Présentation


 
Jeudi 8 mai 4 08 /05 /Mai 00:05


Suite à cette déclaration lourde de menaces, Idriss s’en alla, fier de lui, laissant un Auxence pétrifié par ce qu’il venait d’entendre.

Après quelques minutes nécessaires pour se remettre de ses émotions, Auxence alla en cours. Il commençait par deux heures de mathématiques, et ce n’était pas pour le réjouir. Certes, il aimait ce qu’il faisait, mais les exercices étaient rébarbatifs. Il s’ennuyait ferme pendant la majeure partie du cours, ayant toujours terminé avant les autres. Mais il faisait des efforts pour être attentif, car il souhaitait rester un des meilleurs élèves aux yeux des professeurs. Il ne fallait pas qu’ils se méfient de lui, car il avait besoin d’eux et de leurs clés pour son petit commerce.

 

Ce jour-là pourtant, il n’arrivait pas à se concentrer pour écouter ce que le professeur racontait. Ses pensées étaient ailleurs. Les dernières paroles de cette petite enflure aux mèches bleues trottaient dans sa tête. Faire ses devoirs, sans rien en échange. Auxence n’en avait pas envie, mais il n’allait pas vraiment avoir le choix. Soit il s’abaissait à son chantage, soit il se faisait dénoncer. Aucune proposition n’était à son avantage, mais la première lui desservirait moins que la seconde.

-          Monsieur Teysster, puisque ce cours semble vous passionner, venez donc résoudre cette équation au tableau. Ca vous réveillera peut-être.

Bien sûr. Son professeur avait remarqué son manque total d’attention, mais son ton avait été plus compatissant qu’énervé. On lui pardonnait facilement de ne pas écouter pendant quelques minutes.

Auxence se leva, prit la craie que lui tendait l’homme plus âgé, et commença à déchiffrer l’équation écrite sur le tableau noir. Mais rien n’y faisait, il ne trouvait aucune solution au problème, au plus grand étonnement du professeur et des autres élèves. Son esprit était obnubilé par la menace qu’on venait de lui proférer et qui l’empêchait d’avoir une réflexion cohérente.

-          Je suis désolé, Monsieur, j’y arrive pas, finit-il par dire, la tête basse et l’air penaud.

-          C’est pas grave, retourne à ta place. Clément, au tableau.

Auxence alla s’asseoir, sans lever la tête. C’était la première fois que ce genre de chose lui arrivait, et il en avait un peu honte. Il en voulait à celui qui lui faisait perdre la face devant toute sa classe. Oh oui, il lui en voulait.

La sonnerie annonçant la fin du cours retentit quelques minutes plus tard, et il sortit aussi rapidement que possible, pour éviter les remarques des autres.

 

A midi, il retrouva Ephram au self. Ils firent la queue, se servirent, puis s’installèrent à une table dans le coin du réfectoire.

            - Y’a un problème ? T’as l’air tout perturbé ? Lui demanda Ephram.

Auxence lui raconta alors ce qui s’était passé en cours de mathématiques, mais son ami n’eut pas la réaction escomptée.

-          Je t’avais prévenu que ça finirait par t’apporter des ennuis tout ça. Tu peux t’en prendre qu’à toi-même.

Auxence fut déçu par le manque de soutien de son meilleur ami et le lui fit savoir.

-          Je te demande pas d’approuver ce que je fais, mais tu pourrais au moins compatir.

-          Compatir ? Depuis le début, je te couvre, mais je t’ai toujours dit que tu devrais arrêter !

-          Je sais ! Et tu avais raison, comme toujours ! Mais t’es mon ami, non ? Tu pourrais m’aider.

-          Je t’ai assez aidé Auxence. T’es dans la merde maintenant, et je peux rien faire pour toi à part espérer que ça s’arrange.

-          Sympa, ça va vachement m’aider ça !

-          Ecoute, si t’es pas content, c’est pareil. Je t’avais prévenu, tu m’as pas écouté, maintenant tu te démerdes ! Je suis pas là pour te sortir de la galère dans laquelle tu t’es mise ! Je suis pas ta roue de secours Aux…

Ephram s’arrêta net. Il ne l’avait pas pensé, ses mots avaient dépassé sa pensée. La réaction de son meilleur ami l’avait énervé, et il avait réagi au quart de tour, mais ce n’était pas ce qu’il voulait dire. Il savait qu’Auxence ne le prenait pas pour sa roue de secours, mais c’était sorti tout seul. Il s’en voulait d’avoir dit ça, et il avait raison. Un énorme blanc s’installa, laissant rapidement place à un malaise grandissant entre les deux amis de toujours.

Blessé, Auxence attrapa son plateau et sortit précipitamment du self, seul, sans un regard pour Ephram, qui ne chercha pas à le rattraper. Il alla s’enfermer dans la bibliothèque du lycée pour terminer les devoirs que d’autres élèves lui avaient commandés, et pour faire quelques exercices à lui. Il se consacra entièrement à son travail, pour oublier toute cette histoire de chantage, mais aussi sa dispute avec son meilleur ami. Ils étaient rarement en désaccord sur quelque chose, et quand cela arrivait, Auxence se sentait toujours coupable. Coupable d’avoir tort, ou d’avoir une réaction trop excessive. Ephram était le seul en qui il avait toute confiance, et dont il avait besoin pour se sentir bien, mais jamais il ne ferait le premier pas de la réconciliation. Il était trop fier pour ça.

Il était tellement absorbé par ce qu’il faisait qu’il ne vit pas le temps passer, et oublia son seul cours de l’après-midi. Il s’apprêtait à partir lorsque Idriss arriva et posa une dizaine de feuilles devant lui.

-          Tu fais tout ça pour moi. T’as jusqu’à samedi.

Il ne laissa pas à Auxence le temps de répondre et repartit aussi vite qu’il était venu.

 

La semaine passa plutôt vite, et le samedi arriva. Comme tous les week-ends, il y avait un match de basket. Mais cette fois, l’équipe du lycée jouait à l’extérieur, contre celle d’un autre établissement. Ce n’était que le deuxième match de l’année, alors il n’y avait aucun véritable enjeu. Tout le monde était décontracté, des joueurs aux spectateurs.

Une fois encore, Idriss avait décidé d’assister au match. Il n’y avait aucun bus affrété pour l’équipe. Tout le monde devait se rendre au lieu de rendez vous par ses propres moyens. Heureusement, ce n’était pas très loin, et Daegan avait le permis. Ayant redoublé la seconde, il avait un an d’avance, soit dix-huit ans, depuis quelques mois déjà. Idriss alla le rejoindre chez lui, et ils partirent ensemble, assis dans une petite Twingo verte, que Daegan avait reçu de la part de sa grand-mère qui ne conduisait plus. Pendant le trajet, ce dernier s’interrogea sur le soudain intérêt d’Idriss pour le basket, car l’année passée, il ne venait jamais le voir jouer.

-          Pourquoi tu viens nous voir cette année ? Je croyais que t’aimais pas le basket.

Pourquoi venait-il. Telle était la question, à laquelle Idriss n’avait pas de réponse concrète. S’il ne disait rien, Daegan se ferait des idées sans queue ni tête, alors il préféra trouver une quelconque raison.

-          J’aime toujours pas ça, mais j’ai rien d’autre à faire. T’es pas content que je vienne te voir ?

-          Si, si, je me demandais, c’est tout.

La discussion s’arrêta là. Daegan savait qu’il devait clore le sujet et ne pas insister. Le ton employé par Idriss était sans appel.

 

Ils arrivèrent au gymnase une bonne heure en avance. Le lycée n’était qu’à une dizaine de kilomètres du leur, dans la ville voisine, alors la route n’avait pas été longue. A l’intérieur, le coach était déjà là, mais personne n’avait commencé à s’entraîner. Daegan se dirigea vers les vestiaires, et fit signe à Idriss de l’accompagner, même s’il n’avait rien à y faire. Deux joueurs étaient déjà là et se changeaient. Daegan alla saluer Ephram, puis il se tendit sa main vers Auxence, mais il interrompit son geste quand il vit la tête que son capitaine faisait. Il fixait Idriss, le regard empli de colère et de méfiance, et le visage déformé par la haine.

-          Qu’est-ce que tu fous là, toi ? Lui demanda-t-il.

-          Je viens voir mon meilleur ami jouer au basket. Ca te pose un problème peut-être ? Lança Idriss.

Non seulement il le faisait chanter, mais en plus, il osait se présenter devant lui et l’humilier publiquement. Décidément, ce mec était la pire des ordures.

-          Tu devrais sortir Idriss, intervint Daegan, connaissant le caractère trempé des deux garçons. S’ils continuaient dans cette voie, leur discussion houleuse se terminerait en bagarre.

-          Non, faut que je lui parle.

-          J’ai rien à te dire, tenta Auxence, plus par provocation qu’autre chose, car il savait qu’il allait devoir affronter cet Idriss, tôt ou tard. Au moins, il connaissait son nom maintenant.

-          T’es sûr ? Parce que moi, j’ai des tas de choses très intéressantes à raconter si jamais.

Auxence se faisait prendre à son propre piège et il s’en mordait les doigts. L’idée d’un tête à tête avec Idriss ne lui plaisait pas du tout, mais il préférait cela plutôt que la révélation de son secret à tout le lycée, à commencer par Daegan ici présent, qui n’avait pas l’air de comprendre de quoi ils parlaient. Il jeta un coup d’œil vers Ephram, assis sur un banc, qui attendait patiemment que tout le monde se calme. Apparemment, il n’avait pas l’intention de prendre parti et de l’aider à se sortir de ce bourbier. Ils ne s’étaient pas reparlé depuis qu’ils s’étaient disputés. Jamais ils n’avaient été brouillés aussi longtemps, et cette situation attristait Auxence, mais comme toujours, il attendrait que son meilleur ami revienne vers lui.

-          C’est bon, on va discuter. Dans le couloir, finit-il par déclarer, à l’intention d’Idriss.

Il attrapa son sac, sous le regard étonné de Daegan, qui ne voyait pas l’utilité que pourraient avoir les  affaires de sport d’Auxence dans leur conversation. Puis il sortit des vestiaires, suivi de près par Idriss, dont la bouche s’étirait en un énorme sourire narquois. Ce dernier avait les mains dans les poches, et semblait très à l’aise, contrairement à Auxence, qui n’appréciait pas d’être en position d’infériorité. Ses mains tremblaient, tellement il était énervé et un peu stressé, mais il faisait tout pour le cacher. A aucun prix il ne se rabaisserait plus qu’il ne l’avait déjà fait, devant cet enfoiré. Question d’orgueil.

Au même moment, deux garçons se retrouvaient seuls dans les vestiaires.

-          Depuis quand ils se connaissent ? Demanda Daegan.

-          J’en sais rien, lui répondit Ephram, à moins que…

Il laissa sa phrase en suspens. Il était étonné, mais il avait bien une petite idée de l’origine de la rencontre entre Auxence et Idriss.

-          A moins que quoi ? Insista Daegan.

-          Rien, laisse tomber.

Il remarqua l’air d’incompréhension de son coéquipier, mais il ne lui en dit pas plus. Il n’avait pas besoin de savoir.

Dans le couloir, Auxence et Idriss se regardaient en chiens de faïence. Ce fut finalement le jeune homme aux étranges mèches bleues qui prit la parole, sans détour.

-          Tu les as faits ?

Auxence avait perdu sa semaine pour ça, mais oui, il les avait faits. Ca lui avait pris beaucoup plus de temps que pour les autres, alors qu’il ne recevrait rien en retour. Il avait à présent un énorme manque à combler, et ça n’allait pas être facile, surtout si Idriss ne le lâchait pas. Il sortit les exercices et les sujets photocopiés de son sac et les lui tendit, avant de retourner au vestiaire, non sans avoir donné un petit conseil à Idriss.
      -          Maintenant, tu dégages.


Contrairement à la semaine dernière, l'inspiration est revenue, pour notre plus grand plaisir et pour le votre, car on vous prépare plein de choses pour la suite de cette histoire ^^. Vous pourrez nous faire  confiance.
A la semaine prochaine..

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Samedi 3 mai 6 03 /05 /Mai 03:18

Le bruit de ses chaussures résonnant sur les sols cirés des couloirs du lycée, Auxence courait jusqu’aux vestiaires. Son sac se baladait dans tous les sens dans son dos. Arrivé aux vestiaires, le jeune homme ouvrit en grand la porte, ce qui fit sursauter tous les joueurs présents. Une tension palpable régnait parmi tous. C’était le premier match, peut être pas le plus important, mais celui-ci motiverait les joueurs pour le reste de la saison.

 

Auxence s’installa à côté d’Ephram, et se changea rapidement en enfilant son maillot rouge au chiffre six inscrit dans le dos. Il mit ses éternelles barrettes sur ses mèches volantes, avant de mettre les affaires qu’il n’utilisait pas dans son sac. La fermeture éclair se fit entendre tant il la tira vivement.

Il restait encore une petite dizaine de minutes avant que le match ne commence et que le coup d’envoi ne soit donné.

Le jeune homme s’assit sur le banc de bois foncé et souffla un bon coup. Il écarta ses doigts, les tournant de façon à se les faire craquer.  Il arrêta quand il sentit le regard de son meilleur ami peser sur lui. Il tourna la tête vers Ephram en lui jetant un regard  interrogatif.

-         Quoi ? Demanda Auxence, neutre.

-         Rien.

-         Si. Tu as quelque chose à dire, je le vois bien.

-         Tu l’as fait ?

-         Oui. J’ai tous les papiers qu’il me fallait.

-         J’espère.

-         Le coach est passé ?  

-         Non. Pas encore.

Avec le ton qu’il employait, le jeune homme faisait bien comprendre à Auxence qu’il n’aimait pas ce qu’il faisait, et encore moins le couvrir, mais il était son ami. Son meilleur ami depuis la petite enfance, partageant tout. Des petits secrets d’enfant jusqu’aux grandes douleurs.  

-         Tant mieux. Je sais que tu n’approuves pas, mais tout le monde y trouve son compte.

-         Il y a quelque chose que j’aimerais savoir.

-         Oui ?

-         Comment tu fais pour les avoir ? Les clés ?

-         Les profs me demandent souvent d’aller chercher, pour eux,  des papiers quelconques dans leur casier. Personne ne se méfie du petit surdoué, sauf que j’y ai vu un intérêt. J’ai demandé à un copain une boîte à empreintes, où j’ai pu dupliquer les clés.

Auxence eut un petit sourire satisfait en disant ça, et Ephram ne revenait pas du culot dont son ami faisait preuve. Il le pensait aussi gonflé, mais rien n’y faisait, le jeune homme ne cautionnait pas ce que faisait Auxence. Il allait lui dire quand le coach fit irruption dans les vestiaires, énervé, comme toujours lors des matchs. Il leur fit un long discours sur ce qu’il voulait voir pendant le match. Les nouveaux buvaient littéralement ses paroles, mais les anciens écoutaient d’une oreille passablement distraite. Avec une grande difficulté, les deux amis se retenaient de rire, surtout en croisant le regard de Daegan. Car le jeune homme pouvait se livrer à des imitations très acides du coach à ces moments-là.

Quand la musique se mit à résonner, les joueurs des deux équipes sortirent des vestiaires. Les gradins du gymnase étaient pleins à craquer de gens qui brandissaient des banderoles aux couleurs des équipes respectives.

Les pom-poms girls faisaient leur numéro sur les planches du parquet, ciré de frais, sous le regard de la plupart des hommes présents. Elles n’étaient pas vraiment choisies pour leur intellect, mais plus pour leur physique avantageux qui laissait peu d’hommes indifférents. Cinq minutes après, le match commença entre les deux équipes, Auxence et ses joueurs affrontaient l’équipe qui avait  gagné le championnat, l’an passé.

Les deux premières périodes furent douloureuses pour l’équipe d’Auxence. Ils étaient menés 32 à 12. Leurs adversaires menaient par un jeu rapide, jouant sur les grands joueurs et leurs forces musculaires. Après quelques changements, Auxence, Ephram, Daegan et deux autres petits joueurs rattrapèrent le retard en moins de temps qu’il ne fallait le dire, sous les hourras de la foule qui était principalement pour l’équipe du lycée. Dans la même foule, une personne regardait le match avec un intérêt grandissant, un léger sourire flottant sur ses fines lèvres rosées. Idriss ne regrettait finalement pas la pression de Daegan pour qu’il vienne voir ce fichu match. Le début de soirée se révélait riche. Plus riche qu’il ne l’aurait pensé.

Son regard noisette suivit le grand blond, qui croisait sa route ces jours-ci, et le vit mettre un panier juste avant que ça ne sonne la fin de la rencontre sportive. Les cris d’une foule en délire retentirent d’un seul coup, et nombreux étaient les gens qui descendaient sur le terrain pour féliciter les joueurs.

Ce bain de foule improvisé dura une bonne demi-heure, avant que les joueurs ne regagnent leur vestiaire pour prendre une douche salvatrice et se changer. Mais la soirée n’était pas finie. Comme à chaque victoire de l’équipe, une fête était improvisée dans l’immense propriété d’un des joueurs, à grand renfort de boissons alcoolisées en tout genre, sortant de nulle part.

Une heure du matin. Auxence naviguait de groupe en groupe, son verre en plastique empli de bière à la main. Sa tête  tournait légèrement à cause des vapeurs d’alcool, de cet alcool traître qu’était la bière. Même ceux qui tenaient bien pouvaient être bien, voire ivre, avec cette petite boisson anodine.

Pour chasser cette impression d’être comme dans du coton, Auxence sortit sur la terrasse pleine de monde, s’amusant autour ou dans la piscine. Des couples  se pelotaient sans honte devant tout le monde, mais personne n’y faisait attention.

Le jeune homme trouve un mur sur lequel il put s’adosser pour souffler un bon coup, laissant l’air de nuit s’insinuer dans son corps. C’était comme pour chasser une légère gueule de bois qui s’installait insidieusement. Trop occupé, il ne vit pas que quelqu’un s’était installé à côté de lui.

-         Alors, la tête blonde ne supporte pas l’alcool, dit une voix moqueuse.

Auxence tourna la tête sur le côté gauche pour voir le jeune homme aux pointes bleues qui lui avait fait deux doigts d’honneur au cours de la semaine. Une bouffée de colère montait en lui, mais son esprit était trop embrumé pour dire quoi que ce soit.

-         Je sais ton petit secret, dit Idriss en avalant le restant de son verre, qui contenait apparemment de la vodka pure.

-         Quoi ?

-         C’est fou ce qu’on peut faire dans la salle des profs.

Sur ce, Idriss partit en ayant une démarche nonchalante, laissant Auxence seul avec ses pensées.

 

Ce fut un mal de tête lancinant qui le réveilla au petit matin. Avec une grimace, Auxence ouvrit péniblement les paupières. Ce qu’il pouvait voir avec ses yeux, plein de sommeil, lui disait qu’il n’était pas dans sa chambre. Et quand les premières lueurs du soleil vinrent frapper son visage, il était sûr de ne pas être chez lui. Il tenta de se tourner dans ce lit qui n’était pas le sien, quand il se rendit compte qu’un bras était posé sur sa poitrine. Il tourna la tête pour voir la personne qui partageait le lit, et plus encore dans la nuit.

Il se dit que la jeune femme qui partageait ses draps n’était pas ce qu’il y avait de mieux. Il était déçu de son choix. Etre bourré  ne lui réussissait pas vraiment. Avec une lenteur calculée, il souleva le bras du bout des doigts, pour le poser sur le matelas couvert de blanc.   Le jeune homme sortit du lit et collecta un à un ses vêtements éparpillés pour se rhabiller. Au moment où il mit sa chemise, il eut une légère grimace de douleur. Il passa une main sur son omoplate où il sentit de petites croutes semblables à des griffures. Un léger sourire prit place sur ses lèvres.

Une fois habillé, il remarqua les trois  paquets ouverts de préservatifs, ainsi que les capotes usagées nouées. Auxence se fit la réflexion de ne plus boire pour se souvenir de ses ébats. Il sortit de la chambre en catimini pour rentrer  chez lui, prendre une bonne aspirine, une douche et faire une bonne sieste réparatrice. A quelques mètres de là, Idriss pensa la même chose quand il se réveilla aussi avec une fille dans le lit qu’il avait emprunté pour la courte nuit. La soirée s’était décidément montré pour lui très riche et fort appréciable. 

 

Le lendemain matin, Auxence arriva au lycée avec une petite avance. Le lundi était pour lui une courte journée de cours, la commençant à dix heures du matin pour la finir à deux heures et demi de l’après-midi. Comme à son habitude, il déambula dans les couloirs pour atteindre son casier et prendre les livres qu’il lui manquait pour son cours de physique. Au moment où il ferma son casier, il vit, derrière la porte, la secrétaire du proviseur. C’était une femme sèche et sévère, jusque dans la caricature, avec un chignon haut retenu par quelques épingles et un tailleur bleu marine. Cela la faisait paraître âgée d’une quinzaine d’années de plus que son âge véritable.

Avec sa voix cassante, elle pria le jeune homme de la suivre car le proviseur voulait le voir au plus vite. Pendant un instant, Auxence fut pris de panique. Les vapeurs d’alcool ne lui avaient pas fait oublié les mots qu’Idriss avait prononcés à la fête. Ils s’amusaient à danser dans sa tête. 

Pendant ce temps, Idriss se trouvait assis sur un banc plutôt inconfortable au secrétariat du lycée. Une autre élève de deux ans sa cadette était  assise et le regardait avec un intérêt non dissimulé. Le jeune homme s’en amusa et lui lança une œillade qui la fit rougir. Au même moment, un homme en charge des élèves et de leur présence dans l’établissement l’appela pour qu’il aille dans son bureau.

Idriss était convoqué pour son absentéisme répété ces dernières semaines, et des explications lui étaient demandées, mais le jeune homme répondit  par son silence. Pour lui, il n’avait pas à se justifier auprès de ces gens, les seules personnes à qui il était susceptible de s’expliquer étaient ses parents, quand ils feraient une apparition supérieure à un jour dans la demeure familiale. Idriss s’amusa de voir l’homme devenir rouge de colère, qui passa ses nerfs sur lui pendant une bonne dizaine de minutes, le priant forcement d’être plus souvent là. Cela l’indifférait au plus haut point.

Quand il fut enfin libéré, il passa devant le bureau du proviseur dont la porte était légèrement ouverte.

Son oreille saisit un bout de la conversation, qui l’intéressa fortement. Finalement, ça valait le coup d’être convoqué par moments. Un grand sourire naquit sur ses lèvres. Il avait trouvé quelque chose qui pouvait se montrer amusant, le sortant de la monotonie dans laquelle il s’était plongé ces derniers temps.

Idriss fourra ses mains dans les poches de son baggy kaki clair et sortit des bureaux de l’administration, mais il ne quitta pas pour autant cette partie du lycée dédiée à la paperasse. Il descendit les escaliers, la seule sortie possible, et se cala contre un mur.  Une dizaine de minutes plus tard, il vit apparaître un Auxence tout sourire, descendant les escaliers.

-         Alors, on est content d’avoir décroché deux bourses pour l’année prochaine.

-         Qu’est ce que ça peut te faire, petit con ? Dit Auxence qui avait tout perdu de son sourire.

Idriss se détacha de son mur pour se planter devant le jeune homme et le dominer du haut de leurs trois centimètres de différence.

-         Il serait dommage de les perdre bêtement, n’est-ce pas ?  A cause des vulgaires sujets de contrôles volés dans la salle des profs.

Pour la première fois, Auxence prit au sérieux ce que cette raclure, selon lui, venait de lui dire. Ainsi, Idriss l’avait vu. Il se demanda comment, avant de se rappeler qu’il avait laissé la porte légèrement ouverte, oubli de sa part. Au fur et à mesure de ses pensées, son visage blêmit, et Idriss s’en régala.

-         Je suppose que tu n’en as pas besoin, vu que selon le proviseur, tu as l’air d’un petit génie. Je pense plutôt que tu les revends. Ça doit être lucratif.

Le jeune sut qu’il avait tapé dans le mille, car Auxence ne répondait rien

-         Puisque tu sembles être un petit génie, tu vas faire mes devoirs et piquer mes sujets de contrôles sans rien demander, ou je te balance.


Nous nous excusons pour ce petit retard. Mais la motivation et l'inspiration ne sont pas toujours forcément au rendez-vous xD
Merci à toutes pour vos derniers coms, on est contente que l'histoire vous plaise, et on espère que vous aimerez cette suite autant que le reste.
Bisous à toutes.

 

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Mercredi 23 avril 3 23 /04 /Avr 00:05

Le samedi matin, Idriss fut réveillé assez tôt par un rayon de soleil qui lui brûlait le visage. La veille, il était sorti en boîte de nuit avec sa bande. Ils étaient rentrés très tard et il n’avait pas pensé à fermer les volets. Il ouvrit légèrement les yeux pour voir qu’il n’était que huit heures trente. Il n’était couché que depuis trois heures et il se réveillait déjà. Il décida d’essayer de se rendormir et, pour éviter d’avoir la lumière dans les yeux, il s’allongea la tête tournée vers le mur. Il voulut se décaler pour s’éloigner du bord de son lit mais il rencontra un léger obstacle. Il ouvrit à nouveau les yeux et remarqua une jeune fille à ses côtés. Elle dormait toujours, mais il la reconnut. Il l’avait dragué pendant la soirée et l’avait ramené chez lui, pour une bonne partie de jambes en l’air.

Il la réveilla en la secouant violemment et lui ordonna de dégager.

-          Quoi ?? Mais je pensais que… tenta-t-elle de répliquer.

-          Je me fous de ce que tu pensais, tu pensais mal. Casse-toi maintenant.

La fille n’ajouta rien et récupéra ses affaires. Elle se rhabilla et sortit de la chambre, non sans avoir insulté l’homme qui venait de l’humilier.

 

Après cet incident, Idriss était complètement réveillé. Il ne pouvait plus se rendormir, alors il enfila un pantalon et un t-shirt pour descendre à la cuisine et prendre son petit déjeuner. Il fut surpris d’y trouver sa sœur, D’habitude, elle ne se levait pas aussi tôt.

-          Qu’est-ce que tu fais là de si bonne heure ? Lui demanda-t-il.

-          Vous m’avez réveillé quand vous êtes rentrés. J’ai essayé de me rendormir mais j’y suis pas arrivé, alors je suis descendue regarder la télé, et maintenant je déjeune. Vous auriez pu faire moins de bruit.

-          Mêle toi de tes affaires, Ceylan.

Elle le regarda et lui sourit. Son frère avait une façon sèche et brutale de parler, mais elle savait qu’avec elle, ce n’était jamais pour être méchant. Malgré les apparences, Idriss pouvait être très gentil.

-          Comment elle était celle-là pour se faire jeter comme ça ? Le taquina-t-elle.

-          Elle avait rien de spécial, comme d’habitude. Tu verras avec les mecs…

-          Quand j’en aurai un…

-          Non mais t’as encore le temps, t’as que quatorze ans ! Fais pas n’importe quoi ! Je suis là moi, t’as pas besoin d’un mec pour l’instant !

Ce discours aurait pu énerver n’importe qui, mais Ceylan savait que son frère était protecteur envers elle, et dès qu’il s’agissait de garçons, il montait au créneau.

Elle venait d’entrer en troisième au collège et elle était à un âge où les garçons devenaient un sujet de plus en plus récurrent dans les conversations. Elle n’avait jamais eu de véritable petit copain. Elle avait déjà embrassé quelques garçons, mais rien de sérieux. Pourtant, elle avait du succès. Elle était assez grande et plutôt jolie, avec ses cheveux bouclés et brun foncé et ses yeux noisette, comme son frère. Elle s’habillait toujours à la dernière mode et son maquillage était très discret, contrairement à d’autres.

Idriss l’observa un moment, puis finit par reprendre la parole.

-          Ils dorment encore les parents ?

-          Non, ils sont pas rentrés de la nuit. Ils sont allés à un cocktail hier soir, et ils ont du dormir chez un de leurs chers partenaires.

Idriss sourit en entendant le ton ironique de sa sœur, et ils se lancèrent dans l’imitation parfaite d’une conversation entre leur mère et un de ces fameux partenaires :

-          Vous reprendrez bien un peu de punch, très chère ?

-          Bien entendu, monsieur.

-          Désirez-vous passer la nuit dans mon humble demeure en compagnie de votre époux ?

-          Je vais aller en parler avec lui, mais il acceptera certainement. C’est un honneur d’être invité par un homme si sympathique et charmant que vous. J’espère que cela ne dérangera point votre femme.

Ils continuèrent un moment puis s’arrêtèrent. Ils ne pouvaient plus parler tellement ils riaient. Ils se moquaient souvent de leurs parents, gentiment. Ces derniers passaient de nombreuses soirées dans des cocktails mondains, et ils étaient rarement à la maison, soit à cause de leurs déplacements de travail, soit à cause d’invitations chez des amis. Ils avaient eu Idriss et Ceylan quand ils étaient très jeunes alors ils étaient encore très actifs.

 

Quelques heures plus tard, en début d’après-midi, Auxence arrivait au lycée. Il était vêtu simplement, d’un t-shirt blanc près du corps et d’un jean surmontant ses Converse. Il portait son sac de sport et marchait assez rapidement. Il était en avance. Il allait jouer son premier match de basket de l’année dans plus d’une heure, mais il était déjà là car il avait quelque chose à faire. L’entraînement commençait dans un quart d’heure, donc il avait le temps de vaquer à ses occupations. Et si jamais il était en retard, Ephram le couvrait. Il rassurait l’entraîneur en lui disant qu’il serait en retard, pour diverses raisons. Son meilleur ami ne cautionnait pas ce qu’Auxence faisait, mais il le couvrait, car justement, il était son meilleur ami. Il était le seul à être au courant qu’il volait les sujets des contrôles. Ceux qui en profitaient pensaient seulement que quelqu’un les lui donnait.

 

Pendant ce temps-là, dans un des couloirs du lycée, on pouvait entendre de petits cris étouffés. Si on s’approchait des toilettes, ces cris devenaient plus nets. Et si on entrait dans les sanitaires, on comprenait clairement que deux personnes se donnaient du plaisir dans une des cabines. Ce devait être violent, car la porte tremblait.

Au bout de quelques minutes, une jeune fille à forte poitrine et à la bouche siliconée en sortit. C’était une pompon girl. Elle se recoiffa rapidement en se regardant dans le miroir, et ramassa ses pompons jetés au sol à cause du désir soudain qui l’avait emporté lorsque quelqu’un avait commencé à la caresser au beau milieu des toilettes. Elle vérifia qu’elle avait bien remis son uniforme et sortit en courant, car elle était en retard maintenant.

Quelques secondes plus tard, un jeune homme brun sortit à son tour. C’était Idriss. Il n’avait pas pour habitude de venir assister aux matchs de basket, et à la base, il ne voulait pas venir, mais Daegan l’avait tellement supplié qu’il avait fini par céder. Il avait eu une envie pressante, alors il était allé aux toilettes. En passant devant ceux des filles, il avait aperçu une de ses pompon girls superficielles mais malgré tout assez attirantes. Il était entré, sans bruit, et s’était approché d’elle. Il l’avait touchée un peu partout et elle s’était facilement laissée faire. Ils étaient vite passés aux choses sérieuses, car ils n’avaient pas beaucoup de temps. Cette fille était comme lui. Elle couchait avec n’importe qui et n’était plus vierge depuis longtemps. Elle avait aimé qu’il soit violent et lui procure autant de plaisir. C’était une bonne chose, car Idriss tombait souvent sur des filles qui attendaient plus qu’une relation sexuelle avec lui. Elles étaient tendres et douces, et ça ne lui plaisait pas.

Ils avaient passé un bon moment, et maintenant, Idriss remettait ses vêtements en ordre. Il était debout devant l’entrée des sanitaires. En semaine, il ne l’aurait pas fait, car quelqu’un aurait pu entrer à tout instant et le voir à moitié nu. Mais c’était un jour de match, alors il n’y avait presque personne au lycée. Il reboutonna son baggy en toile marron et enfila son pull kaki suivi de son t-shirt noir. Il s’observa dans le miroir pour voir la tête qu’il avait. Il remit ses cheveux en place simplement en y passant ses doigts, puis s’en alla, en se disant encore une fois qu’il adorait ses mèches bleues.

En sortant des toilettes, il commença à se diriger vers la sortie pour aller au gymnase, mais un bruit retint son attention. Il en chercha l’origine, et ce n’est qu’au bout de quelques minutes qu’il se rendit compte que la porte de la salle des professeurs était entrebâillée. Elle était juste en face des toilettes, mais il n’avait pas imaginé qu’il pourrait y avoir quelqu’un à cette heure-ci. Il s’approcha discrètement et tenta de voir qui était dans la salle, mais la porte n’était pas assez ouverte, alors il la poussa un peu, sans faire de bruit. Il approcha son visage, et au début, tout ce qu’il vit fut quelqu’un debout devant la photocopieuse, blond, de dos. C’était un homme vu sa carrure, et apparemment, ce n’était pas un professeur, mais plutôt un joueur, car il avait un sac de sport à côté de lui. Ce n’est que quand Auxence se retourna pour mettre les sujets dans son sac qu’Idriss le reconnut. Il se demanda ce que ce mec ridicule faisait ici. Curieux de nature, il voulait savoir, alors il ne bougea pas. Il vit le blond fouiller dans plusieurs tiroirs et en ressortir des feuilles qu’il photocopiait, avant de les remettre à leur place. Ca lui prit un certain temps, mais Idriss finit par comprendre ce que faisait Auxence dans cette salle. Il ne s’en serait jamais douté s’il ne l’avait pas découvert, à cause d’un simple bruit dans un couloir.

Un grand sourire orna ses lèvres à cette pensée, et il s’en alla, sans se faire remarquer.

Surprise, surprise.  Il n'y a donc pas deux semaines d'attente^^ comme on l'avait annoncé au départ. On a travaillé comme des bêtes pour vous l'offrir à temps. A partir de ce chapitre, les choses sérieuses vont commencer^^. A la semaine prochaine...

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Mercredi 16 avril 3 16 /04 /Avr 00:05


L’eau de la douche cessa de couler dans la salle de bains, et Auxence sortit en trombe de celle-ci, une serviette sur les hanches et la brosse à dents en travers de la bouche. Il alla dans sa chambre qui était à côté. La première chose que l’on remarquait en entrant dans la chambre du jeune homme, c’était le bordel monstrueux qui régnait dans la pièce aux murs blancs couverts de posters de groupes de rock et de métal.

Les classeurs et les feuilles s’empilaient à même le parquet de la chambre, de même sur le bureau. Des pantalons et des tee-shirts étaient posés sur le dossier en bois de la chaise de bureau. D’autres vêtements traînaient par terre. Sur son lit deux places, la couette bleue à étoiles blanches et les oreillers semblaient s’être battus toute la nuit avec le jeune homme.

Auxence ouvrit un tiroir de sa grande armoire en hêtre clair, pour sortir un boxer noir et une paire de chaussettes. Il les mit rapidement, avant de se saisir d’un jean délavé et d’un pull fin de couleur grise. Il prit son sac de cours et repassa dans la salle de bains pour finir de se brosser les dents et de remettre un peu d’ordre dans ses cheveux blonds cendré.

Il courut dans le couloir pour arriver dans la cuisine aux couleurs ocre, où flottait une bonne odeur de pancakes faits maison. Un homme était assis à la petite table à manger et lisait les nouvelles du journal local.

Auxence prit un pancake tiède dans l’assiette posée sur la table de travail, à côté de la cuisinière, et se dirigea vers la porte d’entrée, quand il fut arrêté par la voix grave de son père.

-          Tu es déjà en retard alors prends le temps de déjeuner. Un peu plus ou un peu moins.

Le jeune homme fit marche arrière et s’assit en face de son père qui posa son journal sur la table, à la  page qu’il était en train de lire.

-          Céréales, thé ou café ?

-          Un Darjeeling, s’il te plaît, répondit le jeune homme en regardant son père se lever pour aller chercher une grosse tasse dans un placard.

Ensuite, il mit la bouilloire électrique en marche et il sortit d’une grande boîte de carton un sachet du thé en question. Une fois l’eau chaude, il la versa dans la tasse et la servit à son fils, en même temps que l’assiette de pancakes qu’Auxence avait délesté d’un quelques minutes plus tôt.

Son père se réinstalla à sa place et regarda avec amusement son fils manger.

-          Papa, tu peux arrêter de regarder. C’est dérangeant.

-          Je n’ai plus le droit de regarder ma plus belle création.

Auxence eut un profond soupir de lassitude face à son père. Il n’avait de cesse de répéter qu’il était très fier de son fils unique. Nolan Teyssler était un homme de quarante-quatre ans dont son fils était le portrait craché, mis à part les cheveux. Il les avait roux foncés. Il était professeur d’anglais à l’université et il élevait son fils seul depuis une douzaine d’années. Bien qu’il adore la chair de sa chair, cela ne l’empêchait pas d’être très sévère avec lui et de le pousser à se dépasser.

-          Je te fais une excuse pour ce matin, mais veille à ce que ça ne se répète pas.

-          Oui, papa.

-          Finis de manger et je t’emmène.

Dix minutes après un copieux  petit déjeuner, les deux étaient dans le couloir d’entrée de la petite maison à se vêtir de leurs blousons.

-          Dis Auxi, tu n’aurais pas oublié quelque chose par hasard ?

-          Non.

-          On est jeudi, non ?

-          Oui, dit Auxence, qui ne voyait pas où son père voulait en venir et cela commençait sérieusement à l’énerver.

-          Et tu as basket, cet après-midi ?

-          Oui.

-          Et ton sac de sport ?

Auxence regarda autour de lui, à la recherche désespérée du fameux sac de sport, mais il n’y avait rien. Un juron bien senti retentit dans la maison. Le jeune homme avait complètement zappé quel jour on était et avait zappé qu’il fallait faire son sac de sport. En quatrième vitesse, il courut à sa chambre et ouvrit en grand les portes de son placard. Il en sortit son sac noir, dans lequel il fourra dans le désordre ses baskets, sa tenue, des chaussettes,  des serviettes et sa trousse de toilette. La fermeture éclair du sac se ferma vivement et Auxence le jeta sur son épaule. Nolan regarda son fils passer devant lui comme une flèche en direction de la petite Polo blanche familiale.     

Le père eut un soupir, malgré qu’il soit très fier de lui et qu’il soit surdoué, son fils était décidément une tête en l’air finie.

 

Auxence se glissa dans les vestiaires en silence, ceux-ci étaient vides. Les lieux étaient froids au possible, avec les murs et le sol tapissés de carreaux jaune anis. Le seul moment où le lieu s’animait, c’était quand les élèves débarquaient pour suivre leurs cours ou pour l’entrainement. Les cris et les rires donnaient de la vie à ce lieu.

Pour le jeune homme, ce vestiaire était commun et banal, comme la semi-journée qu’il venait de vivre.

Il n’avait pas eu de problème au secrétariat, il n’était pas souvent en retard et son bon dossier scolaire aidait beaucoup dans ce genre de situation. Pui il était allé en cours, où il avait déjà raté deux bonnes heures de maths sur les quatre heures qu’il avait au programme ce matin. Sa journée se poursuivit lentement et tranquillement jusqu’à ce qu’il tombe sur la poupée siliconée qui lui servait de petite copine, deux jours auparavant.

La veille, Auxence avait rompu avec elle, sous les larmes de celle-ci, et elle n’avait pas l’air d’avoir digéré la chose car il s’était reçu une grande claque sur sa joue devant tout le monde. La seule réaction qu’avait eu le jeune homme fut de rire, car c’était elle qui venait de se ridiculiser en lui faisant une scène.

Le jeune homme n’était pas réputé pour rester avec une fille longtemps, une semaine en général. Des fois, cela pouvait aller jusqu’à deux semaines, mais si la fille valait le coup au lit, selon ses dires. Il avait du mal à comprendre les gens qui pouvaient rester un temps incalculable avec la même personne, comme c’était le cas de son meilleur ami Ephram. Deux ans avec la même fille. Ca lui mettait presque la nausée.

Après ce léger instant de réflexion, il ouvrit son sac et en sortit les affaires qu’il avait grossièrement mises dedans quelques heures plus tôt. Il se déshabilla et enfila sa tenue de basket rouge vif, au numéro douze inscrit en blanc dans le dos.

 Il prit un peu de tissu de son maillot entre ses doigts et l’huma  profondément un court instant. Il sentait bon le linge séché au grand air, sous les derniers beaux jours de l’année, avant que les arbres perdent entièrement les feuilles cuivrées et que le temps soit plus souvent menaçant. Il aimait cette odeur  liée à l’enfance. L’image fugace de sa mère riant aux éclats avec un bouquet de lilas mauves à la main passa dans son esprit.

-          Eh, mec. Tu rêves ?

La voix de son meilleur ami le sortit de la rêverie dans laquelle il s’était plongé. Il lui tapa sur l’épaule avant de s’installer à côté de lui pour se changer. La tête lourde de pensées, il prit sa trousse de toilette et fouilla dedans pour trouver deux barrettes qu’il fixa de chaque côté de sa tête, pour éviter que des mèches de cheveux blonds soient devant ses yeux pendant qu’il jouait.

 

Pendant ce temps-là, Idriss pesta tout ce qu’il savait contre les filles de sa bande. Ces idiotes, selon lui, voulaient aller voir le dernier entraînement de l’équipe de basket avant le premier grand match de la saison, samedi. Elles n’avaient pas besoin de lui dire qu’elles étaient surtout folles des joueurs et de leurs carrures athlétiques.

Les deux filles le tirèrent par les bras pour qu’il les suive dans les gradins. Puis il se laissa faire, voyant le grand nombre de filles présentes, peut-être qu’il aurait l’occasion d’en draguer une et de la ramener dans son lit, le soir même. Il savait que peu de filles résistaient à son allure et à son charisme. Il prit place dans les gradins et saisit une pointe bleue de cheveux qu’il glissa entre ses lèvres d’une façon mutine, presque enfantine. Une vieille habitude qui ne voulait pas le quitter, mais qui en avait fait craquer plus d’une.

Ses yeux se portèrent sur ce terrain où Daegan, ses cheveux noirs noués en une queue de cheval haute, jouait avec l’équipe, son dos portant le numéro six. Il faisait partie des joueurs sélectionnés pour le prochain match, et Idriss devait reconnaître que son ami jouait bien, même très bien. Mais jamais il ne le lui dirait, ce n’était pas dans ses habitudes. Son regard se promena de joueur en joueur, jusqu’à ce qu’il s’arrête sur une tête blonde qui lui disait vaguement quelque chose, sans qu’il arrive à s’en rappeler.

Une heure et demie plus tard, Idriss attendait Daegan devant le vestiaire avec, dans la poche de son baggy kaki, plusieurs petits bouts de papier sur lesquels de nombreux numéros de téléphone de filles.

Au bout d’un moment, voyant que son ami n’arrivait pas, il entra dans le vestiaire comme une brute. Tout le monde le regarda avec des yeux grands comme des soucoupes. Tous les joueurs étaient habillés et portaient leur sacs de sport sur leurs épaules, mais Auxence les avait tous réunis autour de lui pour les briffer une dernière fois, avant samedi soir.

Daegan se démarquait du reste des personnes présentes par son look pour le moins atypique, avec ses piercings noirs couvrant ses deux oreilles, et trois autres à l’arcade gauche. Ses longs cheveux noirs, dégradés et effilés, coulaient sur ses épaules. A cela s’ajoutaient de grosses bottes noires à semelles épaisses cerclées de métal, un grand baggy noir couvert de poches, de bouts de tissus et de chaînes, complété par un pull blanc. Son look plaisait beaucoup aux filles, et il était aussi coureur qu’Idriss.

-          Daegan, tu bouges ton cul ? On n’a pas que ça à faire.

-          Oui.

Mais avant que Daegan fasse le moindre mouvement, Auxence se planta devant Idriss en le toisant, malgré les trois centimètres d’écart entre eux, Idriss étant plus grand que lui.

-          Toi, tu dégages. Ton copain, tu le verras quand j’aurai fini !! S’exclama Auxence méchamment, ne supportant pas qu’on le dérange.

Et la seule chose qu’il eut, ce fut un doigt d’honneur qui se glissa entre leurs deux visages, joliment fait par Idriss. Personne n’osa rien dire, dans l’attente d’une confrontation. Auxence reconnut enfin le mec qui lui avait fait le doigt d’honneur, deux jours auparavant. Pourtant, il était difficilement oubliable avec sa coupe de cheveux.

-          Ton speech et ça, tu te les mets où je pense.

-          Ah oui ??? Répondit Auxence, légèrement énervé. Tu veux  mon poing dans ta figure ?

Avant  qu’Idriss ne réponde, Daegan le saisit par l’épaule d’une poigne forte et l’entraîna hors du vestiaire avec lui. Il était très énervé par son ami et son attitude de gamin à la recherche d’une petite bagarre.

-          J’espère que tu es fier de toi. Tu as agi comme un con.

-          Et au con, tu n’as aucun ordre à lui donner si tu veux pas avoir son poing dans la gueule.

Daegan soupira et serra les poings. Dans ces cas-là, il n’y avait rien à tirer de lui. Il était buté à souhait.  Il préféra se taire et rentrer à pied, en compagnie d'Idriss qui habitait à quelques maisons de chez lui.

On croit que cette suite était attendue. On espère qu'elle sera à la hauteur.
Nous avons une pensée particulière pour une paire de chaussettes qui nous a fait hurler de rire lors de la correction.
Celui ou celle qui trouve la référence cachée, avec les noms exacts, aura le droit à quelques spoilers sur la suite de l'histoire^^ Vous avez une semaine et demie.  
Le prochain chapitre sort dans deux semaines pour cause d'examens et de vacances bien mérités. XD

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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