L’eau de la douche cessa de couler dans la salle de bains, et Auxence sortit en trombe de celle-ci, une serviette sur les hanches et la brosse à dents en travers de la bouche. Il alla dans sa
chambre qui était à côté. La première chose que l’on remarquait en entrant dans la chambre du jeune homme, c’était le bordel monstrueux qui régnait dans la pièce aux murs blancs couverts de
posters de groupes de rock et de métal.
Les classeurs et les feuilles s’empilaient à même le parquet de la chambre, de même sur le bureau. Des pantalons et des tee-shirts étaient posés sur le dossier en bois de la chaise de bureau. D’autres vêtements traînaient par terre. Sur son lit deux places, la couette bleue à étoiles blanches et les oreillers semblaient s’être battus toute la nuit avec le jeune homme.
Auxence ouvrit un tiroir de sa grande armoire en hêtre clair, pour sortir un boxer noir et une paire de chaussettes. Il les mit rapidement, avant de se saisir d’un jean délavé et d’un pull fin de couleur grise. Il prit son sac de cours et repassa dans la salle de bains pour finir de se brosser les dents et de remettre un peu d’ordre dans ses cheveux blonds cendré.
Il courut dans le couloir pour arriver dans la cuisine aux couleurs ocre, où flottait une bonne odeur de pancakes faits maison. Un homme était assis à la petite table à manger et lisait les nouvelles du journal local.
Auxence prit un pancake tiède dans l’assiette posée sur la table de travail, à côté de la cuisinière, et se dirigea vers la porte d’entrée, quand il fut arrêté par la voix grave de son père.
- Tu es déjà en retard alors prends le temps de déjeuner. Un peu plus ou un peu moins.
Le jeune homme fit marche arrière et s’assit en face de son père qui posa son journal sur la table, à la page qu’il était en train de lire.
- Céréales, thé ou café ?
- Un Darjeeling, s’il te plaît, répondit le jeune homme en regardant son père se lever pour aller chercher une grosse tasse dans un placard.
Ensuite, il mit la bouilloire électrique en marche et il sortit d’une grande boîte de carton un sachet du thé en question. Une fois l’eau chaude, il la versa dans la tasse et la servit à son fils, en même temps que l’assiette de pancakes qu’Auxence avait délesté d’un quelques minutes plus tôt.
Son père se réinstalla à sa place et regarda avec amusement son fils manger.
- Papa, tu peux arrêter de regarder. C’est dérangeant.
- Je n’ai plus le droit de regarder ma plus belle création.
Auxence eut un profond soupir de lassitude face à son père. Il n’avait de cesse de répéter qu’il était très fier de son fils unique. Nolan Teyssler était un homme de quarante-quatre ans dont son fils était le portrait craché, mis à part les cheveux. Il les avait roux foncés. Il était professeur d’anglais à l’université et il élevait son fils seul depuis une douzaine d’années. Bien qu’il adore la chair de sa chair, cela ne l’empêchait pas d’être très sévère avec lui et de le pousser à se dépasser.
- Je te fais une excuse pour ce matin, mais veille à ce que ça ne se répète pas.
- Oui, papa.
- Finis de manger et je t’emmène.
Dix minutes après un copieux petit déjeuner, les deux étaient dans le couloir d’entrée de la petite maison à se vêtir de leurs blousons.
- Dis Auxi, tu n’aurais pas oublié quelque chose par hasard ?
- Non.
- On est jeudi, non ?
- Oui, dit Auxence, qui ne voyait pas où son père voulait en venir et cela commençait sérieusement à l’énerver.
- Et tu as basket, cet après-midi ?
- Oui.
- Et ton sac de sport ?
Auxence regarda autour de lui, à la recherche désespérée du fameux sac de sport, mais il n’y avait rien. Un juron bien senti retentit dans la maison. Le jeune homme avait complètement zappé quel jour on était et avait zappé qu’il fallait faire son sac de sport. En quatrième vitesse, il courut à sa chambre et ouvrit en grand les portes de son placard. Il en sortit son sac noir, dans lequel il fourra dans le désordre ses baskets, sa tenue, des chaussettes, des serviettes et sa trousse de toilette. La fermeture éclair du sac se ferma vivement et Auxence le jeta sur son épaule. Nolan regarda son fils passer devant lui comme une flèche en direction de la petite Polo blanche familiale.
Le père eut un soupir, malgré qu’il soit très fier de lui et qu’il soit surdoué, son fils était décidément une tête en l’air finie.
Auxence se glissa dans les vestiaires en silence, ceux-ci étaient vides. Les lieux étaient froids au possible, avec les murs et le sol tapissés de carreaux jaune anis. Le seul moment où le lieu s’animait, c’était quand les élèves débarquaient pour suivre leurs cours ou pour l’entrainement. Les cris et les rires donnaient de la vie à ce lieu.
Pour le jeune homme, ce vestiaire était commun et banal, comme la semi-journée qu’il venait de vivre.
Il n’avait pas eu de problème au secrétariat, il n’était pas souvent en retard et son bon dossier scolaire aidait beaucoup dans ce genre de situation. Pui il était allé en cours, où il avait déjà raté deux bonnes heures de maths sur les quatre heures qu’il avait au programme ce matin. Sa journée se poursuivit lentement et tranquillement jusqu’à ce qu’il tombe sur la poupée siliconée qui lui servait de petite copine, deux jours auparavant.
La veille, Auxence avait rompu avec elle, sous les larmes de celle-ci, et elle n’avait pas l’air d’avoir digéré la chose car il s’était reçu une grande claque sur sa joue devant tout le monde. La seule réaction qu’avait eu le jeune homme fut de rire, car c’était elle qui venait de se ridiculiser en lui faisant une scène.
Le jeune homme n’était pas réputé pour rester avec une fille longtemps, une semaine en général. Des fois, cela pouvait aller jusqu’à deux semaines, mais si la fille valait le coup au lit, selon ses dires. Il avait du mal à comprendre les gens qui pouvaient rester un temps incalculable avec la même personne, comme c’était le cas de son meilleur ami Ephram. Deux ans avec la même fille. Ca lui mettait presque la nausée.
Après ce léger instant de réflexion, il ouvrit son sac et en sortit les affaires qu’il avait grossièrement mises dedans quelques heures plus tôt. Il se déshabilla et enfila sa tenue de basket rouge vif, au numéro douze inscrit en blanc dans le dos.
Il prit un peu de tissu de son maillot entre ses doigts et l’huma profondément un court instant. Il sentait bon le linge séché au grand air, sous les derniers beaux jours de l’année, avant que les arbres perdent entièrement les feuilles cuivrées et que le temps soit plus souvent menaçant. Il aimait cette odeur liée à l’enfance. L’image fugace de sa mère riant aux éclats avec un bouquet de lilas mauves à la main passa dans son esprit.
- Eh, mec. Tu rêves ?
La voix de son meilleur ami le sortit de la rêverie dans laquelle il s’était plongé. Il lui tapa sur l’épaule avant de s’installer à côté de lui pour se changer. La tête lourde de pensées, il prit sa trousse de toilette et fouilla dedans pour trouver deux barrettes qu’il fixa de chaque côté de sa tête, pour éviter que des mèches de cheveux blonds soient devant ses yeux pendant qu’il jouait.
Pendant ce temps-là, Idriss pesta tout ce qu’il savait contre les filles de sa bande. Ces idiotes, selon lui, voulaient aller voir le dernier entraînement de l’équipe de basket avant le premier grand match de la saison, samedi. Elles n’avaient pas besoin de lui dire qu’elles étaient surtout folles des joueurs et de leurs carrures athlétiques.
Les deux filles le tirèrent par les bras pour qu’il les suive dans les gradins. Puis il se laissa faire, voyant le grand nombre de filles présentes, peut-être qu’il aurait l’occasion d’en draguer une et de la ramener dans son lit, le soir même. Il savait que peu de filles résistaient à son allure et à son charisme. Il prit place dans les gradins et saisit une pointe bleue de cheveux qu’il glissa entre ses lèvres d’une façon mutine, presque enfantine. Une vieille habitude qui ne voulait pas le quitter, mais qui en avait fait craquer plus d’une.
Ses yeux se portèrent sur ce terrain où Daegan, ses cheveux noirs noués en une queue de cheval haute, jouait avec l’équipe, son dos portant le numéro six. Il faisait partie des joueurs sélectionnés pour le prochain match, et Idriss devait reconnaître que son ami jouait bien, même très bien. Mais jamais il ne le lui dirait, ce n’était pas dans ses habitudes. Son regard se promena de joueur en joueur, jusqu’à ce qu’il s’arrête sur une tête blonde qui lui disait vaguement quelque chose, sans qu’il arrive à s’en rappeler.
Une heure et demie plus tard, Idriss attendait Daegan devant le vestiaire avec, dans la poche de son baggy kaki, plusieurs petits bouts de papier sur lesquels de nombreux numéros de téléphone de filles.
Au bout d’un moment, voyant que son ami n’arrivait pas, il entra dans le vestiaire comme une brute. Tout le monde le regarda avec des yeux grands comme des soucoupes. Tous les joueurs étaient habillés et portaient leur sacs de sport sur leurs épaules, mais Auxence les avait tous réunis autour de lui pour les briffer une dernière fois, avant samedi soir.
Daegan se démarquait du reste des personnes présentes par son look pour le moins atypique, avec ses piercings noirs couvrant ses deux oreilles, et trois autres à l’arcade gauche. Ses longs cheveux noirs, dégradés et effilés, coulaient sur ses épaules. A cela s’ajoutaient de grosses bottes noires à semelles épaisses cerclées de métal, un grand baggy noir couvert de poches, de bouts de tissus et de chaînes, complété par un pull blanc. Son look plaisait beaucoup aux filles, et il était aussi coureur qu’Idriss.
- Daegan, tu bouges ton cul ? On n’a pas que ça à faire.
- Oui.
Mais avant que Daegan fasse le moindre mouvement, Auxence se planta devant Idriss en le toisant, malgré les trois centimètres d’écart entre eux, Idriss étant plus grand que lui.
- Toi, tu dégages. Ton copain, tu le verras quand j’aurai fini !! S’exclama Auxence méchamment, ne supportant pas qu’on le dérange.
Et la seule chose qu’il eut, ce fut un doigt d’honneur qui se glissa entre leurs deux visages, joliment fait par Idriss. Personne n’osa rien dire, dans l’attente d’une confrontation. Auxence reconnut enfin le mec qui lui avait fait le doigt d’honneur, deux jours auparavant. Pourtant, il était difficilement oubliable avec sa coupe de cheveux.
- Ton speech et ça, tu te les mets où je pense.
- Ah oui ??? Répondit Auxence, légèrement énervé. Tu veux mon poing dans ta figure ?
Avant qu’Idriss ne réponde, Daegan le saisit par l’épaule d’une poigne forte et l’entraîna hors du vestiaire avec lui. Il était très énervé par son ami et son attitude de gamin à la recherche d’une petite bagarre.
- J’espère que tu es fier de toi. Tu as agi comme un con.
- Et au con, tu n’as aucun ordre à lui donner si tu veux pas avoir son poing dans la gueule.
Daegan soupira et serra les poings. Dans ces cas-là, il n’y avait rien à tirer de lui. Il
était buté à souhait. Il préféra se taire et rentrer à pied, en compagnie d'Idriss qui habitait à quelques maisons de chez lui.
On croit que cette suite était attendue. On espère qu'elle sera à la hauteur.
Nous avons une pensée particulière pour une paire de chaussettes qui nous a fait hurler de rire lors de la correction.
Celui ou celle qui trouve la référence cachée, avec les noms exacts, aura le droit à quelques spoilers sur la suite de l'histoire^^ Vous avez une semaine et demie.
Le prochain chapitre sort dans deux semaines pour cause d'examens et de vacances bien mérités. XD
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