Présentation

Jeudi 22 mai 4 22 /05 /Mai 00:37


Un mois plus tard, rien n’avait changé. Idriss continuait de faire chanter Auxence. Il lui donnait toujours des montagnes de devoirs à faire, et il réclamait toujours plus de sujets. Il connaissait son plus grand secret, et il se délectait d’en profiter et de pousser son pire ennemi à bout. Cela ne plaisait pas à Auxence, mais alors pas du tout. Il passait beaucoup trop de temps à travailler pour satisfaire Idriss, et ça ne l’arrangeait pas, ses comptes en souffraient. Mais il voulait garder ses bourses, alors il n’avait pas le choix, Idriss l’avait bien compris.

 

Un jeudi, alors qu’il traînait dans les couloirs pendant la pause de midi, Auxence se sentit agrippé par le bras et se retrouva plaqué contre un mur, sans apercevoir son agresseur. Mais celui-ci ne semblait pas vouloir le lâcher, alors il le dévisagea et il reconnut tout de suite son maître chanteur.

-          Idriss… jura-t-il entre ses dents.

Il ne tenta pas de se dégager, sachant que ce serait peine perdue, et il attendit patiemment qu’Idriss lui ordonne quelque chose, une fois de plus. Ce dernier, alors démasqué, relâcha son prisonnier pour rester debout en face de lui. L’effet de surprise était passé, ce n’était plus la peine de le tenir. Il savait qu’Auxence ne partirait pas.

-          Donne-moi ton numéro de portable, lui demanda-t-il.

-          Ca va pas ! S’exclama Auxence. Tu me pourris déjà assez la vie comme ça, j’ai pas envie qu’en plus tu m’appelles !

-          Le bureau du proviseur est juste à côté, Auxence, dit Idriss, en insistant bien sur son prénom.

-          Qu’est-ce que ça peut me foutre, Idriss ?! Répondit le blond, sur le même ton.

-          Il me suffit d’aller toquer, et pouf ! Envolées tes jolies bourses, lui dit le brun, un sourire machiavélique sur les lèvres et la voix lourde de menaces.

Encore une fois, Idriss avait réussi à l’énerver en quelques secondes. N’ayant pas d’autre choix que de se plier à ses caprices, Auxence attrapa un stylo et un bout de papier dans son sac, et lui donna son numéro. Idriss le prit sans rien dire, satisfait, et il regarda le jeune homme aux cheveux d’or s’en aller, plutôt remonté. Lorsqu’il le vit parler avec une fille, jolie en plus, sa joie s’estompa rapidement. Et lorsque Auxence l’attrapa par la taille, il sentit la colère monter en lui. Il serra les poings si forts que ses ongles s’enfoncèrent dans la paume de sa main. Cette fille lui piquait son jouet grandeur nature, et il n’aimait pas ça, pas du tout.

 

Il se retourna, et s’en alla vite pour ne plus les voir. Alors qu’il se rendait à son prochain cours, son téléphone sonna. Il le chercha rapidement, avant de le trouver dans la poche la plus basse de son baggy beige. Il ne regarda pas qui l’appelait et décrocha.

-          Ouai, dit-il.

-          Dris’ ?

Il n’y avait qu’une seule personne qui l’appelait comme ça. Marilyn. Il était content de l’entendre, ça l’aidait à se calmer. Mais le ton de sa voix était différent de d’habitude. Elle avait l’air soucieuse.

-          Y’a un problème ? Lui demanda-t-il, sans détour, n’étant pas un adepte des mots doux.

-          Oui, et j’aimerais bien que tu te ramènes là. Je peux pas faire ça toute seule. Je t’attends devant ‘Chez Greg’, dans trois quarts d’heure.

-          Pourquoi ? Qu’est-ce qui se pas…

Il n’eut pas le temps de poser sa question. Marilyn avait déjà raccroché. Inquiet, il se dirigea rapidement vers la sortie pour attraper le prochain bus.

Pendant le trajet, il réfléchit. Ce devait être son copain. Ce Luke. Il l’avait déjà frappée une fois. Elle lui avait pardonné, mais il devait avoir recommencé. Idriss l’avait prévenu, mais Marilyn ne l’avait pas écouté, elle avait préféré croire les promesses de l’homme qu’elle aimait. Il n’avait jamais aimé ce mec, il s’en était toujours méfié, et il avait eu raison.

Arrivé à destination, il marcha au pas de course jusqu’à l’endroit convenu. Marilyn l’attendait, assise, buvant un café.

-          Pile à l’heure ! Dit-elle en le voyant arriver.

-          Qu’est-ce qu’il se passe ? C’est Luke, c’est ça ? Il a recommencé ?

-          Luke n’a rien fait. Je t’ai déjà répété de lui faire confiance maintenant. Ca ne se reproduira pas, ne t’inquiète pas, répondit Marilyn, énervée qu’Idriss n’apprécie toujours pas son petit ami, mais touchée qu’il s’inquiète pour elle.

-          Pourquoi tu m’as appelé alors ?? C’était si urgent ?

-          Ben ouai, j’allais pas faire du shopping toute seule !

Le visage d’Idriss se décomposa à ses mots. Du shopping. Elle l’avait appelé pour faire du shopping ! Il détestait ça, elle le savait. Elle ne l’avait pas prévenu. Elle savait qu’il viendrait si elle ne disait rien de précis.

-          Oh la conne, finit-il par dire.

-          Je sais, moi aussi je t’aime chéri, répliqua Marilyn, qui avait tout entendu.

Il lui sourit hypocritement et la suivit à contrecoeur.

Ils s’engouffrèrent dans l’immense centre commercial. Heureusement, on était en semaine. Il n’y avait pas trop de monde. Mais Idriss étouffait déjà.

-          T’as pas intérêt à t’arrêter dans tous les magasins, lança-t-il.

-          Mais non, j’ai juste besoin d’un nouveau sac et d’une paire de gants, répondit Marilyn.

Idriss ne fut pas rassuré pour autant. Il la connaissait. Elle ne venait que pour acheter deux ou trois trucs, puis elle ressortait finalement avec quinze sacs, dont dix qu’il devait porter pour elle.

Ses doutes se confirmèrent lorsqu’ils s’arrêtèrent dans une boutique de chaussures, ce qui n’était pas du tout prévu au programme. Devant sa tête d’enterrement, Marilyn consentit à ne pas y aller, mais elle ne put résister quand elle passa devant la parfumerie. Elle en ressortit un quart d’heure plus tard, deux flacons en poche.

-          Je vais sentir bon maintenant, déclara-t-elle.

-          Super, dit Idriss, fulminant. On y va maintenant ?

-          Oh non ! Pas déjà ! Viens, je t’emmène chez le vendeur de piercings !

Elle partit si vite qu’Idriss n’eut pas le temps de répliquer. Il n’avait pas besoin de nouveaux piercings, il en avait déjà bien assez, mais après tout, ça l’occuperait peut-être pendant un certain temps. C’était toujours mieux que d’entendre Marilyn débattre sur la couleur de la robe à choisir avec la vendeuse.

-          Je vais à côté voir les boucles d’oreilles, l’avertit-elle. Je reviens dans dix minutes.

Idriss se retrouva donc seul à admirer les centaines de piercing exposés sous ses yeux, du plus simple au plus original, de l’uni au fluorescent. Il en regardait un qui lui plaisait bien, lorsqu’un couple apparut de l’autre côté de la vitrine. Il aurait pu ne pas les remarquer, mais la fille ne lui était pas inconnue. Il la regarda plus attentivement et la reconnut, un sourire étirant alors ses lèvres. Il l’avait croisée il y a quelques heures, dans le couloir du lycée, aux bras d’Auxence. Si elle l’avait alors énervé, à présent il était plutôt heureux de la voir, main dans la main avec un autre garçon.

Il retourna à sa contemplation, de meilleure humeur, et choisit trois piercings qu’il acheta. Il sortit du magasin et alla rejoindre Marilyn qui admirait à présent un long collier de perles noires.

-          Le noir ne te va pas, tu devrais plutôt prendre le marron, vu que tu portes souvent des fringues de cette couleur.

Marilyn, surprise qu’Idriss la conseille en matière de bijoux, le regarda bizarrement, avant de sourire et de changer de collier. Elle alla à la caisse pour payer, puis ils firent quelques boutiques de plus. Idriss ne se plaignit plus une seule fois, à la plus grande surprise de Marilyn.

L’après-midi se termina dans la bonne humeur, jusqu’à ce qu’Idriss décide de partir. Marilyn l’accompagna à l’arrêt de bus. Alors que le car arrivait, elle lui posa une dernière question. Elle n’avait pas encore abordé le sujet, car elle connaissait la réponse, mais elle ne tenait plus, elle devait lui demander.

-          Toujours personne en vue ? Osa-t-elle.

La réaction d’Idriss ne fut pas celle escomptée. Au lieu de lui parler de ses multiples conquêtes, comme il en avait l’habitude, son sourire disparut, et son visage se crispa.

-          De quoi je me mêle ? Lui répondit-il, furieux, avant de monter dans le bus, qui était maintenant stationné devant l’arrêt.

 

Le soir venu, la ville était calme. La nuit était tombée, tout le monde dormait. Les heures passèrent, rapidement pour certains, lentement pour d’autres, qui n’arrivaient pas à trouver le sommeil.

Auxence était profondément endormi depuis un moment, emmitouflé dans sa couette bleue à étoiles. Soudain, son portable sonna. Il se retourna dans son lit, mais ne se réveilla pas pour autant. La sonnerie retentit plusieurs minutes, alors il finit par ouvrir les yeux. Il attrapa son téléphone posé sur sa table de chevet, et s’apprêtait à répondre, lorsqu’il se rendit compte qu’il ne connaissait pas le numéro qui s’affichait sur l’écran. Il déclina l’appel et replongea la tête dans son oreiller.

Mais l’autre correspondant insistait. La sonnerie ne s’arrêtait plus. Auxence était maintenant complètement éveillé. Enervé, il décrocha.

-          Allo !

-         

-          Qu’est-ce que tu veux ?

-         

-          Non mais t’as vu l’heure ? Hurla-t-il, après avoir regardé son réveil qui affichait une heure du matin.

-         

-          Ouai, j’y serai, finit-il par dire, avant de raccrocher et de tenter de se rendormir.

Apparemment, l’autre avait décidé de ne pas le laisser tranquille, car il l’appela à nouveau.

-          T’as intérêt à y être, fut la seule phrase qu’Auxence entendit. Son interlocuteur coupa la conversation sans ajouter un mot de plus.

Il se leva alors, et enleva son bas de pyjama pour enfiler un jean, un t-shirt et un pull, attrapés à l’aveuglette dans l’armoire. Aller au parc au beau milieu de la nuit, quelle idée. Auxence fulminait, car en plus, ce n’était pas le plus proche de chez lui. Il y avait rendez-vous dans une demi-heure, alors il ne devait pas traîner. Il avait autant envie de sortir que d’aller se pendre, mais il n’avait pas le choix.

Pas coiffé et un peu débraillé, mais surtout avec la tête dans le cul, il descendit lentement les marches, en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller son père. Il attrapa son manteau dans l’entrée et les clefs de la maison sur la commode, puis il sortit. Il ferma la porte à double tour, avant de se retrouver dans la rue pour plus de vingt minutes de marche, dans un froid glacial, un peu trop pour une fin de novembre.

Le trajet fut long. Auxence regardait sa montre toutes les cinq minutes, il avait l’impression de ne pas avancer, qu’il n’arriverait jamais à destination. Il aurait du prendre son écharpe, car il avait beau tenter de s’emmitoufler dans son manteau, celui-ci ne montait pas assez haut pour protéger son visage du vent frais et violent.

Frigorifié, il arriva enfin devant le parc, mais il ne vit personne, alors il franchit les deux colonnes de béton qui en marquaient l’entrée et s’aventura sur le chemin pavé, bordé de bacs à fleurs et d’arbustes perdant leurs feuilles.

Après avoir parcouru quelques mètres, il se retrouva sur le terrain de basket. Il s’arrêta quand il aperçut une silhouette, la tête dissimulée dans une capuche. Reconnaissant l’individu malgré tout, il s’approcha. Idriss l’attendait, vêtu d’un sweat et d’un jogging, des tennis aux pieds. Il se retourna lorsqu’il entendit des pas derrière lui. Auxence put ainsi voir le ballon de basket que le jeune homme aux mèches bleues portait dans ses bras. Il fronça les sourcils, commençant à comprendre pourquoi Idriss l’avait fait venir. L’idée ne lui plaisait vraiment pas.

-          Pourquoi tu m’as fait venir ? Lui demanda-t-il, s’énervant.

-          J’avais juste envie de faire une partie de basket, et j’avais pas d’adversaire, répondit Idriss, un sourire moqueur prenant place sur son visage.

C’en était trop pour Auxence. Il n’acceptait pas que l’autre le prenne pour son serviteur et l’oblige à faire tout ce qu’il voulait, quand ça le chantait. Il enfonça brusquement les mains dans la poche ventrale de son blouson et commença à s’en aller.

-          Pourquoi tu pars ? Questionna Idriss. Mon idée te plaît pas ? Continua-t-il, narquois.

-          Je suis pas habillé pour, marmonna Auxence, sans s’arrêter, ni se retourner.

-          C’est tout ce que tu me trouves comme excuse ? Se moqua Idriss.

-          Je cherche pas d’excuse, j’ai pas envie, c’est tout. Je suis crevé, je rentre. Pas la peine d’essayer de me rappeler.

-          Je le ferai pas.

Surpris, Auxence se figea, et fit demi-tour pour plonger son regard dans celui d’Idriss.

-          Me regarde pas comme ça, lui dit ce dernier en riant. Y’a rien d’étonnant à ce que j’ai dit. J’aurai pas besoin de le faire, parce que tu vas pas rentrer chez toi. Tu restes ici et tu joues contre moi.

Son ton avait changé. Il n’était plus amusé, mais menaçant. Auxence sentit des frissons parcourir son corps. Idriss pouvait être très effrayant. Pourtant, il ne voulait pas déjà déclarer forfait. Il savait ce que le brun pourrait faire s’il lui tenait tête, mais il tentait le tout pour le tout.

-          Pourquoi est-ce que je ferais ça ? J’en ai marre de tes caprices, t’as qu’à jouer tout seul au lieu de m’appeler sans raison.

-          J’en ai une bonne de raison, qu’elle te plaise ou non. Et puis, on s’amuse toujours plus à deux.

-          Parle pour toi. Je préfèrerais encore jouer tout seul qu’avec une enflure dans ton genre.

Il n’aurait pas du dire ça. Insulter Idriss n’était pas une bonne chose, et il allait vite s’en rendre compte. Le brun s’approcha de lui, tel un prédateur, et s’arrêta, son visage à quelques centimètres de celui d’Auxence, qui ne bougeait plus, trop perturbé pour faire le moindre geste. Il n’avait pas apprécié d’être traité d’enflure, son regard était digne de celui d’un tueur.  Il planta ses yeux noisette dans les prunelles d’acier du blond, et, sur un ton qui n’admettait aucune réplique, il prononça une dernière phrase, lourde de sens, qui glaça le sang d’Auxence.
      -    Je crois que tu n’as pas vraiment le choix.

Voila un nouveau chapitre qui doit vous avoir plu^^ Il nous a fait mourir de rire quand on l'a écrit. On y prend toujours autant de plaisir, on espère que vous aussi.
Bisous à tout le monde.

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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