Présentation

Jeudi 7 août 4 07 /08 /Août 00:17

Figé sur place, une main occupée par une bouteille neuve de téquila et l’autre à tenir la porte qu’il venait d’ouvrir, Idriss regardait fixement Auxence en face de lui. Après cette dispute avec sa petite sœur, une des rares qu’ils avaient ensemble, c’était la dernière chose dont il avait besoin, c’était d’avoir celui qui lui faisait agiter sa conscience depuis plusieurs mois. Comme quelques minutes auparavant, son imagination lui jouait des tours, son esprit dérivant vers des rives pas très catholiques, mais comme il l’avait déjà fait, il garda un semblant de calme.

-          Qu’est-ce que tu fous là ?

Auxence reconnut facilement l’amabilité dont pouvait faire preuve Idriss mais avait un peu espérer  que cela change avec ce qu’il avait pu se passer entre eux. C’était apparemment trop demander au jeune homme. Lui aussi se demandait ce qu’il faisait ici, sur le pas de la porte d’Idriss. Enfin si, il le savait mais il avait du mal à l’accepter. Du mal à accepter l’évolution de ses sentiments depuis ces derniers mois pour cette personne passée de maître chanteur à partenaire sexuel sans qu’il y ait trouvé quelque chose à redire. Il était pleinement consentant, cette partie de lui-même qu’il détestait jusqu’à ce qu’il parle avec Ephram. Ou plutôt que celui-ci l’informe qu’il était en couple avec Daegan depuis plusieurs mois. Sans qu’il le dise, une pointe de jalousie s’était formée en lui, jaloux des sentiments qu’ils pouvaient avoir entre eux alors que lui ne pouvait avoir que du sexe avec Idriss. Il avait mis une explication et un nom sur une situation qui le minait depuis ces derniers mois et cela lui faisait mal de le reconnaître. Pourquoi avait-il des sentiments forts pour lui alors que toutes les filles ou femmes qui étaient passées dans son lit n’avaient pu faire naître cela en lui ?

Auxence ne le savait pas mais il devait lui en parler quitte à se prendre l’humiliation de sa vie, bien qu’il trouvait celle de l’hôtel pourtant pas mal, et  à ce que tout le lycée le sache. De toute façon, il considérait son avenir comme perdu depuis le début de ce chantage, il pensait n’avoir aucune chance de gagner contre Idriss de cette façon-là.

-          Il faut qu’on parle, lâcha finalement Auxence.

-          Pourquoi ça ? J’ai rien à dire moi.

-          Moi si. J’en marre.

-          De quoi ? Demanda Idriss qui ne comprenait plus rien

Le jeune homme sentit que ça n’allait définitivement pas être sa journée. Ses larmes de colère sourde avaient laissé place à de la peur. La peur de quoi ? Idriss n’arrivait pas à le savoir et il ne voulait pas le savoir.

-          Du chantage et du fait qu’on couche ensemble. Non. Qu’on baise ensemble selon le plaisir de monsieur.

-          C’est la meilleure de l’année celle-ci. Je te signale que tu es aussi consentant que moi et que c’est même toi qui provoques certaines situations. Tous les deux, on y trouve notre compte.

-          Oui mais j’arrête.

-          Tu veux vraiment tout perdre. C’est ça ?

-          Je m’en fous. Je veux passer à autre chose…

Les mots  qu’Auxence avait prononcés avec véhémence firent resurgir la jalousie d’Idriss. Ça y était, il n’avait pas fait assez attention et quelqu’un s’était rapproché de son jouet, de son amant même s’il avait du mal à l’accepter.

-          Si tu fais ça, tu vas le payer cher Auxence.

-          Est-ce que tu pourrais m’écouter jusqu’au bout ? Demanda le jeune homme tandis que son regard se perdait sur Idriss et ce qu’il pouvait tenir entre ses doigts. Et qu’est ce tu fous avec cette bouteille entière à la main ?

-          A ta place, je ne préférerais pas le savoir. Ca te regarde même pas. Comme tu l’as si bien dit. On baise ensemble, on ne sort pas ensemble.   

Au bout de quelques minutes, le ton avait fortement monté entre les deux jeunes hommes qui étaient à présent prêts à en venir aux mains, à faire passer par les poings ce que leurs bouches refusaient de dire à haute voix. Ce qui arriva jusqu’à ce qu’un incident se produise sans qu’aucun des deux n’en prenne réellement conscience. Idriss, armé de la bouteille de tequila, frappa Auxence à la tempe droite. Un grand cri de douleur échappa des lèvres du blond qui tomba en derrière sous la force du coup, la tête en arrière. Celle-ci heurta les pierres de l’allée de la demeure. Idriss s’attendait à la réponse fracassante d’Auxence mais ce dernier ne se releva pas. Il avait beau attendre, rien n’y faisait. Ceylan, alertée par le cri, descendit les escaliers quatre par quatre, manquant de justesse de chuter et arriva jusqu’aux lieux où son frère se tenait immobile, où des larmes sans sanglots ravageaient de nouveau son visage. Il semblait figé sur place. Quand elle vit Auxence à terre, elle se précipita à lui, sondant son pouls et le giflant pour le réveiller après avoir vu que celui-ci était là. Mais rien n’y faisait. Un peu affolée, elle composa un numéro qu’elle connaissait bien, celui de Daegan avec son portable qu’elle avait pris soin d’amener de sa chambre puis celui des secours. Le jeune homme arriva en même temps qu’eux.

Après avoir vérifié l’état du joueur de basket et qu’il ne risquait rien à être bougé, deux secouristes le mirent sur un brancard rétractable  puis dans l’ambulance jusqu’à l’hôpital le plus proche.

Deux heures plus tard, les trois jeunes gens se trouvaient dans une petite chambre vert pale, aux senteurs de javel, aux draps propres et aux continuels bip-bips des machines respiratoires et cardiaques. Auxence était allongé, vêtu d’une blouse bleue cobalt, les bras sur les draps auxquels des perfusions étaient attachées. Le médecin avait prononcé un verdict sans appel une heure plus tôt, un coma temporaire dû au choc à la tête de la bouteille et du sol. Il ne pouvait pas encore se prononcer s’il y avait des risques de séquelles au cerveau. Il portait tout de même un bandage autour de la tête pour maintenir un pansement sur sa tempe droite car en tombant, une pierre lui avait méchamment entaillé la peau à cet endroit. Après être assuré que tout allait bien, enfin aussi bien que possible, Daegan ramena Ceylan chez elle, plutôt sonnée par ce qu’il venait de se passer. Il n’avait jamais réussi à faire bouger Idriss de la chambre pour le faire rentrer lui aussi. Au bout d’un moment, il laissa tomber, murmura un faible au revoir avant de fermer la porte et de laisser Idriss seul avec ce qu’il avait fait. Tout ce qu’il avait pu contenir en lui face aux deux autres, s’éclata sous la forme de grands sanglots, chose rare chez lui, détestant de telles représentations de sentiments. Il venait de prendre réellement conscience de ce qu’il avait fait et de ce qui l’avait poussé à son geste. Qu’est-ce que ça aurait été s’il avait bu comme à son habitude ?  

Contrairement à ce qu’il avait dit, il ne voulait lui faire aucun mal. Il voulait plus l’avoir dans ses draps et le serrer dans ses bras pendant qu’Auxence dormait que le voir respirer à l’aide d’un appareil sur un lit d’hôpital. Idriss s’adossa à un mur de la chambre et glissa contre. Ses lèvres laissaient passer sans cesse « elle avait raison » pendant que ses mains agrippaient sa tête, ses cheveux.

Quelques heures plus tard, vers les quatre heures du matin, Idriss était toujours au chevet d’Auxence. Il avait réussi à convaincre les infirmières de le laisser rester durant la nuit ; elles avaient craqué devant la détresse des yeux noisette du jeune homme. Deux d’entre elles lui avaient apporté des couvertures  pour passer la nuit malgré le temps doux de la saison.

Le jeune homme s’était installé sur une chaise inconfortable, avec une très mince assise de cuir gris clair, qu’il avait tiré à côté de lit de son jouet. Il ne disait rien, son esprit se contentait de ressasser au ralenti le film de la soirée et les moments où ils avaient été  ensemble de gré ou de force, se contentant de lui tenir la main. Se sentant faiblir et proche des abysses du sommeil, il se leva et sortit de la chambre pour descendre à l’étage inférieur, au service de cardiologie, se chercher un café court, bien serré pour lui permettre de tenir le reste de la nuit et une partie de la matinée. Aujourd’hui, il n’irait pas en cours, ni les suivants d’ailleurs, pas tant qu’Auxence n’ait ouvert les yeux. A moins qu’il ait une somation de ses parents aimants mais bien trop souvent absents.

La machine à café fit un bruit pas possible au milieu des couloirs déserts, quand elle se mit en route suite à la commande d’Idriss. Ce dernier avait dû faire toutes les poches de son baggy pour trouver les quelques pièces nécessaires pour avoir son café. Il se saisit du gobelet marron du bout des doigts car le liquide foncé était brulant et diffusait sa chaleur sur toutes les surfaces. Sur les pointes de pieds et souhaitant un bonne nuit aux infirmières de garde dans leur poste, il traversa tout le service quand une voix masculine l’intercepta de son nom. Après une légère hésitation et sachant qu’Auxence était à l’étage supérieur, peut être à se réveiller, Idriss entra dans cette chambre sous l’insistance de la voix. Quelle ne fut pas sa surprise d’y trouver le père d’Auxence, confortablement installé sur son lit par une bonne dose d’oreillers. Lui aussi était branché à des machines cardiaques. Il le connaissait pour l’avoir croisé quatre ou cinq fois quand il était venu dans la maison d’Auxence. Il l’aimait bien malgré son côté assez bizarre et papa poule. Il se demanda ce qu’il faisait ici dans cette chambre, pourtant il se souvenait vaguement qu’Auxence  avait parlé des problèmes de santé chez son père un jour où ils avaient coupé au début de l’acte et il avait dû aller au pas de course à l’hôpital.

Ne sachant pas quoi dire à cet homme, il porta à ses lèvres, le liquide brulant et en avala deux gorgées rapidement, comme pour le réveiller définitivement de ce qui lui semblait n’être qu’un cauchemar plutôt long.

-          C’est toi qui viens souvent à la maison ces derniers temps ? Finit par demander le père d’une petite voix.

-          Oui.

-          Qu’est-ce que tu fais là ?

-          Je me suis énervé et j’ai frappé quelqu’un, alors j’attends son réveil.

Il omettait de lui dire que c’était de son fils dont il était question. Il pouvait par moment se comporter comme un vrai salaud, il y avait certaines choses que les parents n’avaient pas à savoir.

-          Quelqu’un que tu aimes bien ?

-          Oui. Quelqu’un que j’aime beaucoup.

Les mots sortirent de sa bouche sans qu’il s’en rende compte, le plus naturellement du monde. Le père eut un mince sourire devant ce petit aveu qui lui rappelait la fraicheur de l’adolescence.

-          Je vois, dit-il en souriant. Et tu lui as dit ?

-          Non.

-          Tu devrais.

-          Pourquoi ?

-          La personne aimerait sans doute beaucoup le savoir.

-          Vous croyez ?

-          J’en suis sûr. C’est important de se savoir et de se sentir aimer.

-          Et vous. Vous faites quoi ici ? Questionna Idriss comme pour changer de sujet, glissant sur une pente dont il n’avait pas envie.

-          J’ai encore fait une petite attaque en travaillant tard ce soir. Heureusement que mon assistant était là et a appelé les urgences. Je n’ai pas fait avertir Auxence pour éviter de l’inquiéter comme la dernière fois.

-          Ah bon ?

-          Il s’inquiète facilement dès qu’on a un petit problème de santé.

-          Comment ça ?

-          Je ne sais pas s’il te l’a dit mais Auxence a perdu sa mère à sept ans. Il est resté très marqué par la leucémie foudroyante de ma femme et il est devenu très attaché à moi, même s’il ne le montre pas forcément. Sous son apparence sans doute froide et hautaine, c’est un gamin un peu paresseux qui peut s’attacher facilement.

La tendresse du père était évidente en parlant de son fils. Lui aussi n’avait plus que la chair de sa chair dans sa vie, ayant coupé les ponts avec deux familles des années avant la naissance de son fils. Il aimait leurs petites vies à tous les deux, leur petite cellule familiale.

-          Monsieur, je crois que je vais y aller. Et vous devez avoir besoin de repos.

-          Un peu. Tu ne diras rien à Auxence ?

-          Pourquoi je le ferais ?

-          Merci.

-          Pas de quoi, dit Idriss sur le pas de la porte, une main autour du gobelet refroidi et une autre sur un mur à la surface lisse.

-          Au fait, ce que j’ai dit. C’est comme mon petit Auxi, il aimerait le savoir.

La porte se referma sans aucune réponse du jeune homme. Le père continua de sourire. Contrairement à ce que pensait Idriss, il était au courant que son fils était entré à l’hôpital en urgences et dans le coma à cause du jeune homme qui était passé dans sa chambre. Il avait décidé de ne rien lui dire, ni sa pensée quand il vit que la peine sur son visage était sincère, tout comme ses mots. Il ne lui avait pas dit non plus qu’il était au courant de la relation qui les unissait. Une fois, ils n’avaient pas été très discrets et il avait bien compris que les gémissements échappés étaient de plaisir et non pas d’autre chose. Il eut du mal à le digérer les deux premières semaines mais il s’y fit, et il attendait qu’Auxence lui en parle. Et comme il le connaissait, il allait le faire sous peu, au vu de certaines tournures d’événements. Demain, il passerait le voir. Pour le moment, sa poitrine le lançait un peu et la fatigue se faisait sentir dans tous ses membres. Il retira deux oreillers avant de s’allonger convenablement et fermer les yeux. Demain était un autre jour, tel fut sa dernière pensée avant d’être pris dans le sommeil.

 

A six heures du matin, les premières lueurs rosées de l’aube commençaient à apparaître à l’horizon et derrière les immeubles et maisons et quelqu’un n’avait pas dormi de la nuit, passant six heures à veiller avec Ceylan et à s’abreuver de cafés et de thé tout en zappant sur la télécommande de l’immense plasma que les Macknelly possédaient. Puis il avertit la jeune fille qui sommeillait sur ses jambes qu’il devait partir pour voir Ephram et lui dire pour Auxence. Il arrêta sa Twingo verte en douceur devant le portail de maison en briques de son petit ami. Il le poussa sans faire de bruit pour toquer à la porte. Ce fut Ephram qui lui ouvrit et un grand sourire éclaira son visage avant qu’il saisisse le cou et le planque contre un mur du petit hall d’entrée pour l’embrasser passionnément. Baiser auquel, naturellement, Daegan ne put s’empêcher de répondre malgré les nouvelles qu’il apportait. Il adorait quand Ephram se faisait entreprenant comme ça. Apparemment il était content et même très content de le voir aussi tôt le matin tout en sachant qu’il avait pendant une semaine, la maison pour lui seul.

Le jeune homme mit fin à leur échange quand il sentit des mains vicieuses sous son pull fin pour prendre la route de ses fesses. A la plus grande incompréhension de son petit ami, il se sépara de lui et mit une petite distance pour être sur qu’il ne lui saute pas dessus.

-          Qu’est-ce qui se passe Daegan ? J’aime pas quand tu fais cette tête. C’est signe de mauvaise nouvelle.

-          Cette fois, oui.

-          Accouche.

-          Auxence est à l’hôpital, dans le coma. Ça s’est passé dans la nuit.

-          Pardon ? Tu peux répéter, là.

-          Il y a eu une discussion entre Auxence et Idriss qui a mal tourné et Auxence se trouve dans le coma.  

 

Ca se passe pas comme vous voulez, et ça se finit surement pas comme vous voulez non plus, mais attendez la suite et vous serez servies. Tout se passe dans le prochain chapitre.
Tout, sauf la fin.... hihihi
Gros bisous de la part des deux auteurs sadiques et qui sont fières de l'être...

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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