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Indicibles cruautés [terminée]

Jeudi 22 mai 4 22 /05 /Mai 00:37


Un mois plus tard, rien n’avait changé. Idriss continuait de faire chanter Auxence. Il lui donnait toujours des montagnes de devoirs à faire, et il réclamait toujours plus de sujets. Il connaissait son plus grand secret, et il se délectait d’en profiter et de pousser son pire ennemi à bout. Cela ne plaisait pas à Auxence, mais alors pas du tout. Il passait beaucoup trop de temps à travailler pour satisfaire Idriss, et ça ne l’arrangeait pas, ses comptes en souffraient. Mais il voulait garder ses bourses, alors il n’avait pas le choix, Idriss l’avait bien compris.

 

Un jeudi, alors qu’il traînait dans les couloirs pendant la pause de midi, Auxence se sentit agrippé par le bras et se retrouva plaqué contre un mur, sans apercevoir son agresseur. Mais celui-ci ne semblait pas vouloir le lâcher, alors il le dévisagea et il reconnut tout de suite son maître chanteur.

-          Idriss… jura-t-il entre ses dents.

Il ne tenta pas de se dégager, sachant que ce serait peine perdue, et il attendit patiemment qu’Idriss lui ordonne quelque chose, une fois de plus. Ce dernier, alors démasqué, relâcha son prisonnier pour rester debout en face de lui. L’effet de surprise était passé, ce n’était plus la peine de le tenir. Il savait qu’Auxence ne partirait pas.

-          Donne-moi ton numéro de portable, lui demanda-t-il.

-          Ca va pas ! S’exclama Auxence. Tu me pourris déjà assez la vie comme ça, j’ai pas envie qu’en plus tu m’appelles !

-          Le bureau du proviseur est juste à côté, Auxence, dit Idriss, en insistant bien sur son prénom.

-          Qu’est-ce que ça peut me foutre, Idriss ?! Répondit le blond, sur le même ton.

-          Il me suffit d’aller toquer, et pouf ! Envolées tes jolies bourses, lui dit le brun, un sourire machiavélique sur les lèvres et la voix lourde de menaces.

Encore une fois, Idriss avait réussi à l’énerver en quelques secondes. N’ayant pas d’autre choix que de se plier à ses caprices, Auxence attrapa un stylo et un bout de papier dans son sac, et lui donna son numéro. Idriss le prit sans rien dire, satisfait, et il regarda le jeune homme aux cheveux d’or s’en aller, plutôt remonté. Lorsqu’il le vit parler avec une fille, jolie en plus, sa joie s’estompa rapidement. Et lorsque Auxence l’attrapa par la taille, il sentit la colère monter en lui. Il serra les poings si forts que ses ongles s’enfoncèrent dans la paume de sa main. Cette fille lui piquait son jouet grandeur nature, et il n’aimait pas ça, pas du tout.

 

Il se retourna, et s’en alla vite pour ne plus les voir. Alors qu’il se rendait à son prochain cours, son téléphone sonna. Il le chercha rapidement, avant de le trouver dans la poche la plus basse de son baggy beige. Il ne regarda pas qui l’appelait et décrocha.

-          Ouai, dit-il.

-          Dris’ ?

Il n’y avait qu’une seule personne qui l’appelait comme ça. Marilyn. Il était content de l’entendre, ça l’aidait à se calmer. Mais le ton de sa voix était différent de d’habitude. Elle avait l’air soucieuse.

-          Y’a un problème ? Lui demanda-t-il, sans détour, n’étant pas un adepte des mots doux.

-          Oui, et j’aimerais bien que tu te ramènes là. Je peux pas faire ça toute seule. Je t’attends devant ‘Chez Greg’, dans trois quarts d’heure.

-          Pourquoi ? Qu’est-ce qui se pas…

Il n’eut pas le temps de poser sa question. Marilyn avait déjà raccroché. Inquiet, il se dirigea rapidement vers la sortie pour attraper le prochain bus.

Pendant le trajet, il réfléchit. Ce devait être son copain. Ce Luke. Il l’avait déjà frappée une fois. Elle lui avait pardonné, mais il devait avoir recommencé. Idriss l’avait prévenu, mais Marilyn ne l’avait pas écouté, elle avait préféré croire les promesses de l’homme qu’elle aimait. Il n’avait jamais aimé ce mec, il s’en était toujours méfié, et il avait eu raison.

Arrivé à destination, il marcha au pas de course jusqu’à l’endroit convenu. Marilyn l’attendait, assise, buvant un café.

-          Pile à l’heure ! Dit-elle en le voyant arriver.

-          Qu’est-ce qu’il se passe ? C’est Luke, c’est ça ? Il a recommencé ?

-          Luke n’a rien fait. Je t’ai déjà répété de lui faire confiance maintenant. Ca ne se reproduira pas, ne t’inquiète pas, répondit Marilyn, énervée qu’Idriss n’apprécie toujours pas son petit ami, mais touchée qu’il s’inquiète pour elle.

-          Pourquoi tu m’as appelé alors ?? C’était si urgent ?

-          Ben ouai, j’allais pas faire du shopping toute seule !

Le visage d’Idriss se décomposa à ses mots. Du shopping. Elle l’avait appelé pour faire du shopping ! Il détestait ça, elle le savait. Elle ne l’avait pas prévenu. Elle savait qu’il viendrait si elle ne disait rien de précis.

-          Oh la conne, finit-il par dire.

-          Je sais, moi aussi je t’aime chéri, répliqua Marilyn, qui avait tout entendu.

Il lui sourit hypocritement et la suivit à contrecoeur.

Ils s’engouffrèrent dans l’immense centre commercial. Heureusement, on était en semaine. Il n’y avait pas trop de monde. Mais Idriss étouffait déjà.

-          T’as pas intérêt à t’arrêter dans tous les magasins, lança-t-il.

-          Mais non, j’ai juste besoin d’un nouveau sac et d’une paire de gants, répondit Marilyn.

Idriss ne fut pas rassuré pour autant. Il la connaissait. Elle ne venait que pour acheter deux ou trois trucs, puis elle ressortait finalement avec quinze sacs, dont dix qu’il devait porter pour elle.

Ses doutes se confirmèrent lorsqu’ils s’arrêtèrent dans une boutique de chaussures, ce qui n’était pas du tout prévu au programme. Devant sa tête d’enterrement, Marilyn consentit à ne pas y aller, mais elle ne put résister quand elle passa devant la parfumerie. Elle en ressortit un quart d’heure plus tard, deux flacons en poche.

-          Je vais sentir bon maintenant, déclara-t-elle.

-          Super, dit Idriss, fulminant. On y va maintenant ?

-          Oh non ! Pas déjà ! Viens, je t’emmène chez le vendeur de piercings !

Elle partit si vite qu’Idriss n’eut pas le temps de répliquer. Il n’avait pas besoin de nouveaux piercings, il en avait déjà bien assez, mais après tout, ça l’occuperait peut-être pendant un certain temps. C’était toujours mieux que d’entendre Marilyn débattre sur la couleur de la robe à choisir avec la vendeuse.

-          Je vais à côté voir les boucles d’oreilles, l’avertit-elle. Je reviens dans dix minutes.

Idriss se retrouva donc seul à admirer les centaines de piercing exposés sous ses yeux, du plus simple au plus original, de l’uni au fluorescent. Il en regardait un qui lui plaisait bien, lorsqu’un couple apparut de l’autre côté de la vitrine. Il aurait pu ne pas les remarquer, mais la fille ne lui était pas inconnue. Il la regarda plus attentivement et la reconnut, un sourire étirant alors ses lèvres. Il l’avait croisée il y a quelques heures, dans le couloir du lycée, aux bras d’Auxence. Si elle l’avait alors énervé, à présent il était plutôt heureux de la voir, main dans la main avec un autre garçon.

Il retourna à sa contemplation, de meilleure humeur, et choisit trois piercings qu’il acheta. Il sortit du magasin et alla rejoindre Marilyn qui admirait à présent un long collier de perles noires.

-          Le noir ne te va pas, tu devrais plutôt prendre le marron, vu que tu portes souvent des fringues de cette couleur.

Marilyn, surprise qu’Idriss la conseille en matière de bijoux, le regarda bizarrement, avant de sourire et de changer de collier. Elle alla à la caisse pour payer, puis ils firent quelques boutiques de plus. Idriss ne se plaignit plus une seule fois, à la plus grande surprise de Marilyn.

L’après-midi se termina dans la bonne humeur, jusqu’à ce qu’Idriss décide de partir. Marilyn l’accompagna à l’arrêt de bus. Alors que le car arrivait, elle lui posa une dernière question. Elle n’avait pas encore abordé le sujet, car elle connaissait la réponse, mais elle ne tenait plus, elle devait lui demander.

-          Toujours personne en vue ? Osa-t-elle.

La réaction d’Idriss ne fut pas celle escomptée. Au lieu de lui parler de ses multiples conquêtes, comme il en avait l’habitude, son sourire disparut, et son visage se crispa.

-          De quoi je me mêle ? Lui répondit-il, furieux, avant de monter dans le bus, qui était maintenant stationné devant l’arrêt.

 

Le soir venu, la ville était calme. La nuit était tombée, tout le monde dormait. Les heures passèrent, rapidement pour certains, lentement pour d’autres, qui n’arrivaient pas à trouver le sommeil.

Auxence était profondément endormi depuis un moment, emmitouflé dans sa couette bleue à étoiles. Soudain, son portable sonna. Il se retourna dans son lit, mais ne se réveilla pas pour autant. La sonnerie retentit plusieurs minutes, alors il finit par ouvrir les yeux. Il attrapa son téléphone posé sur sa table de chevet, et s’apprêtait à répondre, lorsqu’il se rendit compte qu’il ne connaissait pas le numéro qui s’affichait sur l’écran. Il déclina l’appel et replongea la tête dans son oreiller.

Mais l’autre correspondant insistait. La sonnerie ne s’arrêtait plus. Auxence était maintenant complètement éveillé. Enervé, il décrocha.

-          Allo !

-         

-          Qu’est-ce que tu veux ?

-         

-          Non mais t’as vu l’heure ? Hurla-t-il, après avoir regardé son réveil qui affichait une heure du matin.

-         

-          Ouai, j’y serai, finit-il par dire, avant de raccrocher et de tenter de se rendormir.

Apparemment, l’autre avait décidé de ne pas le laisser tranquille, car il l’appela à nouveau.

-          T’as intérêt à y être, fut la seule phrase qu’Auxence entendit. Son interlocuteur coupa la conversation sans ajouter un mot de plus.

Il se leva alors, et enleva son bas de pyjama pour enfiler un jean, un t-shirt et un pull, attrapés à l’aveuglette dans l’armoire. Aller au parc au beau milieu de la nuit, quelle idée. Auxence fulminait, car en plus, ce n’était pas le plus proche de chez lui. Il y avait rendez-vous dans une demi-heure, alors il ne devait pas traîner. Il avait autant envie de sortir que d’aller se pendre, mais il n’avait pas le choix.

Pas coiffé et un peu débraillé, mais surtout avec la tête dans le cul, il descendit lentement les marches, en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller son père. Il attrapa son manteau dans l’entrée et les clefs de la maison sur la commode, puis il sortit. Il ferma la porte à double tour, avant de se retrouver dans la rue pour plus de vingt minutes de marche, dans un froid glacial, un peu trop pour une fin de novembre.

Le trajet fut long. Auxence regardait sa montre toutes les cinq minutes, il avait l’impression de ne pas avancer, qu’il n’arriverait jamais à destination. Il aurait du prendre son écharpe, car il avait beau tenter de s’emmitoufler dans son manteau, celui-ci ne montait pas assez haut pour protéger son visage du vent frais et violent.

Frigorifié, il arriva enfin devant le parc, mais il ne vit personne, alors il franchit les deux colonnes de béton qui en marquaient l’entrée et s’aventura sur le chemin pavé, bordé de bacs à fleurs et d’arbustes perdant leurs feuilles.

Après avoir parcouru quelques mètres, il se retrouva sur le terrain de basket. Il s’arrêta quand il aperçut une silhouette, la tête dissimulée dans une capuche. Reconnaissant l’individu malgré tout, il s’approcha. Idriss l’attendait, vêtu d’un sweat et d’un jogging, des tennis aux pieds. Il se retourna lorsqu’il entendit des pas derrière lui. Auxence put ainsi voir le ballon de basket que le jeune homme aux mèches bleues portait dans ses bras. Il fronça les sourcils, commençant à comprendre pourquoi Idriss l’avait fait venir. L’idée ne lui plaisait vraiment pas.

-          Pourquoi tu m’as fait venir ? Lui demanda-t-il, s’énervant.

-          J’avais juste envie de faire une partie de basket, et j’avais pas d’adversaire, répondit Idriss, un sourire moqueur prenant place sur son visage.

C’en était trop pour Auxence. Il n’acceptait pas que l’autre le prenne pour son serviteur et l’oblige à faire tout ce qu’il voulait, quand ça le chantait. Il enfonça brusquement les mains dans la poche ventrale de son blouson et commença à s’en aller.

-          Pourquoi tu pars ? Questionna Idriss. Mon idée te plaît pas ? Continua-t-il, narquois.

-          Je suis pas habillé pour, marmonna Auxence, sans s’arrêter, ni se retourner.

-          C’est tout ce que tu me trouves comme excuse ? Se moqua Idriss.

-          Je cherche pas d’excuse, j’ai pas envie, c’est tout. Je suis crevé, je rentre. Pas la peine d’essayer de me rappeler.

-          Je le ferai pas.

Surpris, Auxence se figea, et fit demi-tour pour plonger son regard dans celui d’Idriss.

-          Me regarde pas comme ça, lui dit ce dernier en riant. Y’a rien d’étonnant à ce que j’ai dit. J’aurai pas besoin de le faire, parce que tu vas pas rentrer chez toi. Tu restes ici et tu joues contre moi.

Son ton avait changé. Il n’était plus amusé, mais menaçant. Auxence sentit des frissons parcourir son corps. Idriss pouvait être très effrayant. Pourtant, il ne voulait pas déjà déclarer forfait. Il savait ce que le brun pourrait faire s’il lui tenait tête, mais il tentait le tout pour le tout.

-          Pourquoi est-ce que je ferais ça ? J’en ai marre de tes caprices, t’as qu’à jouer tout seul au lieu de m’appeler sans raison.

-          J’en ai une bonne de raison, qu’elle te plaise ou non. Et puis, on s’amuse toujours plus à deux.

-          Parle pour toi. Je préfèrerais encore jouer tout seul qu’avec une enflure dans ton genre.

Il n’aurait pas du dire ça. Insulter Idriss n’était pas une bonne chose, et il allait vite s’en rendre compte. Le brun s’approcha de lui, tel un prédateur, et s’arrêta, son visage à quelques centimètres de celui d’Auxence, qui ne bougeait plus, trop perturbé pour faire le moindre geste. Il n’avait pas apprécié d’être traité d’enflure, son regard était digne de celui d’un tueur.  Il planta ses yeux noisette dans les prunelles d’acier du blond, et, sur un ton qui n’admettait aucune réplique, il prononça une dernière phrase, lourde de sens, qui glaça le sang d’Auxence.
      -    Je crois que tu n’as pas vraiment le choix.

Voila un nouveau chapitre qui doit vous avoir plu^^ Il nous a fait mourir de rire quand on l'a écrit. On y prend toujours autant de plaisir, on espère que vous aussi.
Bisous à tout le monde.

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Mercredi 14 mai 3 14 /05 /Mai 14:22


La vieille porte du vestiaire faillit sauter de ses gonds quand Auxence la franchit. Son visage était tellement déformé par la colère que ses deux coéquipiers restèrent à une distance respectable. Les affaires furent tirées avec violence du sac de sport, et il les mit de la même façon. Ensuite, il soupira profondément en passant ses mains sur ses cheveux cendrés. Puis il se leva, saisit un ballon de basket posé dans un sac tressé de grosses cordes, avant de sortir faire quelques passes pour chasser ce nuisible d’Idriss de sa tête et être prêt à jouer.  Daegan maudit une nouvelle fois  Idriss. Il ne savait pas ce qu’il lui voulait, mais il avait réussi à mettre le capitaine en pétard, une chose rare. Pourvu que cela ne porte pas préjudice à l’équipe et au match, espérait le jeune homme intérieurement.

C’était le même rituel que la semaine dernière. Toujours le même show avant le match, jusqu’à ce que cela commence. Par un miracle quasi-divin, Auxence arriva calme et concentré, bien que son visage soit fermé. Le match débuta, et rapidement, l’équipe du jeune homme s’imposa par son jeu et ses joueurs.

Plus tard, dans la partie,  Auxence marqua un panier à trois points, et ce fut l’euphorie dans la salle : les cris et les sifflements retentirent comme un seul. Tout le monde, dans le public, semblait pris corps et âme dans le match, supportant du mieux qu’ils le pouvaient leurs joueurs. Tout le monde, sauf un.  Avec une attention toute particulière, Idriss suivait le jeu, et surtout celui d’Auxence.  Les mouvements étaient fluides, précis et sans gestes inutiles, mais il trouvait que cela manquait de fougue, de rage. Comme celle qu’il avait pu voir avant le match, quand il lui avait remis les devoirs. Cela l’avait follement amusé. Soudain, une ombre passa sur son  visage. Ses doigts se crispèrent sur la toile kaki de son baggy, tout en suivant le restant du match.  Match qu’Auxence et son équipe remportèrent haut la main.

Un peu plus tard, dans la Twingo verte que conduisait Daegan, Idriss regardait le paysage de nuit  défilant sous ses yeux.  Il s’était muré dans un silence qui ne présageait rien de bon et qui était souvent synonyme de gros ennuis en perspectives. Daegan tenta de détendre l’atmosphère en lui demandant ce qu’il avait pensé du match et de son jeu. Le jeune homme se tourna vers lui et le scruta de ses yeux noisette.

-         Tu veux savoir quoi ?

-         Ce que tu en pensais.

-         Ben, rien. C’était juste un match.

-         Et qu’est ce que tu lui voulais à Auxence ?

-         C’est qui lui ?

-         Le capitaine de mon équipe que tu as demandé de voir.

-         Ah…

Et Idriss retourna  à la contemplation au combien monotone qui s’offrait à lui, à travers la vitre de la voiture. Daegan eut un soupir légèrement énervé. Il rêva, le temps d’un instant, de sortir son poing américain de la boîte à gants et de rectifier le portrait d’Idriss. Des fois, il l’insupportait au plus haut point. Les deux se murèrent dans le silence, jusqu’à  ce que Daegan dépose le jeune homme devant chez lui et redémarre aussi sec.

Idriss, perdu dans ses pensées, entra dans sa maison qui ressemblait plus à un château qu’à autre chose, et se prit les pieds dans la table où le courrier était souvent déposé. C’était aussi le résultat d’un oubli d’éclairer de la part du jeune homme. Il jura en silence, avant de poser ses doigts sur l’interrupteur qui illumina le grand salon.  Ses parents étaient, une nouvelle fois, pas rentrés chez eux. De dépit, Idriss jeta son blouson de cuir savamment usé et sa besace remplie des devoirs faits par Auxence. Ils atterrirent sur le sol, avant que le jeune homme s’affale sur un canapé moelleux de velours vert foncé qui passait par là.     

Les doigts de sa main droite passèrent sur les paupières de ses yeux fermés et les frottèrent vivement. Quand il rouvrit ceux-ci, son regard fut attiré par une grande commode de bois laqué noir. Cet objet était une œuvre de la marqueterie de grand talent, qui avait couté une petite fortune à ses parents lors d’une vente aux enchères. Mais c’était surtout le contenu qui intéressait le jeune homme.  Oubliant sa lassitude et ses pensées tortueuses, il se leva, se dirigea vers l’objet de sa convoitise et ouvrit grand les deux portes du meuble précieux.

Des bouteilles, que des bouteilles classées selon leur teneur en alcool.  Idriss se saisit d’un grand verre à liqueur du service qui était posé sur la commode, et attrapa une bouteille au contenu d’une chaude couleur ambrée. Il tourna le goulot de métal qu’il dut forcer un peu, car elle n’avait encore jamais été ouverte, et il se servit un grand verre. Ses yeux se plaisaient à observer ce liquide coulant et ses oreilles se régalaient du bruit que faisait l’alcool quittant la bouteille. Un son sensuel, presque érotique.

Une fois son verre plein, il le vida d’un trait. Et un autre, encore un autre. Aussitôt plein, aussitôt vidé.

Idriss enchaîna les verres comme s’il buvait du petit lait. Ce n’était pas la première fois qu’il buvait ainsi. Son organisme s’y était habitué, depuis le temps.

Depuis ses douze ans, il buvait ainsi, quand la mélancolie, l’ennui ou la contrariété le gagnaient. Comme toutes drogues, au début, c’était juste pour essayer, mais petit à petit, il y avait pris goût, et cela chassait pendant quelques heures ce malaise qui le grignotait de l’intérieur.

 

Un bruit plus fort que les autres acheva de la tirer de son sommeil. Une main tâtonna à la recherche de l’interrupteur de la lampe de chevet.  Ceylan ouvrit des yeux ensommeillés, et poussa un léger gémissement, synonyme de son envie de dormir. Elle allait le faire quand un bruit de verre cassé finit par la réveiller définitivement. Elle se doutait de ce qu’il se passait.

Elle sortit hors de sa couette chaude pour enfiler une robe de chambre de jersey rouge. Quand elle descendit les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée, les bruits se firent plus précis et une voix s’éleva, chantant des chansons aussi élevées que le cul d’une poule. Le spectacle que lui offrait son grand frère, totalement bourré après le vidage de quatre bouteilles d’alcool aussi forts les uns que les autres, lui fit tirer une grimace de tristesse.

Il était là, à moitié affalé sur un canapé et sur un épais tapis birman, avec un tesson de bouteille à la main. A ce moment-là, la jeune fille prit peur. Elle avait trop le souvenir de la dernière fois qu’elle l’avait trouvé à boire, où il était en train de se taillader le bras gauche pour voir si le sang qui coulait dans ses veines était bien rouge sombre. Tout ce qu’il trouva à dire à sa sœur quand elle lui demanda ce qu’il faisait, c’était qu’il avait trouvé un nouveau jeu pour s’amuser.

Elle se précipita vers son frère pour lui retirer ce tesson qui lui faisait peur. Elle réussit, mais juste après, il la projeta contre un meuble. Ce fut son épaule droite qui amortit le choc, et une grimace de douleur passa sur son visage. Elle était mal, mais ce n’était rien par rapport à son frère.

Elle prit sur elle et le souleva par le dessous des épaules. Ce ne fut pas une chose aisée vu qu’Idriss avait la stature d’une armoire à glace, et sa grande taille n’aidait en rien.

Péniblement et petit à petit, Ceylan hissa Idriss au premier étage, jusqu’à la salle de bains, dont elle ouvrit la porte d’un grand coup de pied. La pièce d’eau était couverte de mosaïques de couleurs blanches et vert lagon, la robinetterie était d’acier à la brillance de l’argent. Ceylan mit son frère à genoux et pencha sa tête au dessus de la baignoire. Elle en avait l’habitude.

Elle ouvrit à fond le robinet d’eau froide, prit la pomme de douche et arrosa copieusement le jeune homme pour le faire dégriser. Il eut droit à dix minutes de ce traitement, avant que la jeune fille coupe l’eau et lui pose une épaisse serviette de bain sur la tête. Puis elle le conduisit jusqu’à sa chambre, où elle le déshabilla tant bien que mal,  enleva les divers piercings qu’il portait comme à son habitude, et le glissa entre les couvertures chaudes du lit. Porté dans une espèce de délire propre aux gens bourrés, il demandait «  Pourquoi ? ». Pourquoi  ça ? ».

Ceylan, ne cherchant pas à comprendre ce que disait son frère, lui chanta une berceuse pour qu’il s’endorme. Ce qu’il fit, aussi rapidement qu’un bébé. La jeune fille retourna dans la salle de bains pour chercher deux cachets d’aspirine dans l’armoire à pharmacie. Elle remplit un verre d’eau qu’elle posa sur la table de chevet de son frère, avec les médicaments.

-         Il faudrait que tu penses à arrêter de boire. Toi et ton organisme, vous n’allez pas supporter ça bien longtemps.

Ceylan dit cela en fermant doucement la porte de la chambre. Le restant de sa nuit serait occupé à nettoyer les dégâts du salon.

 

Le lendemain après-midi, sous un ciel menaçant de fin d’octobre, deux personnes faisaient un match improvisé dans un jardin, à l’arrière d’une maison cossue. Auxence jouait un un contre un avec son père. Son front suait à grosses gouttes, et son survêtement lui collait au corps. Ces matchs avec son père étaient toujours très éprouvants pour lui. D’autant plus aujourd’hui, où son esprit  n’était pas vraiment là, préoccupé par le petit chantage de ce dénommé Idriss.

Il allait attraper le ballon sortant du panier quand son père s’en saisit et la garda dans le creux de ses bras. Le jeune homme lança un regard interrogatif à son paternel et lui demanda pourquoi il arrêtait le jeu.

-         Auxi, tu n’es pas ici ?

-         Si. Je joue avec toi.

-         Non. On dirait que tu es préoccupé. Ton jeu est mou. Tu me laisses marquer des paniers trop facilement.

-         Je suis juste un peu fatigué.

Ce n’était pas faux. La semaine avaient très éprouvante pour lui, notamment avec la somme importante de devoirs que lui avait donnée Idriss. Bien qu’il soit doué, ce n’étaient pas les matières qu’il étudiait en temps normal. Et malgré que cela soit un chantage, il n’aimait pas rendre un devoir bâclé. De plus, le jeune homme aurait été capable de le dénoncer pour une note plus basse. L’arrivée d’une personne, passant par les jardins latéraux de la maison, le sortit d’une conversation qu’il ne voulait pas avoir avec son père.

C’était Ephram, bien emmitouflé dans son blouson d’aviateur et les mains enfoncées dans les poches de son jean. Il adressa un rapide bonjour à monsieur Teyssler, avant de demander à parler à Auxence. Le jeune homme se saisit d’une serviette qu’il avait laissée sur la table de jardin pour la passer sur son visage et la mettre autour de cou, avant d’inviter son meilleur ami à entrer et monter dans sa chambre. Il avait le sourire. Ce n’était pas lui qui avait fait le premier pas.

Ephram s’installa sur la couette du lit défait de son ami, tandis qu’Auxence prit appui contre son bureau qui croulait sous son éternel bordel. Il y eut un silence gêné de la part d’Ephram, avant que celui-ci se lance dans de grandes explications.

-         Ecoute, je suis désolé pour ce que je t’ai dit la dernière fois. Ma parole a dépassé ma pensée.

-         Tu l’es vraiment ?

-         Oui.

Par ce simple mot, la hache de guerre était enterrée entre les deux.

-         Bien que je ne sois toujours pas d’accord avec ce que tu fais.

-         Quelqu’un m’a vu vendredi dernier, et me fais chanter à présent.

-         Qui ?

-         Cet Idriss qui est venu me chercher dans les vestiaires, hier soir, avant le match.

-         Ah…Et qu’est-ce que tu dois faire pour lui ?

-         Ses devoirs. Gratuitement. C’est un grand manque à gagner pour moi.

-         Alors tu n’as qu’à arrêter. C’est simple comme situation.

-         Si j’arrête, il me dénoncera. Et je perdrai deux bourses qui me sont promises pour l’année prochaine.    

-         C’est une raison de plus. Comme cela, tu seras clean.

-         Non.

-         Pourquoi ?

-         J’aime l’argent, et c’est si facilement gagné.

-         C’est ni plus, ni moins que de la prostitution !

-         Non. Je ne vends pas mon corps que je sache !

-         Tu vends ton cerveau ! Ça revient au même, dit Ephram, avec toujours le même franc parler qui le caractérisait.

-         Cette conversation est stérile. On en arrive toujours là.

Ephram eut un profond soupir avant de changer de sujet. Ce n’était pas le moment de se disputer à nouveau, alors qu’ils venaient de se réconcilier. 


Pour une fois, nous ne postons pas notre chapitre à 3 heures du matin, nous sommes fières de nous^^
Attention !
L'alcoolisme n'est pas une chose à prendre à la légère, il peut détruire les personnes et leur entourage. Vous ne le réalisez pas, tant que vous ne le vivez pas, mais veillez à ce que ça ne vous arrive pas.
Sur ce, nous arrêtons de jouer les moralisatrices, et nous vous disons à la semaine prochaine, en espérant que ce chapitre vous ait plu^^
Bisous à toutes

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Jeudi 8 mai 4 08 /05 /Mai 00:05


Suite à cette déclaration lourde de menaces, Idriss s’en alla, fier de lui, laissant un Auxence pétrifié par ce qu’il venait d’entendre.

Après quelques minutes nécessaires pour se remettre de ses émotions, Auxence alla en cours. Il commençait par deux heures de mathématiques, et ce n’était pas pour le réjouir. Certes, il aimait ce qu’il faisait, mais les exercices étaient rébarbatifs. Il s’ennuyait ferme pendant la majeure partie du cours, ayant toujours terminé avant les autres. Mais il faisait des efforts pour être attentif, car il souhaitait rester un des meilleurs élèves aux yeux des professeurs. Il ne fallait pas qu’ils se méfient de lui, car il avait besoin d’eux et de leurs clés pour son petit commerce.

 

Ce jour-là pourtant, il n’arrivait pas à se concentrer pour écouter ce que le professeur racontait. Ses pensées étaient ailleurs. Les dernières paroles de cette petite enflure aux mèches bleues trottaient dans sa tête. Faire ses devoirs, sans rien en échange. Auxence n’en avait pas envie, mais il n’allait pas vraiment avoir le choix. Soit il s’abaissait à son chantage, soit il se faisait dénoncer. Aucune proposition n’était à son avantage, mais la première lui desservirait moins que la seconde.

-          Monsieur Teysster, puisque ce cours semble vous passionner, venez donc résoudre cette équation au tableau. Ca vous réveillera peut-être.

Bien sûr. Son professeur avait remarqué son manque total d’attention, mais son ton avait été plus compatissant qu’énervé. On lui pardonnait facilement de ne pas écouter pendant quelques minutes.

Auxence se leva, prit la craie que lui tendait l’homme plus âgé, et commença à déchiffrer l’équation écrite sur le tableau noir. Mais rien n’y faisait, il ne trouvait aucune solution au problème, au plus grand étonnement du professeur et des autres élèves. Son esprit était obnubilé par la menace qu’on venait de lui proférer et qui l’empêchait d’avoir une réflexion cohérente.

-          Je suis désolé, Monsieur, j’y arrive pas, finit-il par dire, la tête basse et l’air penaud.

-          C’est pas grave, retourne à ta place. Clément, au tableau.

Auxence alla s’asseoir, sans lever la tête. C’était la première fois que ce genre de chose lui arrivait, et il en avait un peu honte. Il en voulait à celui qui lui faisait perdre la face devant toute sa classe. Oh oui, il lui en voulait.

La sonnerie annonçant la fin du cours retentit quelques minutes plus tard, et il sortit aussi rapidement que possible, pour éviter les remarques des autres.

 

A midi, il retrouva Ephram au self. Ils firent la queue, se servirent, puis s’installèrent à une table dans le coin du réfectoire.

            - Y’a un problème ? T’as l’air tout perturbé ? Lui demanda Ephram.

Auxence lui raconta alors ce qui s’était passé en cours de mathématiques, mais son ami n’eut pas la réaction escomptée.

-          Je t’avais prévenu que ça finirait par t’apporter des ennuis tout ça. Tu peux t’en prendre qu’à toi-même.

Auxence fut déçu par le manque de soutien de son meilleur ami et le lui fit savoir.

-          Je te demande pas d’approuver ce que je fais, mais tu pourrais au moins compatir.

-          Compatir ? Depuis le début, je te couvre, mais je t’ai toujours dit que tu devrais arrêter !

-          Je sais ! Et tu avais raison, comme toujours ! Mais t’es mon ami, non ? Tu pourrais m’aider.

-          Je t’ai assez aidé Auxence. T’es dans la merde maintenant, et je peux rien faire pour toi à part espérer que ça s’arrange.

-          Sympa, ça va vachement m’aider ça !

-          Ecoute, si t’es pas content, c’est pareil. Je t’avais prévenu, tu m’as pas écouté, maintenant tu te démerdes ! Je suis pas là pour te sortir de la galère dans laquelle tu t’es mise ! Je suis pas ta roue de secours Aux…

Ephram s’arrêta net. Il ne l’avait pas pensé, ses mots avaient dépassé sa pensée. La réaction de son meilleur ami l’avait énervé, et il avait réagi au quart de tour, mais ce n’était pas ce qu’il voulait dire. Il savait qu’Auxence ne le prenait pas pour sa roue de secours, mais c’était sorti tout seul. Il s’en voulait d’avoir dit ça, et il avait raison. Un énorme blanc s’installa, laissant rapidement place à un malaise grandissant entre les deux amis de toujours.

Blessé, Auxence attrapa son plateau et sortit précipitamment du self, seul, sans un regard pour Ephram, qui ne chercha pas à le rattraper. Il alla s’enfermer dans la bibliothèque du lycée pour terminer les devoirs que d’autres élèves lui avaient commandés, et pour faire quelques exercices à lui. Il se consacra entièrement à son travail, pour oublier toute cette histoire de chantage, mais aussi sa dispute avec son meilleur ami. Ils étaient rarement en désaccord sur quelque chose, et quand cela arrivait, Auxence se sentait toujours coupable. Coupable d’avoir tort, ou d’avoir une réaction trop excessive. Ephram était le seul en qui il avait toute confiance, et dont il avait besoin pour se sentir bien, mais jamais il ne ferait le premier pas de la réconciliation. Il était trop fier pour ça.

Il était tellement absorbé par ce qu’il faisait qu’il ne vit pas le temps passer, et oublia son seul cours de l’après-midi. Il s’apprêtait à partir lorsque Idriss arriva et posa une dizaine de feuilles devant lui.

-          Tu fais tout ça pour moi. T’as jusqu’à samedi.

Il ne laissa pas à Auxence le temps de répondre et repartit aussi vite qu’il était venu.

 

La semaine passa plutôt vite, et le samedi arriva. Comme tous les week-ends, il y avait un match de basket. Mais cette fois, l’équipe du lycée jouait à l’extérieur, contre celle d’un autre établissement. Ce n’était que le deuxième match de l’année, alors il n’y avait aucun véritable enjeu. Tout le monde était décontracté, des joueurs aux spectateurs.

Une fois encore, Idriss avait décidé d’assister au match. Il n’y avait aucun bus affrété pour l’équipe. Tout le monde devait se rendre au lieu de rendez vous par ses propres moyens. Heureusement, ce n’était pas très loin, et Daegan avait le permis. Ayant redoublé la seconde, il avait un an d’avance, soit dix-huit ans, depuis quelques mois déjà. Idriss alla le rejoindre chez lui, et ils partirent ensemble, assis dans une petite Twingo verte, que Daegan avait reçu de la part de sa grand-mère qui ne conduisait plus. Pendant le trajet, ce dernier s’interrogea sur le soudain intérêt d’Idriss pour le basket, car l’année passée, il ne venait jamais le voir jouer.

-          Pourquoi tu viens nous voir cette année ? Je croyais que t’aimais pas le basket.

Pourquoi venait-il. Telle était la question, à laquelle Idriss n’avait pas de réponse concrète. S’il ne disait rien, Daegan se ferait des idées sans queue ni tête, alors il préféra trouver une quelconque raison.

-          J’aime toujours pas ça, mais j’ai rien d’autre à faire. T’es pas content que je vienne te voir ?

-          Si, si, je me demandais, c’est tout.

La discussion s’arrêta là. Daegan savait qu’il devait clore le sujet et ne pas insister. Le ton employé par Idriss était sans appel.

 

Ils arrivèrent au gymnase une bonne heure en avance. Le lycée n’était qu’à une dizaine de kilomètres du leur, dans la ville voisine, alors la route n’avait pas été longue. A l’intérieur, le coach était déjà là, mais personne n’avait commencé à s’entraîner. Daegan se dirigea vers les vestiaires, et fit signe à Idriss de l’accompagner, même s’il n’avait rien à y faire. Deux joueurs étaient déjà là et se changeaient. Daegan alla saluer Ephram, puis il se tendit sa main vers Auxence, mais il interrompit son geste quand il vit la tête que son capitaine faisait. Il fixait Idriss, le regard empli de colère et de méfiance, et le visage déformé par la haine.

-          Qu’est-ce que tu fous là, toi ? Lui demanda-t-il.

-          Je viens voir mon meilleur ami jouer au basket. Ca te pose un problème peut-être ? Lança Idriss.

Non seulement il le faisait chanter, mais en plus, il osait se présenter devant lui et l’humilier publiquement. Décidément, ce mec était la pire des ordures.

-          Tu devrais sortir Idriss, intervint Daegan, connaissant le caractère trempé des deux garçons. S’ils continuaient dans cette voie, leur discussion houleuse se terminerait en bagarre.

-          Non, faut que je lui parle.

-          J’ai rien à te dire, tenta Auxence, plus par provocation qu’autre chose, car il savait qu’il allait devoir affronter cet Idriss, tôt ou tard. Au moins, il connaissait son nom maintenant.

-          T’es sûr ? Parce que moi, j’ai des tas de choses très intéressantes à raconter si jamais.

Auxence se faisait prendre à son propre piège et il s’en mordait les doigts. L’idée d’un tête à tête avec Idriss ne lui plaisait pas du tout, mais il préférait cela plutôt que la révélation de son secret à tout le lycée, à commencer par Daegan ici présent, qui n’avait pas l’air de comprendre de quoi ils parlaient. Il jeta un coup d’œil vers Ephram, assis sur un banc, qui attendait patiemment que tout le monde se calme. Apparemment, il n’avait pas l’intention de prendre parti et de l’aider à se sortir de ce bourbier. Ils ne s’étaient pas reparlé depuis qu’ils s’étaient disputés. Jamais ils n’avaient été brouillés aussi longtemps, et cette situation attristait Auxence, mais comme toujours, il attendrait que son meilleur ami revienne vers lui.

-          C’est bon, on va discuter. Dans le couloir, finit-il par déclarer, à l’intention d’Idriss.

Il attrapa son sac, sous le regard étonné de Daegan, qui ne voyait pas l’utilité que pourraient avoir les  affaires de sport d’Auxence dans leur conversation. Puis il sortit des vestiaires, suivi de près par Idriss, dont la bouche s’étirait en un énorme sourire narquois. Ce dernier avait les mains dans les poches, et semblait très à l’aise, contrairement à Auxence, qui n’appréciait pas d’être en position d’infériorité. Ses mains tremblaient, tellement il était énervé et un peu stressé, mais il faisait tout pour le cacher. A aucun prix il ne se rabaisserait plus qu’il ne l’avait déjà fait, devant cet enfoiré. Question d’orgueil.

Au même moment, deux garçons se retrouvaient seuls dans les vestiaires.

-          Depuis quand ils se connaissent ? Demanda Daegan.

-          J’en sais rien, lui répondit Ephram, à moins que…

Il laissa sa phrase en suspens. Il était étonné, mais il avait bien une petite idée de l’origine de la rencontre entre Auxence et Idriss.

-          A moins que quoi ? Insista Daegan.

-          Rien, laisse tomber.

Il remarqua l’air d’incompréhension de son coéquipier, mais il ne lui en dit pas plus. Il n’avait pas besoin de savoir.

Dans le couloir, Auxence et Idriss se regardaient en chiens de faïence. Ce fut finalement le jeune homme aux étranges mèches bleues qui prit la parole, sans détour.

-          Tu les as faits ?

Auxence avait perdu sa semaine pour ça, mais oui, il les avait faits. Ca lui avait pris beaucoup plus de temps que pour les autres, alors qu’il ne recevrait rien en retour. Il avait à présent un énorme manque à combler, et ça n’allait pas être facile, surtout si Idriss ne le lâchait pas. Il sortit les exercices et les sujets photocopiés de son sac et les lui tendit, avant de retourner au vestiaire, non sans avoir donné un petit conseil à Idriss.
      -          Maintenant, tu dégages.


Contrairement à la semaine dernière, l'inspiration est revenue, pour notre plus grand plaisir et pour le votre, car on vous prépare plein de choses pour la suite de cette histoire ^^. Vous pourrez nous faire  confiance.
A la semaine prochaine..

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Samedi 3 mai 6 03 /05 /Mai 03:18

Le bruit de ses chaussures résonnant sur les sols cirés des couloirs du lycée, Auxence courait jusqu’aux vestiaires. Son sac se baladait dans tous les sens dans son dos. Arrivé aux vestiaires, le jeune homme ouvrit en grand la porte, ce qui fit sursauter tous les joueurs présents. Une tension palpable régnait parmi tous. C’était le premier match, peut être pas le plus important, mais celui-ci motiverait les joueurs pour le reste de la saison.

 

Auxence s’installa à côté d’Ephram, et se changea rapidement en enfilant son maillot rouge au chiffre six inscrit dans le dos. Il mit ses éternelles barrettes sur ses mèches volantes, avant de mettre les affaires qu’il n’utilisait pas dans son sac. La fermeture éclair se fit entendre tant il la tira vivement.

Il restait encore une petite dizaine de minutes avant que le match ne commence et que le coup d’envoi ne soit donné.

Le jeune homme s’assit sur le banc de bois foncé et souffla un bon coup. Il écarta ses doigts, les tournant de façon à se les faire craquer.  Il arrêta quand il sentit le regard de son meilleur ami peser sur lui. Il tourna la tête vers Ephram en lui jetant un regard  interrogatif.

-         Quoi ? Demanda Auxence, neutre.

-         Rien.

-         Si. Tu as quelque chose à dire, je le vois bien.

-         Tu l’as fait ?

-         Oui. J’ai tous les papiers qu’il me fallait.

-         J’espère.

-         Le coach est passé ?  

-         Non. Pas encore.

Avec le ton qu’il employait, le jeune homme faisait bien comprendre à Auxence qu’il n’aimait pas ce qu’il faisait, et encore moins le couvrir, mais il était son ami. Son meilleur ami depuis la petite enfance, partageant tout. Des petits secrets d’enfant jusqu’aux grandes douleurs.  

-         Tant mieux. Je sais que tu n’approuves pas, mais tout le monde y trouve son compte.

-         Il y a quelque chose que j’aimerais savoir.

-         Oui ?

-         Comment tu fais pour les avoir ? Les clés ?

-         Les profs me demandent souvent d’aller chercher, pour eux,  des papiers quelconques dans leur casier. Personne ne se méfie du petit surdoué, sauf que j’y ai vu un intérêt. J’ai demandé à un copain une boîte à empreintes, où j’ai pu dupliquer les clés.

Auxence eut un petit sourire satisfait en disant ça, et Ephram ne revenait pas du culot dont son ami faisait preuve. Il le pensait aussi gonflé, mais rien n’y faisait, le jeune homme ne cautionnait pas ce que faisait Auxence. Il allait lui dire quand le coach fit irruption dans les vestiaires, énervé, comme toujours lors des matchs. Il leur fit un long discours sur ce qu’il voulait voir pendant le match. Les nouveaux buvaient littéralement ses paroles, mais les anciens écoutaient d’une oreille passablement distraite. Avec une grande difficulté, les deux amis se retenaient de rire, surtout en croisant le regard de Daegan. Car le jeune homme pouvait se livrer à des imitations très acides du coach à ces moments-là.

Quand la musique se mit à résonner, les joueurs des deux équipes sortirent des vestiaires. Les gradins du gymnase étaient pleins à craquer de gens qui brandissaient des banderoles aux couleurs des équipes respectives.

Les pom-poms girls faisaient leur numéro sur les planches du parquet, ciré de frais, sous le regard de la plupart des hommes présents. Elles n’étaient pas vraiment choisies pour leur intellect, mais plus pour leur physique avantageux qui laissait peu d’hommes indifférents. Cinq minutes après, le match commença entre les deux équipes, Auxence et ses joueurs affrontaient l’équipe qui avait  gagné le championnat, l’an passé.

Les deux premières périodes furent douloureuses pour l’équipe d’Auxence. Ils étaient menés 32 à 12. Leurs adversaires menaient par un jeu rapide, jouant sur les grands joueurs et leurs forces musculaires. Après quelques changements, Auxence, Ephram, Daegan et deux autres petits joueurs rattrapèrent le retard en moins de temps qu’il ne fallait le dire, sous les hourras de la foule qui était principalement pour l’équipe du lycée. Dans la même foule, une personne regardait le match avec un intérêt grandissant, un léger sourire flottant sur ses fines lèvres rosées. Idriss ne regrettait finalement pas la pression de Daegan pour qu’il vienne voir ce fichu match. Le début de soirée se révélait riche. Plus riche qu’il ne l’aurait pensé.

Son regard noisette suivit le grand blond, qui croisait sa route ces jours-ci, et le vit mettre un panier juste avant que ça ne sonne la fin de la rencontre sportive. Les cris d’une foule en délire retentirent d’un seul coup, et nombreux étaient les gens qui descendaient sur le terrain pour féliciter les joueurs.

Ce bain de foule improvisé dura une bonne demi-heure, avant que les joueurs ne regagnent leur vestiaire pour prendre une douche salvatrice et se changer. Mais la soirée n’était pas finie. Comme à chaque victoire de l’équipe, une fête était improvisée dans l’immense propriété d’un des joueurs, à grand renfort de boissons alcoolisées en tout genre, sortant de nulle part.

Une heure du matin. Auxence naviguait de groupe en groupe, son verre en plastique empli de bière à la main. Sa tête  tournait légèrement à cause des vapeurs d’alcool, de cet alcool traître qu’était la bière. Même ceux qui tenaient bien pouvaient être bien, voire ivre, avec cette petite boisson anodine.

Pour chasser cette impression d’être comme dans du coton, Auxence sortit sur la terrasse pleine de monde, s’amusant autour ou dans la piscine. Des couples  se pelotaient sans honte devant tout le monde, mais personne n’y faisait attention.

Le jeune homme trouve un mur sur lequel il put s’adosser pour souffler un bon coup, laissant l’air de nuit s’insinuer dans son corps. C’était comme pour chasser une légère gueule de bois qui s’installait insidieusement. Trop occupé, il ne vit pas que quelqu’un s’était installé à côté de lui.

-         Alors, la tête blonde ne supporte pas l’alcool, dit une voix moqueuse.

Auxence tourna la tête sur le côté gauche pour voir le jeune homme aux pointes bleues qui lui avait fait deux doigts d’honneur au cours de la semaine. Une bouffée de colère montait en lui, mais son esprit était trop embrumé pour dire quoi que ce soit.

-         Je sais ton petit secret, dit Idriss en avalant le restant de son verre, qui contenait apparemment de la vodka pure.

-         Quoi ?

-         C’est fou ce qu’on peut faire dans la salle des profs.

Sur ce, Idriss partit en ayant une démarche nonchalante, laissant Auxence seul avec ses pensées.

 

Ce fut un mal de tête lancinant qui le réveilla au petit matin. Avec une grimace, Auxence ouvrit péniblement les paupières. Ce qu’il pouvait voir avec ses yeux, plein de sommeil, lui disait qu’il n’était pas dans sa chambre. Et quand les premières lueurs du soleil vinrent frapper son visage, il était sûr de ne pas être chez lui. Il tenta de se tourner dans ce lit qui n’était pas le sien, quand il se rendit compte qu’un bras était posé sur sa poitrine. Il tourna la tête pour voir la personne qui partageait le lit, et plus encore dans la nuit.

Il se dit que la jeune femme qui partageait ses draps n’était pas ce qu’il y avait de mieux. Il était déçu de son choix. Etre bourré  ne lui réussissait pas vraiment. Avec une lenteur calculée, il souleva le bras du bout des doigts, pour le poser sur le matelas couvert de blanc.   Le jeune homme sortit du lit et collecta un à un ses vêtements éparpillés pour se rhabiller. Au moment où il mit sa chemise, il eut une légère grimace de douleur. Il passa une main sur son omoplate où il sentit de petites croutes semblables à des griffures. Un léger sourire prit place sur ses lèvres.

Une fois habillé, il remarqua les trois  paquets ouverts de préservatifs, ainsi que les capotes usagées nouées. Auxence se fit la réflexion de ne plus boire pour se souvenir de ses ébats. Il sortit de la chambre en catimini pour rentrer  chez lui, prendre une bonne aspirine, une douche et faire une bonne sieste réparatrice. A quelques mètres de là, Idriss pensa la même chose quand il se réveilla aussi avec une fille dans le lit qu’il avait emprunté pour la courte nuit. La soirée s’était décidément montré pour lui très riche et fort appréciable. 

 

Le lendemain matin, Auxence arriva au lycée avec une petite avance. Le lundi était pour lui une courte journée de cours, la commençant à dix heures du matin pour la finir à deux heures et demi de l’après-midi. Comme à son habitude, il déambula dans les couloirs pour atteindre son casier et prendre les livres qu’il lui manquait pour son cours de physique. Au moment où il ferma son casier, il vit, derrière la porte, la secrétaire du proviseur. C’était une femme sèche et sévère, jusque dans la caricature, avec un chignon haut retenu par quelques épingles et un tailleur bleu marine. Cela la faisait paraître âgée d’une quinzaine d’années de plus que son âge véritable.

Avec sa voix cassante, elle pria le jeune homme de la suivre car le proviseur voulait le voir au plus vite. Pendant un instant, Auxence fut pris de panique. Les vapeurs d’alcool ne lui avaient pas fait oublié les mots qu’Idriss avait prononcés à la fête. Ils s’amusaient à danser dans sa tête. 

Pendant ce temps, Idriss se trouvait assis sur un banc plutôt inconfortable au secrétariat du lycée. Une autre élève de deux ans sa cadette était  assise et le regardait avec un intérêt non dissimulé. Le jeune homme s’en amusa et lui lança une œillade qui la fit rougir. Au même moment, un homme en charge des élèves et de leur présence dans l’établissement l’appela pour qu’il aille dans son bureau.

Idriss était convoqué pour son absentéisme répété ces dernières semaines, et des explications lui étaient demandées, mais le jeune homme répondit  par son silence. Pour lui, il n’avait pas à se justifier auprès de ces gens, les seules personnes à qui il était susceptible de s’expliquer étaient ses parents, quand ils feraient une apparition supérieure à un jour dans la demeure familiale. Idriss s’amusa de voir l’homme devenir rouge de colère, qui passa ses nerfs sur lui pendant une bonne dizaine de minutes, le priant forcement d’être plus souvent là. Cela l’indifférait au plus haut point.

Quand il fut enfin libéré, il passa devant le bureau du proviseur dont la porte était légèrement ouverte.

Son oreille saisit un bout de la conversation, qui l’intéressa fortement. Finalement, ça valait le coup d’être convoqué par moments. Un grand sourire naquit sur ses lèvres. Il avait trouvé quelque chose qui pouvait se montrer amusant, le sortant de la monotonie dans laquelle il s’était plongé ces derniers temps.

Idriss fourra ses mains dans les poches de son baggy kaki clair et sortit des bureaux de l’administration, mais il ne quitta pas pour autant cette partie du lycée dédiée à la paperasse. Il descendit les escaliers, la seule sortie possible, et se cala contre un mur.  Une dizaine de minutes plus tard, il vit apparaître un Auxence tout sourire, descendant les escaliers.

-         Alors, on est content d’avoir décroché deux bourses pour l’année prochaine.

-         Qu’est ce que ça peut te faire, petit con ? Dit Auxence qui avait tout perdu de son sourire.

Idriss se détacha de son mur pour se planter devant le jeune homme et le dominer du haut de leurs trois centimètres de différence.

-         Il serait dommage de les perdre bêtement, n’est-ce pas ?  A cause des vulgaires sujets de contrôles volés dans la salle des profs.

Pour la première fois, Auxence prit au sérieux ce que cette raclure, selon lui, venait de lui dire. Ainsi, Idriss l’avait vu. Il se demanda comment, avant de se rappeler qu’il avait laissé la porte légèrement ouverte, oubli de sa part. Au fur et à mesure de ses pensées, son visage blêmit, et Idriss s’en régala.

-         Je suppose que tu n’en as pas besoin, vu que selon le proviseur, tu as l’air d’un petit génie. Je pense plutôt que tu les revends. Ça doit être lucratif.

Le jeune sut qu’il avait tapé dans le mille, car Auxence ne répondait rien

-         Puisque tu sembles être un petit génie, tu vas faire mes devoirs et piquer mes sujets de contrôles sans rien demander, ou je te balance.


Nous nous excusons pour ce petit retard. Mais la motivation et l'inspiration ne sont pas toujours forcément au rendez-vous xD
Merci à toutes pour vos derniers coms, on est contente que l'histoire vous plaise, et on espère que vous aimerez cette suite autant que le reste.
Bisous à toutes.

 

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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