Présentation


 
Jeudi 5 juin 4 05 /06 /Juin 01:36


Nous voici en direct de chez Joy, où nous venons de passer une magnifique journée.

Toulouse était à voir cette semaine XD

Au programme: beau temps, chaleur, grand soleil, shopping. Malheur à notre compte en banque =( Ne montrez pas L (vous savez, dans Death Note^^) à Joy, où elle achète tout ce qui le représente (si si, elle l'a fait, une figurine, un porte-clé, et même deux PINS !). Et n'emmenez pas Perri dans le rayon manga ou elle le dévalise, et elle entraînes les autres dans les dépenses >_<
Petit arrêt dans un énorme magasin de bonbons,qui nous a coûté quelques euros, d'ailleurs là on se goinfre à 1h53 devant nos PC XD De pire en pire...

Ensuite, course à pied pour trouver un resto ouvert avant vingt heures, aucun résultat. Finalement, nous nous sommes retrouvés dans un p'tit bouiboui qui faisait des pates, des pizzas, des salades, des gateaux. Bref, c'était sympa, le tout pour sept euros chacune. On avait plus faim après.

Pourquoi vouloir manger avant vingt heures, nous direz-vous? Parce que ce soir, mercredi 4 juin 2008, il y avait le premier festival LGBT à Toulouse =D Et le film "Summer storm" était diffusé dans une salle. L'entrée était gratuite, alors nous sommes allées le voir en version allemande sous-titrée, alors que nous l'avons en français sur nos PC. Nous dingues? Oui, on sait^^ En tout cas, si vous ne l'avez pas vu, sachez qu'il vaut le coup d'oeil.

Demain, direction l'Andorre pour vider un peu plus nos comptes >_< Et vendredi, Walibi, d'où nous ramènerons Galech :)))) Le trajet de retour risque d'être assez.... hum... perturbé XD Avec en fond, la BO du Seigneur des Anneaux bien sûr^^

Vous savez tout, et on vous laisse, pour finir le chapitre de IC que vous attendez tous jeudi matin (oui Fid, on sait que tu veux le lire en déjeunant!). Il devrait être publié d'ici quelques minutes, car aujourd'hui, nous n'avons pas l'intention de nous coucher à 6h30 (merci Meryl XD).

Bisous à toutes et à très vite!
Scusez pour le mégaaaaaaaaaaaaaaaaa racontage de life
Love 

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Conneries en tous genres^^
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Samedi 31 mai 6 31 /05 /Mai 03:45

Un frisson glissa le long de l’échine d’Auxence. Pour la première fois, Idriss lui inspira vraiment de la peur. Ses yeux le transperçaient de part en part, ne lui laissant aucune porte de sortie. Résigné par l’attitude menaçante d’Idriss, le jeune homme se délesta de son blouson qui allait le gêner plus qu’autre chose durant cet échangé sportif forcé.

Idriss eut un large sourire victorieux quand il vit son jouet se mettre en place en position défensive,  sur ce terrain de basket goudronné du parc. Il se mit à faire bondir  le ballon de basket sous les lumières vacillantes des vieux lampadaires disséminés autour ce lieu sportif et champêtre, autant que cela pouvait l’être en pleine ville. Auxence cligna des yeux comme pour chasser la fatigue et le sommeil, et son adversaire en profita pour le contourner et marquer un panier sans difficulté.

La rage monta en Auxence comme un poison lancinant. Déjà qu’il lui faisait ce coup de pute, maintenant il se permettait de le battre à son sport favori. Le jeune homme secoua la tête fermement pour se réveiller, croisa les doigts de ses mains vers l’extérieur et les fit craquer. Il attendit qu’Idriss reprenne sa place en face de lui pour lui prendre le ballon d’un mouvement habile et amener l’égalité de points entre eux. 

Une bonne heure après, Auxence était allongé sur le goudron, transpirant tout ce qu’il pouvait. Il avait lamentablement perdu contre la personne qui lui faisait du chantage depuis plus d’un mois. Encore une fois. La fatigue commençait à faire son retour dans ses muscles, ses yeux. La seule satisfaction qu’il pouvait encore avoir, c’était qu’Idriss avait, lui aussi, le souffle court, assis contre le poteau du panier.

Le jeune homme était satisfait de lui, il avait réussi à faire enrager son jouet préféré et à se dérouiller un peu. Peu de gens savaient qu’il avait fait du basket en équipe lors du collège, mais arrivé au début du lycée, il s’en était complètement dégouté et avait commencé à prendre un virage plus trash. Il eut un petit sourire en pensant à ça, ce qui n’échappa à Auxence qui prit légèrement la mouche.

-          Alors, tu es vraiment content de toi ?

-          De quoi tu parles ? Demanda Idriss qui ne comprenait pas cette question.

-          De ce sourire immonde que tu as sur ta sale gueule.

-          Ah… Oui, je suis content.

Le niveau de tolérance d’Auxence était arrivé à son maximum et le vase avait débordé. Il se leva lentement, la fatigue ralentissant ses gestes, et alla prendre son blouson qu’il avait retiré plus tôt, pour rentrer chez lui pour quelques heures de sommeil qu’il avait largement méritées selon lui.

-          Eh !!

-          Quoi ? Fit Auxence entre se dents, se retournant vivement pour regarder Idriss qui l’avait interpelé. Le ballon de basket à la surface rugueuse oranger était juste à ses pieds.

-          Ta copine…

-          Oui ?

-          Elle te trompe.

-          Ça m’étonnerait.

-          Oh si. Ils étaient mignons, main dans la main, à s’échanger des paroles douces au creux de l’oreille et de légers baisers dans le cou.  C’est ce que j’appelle un joli petit couple.

-          Tu mens.

-          Oh non. Je les ai vus cet après-midi avec une amie. Ca fait quoi de se faire cocufier ?

-          Jamais.

Idriss laissa échapper un petit rire de satisfaction. Décidément, Auxence l’amusait follement, plus qu’il ne l’aurait cru, bien qu’il se serait dispensé de certaines choses qui commençaient à emprisonner son esprit de jour en jour.

-          Pauvre petit. On va pleurer, ne put s’échapper de dire le jeune homme.

-          Ta gueule.

Tout en criant ces mots, Auxence frappa d’un coup de pied rageur  le pauvre ballon qui n’avait rien demandé. Celui-ci s’enfonça dans les profondeurs des buissons bien taillés du parc, avant qu’Auxence parte d’un pas furibond. Les mains dans les poches et le col remonté, il faisait le trajet du retour beaucoup plus rapidement. La colère, la fatigue et l’envie de retourner au fond de son lit guidaient ses pas. Il rentra en faisant le moins de bruit possible, mais cela ne l’empêcha pas de se prendre les pieds dans un tapis et de s’atteler lamentablement sur le sol.  

Après avoir pensé un grand nombre de jurons aussi variés les uns que les autres, il se releva tant bien que mal dans le noir et alla dans sa chambre en tâtonnant des mains les murs et autres objets sur son chemin. Quand il passa devant la chambre de père, il vérifia d’un coup d’œil qu’il ne s’était pas réveillé. Ce qui ne semblait pas être le cas car on pouvait l’entendre ronfler. Avec soulagement, il ferma la porte de sa chambre et alluma sa lampe de chevet. Une grimace apparut sur son visage quand il vit l’heure qu’il affichait.

3h10.

Rapidement, il changea ses vêtements contre un pyjama froid et se glissa sous sa couette à étoiles qui avait conservé un léger fantôme de chaleur. Il soupira en éteignant la lumière. Il allait avoir peu d’heures de sommeil. Qui plus est, la petite conversation avec Idriss le travaillait, et avait décidé de chasser le sommeil que réclamait son corps, au profit d’une longue interrogation qui lui mangea deux heures, avant qu’il sombre dans les méandres  des rêves. Des rêves aussi bizarres qu’irréalistes.

 

A la sonnerie, les couloirs du lycée se remplirent de flots d’élèves que déversaient les salles de cours.  La plupart d’entre eux se dirigeait vers la cantine pour profiter du premier service, celui qui distribuait de la nourriture presque bonne. Perdu au milieu de tout ce monde, les yeux ensommeillés et les cernes qui les accompagnaient, Auxence se dirigeait tant bien que mal jusqu’à son casier où il déchargea ses cours du matin pour prendre ceux de l’après-midi. Il ressemblait plus à un zombie qu’à un élève normal et il s’était même surpris à faire de légères somnolences durant son cours d’histoire et de mathématiques. Et il devait une fière chandelle à Ephram qui prit les cours mieux que lui, et se chargea de le réveiller à la fin de ceux-ci.

Son meilleur ami lui avait demandé pourquoi il était dans cet état, lui qui, la plupart du temps, était éveillé et en pleine forme. Sans savoir pourquoi, il ne lui dit pas qu’Idriss l’avait appelé au milieu de la nuit pour lui faire subir une de ses lubies. Peut-être pour ne pas entendre une nouvelle leçon de morale dont il n’avait pas besoin.

Quand sa journée prit fin, Auxence eut l’agréable surprise de ne pas voir Idriss réclamer son dû comme chaque semaine. La colère et la rage l’animaient quand il pensait à ce chantage et surtout, il maudissait sa propre stupidité d’un instant d’avoir oublié de fermer une porte correctement. Bien qu’il ait fini les cours et que son corps réclamait le repos dont il avait été privé, il avait une dernière chose à faire. Rompre avec sa copine du moment. Car même si cela pouvait être que de simples allégations de la part d’une bouche perfide, il avait en horreur de se faire traiter de cocu. Son honneur d’homme en était blessé.

La jeune femme en question sortit de son dernier cours une heure plus tard, et elle eut la surprise de voir Auxence l’attendre devant sa salle. Elle eut un sourire s’affichant sur son visage trop parfait, sans doute déjà retouché malgré ses jeunes années. Mais ce sourire que le jeune homme sentait factice disparut peu à peu sous le coup des accusations d’Auxence. Lentement et sûrement, il  l’humilia devant tout le monde, lavant sa fierté mal placée. L’esprit plus léger que la veille, il rentra chez lui, dans son lit qui l’appelait d’une douce voix, lui rappelant celle de sa mère.

 

Une semaine s’écoula sans qu’Auxence n’entende, ni ne voit Idriss. Il se sentait respirer, presque revivre, et ce n’était pas la visite de Daegan au cours de la semaine qui avait entamé sa bonne humeur. Ca l’avait même améliorée. Son équipier avait été chargé par Idriss, dont il apprit qu’il était un bon ami, de récupérer un dossier qu’il  avait pour Idriss. Il lui donna en lui demandant, mine de rien, ce qu’il était advenu de sa bête noire. Et ce qu’il apprit acheva de le mettre dans une bonne humeur folle qui se prolongea toute la semaine. Suite à leur petite rencontre sportive plutôt tardive, le lendemain, Idriss s’était retrouvé avec une forte fièvre et des ganglions énormes au fond de la gorge. Il avait attrapé une angine rouge, une forte qui le cloua au lit pour une bonne semaine.

Cette chape de plomb qu’il avait un bref moment retrouva sa place quand il entraperçut une silhouette d’apparence musclée et aux cheveux bruns ourlés de bleu presque cobalt. Comme un gamin, il se cacha de lui, changeant de chemin ou de couloir au cœur du lycée, ne voulant pas reprendre ce chantage qui le minait plus qu’il ne voulait se l’avouer. Il tenait à ses bourses qui pouvaient lui permettre de faire ce qu’il voulait, et d’aller aux meilleurs endroits pour parfaire son éducation et sa culture. Ainsi, il réaliserait la promesse qu’il avait faite à sa mère, sur son lit de mort, alors qu’il n’était qu’un petit enfant de six ans. 

Il se passa quatre jours avant qu’Idriss ne donne signe de vie par un texto simple, mais au combien cassant, lui demandant de le rejoindre de l’autre côté du complexe scolaire. Il l’avait reçu juste au moment où la sonnerie se décida à appeler les élèves vers leurs heures de cours et d’ennui, celui-ci ne souffrait d’aucune attente. Après avoir dit à Ephram de lui prendre les cours, il sortit de la queue de sa classe pour prendre la direction du rendez-vous. Sans savoir pourquoi, il avait le pressentiment de quelque chose de foireux, mais il ne voulait pas qu’Idriss trouve un prétexte pour le dénoncer. Il mit dix bonnes minutes à atteindre cette partie de son lycée qu’il connaissait peu. Elle était surtout utilisée par les élèves d’arts plastiques et dramatiques, dont il ne faisait en aucun cas parti.

Quand il trouva l’endroit de rendez-vous, Idriss n’était pas là. Auxence sentit un relent de colère monter en lui, et son téléphone portable dans son poing droit commençait à en faire les frais.  Trois minutes plus tard, un grand salut se fit entendre. Idriss arrivait les mains dans les poches de son baggy, un grand sourire imprimé sur ses lèvres.

-          Désolé, j’ai eu du mal à trouver l’endroit, fut tout ce qu’il trouva à dire à Auxence, qui contenait avec mal sa rage.

-          Qu’est-ce que tu veux ?

-          Et bonjour, ça t’arracherait la langue  de le dire.

Idriss avait retourné les propres mots d’Auxence contre lui, qui essayait de se calmer.

-          Salut, laissa-t-il filtrer entre ses dents. Qu’est-ce que tu veux ?

-          Moi ?

-          Oui. Toi.

-          Je veux rien. Juste voir comment tu allais.

-          Tu m’as fait faire péter mon heure de cours la plus importante de la semaine juste pour ça ?

-          Oui.

-          Mais t’es un vrai connard.

Auxence ne contrôla plus la rage et la colère qui bouillonnaient  en lui. Il abattit son poing dans le visage d’Idriss qui ne l’avait pas vu venir. Celui-ci se retrouva assis sur le bitume. Une  surprise totale se lisait sur son visage tandis qu’il massait sa joue endolorie.

-          Ne joues pas trop au con non plus, Idriss. Evite de trop t’amuser avec mes nerfs pour ce chantage à la con, sinon la prochaine fois, je répondrai plus de moi.

Sur ces mots, il partit d’un pas furibond vers son heure de cours manquée. Passée la surprise, Idriss eut un grand sourire, content de voir que son jouet n’était pas aussi passif que ça et qu’il avait un minimum de caractère. Mais il allait payer pour ça.

 

La vengeance du jeune homme ne tarda pas à venir, puisque le lendemain soir, Idriss attendait Auxence à la sortie de son entraînement hebdomadaire de basket. Il avait eu les heures grâce à Daegan qu’il avait bassiné en faisant valoir son rôle de chef de bande. 

Un à un ou en groupe de deux, tous les joueurs sortirent, et Idriss eut la satisfaction de voir qu’Auxence fut le dernier, suivi du coach de l’équipe. Il interpella son jouet du moment avec une voix doucereuse qui fit retourner Auxence d’un bond. Il ne s’était pas attendu à le voir de si tôt après leur altercation de la veille. Il était toujours habillé avec son baggy kaki mais portait un long blouson noir sur un pull fin de la même couleur. Auxence le regarda des pieds à la tête, et ses yeux s’arrêtèrent sur une légère ombre d’ecchymose rougeâtre sur la joue qu’il avait frappée la vieille.

-          Un problème, Auxence ? Demanda le coach.

-          Non, non.

-          Tu viens ?

-          Non, allez-y. j’ai quelque chose à régler.

-          Ok. A samedi.

-          Oui. Bonsoir coach.

Auxence retourna sur ses pas pour se planter devant la personne qui avait l’art et la manière de le faire sortir de ses gonds. Pendant quelques instants, un silence lourd et pensant prit place entre eux. Le calme avant l’orage.

-          Qu’est-ce que tu veux, Idriss ?

-          Des excuses.

-          Jamais.

-          Ton avenir ne t’intéresse donc pas ?

-          Si.

-          Alors ces excuses ?

-          Jamais.

-          Alors on va à l’administration, tous les deux. Bras dessus, bras dessous.

-          Je ferai ce que tu veux jusqu’à une certaine limite, mais jamais des excuses envers toi franchiront mes lèvres.

-          Ce que je veux…

Un large sourire apparut sur ses lèvres d’Idriss et s’étira de plus en plus. Auxence eut un léger mouvement de recul, sentant la vacherie venir. Pourquoi n’avait-il pas voulu dire ces maudits mots ?

Parce que sa fierté lui interdisait ça, et qu’Idriss ne l’aurait pas à l’usure.

-          Suis-moi, dit le jeune homme en lui passant devant.

-          Quoi ?

-          Bouge ton cul et suis-moi.

Tant bien que mal, chargé de son gros sac de sport qui battait derrière lui, Auxence rattrapa avec peine son maître-chanteur qui marchait d’un bon pas, même d’un très bon pas. Presque aussi sautillant qu’un enfant venant de recevoir le jouet de ses rêves à son anniversaire. Après une bonne demi-heure de marche à travers les rues de la ville qui commençaient à se décorer de guirlandes éclectiques de couleurs, en prévision des fêtes de fin d’année, ils s’arrêtèrent devant une grande librairie. Les grandes vitrines étaient à l’image des dernières nouveautés littéraires et des best-sellers caracolant en haut des listes des plus fameuses revues.  Le tout était posé sur des épaisses tentures de velours rouge, pour les yeux curieux des passants et les pousser à faire une halte dans la libraire. Bien qu’Auxence suive un cursus scientifique, il vouait aux livres et à la littérature un profond amour, et ces vitrines bien mises en valeur étaient comme une friandise pour ses yeux.

Mais une poigne forte sur une de ses épaules le rappela à l’ordre, il devait obéir à une nouvelle lubie d’Idriss. Celui-ci le fit entrer dans la librairie, dans laquelle Auxence admira la hauteur sous plafond du bâtiment ancien et l’imposant escalier qui menait aux étages tout aussi empli de livres que le rez de chaussée. Mais Idriss avait une idée bien précise de ce qu’il voulait, et il amena son jouet vers la section des revues de presse. Tout y était. Ils se plantèrent devant cet immense choix.

-          On fait quoi, là ? Demanda Auxence qui ne voyait pas ce qu’Idriss voulait.

-          Je veux que tu prennes une revue et que tu l’achètes.

-          Oui et ? Je ne vois pas l’intérêt. Je vais le faire, dit-il en prenant une vulgaire revue financière.

-          Non. Pas ça.

Auxence reposa son bout de papier dans le grand présentoir avec un sourcil haussé, comprenant de moins en moins la démarche du jeune homme qu’il accompagnait.

-          Je veux que tu prennes celle-là, lança Idriss, en désignant du bout de l’index une revue dont seul le titre était visible. Et que tu ailles en caisse l’acheter.

-          Très bien, fit Auxence en prenant l’objet désigné.

Il blanchit légèrement en voyant le titre et la couverture, avec des hommes plutôt dénudés. Un magazine gay. Idriss envoya un grand sourire qui montra toutes ses dents à Auxence, content de voir un instant son visage déconfît. Il était heureux de le voir se prendre la honte de sa vie. Mais le jeune homme ne se démonta pas, il ne lui ferait pas ce plaisir.  

La tête haute, bien que légèrement énervé, il prit le bout de papier à pleines mains et se dirigea vers les caisses, talonné de très près par Idriss qui ne voulait pas en rater une miette. Ils durent faire la queue, car beaucoup de personnes commençaient à faire leurs achats pour les fêtes avec un bon mois d’avance, pour éviter les courses de dernière minute. Auxence posa la revue sur le tapis roulant, le plus simplement du monde. La caissière lui fit un grand sourire pendant qu’elle passait le code barre sur le lecteur. 

-          Ca fait plaisir à voir, dit-elle d’une jolie voix claire.

-          De quoi ? Demanda Idriss, un peu déçu.

-          Ca fait plaisir de voir un couple qui s’assume. C’est si rare. En plus, vous formez un couple trop mignon. Quelle perte pour la gente féminine.

La jeune caissière laissa échapper un profond soupir de déception, avant de dire le montant à Auxence qui ouvrit son porte-monnaie pour payer la somme due.

-          Vous faites erreur mademoiselle, dit un Auxence un peu énervé par ce qu’Idriss l’obligeait à faire et à entendre. Je ne suis pas en couple, et encore moins avec un con pareil. Il faudrait déjà arriver à le supporter.

La remarque était acide et bien placée de la part du jeune homme. Tant et si bien qu’Idriss sentit ses joues chauffer comme s’il rougissait, chose qui, pour lui, était impossible. Il ne répondit pas à Auxence, se contentant de suivre le mouvement.

Tous les deux sortirent de la libraire et firent quelques pas pour arriver à une petite place. De l’eau coulait d’une fontaine de bronze, adossée à une façade ancienne d’un immeuble particulier. Auxence se retourna et plaqua la revue sur le torse d’Idriss, qui la rattrapa d’une main pour éviter qu’elle aille par terre.

-          J’espère que tu es content de toi. Si tu ne vois pas d’objection, il y a des personnes qui aimeraient rentrer chez elles pour aller se reposer, parce qu’elles ont travaillé en cours et eu un long entraînement.

Idriss ne trouva rien à dire. Son silence  répondit au jeune homme qui partit, laissant son maître-chanteur seul avec des pensées troublantes. Il roula le magazine entre ses mains pour le fourrer dans la large besace noire qui lui servait de sac de cours. Il faisait ça comme pour chasser ce sentiment de contentement qui était monté en lui lorsque la jeune caissière leur avait dit qu’ils formaient un mignon petit couple. C’est dans cet état d’esprit un peu perdu et agité qu’il regagna sa villa et son lit, dans l’espoir que la nuit balaye ses troubles.

 

Désolé pour ce petit retard. On se rattrape en vous offrant un chapitre plus long que d'habitude. On espère qu'il vous a plu. La première partie a été longue et ennuyeuse à rédiger, mais la seconde ne fut qu'une partie de plaisir. Désolé Fid de t'avoir privé de ton plaisir au petit déjeuner du jeudi XD. Et non, Toto, tu ne nous battras jamais, là il est 3h45^^. Bisous à toutes et à très vite.

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Jeudi 22 mai 4 22 /05 /Mai 00:37


Un mois plus tard, rien n’avait changé. Idriss continuait de faire chanter Auxence. Il lui donnait toujours des montagnes de devoirs à faire, et il réclamait toujours plus de sujets. Il connaissait son plus grand secret, et il se délectait d’en profiter et de pousser son pire ennemi à bout. Cela ne plaisait pas à Auxence, mais alors pas du tout. Il passait beaucoup trop de temps à travailler pour satisfaire Idriss, et ça ne l’arrangeait pas, ses comptes en souffraient. Mais il voulait garder ses bourses, alors il n’avait pas le choix, Idriss l’avait bien compris.

 

Un jeudi, alors qu’il traînait dans les couloirs pendant la pause de midi, Auxence se sentit agrippé par le bras et se retrouva plaqué contre un mur, sans apercevoir son agresseur. Mais celui-ci ne semblait pas vouloir le lâcher, alors il le dévisagea et il reconnut tout de suite son maître chanteur.

-          Idriss… jura-t-il entre ses dents.

Il ne tenta pas de se dégager, sachant que ce serait peine perdue, et il attendit patiemment qu’Idriss lui ordonne quelque chose, une fois de plus. Ce dernier, alors démasqué, relâcha son prisonnier pour rester debout en face de lui. L’effet de surprise était passé, ce n’était plus la peine de le tenir. Il savait qu’Auxence ne partirait pas.

-          Donne-moi ton numéro de portable, lui demanda-t-il.

-          Ca va pas ! S’exclama Auxence. Tu me pourris déjà assez la vie comme ça, j’ai pas envie qu’en plus tu m’appelles !

-          Le bureau du proviseur est juste à côté, Auxence, dit Idriss, en insistant bien sur son prénom.

-          Qu’est-ce que ça peut me foutre, Idriss ?! Répondit le blond, sur le même ton.

-          Il me suffit d’aller toquer, et pouf ! Envolées tes jolies bourses, lui dit le brun, un sourire machiavélique sur les lèvres et la voix lourde de menaces.

Encore une fois, Idriss avait réussi à l’énerver en quelques secondes. N’ayant pas d’autre choix que de se plier à ses caprices, Auxence attrapa un stylo et un bout de papier dans son sac, et lui donna son numéro. Idriss le prit sans rien dire, satisfait, et il regarda le jeune homme aux cheveux d’or s’en aller, plutôt remonté. Lorsqu’il le vit parler avec une fille, jolie en plus, sa joie s’estompa rapidement. Et lorsque Auxence l’attrapa par la taille, il sentit la colère monter en lui. Il serra les poings si forts que ses ongles s’enfoncèrent dans la paume de sa main. Cette fille lui piquait son jouet grandeur nature, et il n’aimait pas ça, pas du tout.

 

Il se retourna, et s’en alla vite pour ne plus les voir. Alors qu’il se rendait à son prochain cours, son téléphone sonna. Il le chercha rapidement, avant de le trouver dans la poche la plus basse de son baggy beige. Il ne regarda pas qui l’appelait et décrocha.

-          Ouai, dit-il.

-          Dris’ ?

Il n’y avait qu’une seule personne qui l’appelait comme ça. Marilyn. Il était content de l’entendre, ça l’aidait à se calmer. Mais le ton de sa voix était différent de d’habitude. Elle avait l’air soucieuse.

-          Y’a un problème ? Lui demanda-t-il, sans détour, n’étant pas un adepte des mots doux.

-          Oui, et j’aimerais bien que tu te ramènes là. Je peux pas faire ça toute seule. Je t’attends devant ‘Chez Greg’, dans trois quarts d’heure.

-          Pourquoi ? Qu’est-ce qui se pas…

Il n’eut pas le temps de poser sa question. Marilyn avait déjà raccroché. Inquiet, il se dirigea rapidement vers la sortie pour attraper le prochain bus.

Pendant le trajet, il réfléchit. Ce devait être son copain. Ce Luke. Il l’avait déjà frappée une fois. Elle lui avait pardonné, mais il devait avoir recommencé. Idriss l’avait prévenu, mais Marilyn ne l’avait pas écouté, elle avait préféré croire les promesses de l’homme qu’elle aimait. Il n’avait jamais aimé ce mec, il s’en était toujours méfié, et il avait eu raison.

Arrivé à destination, il marcha au pas de course jusqu’à l’endroit convenu. Marilyn l’attendait, assise, buvant un café.

-          Pile à l’heure ! Dit-elle en le voyant arriver.

-          Qu’est-ce qu’il se passe ? C’est Luke, c’est ça ? Il a recommencé ?

-          Luke n’a rien fait. Je t’ai déjà répété de lui faire confiance maintenant. Ca ne se reproduira pas, ne t’inquiète pas, répondit Marilyn, énervée qu’Idriss n’apprécie toujours pas son petit ami, mais touchée qu’il s’inquiète pour elle.

-          Pourquoi tu m’as appelé alors ?? C’était si urgent ?

-          Ben ouai, j’allais pas faire du shopping toute seule !

Le visage d’Idriss se décomposa à ses mots. Du shopping. Elle l’avait appelé pour faire du shopping ! Il détestait ça, elle le savait. Elle ne l’avait pas prévenu. Elle savait qu’il viendrait si elle ne disait rien de précis.

-          Oh la conne, finit-il par dire.

-          Je sais, moi aussi je t’aime chéri, répliqua Marilyn, qui avait tout entendu.

Il lui sourit hypocritement et la suivit à contrecoeur.

Ils s’engouffrèrent dans l’immense centre commercial. Heureusement, on était en semaine. Il n’y avait pas trop de monde. Mais Idriss étouffait déjà.

-          T’as pas intérêt à t’arrêter dans tous les magasins, lança-t-il.

-          Mais non, j’ai juste besoin d’un nouveau sac et d’une paire de gants, répondit Marilyn.

Idriss ne fut pas rassuré pour autant. Il la connaissait. Elle ne venait que pour acheter deux ou trois trucs, puis elle ressortait finalement avec quinze sacs, dont dix qu’il devait porter pour elle.

Ses doutes se confirmèrent lorsqu’ils s’arrêtèrent dans une boutique de chaussures, ce qui n’était pas du tout prévu au programme. Devant sa tête d’enterrement, Marilyn consentit à ne pas y aller, mais elle ne put résister quand elle passa devant la parfumerie. Elle en ressortit un quart d’heure plus tard, deux flacons en poche.

-          Je vais sentir bon maintenant, déclara-t-elle.

-          Super, dit Idriss, fulminant. On y va maintenant ?

-          Oh non ! Pas déjà ! Viens, je t’emmène chez le vendeur de piercings !

Elle partit si vite qu’Idriss n’eut pas le temps de répliquer. Il n’avait pas besoin de nouveaux piercings, il en avait déjà bien assez, mais après tout, ça l’occuperait peut-être pendant un certain temps. C’était toujours mieux que d’entendre Marilyn débattre sur la couleur de la robe à choisir avec la vendeuse.

-          Je vais à côté voir les boucles d’oreilles, l’avertit-elle. Je reviens dans dix minutes.

Idriss se retrouva donc seul à admirer les centaines de piercing exposés sous ses yeux, du plus simple au plus original, de l’uni au fluorescent. Il en regardait un qui lui plaisait bien, lorsqu’un couple apparut de l’autre côté de la vitrine. Il aurait pu ne pas les remarquer, mais la fille ne lui était pas inconnue. Il la regarda plus attentivement et la reconnut, un sourire étirant alors ses lèvres. Il l’avait croisée il y a quelques heures, dans le couloir du lycée, aux bras d’Auxence. Si elle l’avait alors énervé, à présent il était plutôt heureux de la voir, main dans la main avec un autre garçon.

Il retourna à sa contemplation, de meilleure humeur, et choisit trois piercings qu’il acheta. Il sortit du magasin et alla rejoindre Marilyn qui admirait à présent un long collier de perles noires.

-          Le noir ne te va pas, tu devrais plutôt prendre le marron, vu que tu portes souvent des fringues de cette couleur.

Marilyn, surprise qu’Idriss la conseille en matière de bijoux, le regarda bizarrement, avant de sourire et de changer de collier. Elle alla à la caisse pour payer, puis ils firent quelques boutiques de plus. Idriss ne se plaignit plus une seule fois, à la plus grande surprise de Marilyn.

L’après-midi se termina dans la bonne humeur, jusqu’à ce qu’Idriss décide de partir. Marilyn l’accompagna à l’arrêt de bus. Alors que le car arrivait, elle lui posa une dernière question. Elle n’avait pas encore abordé le sujet, car elle connaissait la réponse, mais elle ne tenait plus, elle devait lui demander.

-          Toujours personne en vue ? Osa-t-elle.

La réaction d’Idriss ne fut pas celle escomptée. Au lieu de lui parler de ses multiples conquêtes, comme il en avait l’habitude, son sourire disparut, et son visage se crispa.

-          De quoi je me mêle ? Lui répondit-il, furieux, avant de monter dans le bus, qui était maintenant stationné devant l’arrêt.

 

Le soir venu, la ville était calme. La nuit était tombée, tout le monde dormait. Les heures passèrent, rapidement pour certains, lentement pour d’autres, qui n’arrivaient pas à trouver le sommeil.

Auxence était profondément endormi depuis un moment, emmitouflé dans sa couette bleue à étoiles. Soudain, son portable sonna. Il se retourna dans son lit, mais ne se réveilla pas pour autant. La sonnerie retentit plusieurs minutes, alors il finit par ouvrir les yeux. Il attrapa son téléphone posé sur sa table de chevet, et s’apprêtait à répondre, lorsqu’il se rendit compte qu’il ne connaissait pas le numéro qui s’affichait sur l’écran. Il déclina l’appel et replongea la tête dans son oreiller.

Mais l’autre correspondant insistait. La sonnerie ne s’arrêtait plus. Auxence était maintenant complètement éveillé. Enervé, il décrocha.

-          Allo !

-         

-          Qu’est-ce que tu veux ?

-         

-          Non mais t’as vu l’heure ? Hurla-t-il, après avoir regardé son réveil qui affichait une heure du matin.

-         

-          Ouai, j’y serai, finit-il par dire, avant de raccrocher et de tenter de se rendormir.

Apparemment, l’autre avait décidé de ne pas le laisser tranquille, car il l’appela à nouveau.

-          T’as intérêt à y être, fut la seule phrase qu’Auxence entendit. Son interlocuteur coupa la conversation sans ajouter un mot de plus.

Il se leva alors, et enleva son bas de pyjama pour enfiler un jean, un t-shirt et un pull, attrapés à l’aveuglette dans l’armoire. Aller au parc au beau milieu de la nuit, quelle idée. Auxence fulminait, car en plus, ce n’était pas le plus proche de chez lui. Il y avait rendez-vous dans une demi-heure, alors il ne devait pas traîner. Il avait autant envie de sortir que d’aller se pendre, mais il n’avait pas le choix.

Pas coiffé et un peu débraillé, mais surtout avec la tête dans le cul, il descendit lentement les marches, en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller son père. Il attrapa son manteau dans l’entrée et les clefs de la maison sur la commode, puis il sortit. Il ferma la porte à double tour, avant de se retrouver dans la rue pour plus de vingt minutes de marche, dans un froid glacial, un peu trop pour une fin de novembre.

Le trajet fut long. Auxence regardait sa montre toutes les cinq minutes, il avait l’impression de ne pas avancer, qu’il n’arriverait jamais à destination. Il aurait du prendre son écharpe, car il avait beau tenter de s’emmitoufler dans son manteau, celui-ci ne montait pas assez haut pour protéger son visage du vent frais et violent.

Frigorifié, il arriva enfin devant le parc, mais il ne vit personne, alors il franchit les deux colonnes de béton qui en marquaient l’entrée et s’aventura sur le chemin pavé, bordé de bacs à fleurs et d’arbustes perdant leurs feuilles.

Après avoir parcouru quelques mètres, il se retrouva sur le terrain de basket. Il s’arrêta quand il aperçut une silhouette, la tête dissimulée dans une capuche. Reconnaissant l’individu malgré tout, il s’approcha. Idriss l’attendait, vêtu d’un sweat et d’un jogging, des tennis aux pieds. Il se retourna lorsqu’il entendit des pas derrière lui. Auxence put ainsi voir le ballon de basket que le jeune homme aux mèches bleues portait dans ses bras. Il fronça les sourcils, commençant à comprendre pourquoi Idriss l’avait fait venir. L’idée ne lui plaisait vraiment pas.

-          Pourquoi tu m’as fait venir ? Lui demanda-t-il, s’énervant.

-          J’avais juste envie de faire une partie de basket, et j’avais pas d’adversaire, répondit Idriss, un sourire moqueur prenant place sur son visage.

C’en était trop pour Auxence. Il n’acceptait pas que l’autre le prenne pour son serviteur et l’oblige à faire tout ce qu’il voulait, quand ça le chantait. Il enfonça brusquement les mains dans la poche ventrale de son blouson et commença à s’en aller.

-          Pourquoi tu pars ? Questionna Idriss. Mon idée te plaît pas ? Continua-t-il, narquois.

-          Je suis pas habillé pour, marmonna Auxence, sans s’arrêter, ni se retourner.

-          C’est tout ce que tu me trouves comme excuse ? Se moqua Idriss.

-          Je cherche pas d’excuse, j’ai pas envie, c’est tout. Je suis crevé, je rentre. Pas la peine d’essayer de me rappeler.

-          Je le ferai pas.

Surpris, Auxence se figea, et fit demi-tour pour plonger son regard dans celui d’Idriss.

-          Me regarde pas comme ça, lui dit ce dernier en riant. Y’a rien d’étonnant à ce que j’ai dit. J’aurai pas besoin de le faire, parce que tu vas pas rentrer chez toi. Tu restes ici et tu joues contre moi.

Son ton avait changé. Il n’était plus amusé, mais menaçant. Auxence sentit des frissons parcourir son corps. Idriss pouvait être très effrayant. Pourtant, il ne voulait pas déjà déclarer forfait. Il savait ce que le brun pourrait faire s’il lui tenait tête, mais il tentait le tout pour le tout.

-          Pourquoi est-ce que je ferais ça ? J’en ai marre de tes caprices, t’as qu’à jouer tout seul au lieu de m’appeler sans raison.

-          J’en ai une bonne de raison, qu’elle te plaise ou non. Et puis, on s’amuse toujours plus à deux.

-          Parle pour toi. Je préfèrerais encore jouer tout seul qu’avec une enflure dans ton genre.

Il n’aurait pas du dire ça. Insulter Idriss n’était pas une bonne chose, et il allait vite s’en rendre compte. Le brun s’approcha de lui, tel un prédateur, et s’arrêta, son visage à quelques centimètres de celui d’Auxence, qui ne bougeait plus, trop perturbé pour faire le moindre geste. Il n’avait pas apprécié d’être traité d’enflure, son regard était digne de celui d’un tueur.  Il planta ses yeux noisette dans les prunelles d’acier du blond, et, sur un ton qui n’admettait aucune réplique, il prononça une dernière phrase, lourde de sens, qui glaça le sang d’Auxence.
      -    Je crois que tu n’as pas vraiment le choix.

Voila un nouveau chapitre qui doit vous avoir plu^^ Il nous a fait mourir de rire quand on l'a écrit. On y prend toujours autant de plaisir, on espère que vous aussi.
Bisous à tout le monde.

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Mercredi 14 mai 3 14 /05 /Mai 14:22


La vieille porte du vestiaire faillit sauter de ses gonds quand Auxence la franchit. Son visage était tellement déformé par la colère que ses deux coéquipiers restèrent à une distance respectable. Les affaires furent tirées avec violence du sac de sport, et il les mit de la même façon. Ensuite, il soupira profondément en passant ses mains sur ses cheveux cendrés. Puis il se leva, saisit un ballon de basket posé dans un sac tressé de grosses cordes, avant de sortir faire quelques passes pour chasser ce nuisible d’Idriss de sa tête et être prêt à jouer.  Daegan maudit une nouvelle fois  Idriss. Il ne savait pas ce qu’il lui voulait, mais il avait réussi à mettre le capitaine en pétard, une chose rare. Pourvu que cela ne porte pas préjudice à l’équipe et au match, espérait le jeune homme intérieurement.

C’était le même rituel que la semaine dernière. Toujours le même show avant le match, jusqu’à ce que cela commence. Par un miracle quasi-divin, Auxence arriva calme et concentré, bien que son visage soit fermé. Le match débuta, et rapidement, l’équipe du jeune homme s’imposa par son jeu et ses joueurs.

Plus tard, dans la partie,  Auxence marqua un panier à trois points, et ce fut l’euphorie dans la salle : les cris et les sifflements retentirent comme un seul. Tout le monde, dans le public, semblait pris corps et âme dans le match, supportant du mieux qu’ils le pouvaient leurs joueurs. Tout le monde, sauf un.  Avec une attention toute particulière, Idriss suivait le jeu, et surtout celui d’Auxence.  Les mouvements étaient fluides, précis et sans gestes inutiles, mais il trouvait que cela manquait de fougue, de rage. Comme celle qu’il avait pu voir avant le match, quand il lui avait remis les devoirs. Cela l’avait follement amusé. Soudain, une ombre passa sur son  visage. Ses doigts se crispèrent sur la toile kaki de son baggy, tout en suivant le restant du match.  Match qu’Auxence et son équipe remportèrent haut la main.

Un peu plus tard, dans la Twingo verte que conduisait Daegan, Idriss regardait le paysage de nuit  défilant sous ses yeux.  Il s’était muré dans un silence qui ne présageait rien de bon et qui était souvent synonyme de gros ennuis en perspectives. Daegan tenta de détendre l’atmosphère en lui demandant ce qu’il avait pensé du match et de son jeu. Le jeune homme se tourna vers lui et le scruta de ses yeux noisette.

-         Tu veux savoir quoi ?

-         Ce que tu en pensais.

-         Ben, rien. C’était juste un match.

-         Et qu’est ce que tu lui voulais à Auxence ?

-         C’est qui lui ?

-         Le capitaine de mon équipe que tu as demandé de voir.

-         Ah…

Et Idriss retourna  à la contemplation au combien monotone qui s’offrait à lui, à travers la vitre de la voiture. Daegan eut un soupir légèrement énervé. Il rêva, le temps d’un instant, de sortir son poing américain de la boîte à gants et de rectifier le portrait d’Idriss. Des fois, il l’insupportait au plus haut point. Les deux se murèrent dans le silence, jusqu’à  ce que Daegan dépose le jeune homme devant chez lui et redémarre aussi sec.

Idriss, perdu dans ses pensées, entra dans sa maison qui ressemblait plus à un château qu’à autre chose, et se prit les pieds dans la table où le courrier était souvent déposé. C’était aussi le résultat d’un oubli d’éclairer de la part du jeune homme. Il jura en silence, avant de poser ses doigts sur l’interrupteur qui illumina le grand salon.  Ses parents étaient, une nouvelle fois, pas rentrés chez eux. De dépit, Idriss jeta son blouson de cuir savamment usé et sa besace remplie des devoirs faits par Auxence. Ils atterrirent sur le sol, avant que le jeune homme s’affale sur un canapé moelleux de velours vert foncé qui passait par là.     

Les doigts de sa main droite passèrent sur les paupières de ses yeux fermés et les frottèrent vivement. Quand il rouvrit ceux-ci, son regard fut attiré par une grande commode de bois laqué noir. Cet objet était une œuvre de la marqueterie de grand talent, qui avait couté une petite fortune à ses parents lors d’une vente aux enchères. Mais c’était surtout le contenu qui intéressait le jeune homme.  Oubliant sa lassitude et ses pensées tortueuses, il se leva, se dirigea vers l’objet de sa convoitise et ouvrit grand les deux portes du meuble précieux.

Des bouteilles, que des bouteilles classées selon leur teneur en alcool.  Idriss se saisit d’un grand verre à liqueur du service qui était posé sur la commode, et attrapa une bouteille au contenu d’une chaude couleur ambrée. Il tourna le goulot de métal qu’il dut forcer un peu, car elle n’avait encore jamais été ouverte, et il se servit un grand verre. Ses yeux se plaisaient à observer ce liquide coulant et ses oreilles se régalaient du bruit que faisait l’alcool quittant la bouteille. Un son sensuel, presque érotique.

Une fois son verre plein, il le vida d’un trait. Et un autre, encore un autre. Aussitôt plein, aussitôt vidé.

Idriss enchaîna les verres comme s’il buvait du petit lait. Ce n’était pas la première fois qu’il buvait ainsi. Son organisme s’y était habitué, depuis le temps.

Depuis ses douze ans, il buvait ainsi, quand la mélancolie, l’ennui ou la contrariété le gagnaient. Comme toutes drogues, au début, c’était juste pour essayer, mais petit à petit, il y avait pris goût, et cela chassait pendant quelques heures ce malaise qui le grignotait de l’intérieur.

 

Un bruit plus fort que les autres acheva de la tirer de son sommeil. Une main tâtonna à la recherche de l’interrupteur de la lampe de chevet.  Ceylan ouvrit des yeux ensommeillés, et poussa un léger gémissement, synonyme de son envie de dormir. Elle allait le faire quand un bruit de verre cassé finit par la réveiller définitivement. Elle se doutait de ce qu’il se passait.

Elle sortit hors de sa couette chaude pour enfiler une robe de chambre de jersey rouge. Quand elle descendit les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée, les bruits se firent plus précis et une voix s’éleva, chantant des chansons aussi élevées que le cul d’une poule. Le spectacle que lui offrait son grand frère, totalement bourré après le vidage de quatre bouteilles d’alcool aussi forts les uns que les autres, lui fit tirer une grimace de tristesse.

Il était là, à moitié affalé sur un canapé et sur un épais tapis birman, avec un tesson de bouteille à la main. A ce moment-là, la jeune fille prit peur. Elle avait trop le souvenir de la dernière fois qu’elle l’avait trouvé à boire, où il était en train de se taillader le bras gauche pour voir si le sang qui coulait dans ses veines était bien rouge sombre. Tout ce qu’il trouva à dire à sa sœur quand elle lui demanda ce qu’il faisait, c’était qu’il avait trouvé un nouveau jeu pour s’amuser.

Elle se précipita vers son frère pour lui retirer ce tesson qui lui faisait peur. Elle réussit, mais juste après, il la projeta contre un meuble. Ce fut son épaule droite qui amortit le choc, et une grimace de douleur passa sur son visage. Elle était mal, mais ce n’était rien par rapport à son frère.

Elle prit sur elle et le souleva par le dessous des épaules. Ce ne fut pas une chose aisée vu qu’Idriss avait la stature d’une armoire à glace, et sa grande taille n’aidait en rien.

Péniblement et petit à petit, Ceylan hissa Idriss au premier étage, jusqu’à la salle de bains, dont elle ouvrit la porte d’un grand coup de pied. La pièce d’eau était couverte de mosaïques de couleurs blanches et vert lagon, la robinetterie était d’acier à la brillance de l’argent. Ceylan mit son frère à genoux et pencha sa tête au dessus de la baignoire. Elle en avait l’habitude.

Elle ouvrit à fond le robinet d’eau froide, prit la pomme de douche et arrosa copieusement le jeune homme pour le faire dégriser. Il eut droit à dix minutes de ce traitement, avant que la jeune fille coupe l’eau et lui pose une épaisse serviette de bain sur la tête. Puis elle le conduisit jusqu’à sa chambre, où elle le déshabilla tant bien que mal,  enleva les divers piercings qu’il portait comme à son habitude, et le glissa entre les couvertures chaudes du lit. Porté dans une espèce de délire propre aux gens bourrés, il demandait «  Pourquoi ? ». Pourquoi  ça ? ».

Ceylan, ne cherchant pas à comprendre ce que disait son frère, lui chanta une berceuse pour qu’il s’endorme. Ce qu’il fit, aussi rapidement qu’un bébé. La jeune fille retourna dans la salle de bains pour chercher deux cachets d’aspirine dans l’armoire à pharmacie. Elle remplit un verre d’eau qu’elle posa sur la table de chevet de son frère, avec les médicaments.

-         Il faudrait que tu penses à arrêter de boire. Toi et ton organisme, vous n’allez pas supporter ça bien longtemps.

Ceylan dit cela en fermant doucement la porte de la chambre. Le restant de sa nuit serait occupé à nettoyer les dégâts du salon.

 

Le lendemain après-midi, sous un ciel menaçant de fin d’octobre, deux personnes faisaient un match improvisé dans un jardin, à l’arrière d’une maison cossue. Auxence jouait un un contre un avec son père. Son front suait à grosses gouttes, et son survêtement lui collait au corps. Ces matchs avec son père étaient toujours très éprouvants pour lui. D’autant plus aujourd’hui, où son esprit  n’était pas vraiment là, préoccupé par le petit chantage de ce dénommé Idriss.

Il allait attraper le ballon sortant du panier quand son père s’en saisit et la garda dans le creux de ses bras. Le jeune homme lança un regard interrogatif à son paternel et lui demanda pourquoi il arrêtait le jeu.

-         Auxi, tu n’es pas ici ?

-         Si. Je joue avec toi.

-         Non. On dirait que tu es préoccupé. Ton jeu est mou. Tu me laisses marquer des paniers trop facilement.

-         Je suis juste un peu fatigué.

Ce n’était pas faux. La semaine avaient très éprouvante pour lui, notamment avec la somme importante de devoirs que lui avait donnée Idriss. Bien qu’il soit doué, ce n’étaient pas les matières qu’il étudiait en temps normal. Et malgré que cela soit un chantage, il n’aimait pas rendre un devoir bâclé. De plus, le jeune homme aurait été capable de le dénoncer pour une note plus basse. L’arrivée d’une personne, passant par les jardins latéraux de la maison, le sortit d’une conversation qu’il ne voulait pas avoir avec son père.

C’était Ephram, bien emmitouflé dans son blouson d’aviateur et les mains enfoncées dans les poches de son jean. Il adressa un rapide bonjour à monsieur Teyssler, avant de demander à parler à Auxence. Le jeune homme se saisit d’une serviette qu’il avait laissée sur la table de jardin pour la passer sur son visage et la mettre autour de cou, avant d’inviter son meilleur ami à entrer et monter dans sa chambre. Il avait le sourire. Ce n’était pas lui qui avait fait le premier pas.

Ephram s’installa sur la couette du lit défait de son ami, tandis qu’Auxence prit appui contre son bureau qui croulait sous son éternel bordel. Il y eut un silence gêné de la part d’Ephram, avant que celui-ci se lance dans de grandes explications.

-         Ecoute, je suis désolé pour ce que je t’ai dit la dernière fois. Ma parole a dépassé ma pensée.

-         Tu l’es vraiment ?

-         Oui.

Par ce simple mot, la hache de guerre était enterrée entre les deux.

-         Bien que je ne sois toujours pas d’accord avec ce que tu fais.

-         Quelqu’un m’a vu vendredi dernier, et me fais chanter à présent.

-         Qui ?

-         Cet Idriss qui est venu me chercher dans les vestiaires, hier soir, avant le match.

-         Ah…Et qu’est-ce que tu dois faire pour lui ?

-         Ses devoirs. Gratuitement. C’est un grand manque à gagner pour moi.

-         Alors tu n’as qu’à arrêter. C’est simple comme situation.

-         Si j’arrête, il me dénoncera. Et je perdrai deux bourses qui me sont promises pour l’année prochaine.    

-         C’est une raison de plus. Comme cela, tu seras clean.

-         Non.

-         Pourquoi ?

-         J’aime l’argent, et c’est si facilement gagné.

-         C’est ni plus, ni moins que de la prostitution !

-         Non. Je ne vends pas mon corps que je sache !

-         Tu vends ton cerveau ! Ça revient au même, dit Ephram, avec toujours le même franc parler qui le caractérisait.

-         Cette conversation est stérile. On en arrive toujours là.

Ephram eut un profond soupir avant de changer de sujet. Ce n’était pas le moment de se disputer à nouveau, alors qu’ils venaient de se réconcilier. 


Pour une fois, nous ne postons pas notre chapitre à 3 heures du matin, nous sommes fières de nous^^
Attention !
L'alcoolisme n'est pas une chose à prendre à la légère, il peut détruire les personnes et leur entourage. Vous ne le réalisez pas, tant que vous ne le vivez pas, mais veillez à ce que ça ne vous arrive pas.
Sur ce, nous arrêtons de jouer les moralisatrices, et nous vous disons à la semaine prochaine, en espérant que ce chapitre vous ait plu^^
Bisous à toutes

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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