait rien. C’était ainsi qu’il pensait se justifier. Tout en servant les liquides dans les verres, le propriétaire des lieux demanda à nouveau ce qu’il avait pensé du dernier livre de Cassandre Castell.  Contrairement à ce qu’il avait pensé, Orion trouva celui-là plus abouti et structuré. Il avait pris au final beaucoup de plaisir à le lire, pris de bout en bout par l’intrigue mais regrettait la fin choisie. Trop facile et trop convenue selon lui. Ces mots lancèrent la base d’un vif débat entre eux.

Quand la sonnerie du four retentit, les deux n’y firent pas vraiment attention, trop occupés à finir les bouteilles d’alcool. Les deux jeunes hommes étaient partis dans un pari aussi stupide que gamin de descendre tous les alcools présents sur la table. Chacun avait besoin de prouver quelque chose à l’autre de façon spectaculaire. Ce ne fut qu’au bout d’un moment que l’esprit comateux de Calixte se rappela avoir laissé des plats au four. En vitesse, il se leva, d’une démarche incertaine et plusieurs coups dans les meubles aidèrent à aller dans la cuisine. La nourriture commençait à avoir une forte couleur brune, à la limite du noir. Le geste peu sur, il arrêta le four et posa ses mains sur la vasque de l’évier pour essayer de remettre de l’ordre dans ses pensées et dans sa tête. 

Orion arriva dans la cuisine avec tout sauf de la discrétion. Il avait un petit rire débile sur les lèvres et se balançait sur ses jambes comme un gamin.

-         Qu’est-ce que tu as ?  Lui demanda l’hôte en sachant très bien qu’il était aussi bourré que lui.

-         J’aimerais essayer quelque chose, répondit le jeune homme avec une voix d’enfant. 

-         Oui ?

Il n’eut aucune réponse, seulement un autre rire niais. Orion vint se déplacer à côté de lui, exactement dans la même position et sans qu’il s’en rende compte, il posa ses lèvres sur les siennes. Tout de suite, le baiser ne se montra pas vraiment chaste, Calixte plaqua son invité contre l’évier pour accentuer l’échange, l’alcool lui ayant totalement fait perdre le sens moral. Seulement le manque d’air le fit laisser sa nouvelle proie mais pas de ses bras. Leurs regards vitreux  et désireux se croisèrent de multiples fois avant Calixte décide d’aller plus loin en glissant ses mains sous le pull bleu passé d’Orion à la recherche de ses flans. Son exploration passa sous les coutures de jean pour finir la course sous les fesses du jeune homme. Un hoquet de contentement se fit entendre, à mille lieues de la crise qu’avait Orion le mois auparavant sur les relations homosexuelles. Il semblait être totalement désinhibé de ses tabous. Il était à la limite de l’asseoir sur le rebord de l’évier et d’enrouler ses jambes autour des hanches de Calixte mais ce dernier continuait à le plaquer contre lui.

Au bout d’un court laps de minutes, il finit par lui retirer son pull, la peau mise à nue se couvrit d’une légère chair de poule. Il faisait frais dans l’appartement. C’était un vieil immeuble et Calixte ne chauffait que lorsqu’il était là et à ce moment précis, la température n’excédait pas les vingt degrés. Dans un mouvement maternel, il sortit ses mains de leurs cocons agréables et douillets et lui frotta les avant-bras pour le réchauffer avant de lui saisir un poignet pour l’entrainer à sa suite dans l’appartement.

Il finit par le plaquer contre un mur du couloir pour l’embrasser sauvagement, telle une envie qui ne souffrait d’aucune attente. Ses mains trouvèrent l’avant du pantalon d’Orion et entreprirent de l’ouvrir. Son compagnon n’opposa aucune résistance, occupé à tirer sur le col de l’autre afin de mordre la peau tendre et douce. Il avait tout oublié, le lieu, ses idées, sa vie. Tout ce qui comptait, c’était de satisfaire cette envie pressante, ce plaisir soudain mais délicieux. Il verrait demain pour les conséquences s’il s’en rappelait. C’était la même chose pour Calixte. Trop  de temps s’était écoulé depuis sa dernière relation sexuelle, son corps le réclamait.

Orion, insatisfait de ses lèvres dans le cou, tira sur le pull de Calixte afin de rencontrer à nouveau ses lèvres et sa langue suave. L’homme au dreads ne finit pas son entreprise, préférant finir sa tache première, c’est-à-dire le mener jusqu’à sa chambre.

Il n’alluma pas la lumière, plus occupé à embrasser Orion, à l’entrainer sur le lit. Les deux tombèrent dans un bruit sourd sur un matelas. Leurs silhouettes se découpaient dans la pénombre par les lumières filtrant des lampadaires de la rue. Calixte retira toutes ses couches de vêtements pour se trouver torse nu et fit glisser lentement le pantalon de son amant le long de ses jambes, le caressant du bout des doigts de temps à autre. Orion se trouvait tout à coup dans un état second, ses doigts serraient les draps déjà défaits tandis qu’il se concentrait sur les sensations reçues. Les caresses, les sensations à fleur de peau, une bouche se trouvant partout et nulle part à la fois nourrissaient son imaginaire à travers ses yeux fermés de plaisir. C’était à peine s’il sentit que son boxer le quittait lui aussi et que des lèvres tendres s’occupaient de son membre tendu. A un moment, il voulut en écarter Calixte mais il ne put pas, l’autre ne se laissant pas faire.

Il était bizarre ce petit gout aigre quand son amant remonta pour lui embrasser les yeux mais il finit par l’aimer et même en redemander.

 

Qu’est-ce qui faisait ce bruit ? Ce bruit immonde qui lui martelait les oreilles et les tempes. Il tourna difficilement la tête sur le côté en quête de lumières rouges de son réveil mais il ne le trouva pas. A la place, ses yeux distinguèrent deux petits emballages bleus et argentés ouverts grossièrement. L’information mit un temps à parvenir à son cerveau mais quand ce fut le cas, ses yeux s’ouvrirent grand, parfaitement réveillé.

Alors ce qui s’était passé cette nuit n’était pas un rêve curieusement bien réel. Il prit une profonde aspiration et se tourna lentement sur le dos tout en essayant de ne pas sortir des songes son compagnon qui lui avait passé un bras autour de la poitrine. Le sang vint affluer à ses joues comme une honte certaine. Dans sa tête, une question revint sans cesse : pourquoi avait-il bu ? Il savait qu’il ne se retenait plus quand il était saoul, perdant toutes les barrières physiques et morales. Il avait Camélia et il avait fallu qu’il saute sur une autre personne, un homme qui plus est, mais si il avait une chose à retenir, il avait pris un pied monstrueux. Le septième ciel l’avait habité une partie de la nuit mais cela allait en rester là. La chose était sure.

Un grognement mécontent de Calixte indiquait qu’il venait juste de se réveiller avec, en prime, une gueule de bois et se demandant à qui était le corps qu’il tenait sous son bras. Il lui restait encore des effluves d’alcool dans le cerveau qui embrouillaient sa pensée. Il n’avait pas le courage d’ouvrir les yeux.

Un faible bonjour parvint à ses oreilles. Intérieurement, il espérait que ce ne soit pas ce qu’il pensait mais cette voix n’appartenait qu’à une personne. Ses hormones avaient parlé pour lui. Homme ou femme, cela n’avait pas d’importance dans son lit mais de là à coucher avec un ami, il y avait un monde. Il avait honte de lui.

-         Tu sais pour ce qui a pu se passait cette nuit, commença Orion d’une petite voix.

-         Plutôt, ce qui s’est passé, rectifia le propriétaire des lieux. Il ne faut pas se voiler la face.

-         J’en ai aucune intention.

Calixte regarda enfin l’autre occupant de son lit et fut surpris par sa réaction déterminée. Il l’aurait plus vu apeuré ou niant ce qu’il s’était passé ou bien, toute autre chose.  

-         On a juste satisfait une envie passagère. C’était une fois en passant.

-         Oui. L’alcool n’a rien fait pour l’arranger.

Orion prit une grande aspiration, sembla bien peser les mots qui allaient sortir de sa bouche.

-         Je veux pas paraitre lâche mais j’ai Camélia tout comme tu dois avoir quelqu’un dans ta vie. Ce n’est pas que je me sens mal, j’essaye juste de digérer ce qui a existé pendant quelques heures. Je ne sais pas comment le dire.

-         Ecoute, je comprends très bien ce que tu veux dire et j’allais dire exactement la même chose. Tu….

-         Eh merde.

Le juron d’Orion interrompit le discours dans lequel Calixte allait se plonger. Le jeune homme rejeta les couvertures sur l’autre, se mit assis et tenta de se lever. La première tentative se solda par un échec douloureux. Une grimace de douleur vint sur son visage, il lança un regard mauvais évocateur à l’autre occupant du lit. Calixte avait du mal à retenir un sourire.

-         Attends un peu que ça se calme, lui dit-il doucement.

-         Non, non. il faut que j’y aille. Mes parents vont gueuler, je leur ai dit que je rentrais à minuit au plus tard. Ils vont piquer une crise, il faut que je rentre au plus vite. Merde, c’est quoi les lignes de bus qui passent par ici et elles s’arrêtent où ?

-         Oula… Du calme.

Calixte sortit du lit et se leva dans une entière nudité dont il ne sembla pas se formaliser. Il dégagea une pile de linge sur une chaise pour trouver un téléphone blanc et une base.   Ses doigts pianotèrent un numéro. C’était une compagnie de taxis. L’homme commanda une voiture dans une demi-heure, le temps qu’Orion s’habille, prenne quelque chose à manger. Quand il eut fini, le jeune homme le pria de mettre un caleçon ou un boxer, histoire qu’il ne se promène plus nu, cela le gênait au plus haut point. Calixte se trouva très amusé par cette petite réflexion, pas si mur que ça, son amant d’un jour.

Il était onze heures et demi du matin quand Orion fut déposé devant chez lui, son portable serré dans sa main droite. Il n’avait pas osé regarder ou entendre les messages, se doutant de leur contenu et de ce qu’il allait avoir en ouvrant la porte de chez lui.

C’était une petite maison coquette et un grand jardin l’entourant, une chose rare dans les quartiers résidentiels de la ville. C’était à l’opposé de l’appartement de Calixte. Il ouvrit la porte d’entrée, posa les clés dans une coupelle prévue à cet effet sur un guéridon et son sac à terre. Au salon, assis sur le canapé de feutre de velours, son père et sa mère attendaient. C’était un couple d’une quarantaine d’années, aussi opposé physiquement qu’amoureux depuis le premier jour de leur rencontre, il y a vingt-trois ans. Leur plus grand souci du moment était leur fils, totalement renfermé avec eux. Leurs contacts étaient  de pure politesse, pas ceux entre des parents et leur enfant.

-         Je suis rentré.

-         Nous voyons ça Orion mais tu es en retard d’une douzaine d’heures, dit son père avec un fort ton de reproche.

Sa femme lui tenait le bras gauche de ses deux mains fragiles. Tout chez elle était délicatesse féminine telle une grâce naturelle, sans artifice.

-         Oui, je sais. 

-         On dit rien si tu appelles pour dire que tu découches et où mais là rien. Orion, les conneries, il va falloir arrêter. Avec ta mère, on s’est fait un souci monstre. On a laissé trois messages toutes les heures et nous n’avons pas dormi de la nuit.

-         Ca ne fait rien. je suis entier. Bien que j’aie un mal de chien à mon postérieur, pensa-t-il.

Le jeune homme se garda bien de dire cela, d’une part c’était sa vie privée et d’autre part, il avait un peu honte de lui.

-         Justement, s’il était arrivé quelque chose. Tu étais où ?

-         Chez un ami que j’ai croisé en ville, j’ai mangé chez lui comme je l’ai dit et on a bu. J’étais saoul et je suis resté sur place pour dormir. Voila, c’est tout.

-         Tu as bu ? Rugit le père d’Orion.

-         Du calme, mon chéri. Mon cœur, la prochaine fois, tu préviens. Enfin bon, la prochaine fois sera dans un moment.

-         Je suis consigné à la maison ?

-         Non mais ton frère arrive demain, dimanche.

-         Pardon ?

Orion venait de recevoir un grand coup de massue sur la tête. Son frère. Son frère rentrait à la maison après un an passé à l’étranger. Son cœur se mit à battre à toute vitesse sous le coup de cette brusque émotion. Il adorait son frère bien qu’il avait très mal pris le départ de celui qu’il considérait comme son âme sœur. S’il avait su, il serait rentré plus tôt.

-         Comment ça se fait qu’il rentre aussi tôt ? Il n’est pas en pleine année scolaire ?

-         Si mais nous lui avons demandé de rentrer. On ne voulait pas te le dire tant que le transfert n’était pas définitivement fait.

-         Génial.

-         En attendant, tu es prié d’aller dans ta chambre et de faire tes devoirs. C’est ta punition pour cette nuit et nous vérifierons.

L’autre « génial » était nettement moins enthousiasme que le premier. Il retourna prendre son sac, traina les pieds pour aller dans sa chambre et s’installer à son bureau. Une pile de cours à apprendre et deux dissertations à faire pour lundi, il se dit qu’il n’aurait pas fini aujourd’hui.

Son téléphone vibrait sur sa table de nuit. Camélia cherchait à le joindre, il l’avait presque totalement oubliée et sans aucun  sentiment de culpabilité, il prit l’appel.

Toujours les mêmes phrases, les mêmes mots jusqu’à ce qu’Orion se mette à parler de son frère. Frère dont il n’avait jamais parlé au lycée, ni avec elle. Une légère pointe de jalousie se manifesta dans la voix de la jeune femme. D’un seul coup, elle n’était plus le centre d’intérêt principal de son petit ami et de savoir qu’il ne voulait pas la voir le lendemain à cause de cette personne mystérieuse la vexa. Le jeune homme ne chercha même pas à éviter une crise. Elle lui raccrocha brusquement au nez.

Orion regarda dubitativement son portable, il se serait attendu à tout sauf à cette réaction. Le jeune homme se trouva assez énervé par ce manque de compréhension de sa part. Laissant tomber ses cours, il s’allongea sur les épaisses couettes de son lit et s’endormit rapidement. Les images de son enfance  vinrent peupler ses rêves.

Nous sommes vraiment désolées pour ce retard mais entre la reprise des cours dans une fac, les examens dans une autre, un séjour passé ensemble avec peu de temps pour écrire, et autres occupations, nous avons eu du mal à le terminer! On espère qu'il vous a plus et que sa longueur ainsi que son contenu ont satisfait votre attente!!!
On essaye d'écrire le prochain plus vite, promis! Mais avant, vous aurez le privilège de lire le premier chapitre de "Symphonie d'alcools" (résumé à lire dans la rubrique Conneries en tout genre)! Grande innovation sur notre blog: nous aurons deux histoires en cours en même temps! Nous alternerons les chapitres et nous allons tenter de publier une suite chaque semaine, si notre rythme se calme pendant les vacances!
Merci à tous et à toutes d'être encore là, et à Linoa pour ses derniers commentaires! Ca fait toujours plaisir de découvrir de nouveaux gens qui passent ici!
Bises.

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Sagesse d'une étoile [en cours]
Voir les 6 commentaires - Ecrire un commentaire - Communauté : Lawful Drug
Mercredi 27 mai 3 27 /05 /Mai 11:26

L’endroit n’était pas calme, loin de là. La foule s’accumulait entre les rayons de livres de la plus grande librairie de la ville. Dans un coin, assise derrière une table, une jeune personne observait attentivement le monde venu spécialement pour elle. Elle était vêtue d’une chemise en soie noire et d’un jean bleu marine moulant surmontant une paire de chaussures en toile blanche. Ses cheveux étaient longs et bouclés, regroupés dans une haute queue de cheval. De légers traits noirs étaient dessinés sur ses yeux, rendant leur bleu profond encore plus impressionnant. Tout laissait croire que c’était une femme.

C’est ce que se dit Orion quand il entra dans la librairie et l’aperçut de loin, ravi d’avoir enfin un avis sur le sexe d’une personne dont il admirait le travail. Il n’avait jamais vu sa silhouette ou son visage, car l’auteur était très discret, n’apparaissant jamais en photo dans un magazine ou un journal. Cassandre Castell était connu depuis peu, grâce à une série de romans ayant rencontré un franc succès, auprès des jeunes comme des plus âgés. Comme prévu, deux semaines après une soirée pendant laquelle il s’était trouvé plus de points communs qu’il ne l’aurait cru avec un homme qu’il ne pensait jamais apprécier, Orion était au rendez vous pour la dédicace organisée par son auteur favori, un mercredi après-midi. Il se félicitait d’être arrivé en avance au vu du nombre de personnes déjà présentes. Il espérait que Calixte arriverait assez vite, car ce dernier devait récupérer sa place, et Orion ne comptait pas rester à l’attendre dans l’entrée pendant des heures.

Heureusement, il n’eut pas à patienter longtemps, car quelques minutes à peine après son arrivée, un taxi s’arrêta devant la librairie. Calixte sortit du véhicule, vêtu d’un jean bleu ciel droit et d’un t-shirt bleu nuit sur un haut à manches longues blanc.

-         Je suis en retard ? Demanda ce dernier, en faisant précipitamment la bise à Orion, qui était allé à l’extérieur, malgré les nuages menaçants du mois d’octobre.

-         Non, non, au contraire ! J’étais juste pas mal en avance !

-         Ah d’accord, tu m’as fait peur sur le coup !

-         T’es pas venu en voiture ? S’étonna Orion.

-         Non, je me doutais qu’il y aurait du monde, un mercredi après midi en centre ville. D’habitude, c’est déjà l’horreur, alors là ! J’ai préféré prendre un taxi, ça m’aura évité de galérer pour trouver une place pour me garer !

-         C’est sûr t’as bien fait ! Tiens, ta place. On rentre ?

-         Je te suis ! Lança Calixte.

Ils entrèrent ensemble dans la librairie, et ils n’eurent pas d’autre choix que de faire la queue et d’attendre patiemment leur tour. Des tables étaient installées autour d’eux, et elles étaient toutes couvertes de dizaines d’exemplaires du dernier roman de l’auteur, publié pour la première fois deux jours auparavant, raison pour laquelle une dédicace avait lieu. Calixte en prit deux, et il en tendit un à Orion. Pour s’occuper, ils commencèrent à lire ce nouveau tome, qu’ils n’avaient pas encore eu l’occasion de parcourir.

Plus ils tournaient les pages, plus leur visage prenait une expression étonnée. Visiblement, ils ne s’attendaient pas à cette histoire venant de leur auteur favori. Ce n’est qu’arrivé à une vingtaine de pages qu’Orion n’arriva plus à dissimuler sa surprise. Sans fermer son livre, il leva les yeux vers Calixte, qui semblait plongé dans l’histoire. Ce dernier dut sentir un regard posé sur lui, car il mit fin à sa lecture pour dévisager son ami.

-         Qu’est-ce qu’il y a ? Demanda-t-il, Orion ayant l’air soucieux.

-         Ca t’étonne pas le choix des personnages ?

Calixte sourit, amusé et peu surpris par la réaction de son cadet.

-         Si, un peu, mais ça n’a rien d’incroyable non plus. T’as jamais lu d’histoire avec un couple d’homosexuels ?

-         Euh, non, jamais. Imaginer deux gars en train de se bécoter, ça me dit pas trop.

-         T’as un problème avec ça ? Rétorqua Calixte, les sourcils froncés.

-         Non, non, pas du tout ! S’exclama Orion, remarquant l’air choqué de son ami et ne voulant pas qu’il lui en veuille pour quoi que ce soit. Mais si j’ai le choix, je préfère avoir en tête une belle fille qu’un mec ! C’est juste que l’auteur avait jamais abordé ce sujet.

-         C’est vrai, dit simplement Calixte, légèrement rassuré, mais l’air soucieux.

Sur ces derniers mots, il reprit sa lecture, et Orion l’imita quelques secondes plus tard. Malgré l’originalité du scénario et la présence de personnages peu ordinaires, ils furent passionnés par ce nouveau tome, et ils dévorèrent plusieurs pages encore, jusqu’à ce qu’Orion referme son livre d’un coup sec.

Ayant entendu un léger bruit, Calixte lâcha des yeux les lignes qu’il était en train de lire et il porta à nouveau son regard sur son ami.

-         Qu’est-ce qu’il y a cette fois ? Demanda-t-il, dans un soupir las.

-         T’as pas lu ? T’en es où ?? Relança Orion.

-         J’en suis quand ils partent de la fête foraine, et je vois vraiment pas ce qui a pu te gêner cette fois.

-         Lis la suite et tu verras, se renfrogna Orion.

Dubitatif, Calixte garda un instant les yeux posés sur la mine boudeuse de son cadet, puis, autant pour ne pas se laisser attendrir que pour comprendre ce qui avait provoqué cette réaction chez lui, il décida de continuer à lire. Ce n’est qu’après avoir parcouru quelques pages de plus qu’il trouva la cause de l’embarras d’Orion. Aussitôt, et ce fut plus fort que lui, il se mit à rire. Il resta discret, mais il ne put pas s’arrêter. Il ne remarqua pas l’air vexé d’Orion qui avait la nette impression que Calixte se moquait de lui. Ce dernier ne se calma que quand il reçut une tape ferme sur le bras. Il se rendit compte que tout le monde s’était tourné vers lui, alors il s’excusa à demi-mot, puis il reporta son attention sur Orion.

-         J’y crois pas ! Tu t’es carrément foutu de ma gueule ! Beugla celui-ci.

-         Mais non ! C’est juste que c’est marrant de te voir gêné pour ça.

-         Je vois pas vraiment le côté marrant du truc mais ça doit encore être l’influence de tes dreads ou un truc comme ça !

-         Ca t’a vraiment marqué on dirait, parce que tu dis n’importe quoi maintenant ! En même temps, vu la réaction que t’as eu en voyant que c’était une histoire entre deux hommes, tu m’étonnes que cette scène te perturbe !

-         Ca me perturbe pas ! Se défendit Orion, rouge pivoine. Mais j’ai pas l’habitude de voir ça. En général, j’ai plutôt deux seins devant mes yeux qu’un service trois pièces ! Désolé !

-         Y’a pas de mal !

-         Quoi ? T’es un habitué toi ?!

-         J’ai pas dit ça, se contenta de répondre Calixte, un sourire moqueur sur les lèvres.

Il ne laissa pas à Orion le temps de riposter, et il s’éloigna de quelques pas, car la queue avait commencé à avancer. La séance de dédicaces débutait.

 

Chacun de leur côté, sans se concerter, ils décidèrent de clore la conversation et de ne plus aborder le sujet jusqu’à nouvel ordre. Ils attendirent leur tour calmement. Pendant plusieurs minutes, les amateurs de romans de Cassandre Castell s’enchaînèrent devant son bureau. L’auteur signa tout ce qu’on lui tendit : articles de presse, romans, bouts de papier. Rien ne fut ignoré et tout le monde sortit satisfait de la librairie.

Quand ils arrivèrent devant leur écrivain favori, Orion fut le premier à tendre son livre pour y voir s’inscrire une dédicace, et Calixte le laissa faire, sachant contenir son impatience, contrairement à son ami. Il posa ensuite son exemplaire sur le bureau, et demanda poliment à l’auteur d’apposer sa signature plutôt sur la dernière page que sur la première. Celui-ci le fit sans protester, malgré l’étrangeté de la requête.

-         Vous êtes ensemble ? Demanda l’écrivain, à brûle-pourpoint, sans relever la tête et se concentrant sur sa dédicace.

Orion ouvrit la bouche, mais aucun mot n’en sortit. Il se trouva idiot et se tourna vers Calixte, qui ne disait rien et se contentait de regarder ailleurs pour ne pas répondre à la question. Le plus jeune dut réagir pour ne pas paraître impoli.

-         Pas du tout, non. Je suis déjà avec quelqu’un, et c’est une fille, déclara-t-il.

Sans qu’il le veuille, son ton s’était fait méprisant. Intérieurement, il se traita de tous les noms, mais Calixte et l’auteur n’eurent pas le privilège de l’entendre, et ils levèrent simultanément la tête vers Orion. L’écrivain fronça les sourcils suite à la déclaration peu avenante de son lecteur, mais aucune parole n’accompagna sa pensée, à l’instar de Calixte, qui resta muet, préoccupé une fois encore par l’avis de son nouvel ami, qui ne semblait pas si clair que ça. Orion prétendait n’avoir aucun problème avec l’homosexualité, mais plus Calixte l’observait, plus il avait l’impression que son cadet n’acceptait pas à cent pour cent que tout le monde n’ait pas la même sexualité. Etant quelqu’un de très ouvert d’esprit, il n’appréciait ni les préjugés, ni les réactions un tant soit peu discriminatoires, à tout point de vue. Il crut bon de penser avoir une discussion avec Orion à ce sujet là pour qu’il sache à qui il avait affaire.

Il mit son idée de côté, jugeant préférable d’en faire part à son ami à un autre moment, et il récupéra son livre. Orion ayant déjà pris le sien, Calixte fit un premier pas pour s’éloigner du bureau et laisser leur place aux lecteurs suivants. Il se figea aussitôt quand il entendit son ami murmurer, doucement mais pas assez pour qu’on ne l’entende pas :

-         De loin, je croyais que vous étiez une femme !

Calixte ferma les yeux, las, et il passa une main fatiguée sur son visage, puis il fit demi tour pour rester aux côtés d’Orion, qui n’en revenait toujours pas que son auteur favori soit un homme. En effet, celui-ci, malgré une tenue et une allure considérées comme plutôt féminines, n’avait aucune poitrine, et ce fut cet élément qui marqua Orion et le fit changer d’avis sur le sexe de l’écrivain. Ce dernier ne sembla pas surpris le moins du monde par la remarque de son lecteur. Habitué à ce que les gens soient surpris, il offrit un sourire indulgent aux deux hommes.

-         Excusez-le, jugea néanmoins utile d’ajouter Calixte.

Il n’attendit pas de réponse, et il empoigna le bras d’Orion. Malgré les protestations de celui-ci, Calixte le tira jusqu’à la sortie, furieux malgré lui.

-         Qu’est-ce qui t’a pris ? Cria-t-il, une fois dehors.

-         Mais c’est un homme, tu te rends compte ? Hurla Orion à son tour.

-         Et alors ? Je vois pas où est le problème.

-         Mais le problème, c’est que… Oh, et puis mince ! J’en ai rien à faire de toute façon ! Qu’il écrive des histoires de pédés et qu’il s’habille comme une fille, c’est sa vie !

-         Exactement, lança Calixte, d’un ton glacial, un peu choqué par les propos d’Orion.

Ne voulant rien ajouter, il héla un taxi, et il monta dans le véhicule, sans un regard pour Orion. Celui-ci, déçu et ne se rendant pas compte que ce qu’il avait dit pouvait avoir été mal perçu, imita son ami. Pendant le trajet, le malaise entre les deux hommes ne fit que s’accentuer. L’un était assis contre la fenêtre arrière droite, l’autre contre la fenêtre de gauche. Ils regardaient tous deux dehors pour ne pas avoir à affronter le silence ayant pris place entre eux.

Ils donnèrent chacun leur adresse, et le chauffeur les déposa tour à tour devant chez eux. Orion fut le premier à arriver à destination. Il paya le montant du pour aller jusqu’à chez lui, et il voulut s’adresser à Calixte, mais il ne sut quoi lui dire, d’autant que son aîné restait fermement dos à lui, fixant l’extérieur. Il ferma alors la porte du taxi, et marcha jusqu’à la porte d’entrée de sa maison. Apparemment, sa mère était là, car sa voiture était garée le long du trottoir, mais il n’en fit cas. Debout sur le perron, il regarda une dernière fois Calixte, mais celui-ci semblait décidé à ne pas changer d’avis, car il était toujours en train d’observer l’autre côté de la rue. Orion soupira et finit par entrer chez lui, retrouvant sa vie de famille après avoir passé un après-midi mitigé.

Une fois à l’intérieur, il ne vit pas le visage de Calixte se tourner lentement et son regard se poser sur cette porte close. L’aîné des jeunes hommes soupira à son tour, à quelques mètres de son ami, et il se laissa raccompagné chez lui. Il n’était pas fier de son attitude, car il avait tout bonnement ignoré Orion, et ce dernier avait eu l’air triste de ce manque d’attention, mais il avait aussi eu un comportement inexplicable, et Calixte avait besoin de réfléchir pour décider de la suite à donner aux évènements. Il n’était pas sûr que son cadet se rende compte de la portée de ses propos, alors il hésitait à le réprimander, car il ne voulait pas se le mettre à dos. Sa position était délicate, car il préférait que les choses soient claires, mais il n’avait pas envie de gâcher cette amitié nouvelle.

Il sortit de sa réflexion quand le chauffeur de taxi s’arrêta devant chez lui. Calixte le remercia et paya ce qu’il devait, puis il se faufila rapidement dans l’immeuble. Il parcourut quelques marches pour monter jusqu’au premier étage, puis il entra dans son appartement. Il retrouvait enfin le confort et le calme de sa sphère privée, après avoir attendu pendant des heures au cœur d’une foule bruyante et compacte. Cette différence l’apaisa un peu, et il se mit à l’aise. Il quitta son haut à manches longues et son t-shirt pour enfiler à la place une simple chemise blanche qu’il laissa ouverte. Il troqua son jean contre un pantalon en lin beige, il se mit pieds nus et il alla dans sa cuisine. Il était presque dix-neuf heures, et il devrait bientôt préparer son dîner, mais il n’en avait pas le courage. Epuisé par sa journée, autant qu’il l’était quand il travaillait, il se contenta de prendre une canette de bière dans son frigo et un paquet de chips dans un placard, puis il s’installa dans son salon, allongé dans son canapé après avoir allumé son téléviseur.

 

Pendant plusieurs semaines, Calixte se concentra sur son travail, tâchant de satisfaire tout le monde. Il y eut une période pendant laquelle il eut deux fois plus de clients, alors il dut redoubler d’efforts pour ne pas faillir à sa mission. Il avait toujours eu bonne réputation, étant très sérieux, généreux, et très à l’écoute, et il comptait la préserver.

Un mois passa, sans qu’il n’ait ou ne demande de nouvelles d’Orion. Il n’avait pas oublié son ami, loin de là, mais peut-être attendait-il inconsciemment que ce soit lui qui fasse le premier pas de la réconciliation. Il ne savait pas vraiment comment agir, alors il ne faisait rien. C’était lâche, mais ainsi, il ne risquait pas de prononcer un mot de trop et d’amener Orion à ne plus l’apprécier. Il avait bien réfléchi et il avait tourné le problème dans tous les sens. Au final, il n’était pas parvenu à définir si Orion disposait vraiment d’une très faible ouverture d’esprit ou si ses propos avaient dépassé sa pensée et n’avaient été que le fruit d’un énervement passager. N’étant pas certain de l’attitude à adopter, il avait estimé qu’il n’avait pas les éléments nécessaires en main pour juger ce jeune homme qu’il ne connaissait que depuis peu, et il s’était ravisé, préférant attendre un message ou un appel de son ami s’excusant et expliquant son attitude déplacé. Mais il n’avait rien reçu, et petit à petit, il avait rangé Orion dans un coin de son esprit, ne voulant pas avoir la tête ailleurs quand il travaillait.

Un vendredi de novembre, vers dix-sept heures trente, il termina sa journée. Il se changea, troquant son costume noir contre une tenue plus décontractée, et il quitta son bureau. Il erra une vingtaine de minutes dans la ville, profitant de l’air frais mais agréable qui régnait dans les rues. Il marcha jusqu’à ce qu’il se retrouve devant le magasin de disques. Il avait besoin du nouvel album d’un de ses groupes préférés pour son travail. Il se concentrait toujours mieux lorsqu’il écoutait de la musique et le résultat n’en était que meilleur. Les mélodies le détendaient et lui permettaient de ne penser à rien d’autre qu’à ce qu’il était en train de faire.

Impatient d’écouter de nouvelles chansons, il parcourut rapidement les divers rayons. Il passa devant les CDs de rap, ceux de musique classique, de pop, les bandes originales de films. Finalement, il trouva son bonheur au fond du magasin, dans un recoin peu visible séparé par trois marches du reste de la boutique, mais connu des habitués, dont il faisait partie. Dans cet endroit restreint, trois étagères étaient posées contre les murs. Elles contenaient des albums n’ayant pu être classés dans aucun style de musique particulier, et les CDs du groupe recherché par Calixte étaient toujours à la même place, parmi les inclassables. Les albums étaient classés par ordre alphabétique, alors il eut tôt fait de trouver celui qu’il désirait. Satisfait, il retourna dans la partie principale du magasin. Sa nouvelle acquisition en main, il se dirigea vers la caisse. Il lisait les titres des chansons plus qu’il ne faisait attention où il marchait, alors il bouscula quelques personnes sur son passage. A chaque fois, il s’excusa, et il arriva tant bien que mal à l’endroit voulu. Il n’eut pas à faire la queue, et il tendit son CD au caissier.

-         Je me demandais quand est-ce que t’allais venir le chercher celui-là, dit ce dernier à Calixte.

-         Tu sais bien que j’ai toujours un temps de retard, répondit le jeune homme en souriant. Y’a pas trop de risque que vous soyez en pénurie donc je prends mon temps.

-         T’as bien raison, conclut le caissier. Ca te fera 17€99, s’il te plaît.

Calixte paya par carte bancaire, puis il récupéra son bien et ses tickets. Il salua le vendeur, puis il prit la direction de la sortie. Pressé de rentrer chez lui après une autre longue journée de travail, il pressa le pas et il ne fit pas attention au jeune homme qui entra dans le magasin alors que lui en sortait. Il le prit de plein fouet et il jura contre lui-même, puis il ramassa son CD tombé à terre sous le choc. Quand il se releva, sa surprise fut grande, et sur le coup, il ne sut pas quoi dire, car devant lui, après un mois sans aucun contact, se tenait Orion.

Désolé pour le retard. Les idées ont eu du mal à venir pour ce chapitre! Mais il est enfin là et on espère qu'il vous a plu!
Entre les péripéties dans nos universités, le manque d'inspiration ou autre élément perturbateur, ces derniers mois n'ont pas été idéaux pour l'écriture, mais ça devrait aller mieux d'ici quelques jours. Ca devrait! On préfère ne pas vous donner de date fixe pour le prochain, on l'écrit dès qu'on peut.
Bises à tous et à toutes^^

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Sagesse d'une étoile [en cours]
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Dimanche 3 mai 7 03 /05 /Mai 14:15


Une excellente soirée gâchée par la connerie d’une personne, voilà le constat que tirait Orion au moment où le jeune couple sortait du restaurant. Sa jeune compagne réprima un léger frisson sous l’action d’une petite brise fraîche de fin d’été et le jeune homme n’hésita pas une seule seconde à lui mettre sa veste sur les épaules. Elle l’embrassa tendrement, comme pour chasser sa contrariété. Après une bonne demi-heure de marche tout en discutant de sujets de leur âge, Orion ne put s’empêcher de glisser un bras autour de la taille de la jeune femme et de lui murmurer des mots doux à l’oreille. Son coup de sang était passé pour laisser place à un grand romantique qui voyait en Camélia sa première relation sérieuse de sa toute jeune vie. Ils finirent par arriver devant la maison de la jeune femme, où Orion s’étonna de voir toutes les lumières éteintes. D’habitude, les parents attendaient toujours avec impatience le retour de leur fille.

Camélia lui apprit qu’ils étaient partis pour le week-end pour leur vingtième anniversaire de mariage, vers une destination paradisiaque pour une nouvelle lune de miel. Cette dernière remarque arracha un sourire à Orion ; lui imaginait mal ses parents conservateurs, même coincés, faire ce genre de choses. Après un long baiser digne des plus grands films hollywoodiens, le jeune fit quelques pas pour partir mais Camélia le retint par le bras, un mince sourire dessiné sur ses lèvres fines. Elle lui demanda d’entrer avec elle. Surpris mais ravi, Orion fit ce qu’ordonnait gentiment son amie.  Elle avait toujours dit vouloir attendre pour passer le cap, le jeune respectait parfaitement cette décision, il n’était pas sûr de le vouloir tout de suite non plus. Pourtant l’invitation ne le laissait pas insensible, et ainsi il franchit le pallier.

Une première fois pour chacun des deux jeunes gens. Tendre, maladroite, lente, pressée, romantique, charnelle. C’était un mélange de tout cela qui vous faisait vous en souvenir à vie en bien, en mal ou de façon mi-figue mi-raisin. Ce moment  resterait gravé dans la tête d’Orion.

Les jours d’après, le couple se sentit doté d’une énergie nouvelle et la bonne humeur était de mise. Jusqu’au mardi. Le fameux mardi où l’autre fou lui avait donné rendez-vous pour régler leurs différents nés dans le restaurant. Camélia pensait que son petit ami aurait oublié ce petit incident mais c’était sans compter sur l’ego et l’orgueil d’Orion.  Comme à son habitude, le matin, il était arrivé avec  Camélia au lycée, pour retrouver la bande de copains qui le suivait depuis la seconde puis il avait débuté sa journée de cours par deux heures de philosophie. Une matière qu’il n’aimait pas mais où ses résultats se montraient particulièrement bons. Son attention fut distraite toute la journée, de nombreuses fois, ses professeurs furent obligés de le ramener sur terre. À la fin de la journée, il oublia de dire au revoir à sa petite amie et se retrouva devant le restaurant. Il ne savait pas si l’autre allait venir mais lui aurait tenu sa parole. Son honneur serait sauf.

Un quart d’heure plus tard, Calixte arriva les mains dans les poches, nonchalant, tenant ainsi parole. Il semblait être une toute autre personne que la fois précédente. Souriant, avenant, des yeux rieurs,  un jean travaillé correspondant à la mode actuelle, un fin pull gris perlé de mi-saison,  ses dreads châtains perlées, attachées par un bandeau kaki sur son crâne, donnant l’impression qu’un poulpe y avait élu domicile pour une période indéterminée. Avec un bonjour sur les lèvres, il tendit la main au jeune homme qui l’accepta avec une certaine réticence. Amusé, Calixte demanda si le règlement de compte tenait toujours, rien que pour se moquer du lycéen qui blêmit tout de suite.

-          Je rigole, je n’ai pas l’intention de me battre ou de faire quoique soit de salissant avec ce que je porte sur le dos. Mes vêtements m’ont couté une petite fortune, dit Calixte, de bien meilleure humeur que la dernière fois.

-          Alors pourquoi vous êtes venu ?

-          Il me semblait pas que tu ne me vouvoyais pas quand tu m’accusais de bourgeois à l’esprit étriqué.

D’un seul coup, Orion ne sut plus où se mettre. Les coups de sangs n’étaient pas son genre, il était une personne très calme, joyeuse avec son entourage, non un gamin au comportement immature. La séparation de l’an dernier l’avait grandi malgré le manque affectif de la personne qui lui était la plus attachée.

-          Heu…, finit par répondre le jeune homme.

-          Quoiqu’il en soit, je suis venu pour excuser mon attitude inqualifiable de vendredi dernier.

-          C’est le moins que l’on puisse dire.

-          Toutes mes plates excuses, elles sont sincères.

-          Merci.

-          Tu fais quelque chose, là, tout de suite ? Euh… Comment tu t’appelles ? Demanda Calixte en se maudissant d’insulter des personnes sans connaitre leur nom.

-          Orion.

-          Orion, c’est pas courant.

-          Oui, c’est le moins que l’on puisse dire. Pour ça, il faut poser la question à ma mère et sa folie des étoiles. Vous, enfin tu es sans doute mieux loti que moi, ajouta Orion tout en essayant de le tutoyer de nouveau.

-          Calixte, c’est pas mieux.

Le plus jeune ne put s’empêcher d’éclater de rire face à la moue de l’homme aux dreads  en face de lui.

Ce dernier sentit des gouttes d’eau éparses tomber sur ses mains et son visage, les yeux levés au ciel que des nuages gris sombres peuplaient de plus en plus. Il proposa à Orion d’aller dans un petit café du coin s’il n’avait rien de prévu.

Dix minutes plus tard, ils étaient installés à une petite table près de la fenêtre à observer la pluie tombant averse d’un seul coup. Une serveuse apporta les deux cafés forts commandés, manquant de peu de verser le contenu des tasses sur le jean de Calixte. Il surprit son jeune vis-à-vis en gardant son calme, aidant même la pauvre jeune femme. Le regard interrogatif d’Orion incita Calixte à lui expliquer que débuter dans un travail de serveuse n’était jamais simple, surtout quand les mains n’avaient pas encore l’habitude du poids sur les plateaux, des tasses de liquides brûlants.

-          C’est normal chez toi d’être aussi lunatique, de passer d’un extrême à un autre ?

-          C’est juste que j’aime avoir mes tables quand je vais dans un restaurant et que j’avais passé une très mauvaise journée. Le mélange des deux a donné ça. Je suis assez aimable en temps normal.

-          Finalement quand tu ne piques pas ta crise, tu a l’air d’un mec plutôt sympathique.

-          Merci, c’est sympa, fit Calixte en tirant une tête bizarre qui fit sourire l’autre.

-          C’est naturel ce que tu as sur la tête ?

-          De quoi ? Interrogea Calixte avant de prendre une de ses dreads terminée par une perle blanche. Ça ?

-          Oui.

-          Tout est naturel, les cheveux, la glue pour les maitriser ainsi que les produits d’entretien. Tout comme moi.

Au lieu d’un petit quart d’heure à boire un café en meublant une conversation de sujets banals, ce furent deux heures à parler de petits riens ou de grands sujets littéraires, à refaire le monde encore et encore. De nombreux sujets rencontrèrent des points de friction mais d’autres rencontrèrent une grande passion de la part des deux, notamment à propos d’une série de livres connus qui faisaient les beaux jours des librairies. Les deux hommes débattaient de savoir si l’auteur, Cassandre Castell, était un homme ou une femme. Rien dans son écriture ne parvenait à les départager. Orion fut surpris de trouver en Calixte un grand amateur de littérature. Cet homme était vraiment le jour et la nuit.

Ils se séparèrent avec une toute autre impression de l’autre que lors de leur première rencontre. L’amende honorable de Calixte leur avait fait passer un excellent moment. Ils avaient échangé leur numéro de portable au cas où ils voudraient poursuivre leur débat. Orion ne manqua pas de se faire passer un savon par sa mère quand il rentra chez eux, il ne les avait pas prévenus et c’était le petit bébé à ses parents. Ce qui ne manqua pas d’énerver le jeune homme qui se contenta d’aller s’enfermer dans sa chambre, sans rien manger.

**

Les ventres des élèves gargouillaient par intermittence face au discours monocorde du professeur d’Histoire. Il avait du mal à motiver ses troupes pour suivre les dernières minutes de son cours sur la première décolonisation, les esprits étant plus occupés à se demander quel était le repas à la cantine à partir des odeurs s’échappant depuis une heure et demie. Orion posa une main sur son ventre, essayant de cacher son appel pour le remplir, tout en notant le cours pendant que son voisin et meilleur ami s’amusait à faire des petits dessins sur sa feuille. La sonnerie vint soulager tout le monde et les élèves sortirent dans la précipitation, comme d’habitude.

Camélia attendait en face de la porte de la salle de cours de son petit ami qu’elle n’avait point vu le matin car elle commençait plus tard que lui.  Un baiser de bonjour et la jeune femme le bombarda de questions pour savoir comment ça s’était passé la veille, étonnée de ne voir aucun bleu, aucune ecchymose sur son visage. Orion lui raconta ce qu’il s’était passé, que Calixte était un homme totalement différent de sa première impression. Camélia ne prêta plus tellement attention à ce que lui racontait son petit ami, contente de le voir en un seul morceau. Elle posa une main sur sa joue, et de l’autre lui intima l’ordre de se taire de l’index avant de l’embrasser passionnément. Il lui répondit de la même manière, glissant ses doigts sous le pull fin de sa compagne à la recherche d’une peau douce et accueillante.

-          Eh les amoureux, au lieu de vous peloter dans les couloirs, vous ne pourriez pas descendre pour qu’on aille manger ? Il va rien rester de potable, cria un ami du couple de l’autre côté du couloir.

-          Oui, oui. On arrive, lui répondit Orion en posant son front contre celui de sa petite amie.

-          Ce n’est que partie remise, dit-elle en se détachant de lui.

Elle lui prit la main, croisant leurs doigts amoureusement et l’emmena à sa suite pour remplir ce qui avait décidé de se manifester bruyamment. Le portable du jeune homme vibra dans la poche de son baggy, il le prit de sa main libre. C’était ses parents. Il rejeta l’appel, remit l’appareil à sa place et accompagna sa compagne. Le repas les attendait.

**

Une main tenant la télécommande et une bière blonde bien fraîche dans l’autre, Calixte s’effondra dans le canapé, prêt à regarder le match de football, un choc entre les deux meilleurs clubs européens. Il se délecta de la sensation de confort après une très longue journée de travail. Un de ces jours, il se tuerait littéralement à la tâche. Il tira la table basse à lui pour mettre un coussin dessus puis ses pieds. C’était pour lui la position idéale pour une soirée tranquille chez soi.

Son petit appartement deux pièces était à son image de célibataire, trop fatigué pour tout ranger mais les lieux restaient toujours le plus propre possible. Les magazines et les nombreux livres s’empilaient sur les étagères de bibliothèque, les trois corbeilles de chemises attendaient depuis deux semaines d’être repassées et tout le reste était un joyeux bordel organisé. Au moment du coup d’envoi du match, sa mère l’appela mais il n’y répondit pas.  Puis ce fut le tour d’un numéro qu’il ne connaissait que peu. Heureusement que le nom d’Orion s’afficha, autrement il aurait eu le droit au même sort que son précédent interlocuteur.

Il mit en sourdine sa télévision pour parler un peu avec le jeune homme dont il n’avait pas eu de nouvelles depuis leur conversation au café dix jours auparavant. Ce dernier appelait pour l’informer que leur auteur favori était en dédicace dans leur ville à l’occasion de la sortie de son dernier roman dans quinze jours et qu’il avait deux places pour faire parti des chanceux.

-          Tu es intéressé ?

-          Un peu oui, répondit Calixte

-          La deuxième place est pour toi.

-          Oui mais ta copine, la fille qui était avec toi au restaurant ?

-          Les livres et elle, ça fait deux. Elle préfère quand ça parle d’argent…

-          Charmant, murmura entre ses dents Calixte en faisant une grimace.   

L’homme bougea de sa position à la recherche d’un papier et d’un stylo pour noter toutes les informations données par son appelant. La journée se terminait bien avec cette nouvelle et son équipe favorite marquant le premier but.

 

Voilà le second chapitre de notre histoire. Un peu en retard, mais nous avons été plutôt occupées ces derniers temps, entre notre séjour ensemble et les péripéties rencontrées dans nos facs respectives. On espère malgré tout qu'il vous a plu, et on essaye d'écrire la suite aussi vite que possible mais nous ne savons pas quand...
Amicalement votre (lol)
Bises de Perri et JoY


P.S.: Certaines réponses aux commentaires  ne sont pas passés (encore un bug d'over pour changer). Ne croyez pas que nous ne veuillons pas y répondre mais au bout du troisième essai, nous avons abandonné.
Message spécial pour Sporkan : nous sommes tout à fait d'accord avec ta critique de Plus que nous.

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Sagesse d'une étoile [en cours]
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Jeudi 2 avril 4 02 /04 /Avr 21:47


Les feuilles des arbres étaient encore vertes et tiraient vers l’oranger à leur extrémité. Une brise adoucissait l’air. Le ciel était clair mais la chaleur n’était plus aussi étouffante que les mois précédents. L’été était terminé depuis peu, et la rentrée avait marqué la fin de vacances inoubliables pour certains, le début d’une nouvelle année à rebondissements pour d’autres.

Assis sur un banc dissimulé à l’intérieur d’un arrêt de bus aux parois en verre, un jeune homme aux courts cheveux bruns en bataille semblait attendre quelque chose, ou quelqu’un.Il portait un baggy noir en toile surmonté d’un haut moulant blanc à capuche et aux manches longues. Seule une fine écharpe grise enroulée négligemment autour de son cou prouvait qu’un vent frais avait fait son apparition depuis quelques jours. Etant samedi midi, il n’avait pas son sac de cours avec lui. Il venait de passer sa première semaine en terminale littéraire au lycée, et il profitait de ce premier week-end pour faire quelque chose d’inhabituel.

Il pensait à son argent qui allait subir les conséquences de sa décision soudaine, quand il se leva brusquement, un sourire apparaissant sur ses lèvres. Il parcourut quelques mètres à pas de géant pour prendre le visage d’une jeune fille dans ses mains et l’embrasser tendrement.

-         Salut toi, lui dit-il.

-         Salut, répondit la nouvelle venue, le rouge aux joues dû à la fois à l’attitude de son petit ami et à la course folle qu’elle venait de faire pour arriver à l’heure au rendez vous, à cause du retard de son bus et des embouteillages.

Le jeune homme prit sa compagne par la main, puis ils se dirigèrent ensemble vers une destination dont cette dernière ignorait toute direction et tout emplacement.

-         Tu veux toujours pas me dire où tu m’emmènes ? Demanda la jeune fille.

-         Non, non, c’est une surprise, déclara son copain.

Il eut pour seule réaction un soupir de son interlocutrice, faussement exaspérée et amusée par la situation. Ce n’est qu’après quelques secondes qu’elle reprit la parole.

-         Va moins vite Orion ! On n’est pas pressé ! J’ai du courir pour pas être en retard alors arrête de me tirer comme ça.

-         C’est juste que j’ai réservé, expliqua le dit Orion, tête baissée, penaud de s’être fait réprimandé ainsi.

Sa petite amie sourit devant cette attitude enfantine et elle oublia aussitôt tout sentiment négatif. Elle sortait avec Orion depuis à peine deux mois, et tout chez lui l’attendrissait. Un an auparavant, elle ne le connaissait même pas de vue, mais depuis, il avait tout fait pour qu’elle le remarque. Si au début, elle n’avait pas prêté attention à ses marques d’affection, elle avait fini par succomber à son charme naturel et à sa joie de vivre permanente. Elle avait fini par accepter ses avances, flattée qu’il persiste autant à lui déclarer sa flamme. Ils étaient devenus officiellement un couple début juillet à l’occasion d’une fête chez un de leurs amis, et depuis, ils ne se quittaient plus.

-         Je comprends, lui dit-elle simplement pour le réconforter.

Elle continua de marcher rapidement, faisant abstraction de ses douleurs aux pieds et de son essoufflement. Elle n’eut pas à supporter ce calvaire longtemps, car à peine deux minutes plus tard, Orion s’arrêta et mit fin aux doutes de sa petite amie.

-         Taadaaam, lança-t-il, en tendant les mains vers le bâtiment devant lequel ils étaient, comme s’il le faisait apparaître.

La jeune fille ne put s’empêcher de sourire à nouveau devant ce geste encore et toujours enfantin, puis elle se rendit compte de l’endroit où ils se trouvaient.

-         « Les Persènes » ! Hurla-t-elle presque. Tu es fou ! C’est pas donné ici !

-         Je sais, se contenta de répondre Orion, peu surpris par la réaction de sa compagne.

Il la prit par la main et l’attira à l’intérieur du restaurant. Dans l’entrée, il fut accueilli directement par le patron, qui était au courant de son arrivée. C’était un ami du père d’Orion, et ce dernier avait obtenu quelques réductions grâce à ce détail. Les prix restaient élevés pour son budget habituel, mais il avait eu envie de faire plaisir à sa petite amie et de l’emmener dans ce restaurant qu’il avait fréquenté un soir en compagnie de ses parents et qu’il avait adoré. Il avait économisé pendant plusieurs semaines, et il allait tout dépenser d’un coup.

-         Salut Henri, lança Orion.

-         Salut, répondit le patron du restaurant en serrant la main de son invité. Je me demandais si vous alliez arriver justement !

-         Oui, Camélia a rencontré des bouchons sur la route, c’est pour ça, on est venus aussi vite qu’on a pu !

-         Camélia ?

-         Ah oui, je vous ai pas présentés ! S’exclama Orion, prenant sa compagne par les épaules. Henri, voici Camélia, ma petite amie. Camélia, voilà Henri, un ami de mon père et le patron de ce restaurant.

Les deux hochèrent la tête et sourirent pour se saluer, puis Henri demanda à ses deux invités de les suivre. Il leur montra une table dans un coin de la pièce commune, entourée d’une banquette en cuir rouge, et le jeune couple s’y installa confortablement, satisfait d’avoir un peu d’intimité malgré le caractère public de l’endroit.

 

Alors qu’ils commençaient à manger leur dessert, dans le calme et la bonne humeur, peu dérangés par les rares clients présents pour le déjeuner, un homme entra dans le restaurant. Il accrocha son long manteau noir au portemanteau posté près du bar, puis il passa derrière le comptoir pour faire la bise au patron et au serveur qui ne l’avaient pas entendu arriver.

-         Salut Calixte ! Lança Henri. Je t’ai pas vu entrer !

-         Tu sais bien que je suis toujours très discret, répondit le nouveau venu.

-         Je suppose que tu viens pour manger ? Demanda le patron, souriant.

-         Comme toujours !

Calixte retourna de l’autre côté du bar, au milieu des tables, des chaises et des banquettes, et il semblait savoir où il allait quand il se figea soudain, au milieu de la salle. Il fronça les sourcils, et il revint parler à Henri.

-         Pourquoi y’a deux jeunes à ma table ? Voulut-il savoir, l’air vraiment contrarié.

-         Arrête, tu vas pas me faire croire que tu peux pas t’asseoir ailleurs ! S’exclama Henri, étonné.

-         Puisque je te dis que c’est ma table ! Commença à s’énerver Calixte. Tu vas voir, je vais aller leur toucher deux mots, ils vont vite dégager.

Le patron tenta de le retenir, en vain. Son ami et client avait été trop rapide. Déjà, il posait ses paumes de main sur la table autour de laquelle étaient assis Orion et Camélia. La jeune fille parut effrayée, mais Orion leva la tête et observa l’intrus de la tête aux pieds. Il remarqua son costume trois pièces noir impeccable peu assorti aux dreads châtains qui envahissaient son crâne, retombaient derrière ses oreilles et étaient parsemées de perles de toutes les couleurs. Le jeune homme eut un sourire moqueur, trouvant ce style ridicule.

-         …ailleurs !

-         Comment ? Intervint Orion, n’ayant pas suivi le long monologue assourdissant de Calixte.

Ce dernier écarquilla les yeux, agacé par le culot de son vis-à-vis qui ne l’avait pas écouté une seule seconde, puis il reprit :

-         En bref, cette table, c’est la mienne. J’y mange tous les midis, alors j’aimerais bien pouvoir m’asseoir ici ! Ce qui veut dire, pour ton petit cerveau de gamin écervelé, que toi et ta copine, vous bougez illico presto !

Orion perdit vite son sourire. Il n’avait pas tendance à s’énerver facilement, mais il détestait se faire insulter, de surcroît par un inconnu. Le « petit cerveau » et le « gamin écervelé » lui restaient en travers de la gorge. Il se leva pour faire face à l’homme qui le dérangeait en plein repas, et l’humilia à son tour comme il put :

-         Tu vois, toi, avec ton grand cerveau d’adulte si mature, tu devrais voir que y’a d’autres tables libres dans la salle, et au lieu d’interrompre mon repas qui se passait si bien avant ton arrivée, tu devrais aller t’asseoir et manger quelque chose. J’espère que tu t’étoufferas avec !

Calixte n’apprécia pas ses paroles trop virulentes. Il marcha jusqu’au comptoir et essaya de rallier le patron à sa cause, mais celui-ci semblait plutôt être de l’avis d’Orion.

-         Le gamin a raison, déclara Henri. Tu peux t’asseoir ailleurs pour une fois.

-         Pas question ! Je vais toujours à cette table, y’a pas de raison que ça change ! Pas à cause d’un minot pré pubère !

Assis à quelques mètres, Orion entendit ces derniers mots et ils finirent de l’achever, amenant sa colère à son apogée. Il rejoignit l’élément perturbateur de son déjeuner près du bar, sous le regard inquiet de Camélia qui n’osait pas bouger, et il se mit à crier pour de bon :

-         Non mais tu te prends pour qui pour parler de moi comme ça ! Tu me connais pas, et d’après toi, je suis écervelé et pré pubère ?! Non mais tu t’es pas regardé dans la glace avant de critiquer les autres ! Tu te la pètes avec ton costard mais t’as pas l’air plus malin que moi avec tes caprices de gamin ! Au moins moi c’est de mon âge ! Toi, t’es pas excusable d’être aussi con ! Désolé si ça choque tes oreilles de petit bourgeois à l’esprit étriqué mais je vais pas te laisser m’agresser sans réagir !

-         Je suis pas un petit bou… Commença Calixte, s’agrippant au cou d’Orion, avant qu’un serveur l’interrompe et l’empêche d’étrangler le jeune homme.

-         Calme-toi Cal’, dit l’employé du restaurant. Laisse-le tranquille. Il est déjà installé avec sa copine, la prochaine fois tu l’auras ta table, promis.

Calixte ne se calma pas, mais il fut emmené dehors de force par le serveur et le patron. Ces deux derniers discutèrent quelques minutes devant leur ami qui était trop énervé pour dire quoi que ce soit de cohérent. Appuyé contre un mur, les yeux fermés, il se concentrait sur autre chose que sur ce qu’il venait de se passer pour essayer de retrouver son attitude tranquille. Avec cette histoire, il n’avait toujours pas mangé, et sa pause n’était pas éternelle. Il allait finir par devoir retourner travailler, et il ne pourrait pas être efficace le ventre vide.

Quand Henri et le serveur estimèrent que Calixte avait retrouvé ses esprits, ils décidèrent de rentrer dans le restaurant, mais alors qu’ils ouvraient la porte, Orion sortit tel une furie, suivi de près par Camélia, qui peinait à contenir la colère de son petit ami. Elle resta à l’écart et ne put qu’être témoin d’une autre altercation entre Orion et Calixte. Elle était seule, car les deux autres hommes étaient retournés à leur poste à l’intérieur, ayant un restaurant à faire tourner. Ils espéraient que tout ne se finirait pas en bain de sang, et c’est tout ce que voulait Camélia : s’en aller avant que tout ne dégénère à nouveau. Mais son avis avait peu d’importance, d’autant qu’elle ne l’exprimait pas. Alors qu’elle espérait en vain un retour au calme, elle dut observer Orion et Calixte se lancer des joutes verbales une fois de plus, n’osant pas intervenir de peur de subir les foudres de l’un ou de l’autre.

-         T’es content, j’espère ! T’as ruiné mon repas ! Clama Orion.

-         C’est ça ! Répliqua Calixte. Tu crois que t’as pas ruiné le mien ? J’ai même pas pu manger avec vos conneries !

-         Nos conneries ?!? C’est quand même pas moi qui ai fait une scène pour une misérable table ! Si t’avais si faim que ça, fallait t’asseoir et commander au lieu de provoquer une esclandre !

-         Qu’est-ce que ça peut te faire de toute façon ? Tu peux continuer à manger toi, c’est moi qui suis dehors là tu vois !

-         Qu’est-ce que ça peut me faire ? Mais c’est une question de principe ! On dérange pas les gens pour une raison aussi minable que la tienne, c’est tout ! J’ai pas envie de faire ça maintenant parce que ma copine m’attend, on a prévu de passer la soirée et la nuit ensemble, tu vois. Mais je compte pas en rester là, on règlera ça toi et moi, sois en sûr !

-         Quand tu veux ! Lança Calixte. Je vais pas me laisser faire par un crétin dans ton genre.

-         Le crétin, il sera devant ce même restaurant, mardi soir à dix-neuf heures, lança Orion, davantage pour impressionner Camélia en montrant qu’il n’avait pas peur de défier un homme plus âgé que lui que par volonté de se mesurer à un autre.

-         Et le petit bourgeois à l’esprit étriqué, il y sera aussi, t’inquiète pas ! Rétorqua Calixte. Il va pas se défiler et te laisser recevoir les honneurs. Compte pas là-dessus !

-         Tant mieux, ça n’aurait pas été drôle sinon !

-         Tu trouveras ça moins drôle quand tu te retrouveras le dos éclaté étalé sur le sol, crois-moi !

-         Je te crois, tu dois avoir connu cette situation pour savoir que ça fait si mal ! C’est la différence évidente entre toi et moi : moi, je me suis jamais retrouvé à terre, j’ai toujours terrassé les autres. Toi, t’es une victime.

-         Si tu l’dis. On verra ça mardi.

-         Sans problème. A mardi, monsieur le fouteur de merde.

-         A mardi, petit con ! Dit Calixte.

-         J’adore quand tu m’insultes ! Lança Orion. Ca me donne encore plus envie d’exploser ton visage d’abruti avec tes dreads pourries !

Il s’en alla sur cette dernière phrase, en riant, tenant Camélia par la main qui percevait nettement moins bien le côté risible de la situation. Pour elle, son petit ami n’avait pas agi raisonnablement en défiant un autre homme, et elle avait peur de la suite des évènements. Portée par l’allure de son petit ami, elle se retourna discrètement, et le regard à la fois meurtrier et amusé de Calixte les fixant jusqu’à ce qu’ils disparaissent ne fit que renforcer ses inquiétudes.

Finalement, vous avez le droit au premier chapitre de notre nouvelle histoire un peu avant l'heure! Le 2 au lieu du 7! On espère qu'il vous plait, et vous donne envie de lire la suite! Ce sera complètement différent de IC et de PQN, un troisième genre!
Encore une fois, merci à ceux et celles qui sont encore là! PQN a été compliqué, celle-là sera plus légère, en apparence XD Mais plus drôle, promis!
Bises à tous et à toutes, et bonnes vacances à ceux qui vont en profiter, comme JoY qui part 10 jours sur la Côte d"Azur!
Le deuxième chapitre arrivera mi-avril quand JoY sera chez Perri pour quelques jours! Encore beaucoup de délires au programme!
Bye!

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Sagesse d'une étoile [en cours]
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