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Indicibles cruautés [terminée]

Jeudi 14 août 4 14 /08 /Août 00:24

Le regard déjà brillant, choqué par ce que venait de lui dire son petit ami, Ephram marcha tel un zombie jusqu’à sa chambre. Il retira son bas de pyjama et s’habilla d’une façon plus présentable, d’un simple jean noir et d’un pull fin en coton bleu ciel. Il ne jugea pas nécessaire de s’habiller plus chaudement. Il n’avait pas de temps à perdre. Il devait se rendre à l’hôpital aussi vite que possible.

Quand il fut prêt, il retourna auprès de Daegan, qui l’attendait dans le salon. Sans un mot, ils quittèrent la modeste maison en briques du roux, qui avait l’esprit obnubilé par les dernières paroles de son amant. Il se les répétait sans cesse, mais il n’arrivait pas à y croire. Il se demandait bien ce qui s’était passé. Il monta du côté passager, dans la Twingo verte de Daegan, qui respecta le silence de son petit ami pendant tout le trajet. Il se contenta de le conduire à l’hôpital, car c’était tout ce qu’il pouvait faire pour l’aider, pour l’instant. Les mots ne serviraient à rien. Ils ne diminueraient pas sa peine et la peur de perdre un être cher. De plus, cette nouvelle le perturbait lui aussi un peu, car après tout, Auxence était quand même son capitaine, celui qu’il respectait, qu’il écoutait sans douter.

 

Lorsqu’ils arrivèrent à l’hôpital, Daegan n’attendit pas qu’Ephram lui demande à quel étage était Auxence pour le lui dire. Il lui donna aussi le numéro de la chambre, et il dut lutter pour suivre son petit ami, qui courut jusqu’à l’ascenseur, avant de s’énerver sur le bouton d’appel, ne voyant pas l’appareil arriver. Quand les portes s’ouvrirent enfin, il se rua à l’intérieur de la cabine, sans faire attention aux personnes qui s’y trouvaient déjà. Il les bouscula légèrement, mais elles ne lui firent aucun reproche, car sa détresse était visible sur son visage. Ses traits étaient crispés, et ses yeux brillaient trop pour que ça ne soit qu’un éclat naturel. Daegan s’excusa malgré tout pour Ephram auprès des gens importunés, qui lui sourirent en échange, compréhensifs.

Ils arrivèrent au deuxième étage quelques secondes plus tard, dans une secousse propre aux ascenseurs, et Ephram sortit de l’appareil aussi vite qu’il y était entré. Il parcourut plusieurs couloirs avant de trouver la bonne chambre, trop abasourdi pour vérifier les numéros inscrits au dessus des ouvertures de chaque passage. Daegan le suivait, en courant, car son amant avait adopté une allure très rapide. Quand la porte de la chambre de leur coéquipier se présenta devant eux, il n’eut pas le temps de reprendre son souffle, car Ephram l’ouvrit et entra, sans frapper ni se présenter. Daegan le suivit, et ils assistèrent à une scène dont la personne concernée n’aurait sûrement pas voulu qu’ils soient témoins.

Auxence était allongé dans un lit, la tête posée sur un coussin blanc, et le corps recouvert d’un drap de la même couleur. Il était toujours inconscient, mais Idriss était assis à ses côtés, et il l’observait, le visage dévasté. Depuis que Daegan était parti pour aller prévenir Ephram, le brun n’avait pas bougé. Il tenait encore fermement la main d’Auxence, comme s’il ne voulait plus jamais la lâcher. Daegan sourit, à la fois surpris et attendri, mais il reprit vite ses esprits quand il vit Ephram avancer d’un pas décidé vers Idriss. Le roux se jeta sur lui et l’attrapa par le col, sans douceur. Son état d’énervement était tel qu’il en devenait effrayant. Daegan n’osait pas s’approcher de lui pour tenter de le calmer. Il regardait ce qui se passait devant lui, et il ne prenait aucun parti. Ni celui de son petit ami, ni celui de son meilleur ami.

-          Ca t’a pas suffi ton chantage ? Hurla Ephram, la voix emplie de reproches. Il fallait en plus que tu le mettes dans le coma ?!

Il n’avait pas lâché Idriss, et celui-ci était devenu livide. L’homme qui le maintenait lui faisait peur, mais surtout, il s’en voulait. En frappant Auxence, il avait infligé une douleur insupportable à son propre cœur, sans l’avoir pressentie, mais surtout, il avait blessé son entourage, ceux qui le connaissaient. Ca lui arrivait rarement, mais pour une fois, il pensait aux sentiments des autres. Il changeait, il le sentait, et il ne savait pas s’il devait s’en réjouir ou s’en affliger.

Si Ephram et Idriss trouvaient un sens aux paroles qu’ils prononçaient, il y en avait un dans la pièce pour qui ce n’était pas le cas. Daegan ne comprenait rien à ce qu’ils disaient. Il n’avait jamais entendu parler d’un quelconque chantage. Ne voulant plus être mis à l’écart, il respira un bon coup et rassembla tout son courage, puis il alla s’interposer entre Ephram et Idriss, plus facilement qu’il ne l’aurait cru. Ephram ne se calma pas pour autant, mais il n’avait plus aucune emprise sur Idriss, qui avait à présent la tête baissée, ne voulant pas affronter le regard des personnes tristes par sa faute.

Sans comprendre ce qui lui arrivait, il sentit quelqu’un agripper son bras, et il se retrouva dans le couloir, entraîné par Daegan. Ce dernier le lâcha et resta debout en face de lui, les bras croisés contre son torse. Idriss ne dit rien, attendant que son ami lui fasse savoir où il voulait en venir, ce qu’il fit sans tarder.

-          C’est quoi cette histoire ? Demanda Daegan.

Idriss hésita, mais il n’avait pas le choix. C’était trop tard. Il devait tout lui raconter. Il ouvrit la bouche et commença son récit, depuis le jour où il avait vu Auxence photocopier les sujets des contrôles jusqu’à l’incident de la veille, en passant par leurs ébats sexuels, sans pour autant entrer dans les détails. Daegan l’écouta pendant plusieurs minutes, attentif, sans montrer aucune expression. Ce n’est que quand Idriss fit référence à la conversation qu’il avait eue avec le père d’Auxence que le jeune homme aux cheveux noirs s’autorisa un léger sourire, en repensant au lien très fort qui unissait son capitaine à son paternel. Celui-ci devinait toujours ce qui perturbait son fils, sans qu’il ait à lui en parler.

-          Je savais pas qu’il m’aimait bien, finit par dire Idriss, la voix enrouée et la mine triste.

Daegan ne dit rien, comprenant l’allusion à Auxence. Il se contenta de prendre le brun dans ses bras pour le réconforter, car malgré ce qu’il venait de faire, Idriss restait son ami le plus précieux, le meilleur. Malgré son caractère, malgré sa bêtise, il le considérait comme un frère, depuis toujours, et il ne le laisserait pas tomber, même s’il devait se mettre tout le monde à dos.

Etonnement, Idriss accepta l’étreinte chaleureuse de Daegan. Il ne l’enlaça pas de lui-même, mais il laissa son ami lui caresser le dos pour lui apporter un minimum de réconfort et lui montrer son soutien sans faille. Intérieurement, il lui en fut reconnaissant, car même s’il ne le lui dirait sûrement jamais, il avait besoin de lui, d’une épaule sur laquelle se reposer.

Ils ne restèrent que quelques secondes dans cette position, car Idriss se libéra des bras rassurants de son ami. Il n’avait pas l’habitude d’avoir ce genre de contact avec lui. Il allait y prendre goût, il en était persuadé, mais pour l’instant, c’était encore tout nouveau pour lui, et ça le mettait mal à l’aise. Gêné, il retourna dans la chambre sans un dernier regard pour Daegan, qui n’en fut pas blessé pour autant. Il connaissait bien son ami, depuis le temps, et il s’attendait à cette réaction. Idriss avait déjà fait un gros effort en se laissant approcher ainsi, il le savait, alors son attitude ne l’énervait pas. Il avait connu pire avec lui.

Après quelques secondes de réflexion, il imita Idriss et le rejoignit, mais il fut étonné de le retrouver debout à côté de la porte de la chambre, appuyé contre le mur. Il semblait observer quelque chose avec attention, alors Daegan suivit son regard. Il se rendit compte qu’Ephram s’était assis sur la chaise qu’Idriss avait occupée quelques instants plus tôt. Il s’était accoudé au bord du lit sur lequel gisait Auxence, et il lui parlait, même si ce dernier n’était pas éveillé.

-          Tu peux pas m’faire ça, Auxi’… Tu peux pas me laisser. J’ai besoin de toi, moi. Je sais que je t’ai souvent reproché de pas assez m’écouter, mais je te promets que si cette fois, tu fais ce que je te dis, je me plaindrai plus jamais. T’as pas le choix. Tu te réveilles, un point c’est tout. Fais-le pour moi, pour ton père.

Il se tut un instant, semblant réfléchir, puis il se décida.

-          Fais-le pour lui, Auxi’. Tu en doutes peut-être, mais il a besoin de toi. Je me rappelle de tout ce que je t’ai dit sur lui, mais si c’est ce que tu veux, je peux encore changer d’avis. Tu peux arranger les choses avec lui, mais pour ça, tu dois te réveiller. Tu peux pas me laisser. T’AS PAS LE DROIT !

Ephram venait d’hurler ces derniers mots, poussé par une détresse qu’il ne contrôlait plus. Il fit sursauter les deux autres jeunes hommes présents dans la pièce, qui n’avaient pas saisi le sens implicite de ses paroles, destinées à Auxence, et à lui seul. Idriss n’imaginait pas une seule seconde qu’Ephram puisse être au courant de ses relations assez intimes avec le blond. Quand à Daegan, il se doutait de l’identité du « lui » concerné, mais il n’en était pas sûr. Ca n’avait pas grande importance, car tout ce qu’il voyait, c’était son petit ami qui allait mal, très mal, et ça lui brisait le cœur. Il ne pouvait rien faire pour le soulager, et ce sentiment était pire que tout.

Un long silence s’installa dans la chambre, perturbé seulement par le bruit régulier des machines auxquelles était relié Auxence.

-          Je vais y aller, intervint Daegan.

Ephram et Idriss se tournèrent vers lui et le fixèrent, surpris par cette décision soudaine. Daegan dut ressentir leur incompréhension, car il leur expliqua pourquoi il devait partir et les laisser seuls face à leur peine.

-          Je sais que c’est pas vraiment le moment de penser à ça, mais y’a un match ce soir. Il faut que j’aille prévenir le coach… Lui dire qu’Auxence pourra pas jouer…

Idriss avait détourné la tête dès qu’il avait compris de quoi parlait Daegan. Le match du jour ne l’intéressait pas, ni l’inquiétude de l’entraîneur. A cet instant précis, seul lui importait l’état d’Auxence, et il n’était pas encourageant, bien au contraire. Pendant qu’il imaginait divers scénarios plus tragiques les uns que les autres, Ephram échangea quelques mots avec Daegan. Idriss s’en rendit compte lorsqu’il vit son ami poser ses lèvres sur celles du garçon aux cheveux roux. Il se figea aussitôt, trop surpris pour faire le moindre geste ou émettre une quelconque opinion. Il n’ouvrit pas la bouche lorsque Daegan lui lança un faible « à tout à l’heure », ni lorsque celui-ci sortit de la chambre, pour le laisser seul en compagnie d’Ephram.

-          Depuis quand vous êtes ensemble ? Demanda-t-il, retrouvant sa voix sèche et son expression impassible.

Ephram le regarda un moment avant de prendre la parole, cherchant la réponse la plus appropriée face à ce garçon qui semblait vouloir à tout prix faire ressortir le côté sombre de sa personnalité. Il n’était pas dupe. Il se doutait bien que c’était pour cacher ses faiblesses, mais il ne devait pas lui donner l’opportunité de faire une bêtise de plus.

-          Assez longtemps pour ne pas te laisser tout gâcher, répliqua-t-il.

La réponse d’Ephram était assez vague, mais Idriss ne chercha pas à en savoir plus. Il n’insista pas, et il se tut, puis il détourna son regard pour laisser ses yeux se poser sur le corps toujours immobile d’Auxence. Il le fixa et s’approcha de lui pour glisser sa main dans la sienne, sans se préoccuper de la présence d’Ephram ou de son avis, puis il se perdit dans ses pensées.

-          Tu devrais lui dire, déclara Ephram, le sortant du monde dans lequel il s’était plongé.

-          Je sais, répondit-il simplement, sans quitter le blond des yeux.

-          Et pour le chantage ? S’inquiéta Ephram. Tu comptes faire quoi ?

-          Je vais arrêter, dit Idriss, comme si la décision lui paraissait évidente.

Il n’avait pas réfléchi une seule seconde avant de répondre. Auxence avait d’abord été son jouet, puis il était devenu son objet sexuel. A présent, il n’avait pas de statut défini, mais Idriss n’avait tout simplement plus envie de s’amuser avec lui. Il le voyait autrement, il osait enfin se l’avouer, sans pour autant l’affirmer haut et fort.

Sa déclaration sembla avoir un effet miraculeux, car c’est à ce moment-là qu’Auxence ouvrit les yeux. Idriss ne s’y attendait pas, et il retira brusquement sa main de la sienne, ne voulant pas que le blond le surprenne et devine l’état d’esprit dans lequel il se trouvait. Il marcha rapidement jusqu’à la fenêtre, et il se concentra sur le paysage, alors qu’Auxence réalisait peu à peu où il se trouvait.

-          Qu’est-ce que je fais là ? Murmura-t-il faiblement.

Ephram s’était assis près d’Auxence lorsque celui-ci s’était réveillé, mais ce n’était pas à lui de lui expliquer ce qui s’était passé, et pourquoi il était allongé dans un lit d’hôpital.

-          Petit incident de parcours, se contenta-t-il de répondre. Idriss te racontera mieux que moi.

Auxence remarqua alors la présence de celui qui n’était jusque là que son maître chanteur, officiellement. Il l’observa un moment, alors que ce dernier n’avait pas bougé et fixait toujours l’extérieur avec attention. Ne souhaitant pas aborder le sujet immédiatement, il engagea une autre conversation avec Ephram.

-          Au fait, on est samedi ? Lui demanda-t-il.

-          Ouais, répondit Ephram, se demandant où voulait en venir son ami.

-          Pourquoi t’es encore là ? Tu devrais pas plutôt dormir pour être en forme ?

-          Mais…

-          Va-t-en, c’est un ordre. Pense à moi quand tu joueras.

Devant l’air sérieux et réprobateur d’Auxence, Ephram sut qu’il n’avait pas son mot à dire. Il sourit, soulagé d’avoir retrouvé son ami, puis il s’en alla, après lui avoir adressé quelques derniers mots, et avoir fait un signe de la main à Idriss. Il les laissait seuls, sans aucune crainte, et il espérait qu’ils se diraient leurs quatre vérités, car ils avaient des choses à régler.

-          Idriss, regarde-moi, lança Auxence, quand son ami eut quitté la pièce.

Idriss se retourna, abandonnant son poste d’observation, et il se rua dans les bras d’Auxence, qui s’était redressé en position assise. L’attitude d’Idriss le surprit, mais il ne le repoussa pas, au contraire. Il le serra contre lui.

-          J’ai eu peur, déclara Idriss. J’ai cru que t’allais jamais te réveiller ! Si t’es là, c’est à cause de moi ! T’es venu me voir, et moi je t’ai frappé, je t’ai envoyé à l’hôpital ! Je suis désolé, tellement désolé ! Je sais pas ce qui m’a pris, je voulais pas ! Je…

Son discours implorant fut coupé par Auxence, qui emprisonna ses lèvres, leur permettant d’échanger un baiser doté d’une douceur inhabituelle. Les larmes d’Idriss coulaient sur ses joues et venaient se mélanger à leur salive, mais ils n’y faisaient pas attention. Ils profitaient de leurs langues s’unissant une nouvelle fois, dans des circonstances bien différentes. Auxence ne savait pas ce que l’avenir leur réservait, mais une chose était sûre. Il n’en voulait pas à Idriss.

C’est à contrecoeur que ce dernier mit fin à leur échange, semblant se souvenir de quelque chose. Il s’écarta de quelques centimètres, mais il ne lâcha pas Auxence. Il sécha ses larmes, ne voulant pas paraître plus faible qu’il en avait déjà l’air, et il se lança, effrayé à l’idée d’être brisé par une cruelle vérité, mais voulant la connaître malgré tout, pour ne pas se faire d’illusions.

-          Tout à l’heure, Ephram…il a parlé d’un garçon pour qui tu devais te réveiller… Quelqu’un qui a besoin de toi, et avec qui tu as des choses à arranger… Tu t’en souviens ?

-          Oui, je m’en souviens, dit simplement Auxence, attendant la suite.

-          C’était qui ? Demanda Idriss, froidement.

Un sourire illumina le visage d’Auxence. Les propos d’Idriss étaient guidés par une jalousie facilement décelable, et il s’en réjouissait. S’il savait, il ne serait pas aussi énervé.

-          Toi, souffla le blond, détournant la tête, le rouge envahissant ses joues.

-          Quoi ? J’ai pas entendu, s’emporta Idriss.

Auxence planta son regard dans le sien. Il avait les joues rosies par la gêne qu’il ressentait à lui dire une chose pareille, mais il devait le faire. Enfin, il allait être honnête avec lui, et surtout avec lui-même.

-          C’était toi, articula-t-il clairement, pour être sûr qu’Idriss comprenne.

Ce dernier ne sut pas quoi dire pour répondre à cette déclaration d’un sens certain. Il avait vraiment cru qu’Auxence appréciait un autre garçon, et cette simple pensée avait renforcé sa peine et sa jalousie. Soulagé, mais n’arrivant pas à trouver les bons mots, il préféra se manifester par les actes, alors il reprit sa position première. Assis sur la chaise posée près du lit du blond, il l’enlaça à nouveau, et il reposa sa tête sur son torse, alors qu’Auxence commençait à lui caresser doucement les cheveux.

 

Suite dans la partie 2

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Jeudi 7 août 4 07 /08 /Août 00:17

Figé sur place, une main occupée par une bouteille neuve de téquila et l’autre à tenir la porte qu’il venait d’ouvrir, Idriss regardait fixement Auxence en face de lui. Après cette dispute avec sa petite sœur, une des rares qu’ils avaient ensemble, c’était la dernière chose dont il avait besoin, c’était d’avoir celui qui lui faisait agiter sa conscience depuis plusieurs mois. Comme quelques minutes auparavant, son imagination lui jouait des tours, son esprit dérivant vers des rives pas très catholiques, mais comme il l’avait déjà fait, il garda un semblant de calme.

-          Qu’est-ce que tu fous là ?

Auxence reconnut facilement l’amabilité dont pouvait faire preuve Idriss mais avait un peu espérer  que cela change avec ce qu’il avait pu se passer entre eux. C’était apparemment trop demander au jeune homme. Lui aussi se demandait ce qu’il faisait ici, sur le pas de la porte d’Idriss. Enfin si, il le savait mais il avait du mal à l’accepter. Du mal à accepter l’évolution de ses sentiments depuis ces derniers mois pour cette personne passée de maître chanteur à partenaire sexuel sans qu’il y ait trouvé quelque chose à redire. Il était pleinement consentant, cette partie de lui-même qu’il détestait jusqu’à ce qu’il parle avec Ephram. Ou plutôt que celui-ci l’informe qu’il était en couple avec Daegan depuis plusieurs mois. Sans qu’il le dise, une pointe de jalousie s’était formée en lui, jaloux des sentiments qu’ils pouvaient avoir entre eux alors que lui ne pouvait avoir que du sexe avec Idriss. Il avait mis une explication et un nom sur une situation qui le minait depuis ces derniers mois et cela lui faisait mal de le reconnaître. Pourquoi avait-il des sentiments forts pour lui alors que toutes les filles ou femmes qui étaient passées dans son lit n’avaient pu faire naître cela en lui ?

Auxence ne le savait pas mais il devait lui en parler quitte à se prendre l’humiliation de sa vie, bien qu’il trouvait celle de l’hôtel pourtant pas mal, et  à ce que tout le lycée le sache. De toute façon, il considérait son avenir comme perdu depuis le début de ce chantage, il pensait n’avoir aucune chance de gagner contre Idriss de cette façon-là.

-          Il faut qu’on parle, lâcha finalement Auxence.

-          Pourquoi ça ? J’ai rien à dire moi.

-          Moi si. J’en marre.

-          De quoi ? Demanda Idriss qui ne comprenait plus rien

Le jeune homme sentit que ça n’allait définitivement pas être sa journée. Ses larmes de colère sourde avaient laissé place à de la peur. La peur de quoi ? Idriss n’arrivait pas à le savoir et il ne voulait pas le savoir.

-          Du chantage et du fait qu’on couche ensemble. Non. Qu’on baise ensemble selon le plaisir de monsieur.

-          C’est la meilleure de l’année celle-ci. Je te signale que tu es aussi consentant que moi et que c’est même toi qui provoques certaines situations. Tous les deux, on y trouve notre compte.

-          Oui mais j’arrête.

-          Tu veux vraiment tout perdre. C’est ça ?

-          Je m’en fous. Je veux passer à autre chose…

Les mots  qu’Auxence avait prononcés avec véhémence firent resurgir la jalousie d’Idriss. Ça y était, il n’avait pas fait assez attention et quelqu’un s’était rapproché de son jouet, de son amant même s’il avait du mal à l’accepter.

-          Si tu fais ça, tu vas le payer cher Auxence.

-          Est-ce que tu pourrais m’écouter jusqu’au bout ? Demanda le jeune homme tandis que son regard se perdait sur Idriss et ce qu’il pouvait tenir entre ses doigts. Et qu’est ce tu fous avec cette bouteille entière à la main ?

-          A ta place, je ne préférerais pas le savoir. Ca te regarde même pas. Comme tu l’as si bien dit. On baise ensemble, on ne sort pas ensemble.   

Au bout de quelques minutes, le ton avait fortement monté entre les deux jeunes hommes qui étaient à présent prêts à en venir aux mains, à faire passer par les poings ce que leurs bouches refusaient de dire à haute voix. Ce qui arriva jusqu’à ce qu’un incident se produise sans qu’aucun des deux n’en prenne réellement conscience. Idriss, armé de la bouteille de tequila, frappa Auxence à la tempe droite. Un grand cri de douleur échappa des lèvres du blond qui tomba en derrière sous la force du coup, la tête en arrière. Celle-ci heurta les pierres de l’allée de la demeure. Idriss s’attendait à la réponse fracassante d’Auxence mais ce dernier ne se releva pas. Il avait beau attendre, rien n’y faisait. Ceylan, alertée par le cri, descendit les escaliers quatre par quatre, manquant de justesse de chuter et arriva jusqu’aux lieux où son frère se tenait immobile, où des larmes sans sanglots ravageaient de nouveau son visage. Il semblait figé sur place. Quand elle vit Auxence à terre, elle se précipita à lui, sondant son pouls et le giflant pour le réveiller après avoir vu que celui-ci était là. Mais rien n’y faisait. Un peu affolée, elle composa un numéro qu’elle connaissait bien, celui de Daegan avec son portable qu’elle avait pris soin d’amener de sa chambre puis celui des secours. Le jeune homme arriva en même temps qu’eux.

Après avoir vérifié l’état du joueur de basket et qu’il ne risquait rien à être bougé, deux secouristes le mirent sur un brancard rétractable  puis dans l’ambulance jusqu’à l’hôpital le plus proche.

Deux heures plus tard, les trois jeunes gens se trouvaient dans une petite chambre vert pale, aux senteurs de javel, aux draps propres et aux continuels bip-bips des machines respiratoires et cardiaques. Auxence était allongé, vêtu d’une blouse bleue cobalt, les bras sur les draps auxquels des perfusions étaient attachées. Le médecin avait prononcé un verdict sans appel une heure plus tôt, un coma temporaire dû au choc à la tête de la bouteille et du sol. Il ne pouvait pas encore se prononcer s’il y avait des risques de séquelles au cerveau. Il portait tout de même un bandage autour de la tête pour maintenir un pansement sur sa tempe droite car en tombant, une pierre lui avait méchamment entaillé la peau à cet endroit. Après être assuré que tout allait bien, enfin aussi bien que possible, Daegan ramena Ceylan chez elle, plutôt sonnée par ce qu’il venait de se passer. Il n’avait jamais réussi à faire bouger Idriss de la chambre pour le faire rentrer lui aussi. Au bout d’un moment, il laissa tomber, murmura un faible au revoir avant de fermer la porte et de laisser Idriss seul avec ce qu’il avait fait. Tout ce qu’il avait pu contenir en lui face aux deux autres, s’éclata sous la forme de grands sanglots, chose rare chez lui, détestant de telles représentations de sentiments. Il venait de prendre réellement conscience de ce qu’il avait fait et de ce qui l’avait poussé à son geste. Qu’est-ce que ça aurait été s’il avait bu comme à son habitude ?  

Contrairement à ce qu’il avait dit, il ne voulait lui faire aucun mal. Il voulait plus l’avoir dans ses draps et le serrer dans ses bras pendant qu’Auxence dormait que le voir respirer à l’aide d’un appareil sur un lit d’hôpital. Idriss s’adossa à un mur de la chambre et glissa contre. Ses lèvres laissaient passer sans cesse « elle avait raison » pendant que ses mains agrippaient sa tête, ses cheveux.

Quelques heures plus tard, vers les quatre heures du matin, Idriss était toujours au chevet d’Auxence. Il avait réussi à convaincre les infirmières de le laisser rester durant la nuit ; elles avaient craqué devant la détresse des yeux noisette du jeune homme. Deux d’entre elles lui avaient apporté des couvertures  pour passer la nuit malgré le temps doux de la saison.

Le jeune homme s’était installé sur une chaise inconfortable, avec une très mince assise de cuir gris clair, qu’il avait tiré à côté de lit de son jouet. Il ne disait rien, son esprit se contentait de ressasser au ralenti le film de la soirée et les moments où ils avaient été  ensemble de gré ou de force, se contentant de lui tenir la main. Se sentant faiblir et proche des abysses du sommeil, il se leva et sortit de la chambre pour descendre à l’étage inférieur, au service de cardiologie, se chercher un café court, bien serré pour lui permettre de tenir le reste de la nuit et une partie de la matinée. Aujourd’hui, il n’irait pas en cours, ni les suivants d’ailleurs, pas tant qu’Auxence n’ait ouvert les yeux. A moins qu’il ait une somation de ses parents aimants mais bien trop souvent absents.

La machine à café fit un bruit pas possible au milieu des couloirs déserts, quand elle se mit en route suite à la commande d’Idriss. Ce dernier avait dû faire toutes les poches de son baggy pour trouver les quelques pièces nécessaires pour avoir son café. Il se saisit du gobelet marron du bout des doigts car le liquide foncé était brulant et diffusait sa chaleur sur toutes les surfaces. Sur les pointes de pieds et souhaitant un bonne nuit aux infirmières de garde dans leur poste, il traversa tout le service quand une voix masculine l’intercepta de son nom. Après une légère hésitation et sachant qu’Auxence était à l’étage supérieur, peut être à se réveiller, Idriss entra dans cette chambre sous l’insistance de la voix. Quelle ne fut pas sa surprise d’y trouver le père d’Auxence, confortablement installé sur son lit par une bonne dose d’oreillers. Lui aussi était branché à des machines cardiaques. Il le connaissait pour l’avoir croisé quatre ou cinq fois quand il était venu dans la maison d’Auxence. Il l’aimait bien malgré son côté assez bizarre et papa poule. Il se demanda ce qu’il faisait ici dans cette chambre, pourtant il se souvenait vaguement qu’Auxence  avait parlé des problèmes de santé chez son père un jour où ils avaient coupé au début de l’acte et il avait dû aller au pas de course à l’hôpital.

Ne sachant pas quoi dire à cet homme, il porta à ses lèvres, le liquide brulant et en avala deux gorgées rapidement, comme pour le réveiller définitivement de ce qui lui semblait n’être qu’un cauchemar plutôt long.

-          C’est toi qui viens souvent à la maison ces derniers temps ? Finit par demander le père d’une petite voix.

-          Oui.

-          Qu’est-ce que tu fais là ?

-          Je me suis énervé et j’ai frappé quelqu’un, alors j’attends son réveil.

Il omettait de lui dire que c’était de son fils dont il était question. Il pouvait par moment se comporter comme un vrai salaud, il y avait certaines choses que les parents n’avaient pas à savoir.

-          Quelqu’un que tu aimes bien ?

-          Oui. Quelqu’un que j’aime beaucoup.

Les mots sortirent de sa bouche sans qu’il s’en rende compte, le plus naturellement du monde. Le père eut un mince sourire devant ce petit aveu qui lui rappelait la fraicheur de l’adolescence.

-          Je vois, dit-il en souriant. Et tu lui as dit ?

-          Non.

-          Tu devrais.

-          Pourquoi ?

-          La personne aimerait sans doute beaucoup le savoir.

-          Vous croyez ?

-          J’en suis sûr. C’est important de se savoir et de se sentir aimer.

-          Et vous. Vous faites quoi ici ? Questionna Idriss comme pour changer de sujet, glissant sur une pente dont il n’avait pas envie.

-          J’ai encore fait une petite attaque en travaillant tard ce soir. Heureusement que mon assistant était là et a appelé les urgences. Je n’ai pas fait avertir Auxence pour éviter de l’inquiéter comme la dernière fois.

-          Ah bon ?

-          Il s’inquiète facilement dès qu’on a un petit problème de santé.

-          Comment ça ?

-          Je ne sais pas s’il te l’a dit mais Auxence a perdu sa mère à sept ans. Il est resté très marqué par la leucémie foudroyante de ma femme et il est devenu très attaché à moi, même s’il ne le montre pas forcément. Sous son apparence sans doute froide et hautaine, c’est un gamin un peu paresseux qui peut s’attacher facilement.

La tendresse du père était évidente en parlant de son fils. Lui aussi n’avait plus que la chair de sa chair dans sa vie, ayant coupé les ponts avec deux familles des années avant la naissance de son fils. Il aimait leurs petites vies à tous les deux, leur petite cellule familiale.

-          Monsieur, je crois que je vais y aller. Et vous devez avoir besoin de repos.

-          Un peu. Tu ne diras rien à Auxence ?

-          Pourquoi je le ferais ?

-          Merci.

-          Pas de quoi, dit Idriss sur le pas de la porte, une main autour du gobelet refroidi et une autre sur un mur à la surface lisse.

-          Au fait, ce que j’ai dit. C’est comme mon petit Auxi, il aimerait le savoir.

La porte se referma sans aucune réponse du jeune homme. Le père continua de sourire. Contrairement à ce que pensait Idriss, il était au courant que son fils était entré à l’hôpital en urgences et dans le coma à cause du jeune homme qui était passé dans sa chambre. Il avait décidé de ne rien lui dire, ni sa pensée quand il vit que la peine sur son visage était sincère, tout comme ses mots. Il ne lui avait pas dit non plus qu’il était au courant de la relation qui les unissait. Une fois, ils n’avaient pas été très discrets et il avait bien compris que les gémissements échappés étaient de plaisir et non pas d’autre chose. Il eut du mal à le digérer les deux premières semaines mais il s’y fit, et il attendait qu’Auxence lui en parle. Et comme il le connaissait, il allait le faire sous peu, au vu de certaines tournures d’événements. Demain, il passerait le voir. Pour le moment, sa poitrine le lançait un peu et la fatigue se faisait sentir dans tous ses membres. Il retira deux oreillers avant de s’allonger convenablement et fermer les yeux. Demain était un autre jour, tel fut sa dernière pensée avant d’être pris dans le sommeil.

 

A six heures du matin, les premières lueurs rosées de l’aube commençaient à apparaître à l’horizon et derrière les immeubles et maisons et quelqu’un n’avait pas dormi de la nuit, passant six heures à veiller avec Ceylan et à s’abreuver de cafés et de thé tout en zappant sur la télécommande de l’immense plasma que les Macknelly possédaient. Puis il avertit la jeune fille qui sommeillait sur ses jambes qu’il devait partir pour voir Ephram et lui dire pour Auxence. Il arrêta sa Twingo verte en douceur devant le portail de maison en briques de son petit ami. Il le poussa sans faire de bruit pour toquer à la porte. Ce fut Ephram qui lui ouvrit et un grand sourire éclaira son visage avant qu’il saisisse le cou et le planque contre un mur du petit hall d’entrée pour l’embrasser passionnément. Baiser auquel, naturellement, Daegan ne put s’empêcher de répondre malgré les nouvelles qu’il apportait. Il adorait quand Ephram se faisait entreprenant comme ça. Apparemment il était content et même très content de le voir aussi tôt le matin tout en sachant qu’il avait pendant une semaine, la maison pour lui seul.

Le jeune homme mit fin à leur échange quand il sentit des mains vicieuses sous son pull fin pour prendre la route de ses fesses. A la plus grande incompréhension de son petit ami, il se sépara de lui et mit une petite distance pour être sur qu’il ne lui saute pas dessus.

-          Qu’est-ce qui se passe Daegan ? J’aime pas quand tu fais cette tête. C’est signe de mauvaise nouvelle.

-          Cette fois, oui.

-          Accouche.

-          Auxence est à l’hôpital, dans le coma. Ça s’est passé dans la nuit.

-          Pardon ? Tu peux répéter, là.

-          Il y a eu une discussion entre Auxence et Idriss qui a mal tourné et Auxence se trouve dans le coma.  

 

Ca se passe pas comme vous voulez, et ça se finit surement pas comme vous voulez non plus, mais attendez la suite et vous serez servies. Tout se passe dans le prochain chapitre.
Tout, sauf la fin.... hihihi
Gros bisous de la part des deux auteurs sadiques et qui sont fières de l'être...

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Jeudi 31 juillet 4 31 /07 /Juil 00:05

Le lendemain était un mercredi, et de bon matin, Auxence se rendit au lycée. Il avait d’autres soucis plus importants, mais aller en cours lui permettrait de penser à autre chose. Du moins, c’est ce qu’il croyait. Quand il arriva devant le portail de son établissement, il aperçut Ephram. Aussitôt, une dangereuse rancune envahit son esprit. Il se dirigea vers lui d’un pas décidé et rageur, déterminé à recevoir les explications qu’il méritait, ainsi que le soutien dont il avait besoin, même s’il ne l’admettrait jamais. Arrivé à hauteur de son ami, il s’arrêta, les mains rangées dans les poches de son blouson et les sourcils froncés.

-          Putain mais qu’est-ce que t’as foutu hier soir ? Hurla-t-il, sans même saluer Ephram.

-          J’étais chez Idriss, répondit le roux, un sourire aux lèvres, amusé par la réaction d’Auxence.

-          Tu préférais être chez ce con qu’avec moi ??!

-          Ce con, hein ? Insista Ephram, toujours aussi souriant.

Auxence sentit le chagrin refaire surface, alors il tenta de se contrôler, pour ne pas craquer devant son ami. Tant bien que mal, il réussit à retenir ses larmes, et c’est les yeux brillants qu’il raconta toute l’histoire à Ephram.

-          Mon père est à l’hôpital. Il a fait un infarctus hier soir. C’est pour ça que je t’ai appelé aussi tard. Mais toi… toi, t’étais chez cet abruti de première ! J’avais besoin de toi, moi ! Tu étais là quand ma mère est morte, tu sais le mal que ça m’a fait ! Voir mon père inconscient, ça m’a rappelé de mauvais souvenirs, et t’étais pas là pour me soutenir ! J’avais besoin de toi, merde !

Il avait essayé, mais il n’y était pas arrivé. Le visage d’Auxence était ravagé. Ses larmes s’étaient mises à couler sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. Ephram ne souriait plus. Il s’en voulait. S’il avait su, il aurait répondu à l’appel de son ami la veille. Il ne l’aurait jamais laissé tomber dans un moment pareil, car oui, il avait été là pour voir Auxence traumatisé par la mort de sa mère, et il savait qu’il ne supporterait pas de perdre son père. Malgré quelques futiles disputes, il aimait son paternel, et si ce n’était pour lui, il n’aurait jamais été aussi doué dans tout ce qu’il entreprenait.

-          Je suis désolé, je sav… Commença Ephram.

Mais Auxence ne le laissa pas finir, peu enclin à accepter des excuses, même si à la base, il était venu voir son ami pour ça. Il était à présent trop énervé pour l’écouter. Il était obnubilé par l’absence d’Ephram la veille à l’hôpital, car celui-ci avait préféré passer sa soirée chez Idriss, et Auxence se demandait bien pourquoi. Il ne leur connaissait aucune affinité commune, et la perspective d’une éventuelle relation, ne serait-ce qu’amicale, entre eux faisait monter en lui un étrange sentiment, qu’il n’oserait jamais qualifier de jalousie, même sous la torture.

-          J’en veux pas de tes excuses, lança-t-il, d’un ton froid et amer. Tu sais quoi ? Moi aussi, je préfère être chez Idriss qu’avec toi !

Sur ces belles paroles plus honnêtes qu’il ne se l’imaginait, Auxence laissa son ami, seul, au milieu d’une foule d’autres élèves qui avaient assisté à leur discussion animée. Se sentant observé, Ephram traversa la cour du lycée et disparut dans un couloir de l’établissement, la tête baissée.

 

Quelques mois plus tard, le printemps avait imposé sa présence. Les arbres et les plantes bourgeonnaient et on pouvait déjà apercevoir quelques fleurs naissantes. Le mois de mai s’annonçait ensoleillé et coloré, mais il représentait aussi les dernières semaines de cours dans leur lycée pour ceux qui étaient en terminale, car juin était réservé aux examens.

Daegan et Ephram sortaient ensemble et ils se découvraient chaque jour un peu plus, savourant leur relation fusionnelle. En privé, ils se dévoilaient leurs sentiments et leurs envies, mais au lycée ou lors des entraînements de basket, ils ne montraient pas leur liaison, car leurs amis n’étaient pas au courant. Ils ne leur avaient pas encore dit, voulant profiter du calme autour d’eux avant de subir la foudre de certains. Les personnes connaissant la vérité se comptaient sur les doigts d’une main, puisque seulement leurs parents respectifs et Ceylan le savaient. La confrontation avec la sœur d’Idriss avait été inévitable, puisqu’ils s’étaient embrassés devant elle le jour où elle les avait appelés pour l’aider à calmer son frère, quelques mois plus tôt. Elle avait bien réagi, et leurs parents aussi, pour leur plus grand soulagement.

Un vendredi après-midi, pendant l’entraînement, Ephram attira Auxence à l’écart des autres joueurs, alors qu’ils pratiquaient un exercice deux par deux. Il avait pris une décision, et il allait s’y tenir, car il n’en pouvait plus de mentir à son meilleur ami.

-          J’ai un truc à te dire, Auxi, commença-t-il.

Le blond ne dit rien. Il se contenta de lever les yeux, tout en lançant le ballon à Ephram. Ce dernier ne se formalisa pas de son manque de communication. Il savait qu’Auxence attendait simplement qu’il continue, ne voyant pas l’intérêt de l’interrompre alors qu’il s’apprêtait à lui parler.

-          Je sors avec quelqu’un, continua Ephram.

-          T’es passé à autre chose alors, répondit Auxence, intéressé. J’espère que t’as choisi un meilleur parti que cette peste d’Anita, j’ai jamais pu la sentir.

Ephram sourit à cette remarque. Il avait toujours su que son meilleur ami n’appréciait pas sa petite copine, même si en face d’elle, le blond avait toujours essayé d’avoir une attitude agréable.

-          C’est Daegan, déclara-t-il, sans détour.

Surpris, Auxence n’attrapa pas le ballon que lui lança Ephram. Il s’était préparé à le recevoir, les bras tendus en avant et les paumes ouvertes se faisant face, mais suite à la révélation de son ami, il n’avait pas fait en sorte que ses mains se rejoignent sur le cuir orange du ballon. Ce dernier était venu s’abattre contre son torse, puis il était tombé à ses pieds, avant d’aller finir sa course à quelques mètres de là, contre un mur.

Auxence baissa les bras pour ne pas que tout le monde se tourne vers lui et se demande ce qu’il lui prenait à rester figé ainsi. Les yeux ébahis et la bouche entrouverte, il fixa Ephram un moment.

-          Tu veux que je répète ? Demanda le roux, las d’être dévisagé ainsi.

-          N…non, c’est bon, bégaya Auxence. Je suis surpris, c’est tout. J’ai rien vu venir.

-          Si tu m’avais écouté plus souvent, tu l’aurais su plus tôt, répliqua Ephram.

Auxence ne contredit pas son ami, car il savait que celui-ci avait raison. Semblant se rendre compte de quelque chose, il parcourut le gymnase des yeux et il finit par trouver Daegan. Il était tourné vers eux, et il avait l’air d’avoir attentivement suivi leur conversation, même s’il ne devait pas avoir entendu grand-chose. Auxence lui sourit, simplement, ne sachant pas quoi faire d’autre, et Daegan retourna à ses occupations, avec la ferme attention de découvrir le contenu des propos échangés par ses deux coéquipiers.

-          Ca fait longtemps ? Finit par demander Auxence, reportant son attention sur son ami.

-          Quelques mois, répondit Ephram.

Quelques mois, répéta le blond dans sa tête. Son meilleur ami sortait avec un garçon qu’ils connaissaient tous les deux, et ce depuis plusieurs mois, et il n’avait rien remarqué. Soudain, une pensée s’inséra brusquement dans son esprit. Ephram venait en quelque sorte de lui avouer qu’il était, si ce n’était gay, en tout cas bisexuel. Il avait alors lui-même la possibilité de se confier à son ami et de lui parler de ses aventures avec Idriss, sans crainte d’être rejeté. Pourtant, les mots ne voulaient pas sortir de sa bouche. Si ça avait été n’importe qui d’autre, il aurait été capable de prononcer son nom, mais admettre qu’il avait régulièrement des relations sexuelles avec le garçon qu’il était censé mépriser plus que quiconque lui était impossible. Encore une fois, il n’allait rien dire, et il n’aurait sûrement jamais plus une si bonne opportunité de le faire.

N’ayant plus rien à ajouter, Auxence alla récupérer le ballon égaré de l’autre côté du gymnase, puis il le lança à Ephram. Ils firent quelques passes, jusqu’à ce que leur coach leur montre un autre exercice, et l’entraînement se termina dans une bonne humeur habituelle, comme si rien ne s’était passé.

 

Une semaine plus tard, à quelques kilomètres de l’enceinte sportive, deux jeunes personnes se retrouvèrent encore une fois seules dans le silence de leur villa aux dimensions astronomiques. Un vendredi de plus était passé, et Idriss venait de rentrer du lycée. Il déposa son sac de cours dans sa chambre, puis il rejoignit sa sœur dans le salon, après être allé chercher une bouteille de soda dans le frigo et un paquet de biscuits chocolatés dans un placard de la cuisine. Il s’installa sur le canapé, prenant autant de place qu’il pouvait, puis il tourna sa tête vers l’écran de télévision que sa sœur avait allumé.

Comme tous les jours à cette heure-là, elle regardait son programme favori : une émission de télé réalité. Divers inconnus étaient enfermés dans une maison surprenante et colorée et ils étaient filmés vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Idriss n’en voyait pas l’intérêt, mais il sourit en se disant que c’était tout à fait de l’âge de sa sœur de regarder ce genre de choses. Il ferma les yeux, après avoir posé la bouteille et les gâteaux par terre. Il resta allongé quelques minutes, mais son repos fut de courte durée, car Ceylan lui adressa la parole.

-          Comment va Daegan ? Lui demanda-t-elle.

Idriss fronça les sourcils, tout en gardant les paupières closes. Il appréciait son ami, mais il ne comprenait pas pourquoi tout le monde s’intéressait subitement à lui.

-          Qu’est-ce que vous avez tous à me parler de lui ? S’énerva-t-il.

-          Qui tous ? S’étonna Ceylan.

Idriss ouvrit les yeux et se releva, pour se retrouver en position assise, les coudes posés sur ses cuisses. Il se frotta les yeux, comme pour se réveiller et chasser la lassitude qui le gagnait.

-          L’autre abruti, dit-il, se voulant le plus désagréable possible. Pendant la semaine, il a pas arrêté. Daegan par ci, Daegan par là. Il m’a gonflé, alors t’y mets pas aussi.

-          Celui avec qui tu couches ? Rétorqua Ceylan, ayant une vague idée de l’identité du fameux abruti. Si elle avait raison, elle allait devoir ouvrir les yeux à son frère, car il se voilait la face, elle en était persuadée.

Idriss serra les poings, et il respira un bon coup, pour cacher l’effet que lui faisait le simple fait d’imaginer le blond à nouveau dans son lit. Il ne tarderait pas à revenir, mais tant qu’il n’était pas là, Idriss se devait de demeurer impassible. Auxence était la victime de son chantage, un garçon avec lequel il s’amusait. Rien de plus.

-          Oui, mais ça, on s’en fout, c’est pas de lui qu’on parle, lança-t-il.

Ceylan se leva, agacée par l’attitude son frère aîné. Il avait trois ans de plus qu’elle, mais elle avait souvent l’impression d’être plus mature et plus réaliste que lui. Quand il s’agissait de relations, amicales ou amoureuses, Idriss était une véritable calamité. L’absence de leurs parents y était sûrement pour quelque chose, Ceylan s’en doutait. Même s’ils s’occupaient rarement d’eux, Idriss les aimait beaucoup, et intérieurement, il souffrait de les voir si peu. Il ne le disait à personne, mais elle le savait. S’il n’osait pas ouvrir son cœur à quelqu’un, c’était parce qu’il avait trop peur d’en être ensuite éloigné.

-          Si, justement ! Cria Ceylan, hors d’elle. Tu es tellement fier que tu te rends pas compte que tu l’aimes bien, cet abruti ! Tu vois même pas ce qu’il se passe pour ton meilleur ami.

Elle tourna les talons, et quitta le salon en franchissant la porte qui menait dans le hall d’entrée. Elle monta ensuite les escaliers pour aller s’enfermer dans sa chambre, et détendre ses nerfs qui venaient d’en prendre un coup.

Au rez de chaussée, Idriss n’avait pas bougé. Assis sur le bord du canapé, il avait la tête droite, et il fixait un point imaginaire en face de lui. Il méditait sur tout ce que venait de lui dire sa sœur, et il tentait d’en discerner le vrai du faux. Il fut surpris de sentir des larmes couler sur ses joues, car il n’avait pas fait attention à l’humidité grandissante qui avait envahi l’intérieur de ses yeux. Il n’essaya pas de dissimuler son chagrin, car il n’y avait personne autour de lui. Peut-être avait-il besoin de faire le vide, de se libérer de choses qui lui pesaient un peu plus chaque jour. Peut-être était-ce un moyen comme un autre pour aller mieux. Pleurer.

Plus ses larmes ravageaient son visage, plus les souvenirs remontaient à la surface, et il finit par ne plus vraiment savoir pour quelle raison il pleurait. Il tenta de se convaincre que c’était parce qu’il ne s’était jamais sérieusement disputé avec sa sœur auparavant, mais au fond de lui, il savait que ce n’était pas la vérité. Pourtant, il préférait s’enfermer dans son mensonge et faire semblant d’y croire. Un peu.

N’arrivant pas à se calmer et à retenir ses larmes qui déferlaient sur sa peau a présent humide, il n’entrevit qu’une solution. La plus lâche, celle vers laquelle il se tournait le plus souvent, car il était bel et bien lâche, ce jeune homme que tout le monde imaginait si courageux. Il se leva et quitta le canapé sur lequel il était assis. Il se dirigea vers l’unique meuble contenant ses plus précieux trésors. Il en ouvrit la porte, puis il attrapa une bouteille pleine. Encore une fois, il allait noyer son chagrin dans l’alcool, car il ne savait pas comment faire autrement.

Il se laissa glisser contre le mur du salon, se préparant à sombrer dans un univers qu’il ne connaissait que trop bien. Il serra la bouteille entre ses doigts, puis il en attrapa le goulot avec sa main droite. Mais son geste fut interrompu par une sonnerie stridente qui retentit dans toute la maison. Idriss marmonna quelques mots incompréhensibles, et il reprit là où il en était, sans prendre la peine d’aller ouvrir la porte d’entrée. Lorsque son visiteur se fit plus insistant, il se leva. Il allait l’accueillir comme il se devait, comme quelqu’un qui le dérangeait.

Il essuya les quelques larmes qui brillaient encore sur son visage, puis, sans lâcher la bouteille d’alcool pas encore ouverte, il marcha jusque dans le hall. Il tourna la clé dans la serrure, et mué par le peu de volonté qu’il lui restait, il abaissa la poignée. Il ouvrit la porte, puis il leva les yeux pour voir qui était l’individu qui osait l’importuner. Il fut surpris de le voir devant chez lui, alors qu’ils n’avaient pas prévu de se voir, mais il n’en montra rien. Debout sur le perron, Auxence était là.

Et un chapitre de plus, un!
Il est assez court, on le sait, mais ne vous inquiétez pas, les deux prochains seront trèèèsss longs, on peut vous l'assurer, tout en vous informant qu'il n'en reste que trois. Après, cette histoire sera terminée T_T
Alors profitez bien de nos p'tits lous!
Gros bisous à tout le monde!

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Jeudi 24 juillet 4 24 /07 /Juil 19:30

Ces trois mots simples et pourtant chargés d’un sens certain mirent un moment à arriver aux oreilles de Daegan et il lui fallut du temps pour en saisir le sens. Ephram était libre, plus d’entrave pour stopper le quelque chose qui se passait entre eux. Un grand sourire naquit sur ses lèvres, vite mangé par Ephram dans un baiser violent et passionnel, ses dents mordant les lèvres au sang, chassant cette frustration des dernières semaines. Les mains du roux ne caressaient plus les longs cheveux noirs de Daegan mais les retiraient en arrière pour les séparer afin qu’ils retrouvent mieux leurs bouches dans un grand choc.

Daegan était totalement conquis par la perte des inhibitions de celui qui allait passer d’ami à amant. Jusqu’à lors inactives sur les hanches d’Ephram, les mains du jeune homme prirent une route de campagne pour se glisser sous l’élastique du maillot de bain, à la recherche de deux belles formes fermes à caler sous la paume, et elles y imprimèrent une caresse douce et excitante. Sous l’effet de cette attention, le jeune homme bougeait légèrement contre Daegan et son pénis commençait à se tendre sérieusement. Cela fit sortir un gémissement de sa bouche, se noyant dans leur baiser. De plus en plus excité par son compagnon, Daegan ne put s’empêcher de glisser son majeur entre les deux fesses du jeune homme pour y chercher quelque chose de bien particulier ; dans lequel il glissa d’un coup sec et profond son doigt.

Ephram lâcha la bouche et le maillot de bain de son compagnon pour avoir un grognement mécontent sous cette intrusion qu’il ne pensait pas aussi rapide. La douleur n’était pas là à cause de l’eau chaude du jacuzzi, agissant tel un lubrifiant. Un autre doigt l’avait rejoint et le faisait se coller encore plus à son amant.

-          Arrête de faire ça, si tu ne veux pas que je te prenne sur place. Je préférerais quelque chose d’un peu plus romantique comme première fois entre nous.

La réponse qu’il reçut fut un coup de dent à la naissance du cou et une langue qui lécha la blessure occasionnée. Dans le même laps de temps, Ephram mit franchement sa main gauche dans le short large de bain pour l’apposer fermement sur le pénis raide jusqu’à la douleur. Il lui retira le prépuce et joua de son pouce sur le bout. Un long frisson remonta tout le long du dos de Daegan. Son compagnon continuait les sévices sur son corps en lui mordant l’oreille droite avec application avant de lui glisser à l’oreille :

-          Maintenant. On a assez attendu.

-          Très bien, articula Daegan entre deux souffles courts causés par le traitement que lui faisait toujours subir Ephram. Lève-toi.

Le jeune homme arrêta tout mouvement et le regarda en levant un sourcil suspicieux avant de faire ce qu’il lui disait. Daegan avait retiré ses doigts et il tira d’un coup le short de bain qu’il lui avait passé vingt minutes plus tôt, lui-même se souleva quelque peu pour enlever le sien. Puis son compagnon se réinstalla sur ses cuisses, prit l’appendice en main une nouvelle fois pour le guider jusqu’à son antre, sur laquelle il fit pression pour faire entrer le bord du gland.

Daegan ne s’attendait pas à une telle prise d’initiatives de la part d’Ephram. Ce qu’il ne savait pas, c’était qu’Ephram avait passé de longues heures à se documenter sur l’acte entre hommes, dés qu’il fut séparé d’Anita. Il ne voulait pas paraître pour quelqu’un ignorant de la chose. Par contre, bien qu’il se soit préparé à la douleur dans cet endroit et bien que l’eau chaude soit tel un lubrifiant, il eut un hoquet sous la pression douloureuse de ses chairs face à cette intrusion. Bien qu’il vit que son amant avait mal, Daegan ne put s’empêcher de poser ses mains sur les hanches de son co-équipier afin de le faire s’abaisser d’un seul coup, pour éviter qu’Ephram, sous la douleur, ne fasse machine arrière. De plus, il n’avait jamais été partisan de faire durer les effets néfastes. Plus vite ce serait fait, plus vite ils pourraient passe à autre chose.

Pendant deux minutes, il n’y eut plus rien à part le bruit des remous. Puis Ephram commença à faire de petits mouvements de haut en bas  pendant que Daegan occupa sa bouche et son membre raide. Peu à peu, la douleur s’atténua, laissant place à des petites aiguilles à la douleur délicieuse.  N’aime-t-on pas la douleur pour le plaisir malsain qu’elle apporte ? De petits soupirs s’échappaient de la bouche de Daegan auxquels répondaient les gémissements de son amant qui commençait à se déhancher de plus en plus, cherchant à ressentir un maximum de sensations et à être proche de son amant aux longs cheveux noirs. La chaleur du bain et celle naissante entre eux les amenaient lentement mais sûrement à des milliers de lieux d’ici.

Deux cris distincts et des soupirs d’aise conclurent cet acte sexuel et inaugurèrent le début de leur relation. Avec précaution, Daegan, encore légèrement dans les limbes du plaisir, souleva son petit ami pour le libérer de son pénis et permettre aux fluides de sortir de cet endroit inadapté, pendant qu’Ephram reprenait son souffle, le front appuyé contre son épaule. Daegan caressa tendrement les cheveux et les flans du roux tout en l’embrassant doucement.

-          Ça fait trop mal, dit Ephram qui parla enfin.

Son compagnon ne put retenir un petit rire nerveux.

-          Mais c’est bon, succulent. Encore, plus encore.

Daegan ne comprit pas tout de suite ce qu’il voulait jusqu’à sentir deux mains caressantes sur son torse.  

-          Ok, mais sortons de cette fournaise, sinon on va mourir avant de recommencer.

Avec une grimace traversant son visage, Ephram se leva de son fauteuil humain pour sortir du jacuzzi. Son petit ami le suivit attentivement des yeux, prenant plaisir à le regarder et remarquant pour la première fois  la croix de Râ tatouée sur l’omoplate gauche du jeune homme. Il n’avait pas le corps parfait qu’il aimait trouver chez les personnes qu’il lui arrivait de fréquenter, mais il avait le petit quelque chose qui lui faisait le trouver indéniablement désirable et beau. Il sortit tout de suite après pour le placer contre un mur en bois. Il le retourna pour l’embrasser à pleine bouche, comme si sa vie en dépendait. Son corps entier vibrait à nouveau. Finalement, Ephram n’était pas le seul à réclamer à nouveau. Après des préliminaires aussi empressés que brusques, Daegan lui fit enlacer sa taille de ses jambes avant de commencer à le pénétrer et repartir pour une nouvelle étreinte enflammée.

Ce fut à ce moment-là que le portable du jeune homme décida de se faire entendre en utilisant une sonnerie digne des plus grands concerts de métal. Daegan savait qui c’était mais il n’avait aucune envie de répondre. Idriss pouvait aller se faire voir pour une fois, il avait beaucoup plus important à faire comme satisfaire sexuellement son petit ami.

Daegan ne répondit qu’une bonne vingtaine de minutes après, sur les nerfs que le téléphone ne s’arrête pas de sonner, en tenant d’une main sa serviette de bain autour de sa taille. La personne à l’autre bout du fil allait avoir de ses nouvelles pour avoir interrompu le restant de sa soirée avec Ephram, mais quelle ne fut pas sa surprise d’avoir Ceylan au lieu d’Idriss.

Une Ceylan paniquée, en pleurs et proche de la crise à cause de son cher et tendre frère. Celui-ci avait encore bu, mais contrairement aux autres fois, il était devenu violent, proférant des injures et cassant tout ce qui se trouvait à portée de sa main sans que sa sœur ne trouve à le calmer. Elle avait même échappé de peu à la trajectoire d’un énorme vase.

-          Très bien Ceylan. Ne t’inquiète pas, j’arrive dans cinq minutes, dit le jeune homme à la fin de la conversation.

Au même moment, Ephram refaisait son apparition, habillé et une grimace imprimée sur son visage. Une once de jalousie l’étreignit quand il entendit la dernière phrase.

-          C’était qui ?

-          Ceylan, la jeune sœur d’Idriss. Elle a de gros problèmes et je lui ai dit que je passais tout de suite. Désolé, mais le reste de notre si bonne soirée va tomber à l’eau. Tu n’as qu’à t’installer dans ma chambre, il y a de quoi s’occuper.

-          Tu en as pour longtemps ?

-          Je sais pas. Tout dépend dans quel état il sera.

-          Je viens avec toi.

-          Jalousie ? Demanda Daegan, qui avait bien vu l’attitude de celui qu’il considérait comme son nouveau petit ami.

-          Non.

-          C’est ça.

En disant cela, il s’approcha de lui et le serra contre lui.

-          C’est Idriss. Il a certains problèmes que Ceylan ne peut pas endiguer toute seule par moments.

-          Comme quoi ?

-          L’alcool.

-          Ah…, fut tout ce que trouva à dire Ephram, étonné que cette personne ait un penchant pour la bouteille. Tu aurais besoin de mon aide ?

-          Je crois que oui. Ça va être sans doute difficile de le contrôler quand il est comme ça.

Ephram fit un sourire à son nouveau petit ami avant de se dégager de son étreinte pour saisir son sac de cours qu’il avait abandonné dans le grand hall d’entrée. Daegan se attrapa la clé de sa Twingo verte, posée dans une petite coupelle de porcelaine de Sèvres, et son manteau, avant que les deux se dirigent vers la voiture.

 

Quand Ceylan ouvrit la grande porte de sa demeure à Daegan et à un garçon qu’elle ne connaissait pas, un cri et un bruit de vase cassé se firent entendre, en provenance du vaste salon. La jeune fille leur jeta un regard embué de larmes qui exprimait toute la peine du monde. Le jeune homme aux cheveux noirs ne put s’empêcher de serrer dans ses bras ce petit bout dans un geste quasi-fraternel et dans le but secret de la rassurer, puis il la lâcha pour se diriger dans le lieu de chaos en compagnie d’Ephram.

Idriss s’était une fois de plus laissé prendre par l’alcool et ses faits secondaires, sauf que là, il ne se contrôlait plus, faisant sortir une rage et une violence plutôt contenues ces derniers temps. Et ce fut tous les objets qui lui passaient sous la main qui devinrent ses victimes pendant qu’il marmonnait des paroles sans queue ni tête. Ses derniers souffre-douleur étaient le canapé et ses coussins. En voyant cela, Daegan ne put s’empêcher de serrer ses poings à en enfoncer ses ongles courts dans les paumes de ses mains, le voir ainsi lui donnait l’impression d’être impuissant. Ephram posa une main sur l’épaule de son petit ami  pour le sortir de sa torpeur, avant de se diriger vers Idriss pour le saisir par derrière, le bloquant de ses bras au niveau des épaules. Il le fit très facilement car sa carrure de sportif le lui permettait. Le jeune homme tenta de se débattre, mais il était trop imbibé par alcool pour que ses mouvements soient coordonnés et forts. Idriss reconnut vaguement son ami avant de sentir un coup de poing dans le ventre au niveau du diaphragme, lui coupant brutalement le souffle, puis le faisant sombrer dans l’inconscience. Daegan avait frappé fort, il savait qu’il aurait mal au réveil mais cela était un moyen très efficace pour le calmer.

Chacun des deux se saisit d’un côté d’Idriss pour le monter à l’étage, jusqu’à sa chambre, pendant que Ceylan essayait d’étouffer les sanglots qui l’agitaient encore. Ils posèrent le jeune homme aux mèches bleues sur le lit, le maintenant assis par une main dans le dos. Daegan alla fouiller dans son armoire bien ordonnée, miracle dû à la femme de ménagé qui venait tous les deux jours, pour trouver un pyjama. Pendant que son petit ami cherchait et installait Idriss, inconscient, assis sur le lit, Ephram sentit sa poche arrière droite vibrer sous l’effet d’un portable. De sa main libre, il le prit pour regarder qui pouvait l’appeler à cette heure-ci. Le nom d’Auxence lui fit arracher une grimace, il n’avait pas envie d’écouter les états d’âme de son meilleur ami, pour une fois, il pouvait bien se débrouiller tout seul. Il  raccrocha et éteignit l’appareil avant de le remettre à sa place, dans son jean.

Un quart d’heure plus tard, ils avaient changé Idriss et l’avaient couché, en veillant à ce qu’il soit bien sur le côté de façon à ce qu’il ne se noie pas dans son vomi, au cas où, et ils avaient posé une petite bassine en plastique bleue au bord du lit s’il se réveillait. Puis ils descendirent au rez-de-chaussée pour aider Ceylan à ramasser, à nettoyer et à ranger les dégâts qui étaient plus importants qu’ils le pensaient. Daegan essaya de demander à la jeune fille ce qui avait pu déclencher cette nouvelle crise de la boisson chez son ami, mais Ceylan n’avait aucune réponse, à part qu’il était rentré particulièrement énervé des cours. Des cours qu’il suivait de plus en plus régulièrement depuis quelque temps.

Quand on lui demandait le pourquoi de cette soudaine assiduité, il répondait que c’étaient bientôt les examens finaux et qu’il était temps pour lui de se mettre un tout petit peu à travailler, mais il y avait une autre raison qu’il n’avouerait sous aucun prétexte. C’était qu’il voulait garder un œil sur son jouet, l’objet de son chantage qu’il exerçait toujours, de peur que quelqu’un l’approche plus qu’amicalement, la jalousie et la possession l’animant.

Trois bonnes heures furent nécessaires pour tout remettre en ordre et jeter deux sacs poubelles de cinquante litres aux ordures. Ceylan cherchait déjà l’excuse à dire aux parents à leur retour d’un énième voyage d’affaires.  Les deux garçons remontèrent à l’étage pour surveiller Idriss, et Ephram ne put s’empêcher de demander si ce genre de comportement arrivait souvent.

-          Non, c’est que la deuxième fois. La première, c’était alors que leurs parents avaient parlé de l’envoyer dans un internat huppé, pour lutter contre son absentéisme. Finalement, cela ne s’est pas fait, mais on a du récupérer Idriss à ce moment-là.

-          Ca date ?

-          Un an et demi environ. Et toi, ça date ?

-          De quoi ?

-          Le tatouage que tu as en haut du dos ?

-          Ah ça. D’un an moins un mois. C’était pour fêter je sais plus quoi avec Auxence. Nous  nous sommes tous les deux fait faire un tatouage. En plus, on avait l’accord de nos parents, c’était ça le meilleur dans l’histoire, répondit Ephram avec un sourire, comme pour détendre une atmosphère devenue pesante.

-          Merci d’être venu avec moi.

-          De rien.

Daegan tourna un peu la tête, soudain gêné car il n’avait pas réellement pensé à ce qu’ils avaient fait quelques heures plus tôt, jusqu’à présent. Implicitement, ils savaient qu’ils sortaient ensemble mais d’un seul coup, il ne savait plus comment réagir. Finalement, il trouva la manière la plus simple de s’exprimer. Il s’approcha de lui, lui saisit doucement la nuque pour l’embrasser longuement et passionnément. Ce fut à ce moment-là que Ceylan se décida à entrer dans la chambre pour voir comment dormait son grand frère. Tout le monde resta figé sur place, un grand silence s’installa.

-          Mais vous êtes tous gays, ce n’est pas possible ?

-          Qu’est-ce que tu veux dire ? Demanda Daegan, un sourire flottant sur ses lèvres.

Ceylan mit une main devant sa bouche, réalisant qu’elle venait de faire une nouvelle gaffe. Elle devenait réellement une spécialiste des boulettes en tout genre.  

-          J’ai rien dit. C’est ma langue qui a fourché.

-          Ceylan, ça fait la deuxième fois.

-          C’est Idriss et Auxence, c’est ça ? Dit Ephram, neutre, demandant juste une confirmation aux doutes qu’il commençait à avoir depuis un certain moment.

Daegan regardait successivement la jeune fille et son petit ami avec de grands yeux écarquillés. Un grand seau d’eau glacée venait de lui être versé sur la tête. Alors, le jeune homme dont avait parlé Ceylan quelques semaines auparavant, c’était son capitaine. Il ne comprenait plus rien, demandant des explications à Ephram qui lui dit que les deux traînaient de plus en plus ensemble, mais qu’aucun des deux ne voulait admettre les liens qu’ils avaient. Plusieurs fois, le jeune homme avait tenté d’amener le sujet sur le tapis, mais sans succès, il s’était dit que peut-être, Auxence viendrait à en parler de lui-même. Mais quand Daegan lui demanda comment ils s’étaient connus, Ephram esquiva la question en disant qu’il n’en savait rien. Certaines choses ne devaient pas être dites, il avait donné sa parole.

Tous les trois se mirent d’accord pour ne rien dire et garder le secret sur les deux relations, Ephram et Daegan souhaitant vivre le début de leur histoire tranquillement, en attendant que les choses changent, que les deux autres se décident à parler.  

Un peu plus tard que d'habitude, mais toujours le jeudi, le chapitre est là. Contrairement à d'habitude, nous n'avons pas de conneries à raconter, la fatigue est sur nous. 
Bisous à tous et à toutes t à la semaine prochaine pour un nouvel épisode ^^ 

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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