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Indicibles cruautés [terminée]

Jeudi 19 juin 4 19 /06 /Juin 00:02


Un merci et un claquement de porte furent tout qu’il entendit, plongé dans les brumes d’un sommeil encore présent. Dans le vaste lit aux arabesques et aux dorures fines, une forme aux allures de corps humain se mettait en position fœtale au cœur des grands draps blancs. Des sanglots se mirent à résonner dans la luxueuse chambre d’hôtel. Au bout d’une demi-heure, une tête aux cheveux blond cendré sortit de sa cachette. Des yeux rougis et bouffis par les larmes regardèrent la table de chevet où gisaient des  cadavres d’emballages de préservatifs.

D’un geste large du bras, il envoya tout voler. Les draps valsèrent pour s’écraser sur le sol et Auxence courut jusqu’à la salle de bains, où les toilettes accueillirent son repas de la veille. Des larmes silencieuses se remirent à dévaler ses joues. Il s’assit sur le carrelage froid et impersonnel, frissonnant de ce contact sous son fessier nu. Il mit plusieurs longues minutes avant de se calmer et de trainer son corps de sportif dans une cabine de verre pour prendre une douche. Il serra de toutes ses forces les deux robinets d’arrivée d’eau, puis les tourna à fond. S’il avait pu se noyer, il l’aurait fait mais il se contenta de laver son corps en le frottant au maximum, à en avoir la peau rougie par le crin du gant de toilette. L’odeur de l’olive du savon d’Alep s’était imprimée sur son épiderme martyrisé. 

Sorti de la douche aussi nu qu’il y était entré, il se saisit d’une grande serviette blanc crème dans laquelle il s’essuya rapidement, puis il alla dans la chambre  et le salon pour récupérer un à un ses vêtements éparpillés avec soin et vigueur et s’habilla soigneusement. Ses yeux se posèrent à nouveau sur les enveloppes brillantes de préservatifs. Le dégoût de lui-même et de ce qu’il s’était passé le secoua de nouveau. Il sortit rapidement de cette chambre maudite jusqu’à la réception qui était digne des plus grands hôtels et palaces de luxe avec un personnel en livré, une réception parlant de nombreuses langues.

Quand Auxence déposa la clé sur le comptoir de marbre noir zébré de fines trainées de blanc, le réceptionniste lui indiqua que la chambre avait été payée. Il sortit rapidement de l’hôtel, un soulagement passager l’étreignit quand il sut qu’il n’avait pas à dépenser son compte en banque pour payer, mais son état d’esprit redevint vite chaotique.

Des gouttes d’eau commencèrent à tomber pour former aussitôt un rideau de pluie, le forçant à courir sous le premier abri bus disponible. Dans son malheur il eut de la chance, car c’était la ligne qui le mena jusqu’à chez lui et que le bus arriva rapidement. Il monta, paya sa place avec le peu de monnaie qu’il avait en poche et s’installa au fond, seul avec ses pensées. La porte de chez lui n’était pas fermée. Il entendit son père faire racler une chaise dans la cuisine. Ses yeux portaient de petites cernes, signe qu’il n’avait pas dormi de la nuit, attendant le retour de son fils unique, son seul trésor.

Il était trempé par la pluie, ses minces vêtements n’étaient pas un vrai rempart. Il retira ses chaussures dans un bruit de succions pendant que son père regardait attentivement ce qu’il faisait, sans dire un mot.

Auxence leva ses yeux bleu-gris à la lueur triste.

-          Désolé, dit-il d’une voix faible.

-          Je sais Auxi mais évite de me faire du souci pour rien.

-          Désolé.

-          Et pense à ton portable.

Monsieur Teyssler sortit le téléphone portable d’Auxence de la poche de son pantalon de costume froissé par les heures assis à attendre son fils et le lui tendit par la dragonne. De la confusion se peigna sur le visage du jeune homme. Il se saisit de l’objet avant de se diriger vers sa chambre pour enfiler un pyjama chaud et se glisser sous son épaisse couette.

-          Tu as dormi où ?

-          Chez un copain.

-          Il y a une fille là-dessous ?

Ce fut ce que demanda le père qui avait suivi sa progéniture jusqu’à son antre. La fatigue et l’air triste qu’il affichait l’inquiétaient un peu mais il ne préférait pas en demander la raison. Auxence venait toujours lui raconter, à un moment où un autre, les soucis ou les problèmes qui le tracassaient, trouvant en son père une oreille attentive.

-          J’ai pas envie d’en parler.

-          Tu veux manger ou boire quelque chose de chaud ?

-          Non. Je voudrais juste me coucher et dormir.

-          Ok. Tu m’appelles si tu as besoin.

-          Oui si quelqu’un passe à la maison. Tu dis que je veux voir personne.

-          Dors bien.

Le père ferma doucement la porte. Auxence eut un soupir avant de se glisser dans son lit, savourant son confort et sa douceur, puis éteignit sa lampe de chevet qui sortait sa tête avec difficulté de sous les montagnes de livres posés sur cette petite table faite de bois de récupération. Une fois que l’obscurité eut prit sa place, Auxence s’enfouillât dans son cocon et se remit à pleurer, maudissant sa propre faiblesse et essayant de panser ses blessures physiques et morales. Sa faiblesse d’avoir cédé à Idriss, de l’avoir laissé faire et surtout d’avoir vibré de plaisir, de l’avoir crié, cela pendant quatre fois. Ses pleurs se tarirent  quand le sommeil se décida à frapper à sa porte pour le pousser dans le monde des rêves.

Il passa tout le weekend cloîtré dans sa chambre, ne sortant que pour manger et regarder à la télé du salon, ses programmes préférés. Son père suivait avec une attention particulière les mouvements de son fils. Un bleu était apparu sur sa pommette gauche, des marques rouges dans son cou  donnaient l’impression que son corps était passé sous un camion. Il ne fit aucun commentaire malgré une certaine curiosité. Curiosité qui se trouva agrandie quand Ephram passa chez eux pour voir absolument Auxence.

Le jeune homme avait la tête de quelqu’un qui avait une gueule de bois et qui cherchait à savoir ce qu’il avait fait, la veille au soir. Des bribes lui étaient revenues, se voyant embrasser Daegan passionnément mais il ne savait pas quoi en penser. De la rougeur et une légère gène se lisait sur son visage mais il voulait en parler à son meilleur ami. Peut être que cet épisode serait infirmé mais Auxence refusa de le voir catégoriquement.

 

Sous une pluie aussi battante, le lundi arriva en inaugurant une nouvelle semaine de cours et de travail. C’était une semaine comme les autres pour beaucoup mais nouvelle pour d’autres à cause de certaines choses passées dans un court laps d’heures.

Entendant religieusement le cours d’Histoire, Auxence prenait des notes fébrilement, son stylo accroché aux paroles du professeur. Il n’avait pas décroché un mot depuis les deux premières heures de la journée, même pas à Ephram qui était assis à côté de lui. Celui-ci tenta de lui passer un petit mot de papier, arraché au bas de sa feuille de cours en espérant qu’Auxence sorte de son mutisme pour écrire quelques mots. Son ami plongea la main dans sa trousse de toile bleue pour en sortir un stylo feutre rouge, avec lequel il barra le mot d’un « pas envie de parler ». Ephram eut un regard déçu avant de glisser le bout de papier dans une poche de jean, puis se perdit dans ses pensées, facilité par la voix monocorde du professeur d’Histoire.

A dix heures, heure où l’intercours était le plus important, Auxence alla se réfugier dans la grande bibliothèque du lycée pour une heure de permanence qu’il transforma en heure de travail intensif pour éviter de penser à son week-end,  mais la minuscule bulle de calme qu’il avait réussi à se créer vola en éclat quand une petite pile de feuilles maintenue par un trombone tomba devant son nez. Il leva les yeux pour voir Idriss se tenir devant lui, habillé comme à son habitude, ses piercings identiques à ceux de la semaine précédente, l’acier brillant comme l’argent, un petit sourire s’étant égaré sur les traits de son visage.

-          Qu’est-ce que tu veux ? demanda un Auxence qui se voulait le plus désagréable possible, cherchant un moyen de lui faire payer la nuit qu’ils avaient passé ensemble.

-          Tu peux me faire ça pour samedi ?

Pour la première fois, Idriss n’usa pas d’un ton impératif pour exercer son chantage mais la demande restait la même.

-          Hors de question.

-          Bon, je me rends de ce pas chez notre cher proviseur. Je pense qu’il sera content de me voir.

-          Non. Je vais le faire, lâcha Auxence.

Il avait pensé que ce chantage ne tenait plus, mais Idriss sembla faire comme si rien ne s’était passé, un instant inconnu dans sa mémoire.

-          Je vais le faire mais j’aimerais que tu dégages pour un long moment de ma vue.

-          Mais oui. A samedi.

Idriss partit sous les yeux brûlants de fureur d’Auxence, renforcée par les regards doux que les jeunes femmes présentes dans ce havre de paix lançaient à leur camarade aux cheveux de pointes bleues. Auxence avait envie de crier un bon coup, pour chasser tout ce qui empoisonnait son esprit.  Au lieu de ça, il se saisit du paquet de papiers qu’il glissa au dernier intercalaire de son trieur. Il s’en occuperait plus tard, sans doute demain, après son entrainement de basket. En y pensant, une peur lui tordit le ventre. Les coéquipiers allaient lui poser des questions dans les vestiaires. Le trafic s’était arrêté et encore il avait une explication simple et répondrait aux questions.  De plus, son carnet de compte lui empêcherait tout autre chantage. Mais c’était surtout des marques de son corps, stigmates d’une nuit volée, douloureuse et passionnée, dont il avait peur qu’on lui pose des questions. Tant pis, il viendrait déjà changer, voulant s’éviter une honte supplémentaire. Après cette réflexion, il se remit à travailler pour avancer son programme et se préparer pour les tests d’entrée de certaines universités.

 

De la musique filtrait dans toutes les pièces de la maison. Une musique à la fois douce et mélancolique, qui parle au plus profond de soi. Le son monta brusquement et L’Adagio du concerto d’Aranjuez se mit à faire courir ses notes de désespoir dans ce seul lieu habité qu’était le salon.

Assis en tailleur sur l’imposant tapis persan noir et rouge qui couvrait une grande partie du parquet de cette pièce, Idriss tenait par le col une bouteille de whisky de quinze ans d’âge. Faisant glisser les dernières gouttes de l’alcool dans sa bouche et sa gorge, Idriss finit sa deuxième bouteille. Il la déposa à côté de la précédente avant d’en prendre une autre, une bouteille de chartreuse mais il arrêta son geste quand il regarda en face de lui.  

Etalées en face de lui, sur le même tapis, une vingtaine de copies double toutes rédigées dans une écriture soignée et régulière mais barrée en travers par d’autres mots au stylo feutre rouge vif. Connard, salop et autres insultes aussi virulentes les unes que les autres, voilà ce qui était écrit. Idriss reconnaissait sans peine l’écriture d’Auxence et cela lui mettait comme un coup au cœur. Pourtant il ne l’avait pas volé, il le savait mais il avait espéré que ce soit oublié. Et comme à son habitude quand quelque chose n’allait pas dans le sens où il voulait, il buvait plus que de raison. Mais ce soir, l’alcool avait un effet pervers.

Depuis une minute, des larmes sortaient de ses yeux pour finir leur course sur le baggy en jean qu’il portait. Puis des sanglots se mirent à secouer son corps sans qu’il puisse les arrêter. Il tomba sur le côté et commença à pleurer à chaudes larmes sans s’arrêter, se trouvant tout à coup minable.

La porte d’entrée s’ouvrit, laissant passer Ceylan vêtue d’une robe de soirée mauve et d’un épais manteau. Elle rentrait juste d’une soirée d’anniversaire chic d’un ami, où elle s’était follement amusée et c’était avec le sourire qu’elle déposa les affaires sur une desserte dans le hall d’entrée.

Elle perdit vite sa bonne humeur quand des notes du concerto parvinrent à ses oreilles. Elle courut dans le salon pour voir son grand frère, sanglotant tout ce qu’il savait, des bouteilles et des feuilles de papiers à côté de lui.

Elle eut un profond soupir de désespoir face à ce qu’elle voyait : son frère qui avait l’art de lui gâcher une soirée. La première chose qu’elle fit, ce fut de prendre toutes les bouteilles, vides ou pleines et de les mettre hors de portée. La deuxième chose fut d’arrêter le cd qui tournait en boucle dans la chaîne hi-fi.

Idriss sembla se rendre compte que quelqu’un s’agitait autour de lui et que c’était sa sœur.

-          Dis, petite sœur. Tu crois que je suis un connard ?

-          Bien que ça dépende de quel point de vue on se place, mais oui. Tu peux être un vrai connard.

Les sanglots d’Idriss redoublèrent.

-          Allez, bouge-toi. Je vais te coucher.

Elle quitta ses chaussures à talons qu’elle posa délicatement sur un fauteuil. Elle le souleva et lui fit passer un bras autour de son cou pour le trainer jusqu’à sa chambre. Il ne l’aidait pas et continuait de pleurer. Lamentable, fut ce qu’elle pensa de son frère à cet instant. Une demi-heure après, elle avait couché le jeune homme et se retrouvait en bas à se faire une tisane à la verveine bien mérité. Elle ne put s’empêcher de ramasser les copies et de lire de qui avait été marqué.

Intérieurement, elle félicita la personne qui avait écrit cela car il avait envoyé ses quatre vérités à Idriss. Cela ne lui faisait pas de mal de redescendre sur terre. 

 

Et voilà, encore un nouveau chapitre qui n'est pas un lemon comme on nous l'a donné. Ne sont-ils pas très cons nos personnages ? Nous attaquons la deuxième partie de l'histoire dans la bonne humeur et notre connerie habituelle. 
Gros bisous à tous et à toutes....   

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Jeudi 12 juin 4 12 /06 /Juin 00:15


Dans la nuit plus que fraîche, deux personnes sans blousons pour les protéger du froid, marchaient rapidement pour rejoindre un point bien précis. En y regardant plus attentivement, on pouvait reconnaître un jeune homme aux cheveux bruns méchés de bleu trainant de force un autre jeune homme aux cheveux blonds. Les deux se criaient dessus sans faire attention à ce que disait l’autre, attirant le regard des quelques rares passants encore présents à cette heure très avancée de la nuit. Quelques minutes plus tôt, Idriss avait tiré son téléphone portable d’une poche de sa seule main de libre. 

Auxence ne comprit rien à la conversation qui ne fut que ponctuée par des phrases très courtes qui n’avaient pas de sens entre elles. Mais une chose est sûre. Au moment de raccrocher, l’emprise sur son poignet s’était faite plus forte, presque au point de lui briser les os. Malgré cela, il continuait à vociférer des injures à Idriss qui lui en rendait tout autant. Chacun avait quelque chose à reprocher à l’autre, ne sachant pas que faire des interrogations qui s’agitaient dans leur esprit.

Idriss continua à trainer son jouet  pendant une demi-heure avant de prendre une rue d’aspect plutôt sordide. Quelques éclats de voix semblables à des rires faisaient échos contre les murs salis par la  pollution et le temps passant. C’étaient cinq hommes et femmes en tenue impeccable de serveurs qui fumaient une cigarette dehors, avant d’entreprendre le ménage pour fermer le restaurant de luxe dans lequel ils travaillaient.  Idriss, tenant toujours Auxence par le poignet, les salua poliment avant de demander si on ne lui avait pas laissé quelque chose.

-          Si, monsieur Guirot a laissé une enveloppe pour vous, au comptoir des maîtres-hôtel, avec ce que vous avez demandé. Vous pouvez prendre l’ascenseur de service, à côté de la blanchisserie, dit une serveuse, recrachant une bouffé de fumée et dévorant des yeux Auxence, qui paraissait bien être à son goût.

-          Merci, répondit Idriss, sec.

Passant entre ces jeunes gens, les deux lycéens entrèrent dans une immense cuisine, où toutes les proportions semblaient être adaptées à des géants. Idriss trouva le contenant de papier à l’endroit désigné et lâcha son amusement préféré pour regarder ce qu’il y avait à l’intérieur. Il se tourna vers Auxence en lui faisant le premier sourire de la soirée et glissa un objet dans une poche avant de son baggy de soirée noir. Puis il se saisit de nouveau du jeune homme par le poignet pour le mener à un vieil ascenseur de service qui sentait le vieux bois et la mécanique d’époque. Un violent soubresaut se fit sentir quand Idriss appuya sur le bouton du quatrième, qui était apparemment aussi le dernier étage de ce lieu inconnu et étranger à Auxence. Celui-ci se demandait dans quoi il était en train de mettre les pieds.

Il avait cherché à avoir un début de réponse auprès de son bourreau, comme il le surnommait au cours de cette soirée, mais le regard meurtrier que lui avait envoyé Idriss avait coupé court à toute discussion civilisée entre eux. S’il y en avait déjà eu une un jour.

Quand l’engin de mort arriva à sa destination, au dernier étage, ils sortirent dans un couloir d’une grande richesse. Les murs étaient blancs et les appliques sur le haut et le bas de ceux-ci étaient dorés ou argenté avec de la vraie matière. Leurs chaussures s’enfonçaient dans une moquette épaisse taupe clair, emmenant un sentiment de chaleur et de confort. Les meubles disposés ça et là, ajoutaient une touche de raffinement dont le couloir manquait.

Mais Idriss n’avait que faire de ces détails inutiles à ses yeux et, continuant à trainer Auxence à sa suite, ils longèrent une succession de portes avant de s’arrêter net devant l’une d’entre elles. Il sortit l’objet qu’il avait mis dans sa poche quelques instants plus tôt. C’était une clé, finement ouvragée avec un numéro dessus, correspondant au même que celui marqué sur la poignée de la porte.

À ce moment-là, Auxence réalisa qu’ils se trouvaient dans un hôtel, de plus de luxe à en juger par la décoration. Il demanda ce qu’ils faisaient ici, pourquoi Idriss l’avait emmené dans ce lieu. Mais il ne poussa pas plus loin sa réflexion, car son jeune maître-chanteur le tirait déjà à l’intérieur.

Ses yeux se promenèrent un court instant sur ce qui semblait être une petite suite des plus luxueuses. La porte claqua et un clic se fit entendre.

Auxence se trouva tiré en arrière, plaqué violemment sur la surface de bois peinte de blanc avec Idriss qui lui bloquait toute tentative, même illusoire, de fuite. Il se rendit compte que la musculature d’Idriss, comparable à la sienne, n’était pas là pour faire belle impression  et que sa force était réelle et douloureuse. Le jeune homme le fixa  d’un regard neutre, semblant hésiter pendant quelques brèves secondes avant d’abattre brusquement ses lèvres sur celles de son jouet.

Auxence, écarquilla les yeux aussi grands que possible, surpris par la tournure étrange que prenaient les événements. Idriss lui mordait la lèvre inférieure  pour le forcer à ouvrir la bouche mais tout ce qu’il reçut fut un coup de tibia entre les jambes car Auxence se débattait  pour échapper à cette étreinte qu’il ne voulait pas. Cette chose ne le faisait pas rire. Le fait qu’Idriss l’embrasse ne le faisait vraiment pas rire.

Idriss s’écarta de lui sous le coup de la douleur des coups que l’autre lui avait donné. Il passa un pouce sur ses lèvres rougies de sang.

-          Ca va pas bien dans ta tête ? cria Auxence.

-          Si. Très bien.

-          Là, ça m’amuse pas du tout.

-          En aucun cas, je ne m’amuse. C’est tout ce qu’il y a de plus sérieux.

Le visage inhabituellement neutre d’Idriss acheva Auxence et lui confirma la pensée comme quoi le jeune homme avait un sérieux problème mental.

      -     Je croyais qu’aux dernières nouvelles, tu en étais à te payer les dernières putes du lycée. Non les mecs.

      -     Tu es plutôt bien informé, répliqua Idriss avec un petit sourire sadique.

Auxence se mordit la langue, rouvrant les légères blessures que lui avait infligées le jeune homme quelques instants auparavant, comme s’il avait dit une phrase qu’il voulait garder pour lui. Sa main droite se posa sur la poignée de la porte qui le maintenait prisonnier d’Idriss et de ses pulsions dont il ne voulait pas faire les frais une fois de plus, et chercha à l’ouvrir mais sans succès. Il se tourna pour essayer de forcer sur la poignée de toutes ses forces pendant quelques minutes avant de regarder de nouveau Idriss et avoir une bouffée de colère. Celui-ci était toujours aussi souriant et agitait au-dessus de sa tête la clé de la suite dans laquelle ils se trouvaient.

Auxence serra ses poings avec force, tellement qu’il se mit à saigner, puis avança vers Idriss afin d’attraper ce maudit objet.  Il avait beau sauter et sauter encore, il n’arrivait pas à la saisir à cause de leurs quelques centimètres de différence.

Quand Auxence arrêta son manège, il remarqua que son visage était trop proche de celui d’Idriss. Il voulut s’en éloigner mais une main ferme et puissante s’était déjà glissée derrière sa nuque pour l’attirer plus à lui afin de pouvoir l’embrasser de nouveau, de la même façon. Ce second baiser ne dura pas : Auxence lui envoya un coup de poing dans la mâchoire de toutes ses forces. Ceci fit lâcher la pauvre clé qui n’avait rien demandé à personne, la projetant sous une commode de style empire. Les yeux du jeune homme avaient suivi ce voyage et il se baissait déjà pour l’attraper, pensant avoir sonné son tortionnaire. Aussitôt qu’il eut posé un genou à terre pour chercher l’objet, une main se saisit de son épaule et le projeta dos contre la moquette. Bien que celle-ci amortisse le choc, une onde de douleur courut le long de son dos. Idriss s’installa à califourchon sur lui au niveau du bassin et se mit à lui frapper le visage. Auxence répondait à chacun de ses coups tant bien que mal. Idriss lui pesait dessus.

Cette bataille de poings dura de très longues minutes,  jusqu’à ce qu’Idriss pose ses mains sur le cou d’Auxence et se mette à le serrer lentement. Les yeux du jeune homme s’exorbitèrent avant de se fermer. Les doigts continuèrent à lui enserrer ce morceau de chair et les lèvres d’Idriss se posèrent à nouveau sur les siennes,  avec plus de douceur. Ce ne furent pas des dents qui réclamèrent l’entrée de sa bouche mais un bout de langue plutôt timide. Sans en prendre vraiment conscience, Auxence lui céda le passage et se mêla à ce baiser exigeant. Une danse à laquelle chacun des deux voulaient avoir le dessus. Ce fut à bout de souffle que ces deux forts caractères se séparèrent. Auxence ne comprit pas pourquoi il avait tout d’un coup laissé faire Idriss. Et il devait concéder à l’animal qu’il savait très bien embrasser et que cette boule d’acier au milieu de la langue ajoutait un petit quelque chose.

-          Tu as cédé…

-          C’est ça. Là, j’ai définitivement la confirmation que tu es gay, dit Auxence, la mesquinerie au bout des lèvres.  C’était à prévoir après le coup du magazine gay.

-          Non pas du tout. Et depuis, tu t’es bien laissé faire pour quelqu’un qui a mis des coups de poings au début.

En disant cela, Idriss passa sa langue  sur ses lèvres, faisant preuve d’une sensualité plutôt insoupçonnée chez lui. Ses yeux se mirent à s’animer d’une lueur perverse, celle qu’il avait quand une nouvelle proie féminine passait sous ses yeux. Sauf qu’à ce moment-là, sa nouvelle proie n’avait rien d’habituel et qu’il la lui fallait absolument. C’était une obsession qui montait de jour en jour  et qu’il avait voulu réprimer une dernière fois, dans une vaine et lamentable tentative de se convaincre du contraire.

La jalousie de voir ces filles tourner autour d’Auxence et l’envie de poser les mains sur ce corps,  l’avait dévoré toute la soirée.

Idriss passa  une main douce sur les cheveux dorés de son jouet avant d’y enfoncer les doigts au moment de l’embrasser encore une fois. Son autre main trouva un passage discret sous la chemise noire d’Auxence pour se perdre sur le flan gauche du jeune homme. Puis ses doigts remontèrent petit à petit pour prendre un petit bout de chair entre ses doigts et le tordre dans tous les sens. 

Cette attention fit réagir Auxence qui bougea dans tout les sens pour se libérer.

-          Tu es à moi, murmura Idriss au creux de son oreille d’une voix qui trahissait son excitation.

Par ailleurs, son jouet pouvait sentir le membre dressé du jeune homme contre son bassin, mais il n’était pas d’accord avec la tournure que prenaient les événements. Il n’était pas excité pour deux sous, ce que remarqua vite Idriss qui lui attrapa les poignets d’une main pour les lui mettre au-dessus de la tête.

Son autre main continuait à parcourir les muscles façonnés par des années de basket.  

-          Dégage de là.

-          Non.

-          S’il te plait.

-          Tu auras ma jalousie sur ton corps de quelque façon que ce soit.

Tout en disant ces deniers mots, Idriss rétracta ses doigts telles des serres, et marqua le torse de ses ongles enfoncés dans la peau, comme pour le marquer de sa colère, de sa fascination et de son envie. Puis il déplaça des doigts pour les poser sur le premier bouton fermé de la chemise noire d’Auxence afin de les défaire avec application et précision, l’expérience parlant pour lui.

Ce fut à ce moment-là qu’Auxence vit son souffle devenir plus brusque, plus profond, plus entrecoupé.  Ses muscles tremblaient, ses organes internes faisaient une danse qui lui donnait l’impression d’être vides.

Alors qu’Idriss léchait les blessures qu’Auxence s’était lui-même infligé, ce dernier sentit une main se glisser sournoisement jusqu’au bouton de métal de son jean qui retenait un bagage qu’Idriss voulait retirer. Le bouton sauta. Quelle ne fut pas sa surprise de sentir une légère bosse sous ce jean blanc quand sa paume se posa dessus, et d’entendre un petit gémissement plaintif. 

Idriss eut un grand sourire, pensant que son jouet  n’était pas aussi insensible qu’il le pensait. Malgré son dégout de toucher quelqu’un d’autre que lui, Idriss se glissa sous le boxer prendre un membre semi-dressé et le caressa comme il aimait faire sur lui-même. Et la réaction ne se fit pas attendre.

Un corps qui se cambre et des bruits retenus seulement par des dents qui mordaient avec rage, des lèvres déjà meurtries par des échanges précédents. Il s’arrêta après l’avoir bien faite gonflée et remit soigneusement le boxer blanc bordé de noir sur celle-ci avant d’embrasser de nouveau Auxence avec une envie folle. Il finit par lui délier les mains pour les passer entre le dos et la moquette, voulant le serrer fort contre lui, mais il n’avait pas prévu qu’Auxence n’attendait que ça pour prendre le dessus sur lui.

Celui-ci le jeta à côté de lui et le chevaucha, les cheveux en bataille, le visage en colère, la chemise ouverte et le pantalon défait, laissant voir une érection impressionnante. Son souffle était court, toujours sous l’effet des soins prodigués par son maître-chanteur aux cheveux ourlés de bleu électrique.

Idriss se demanda un instant ce qu’il allait faire ; il s’attentait à un autre coup de poing. Un parmi tant d’autres. Et sa réponse fut très loin d’être celle qu’il pensait.

Auxence attrapa les bords du fin pull noir du jeune homme et le tee-shirt en dessous, pour les lui retirer de force, quitte à les déchirer s’ils lui résistaient. Ses vêtements furent jetés sur un meuble avant qu’il sente qu’Auxence commençait son feuillage en déboutonnant et retirant son baggy avec peine, à cause des chaussures qu’il portait. Mais ceux-ci ne furent bientôt plus que de l’histoire ancienne, comme les autres.

-          Eh, fit Idriss en se relevant.

Auxence glissa sur ses jambes, quittant le bassin sur lequel il avait élu domicile pour déshabiller le jeune homme. Celui-ci passa une main autoritaire derrière sa nuque afin de l’embrasser violement de nouveau.

-          Tu sembles bien pressé pour quelqu’un que je répugne, lâcha Idriss à bout de souffle.

Sa main retrouva le chemin du boxer et de ce membre qui criait pour qu’on s’occupe de lui. Il le descendit un peu pour se mettre à le masturber brusquement à l’image du désir qui consumait son cerveau à ce moment précis.  Auxence baissa la tête, fermant les yeux et respirant bruyamment sous cette action. Puis, ne voulant pas laisser la draguée haute à son adversaire, il déposa ses mains sur le poitrail musclé, plus qu’il le pensait, descendit jusqu’à un élastique noir, qui fut un bien maigre barrage. Auxence se saisit de la verge tendue de son compagnon, si on pouvait l’appeler comme cela, et fit comme lui.

Après s’être retenu en serrant leurs bouches, les petits cris de plaisir se firent échos jusqu’à un puissant  râle de délivrance qui vit leurs spermes couler sur leurs doigts. Pendant qu’ils reprenaient leurs esprits, encore sous l’effet de ce petit plaisir, Idriss fit descendre lentement sa main, le long de la colonne vertébrale d’Auxence pour la loger entre le jean blanc et le boxer, lui malaxant et pinçant une fesse de la paume de sa main. 

Son excitation refit rapidement surface  sous ce touché plaisant, appréciant les formes fermes et pleines qu’il avait. Soudain, au cœur de sa réflexion, il enleva la chemise de son jouet et le souleva pour l’allongea sur le flanc gauche. Celui-ci se laissa faire telle une poupée de chiffon encore dans les brumes du plaisir. Son pantalon et son boxer le quittèrent doucement, des doigts caressant cette peau libérée du tissu. Une fois ce petit exercice délectable fini, Idriss se déplaça derrière lui, remarquant la présence d’un tatouage en forme de croix celtique, niché sur le rein droit. Il en dessina les contours du bout de sa langue et de ses doigts, avant de le coller à lui, ses bras l’enlaçant et son pénis à la naissance du postérieur de son compagnon.

Il sentit qu’Auxence reprenait ses esprits au moment où il passait une jambe entre les siennes pour les maintenir écrasées. D’une main, il baissa un peu son boxer, prit son appendice en main pour le glisser entre les rails des fesses pour y trouver son anus dans lequel il se glissa avec quelques difficultés. En voulant forcer, il donna un coup de rein sec qui le fit entrer totalement et profondément. Auxence poussa un grand cri guttural, se cambrant en arrière avant de se replier en avant, crispé sous la douleur effroyable que venait de lui faire subir Idriss.

Le jeune homme ne comprit pas cette réaction. Il avait pourtant lu le magazine gay qu’il avait fait prendre à Auxence : il était marqué qu’il devait tout de suite prendre du plaisir ainsi que son compagnon. Une pensée traversa son esprit embrumé par cet étau de chair qui le comprimait, comme quoi il avait du oublier de faire quelque chose comme par exemple de le préparer.

-          Enlève-la, dit Auxence d’une petite voix.

Cette supplique mit un coup au cœur du jeune homme mais il n’avait en aucun cas envie de se retirer. Il voulait Auxence. Il le voulait entièrement, le marquer dans sa chair et son esprit. Il se courba légèrement pour lui souffler sur la nuque, mordiller le lobe de son oreille et rouler contre elle sa boule d’acier, caresser ses cotes et sa poitrine. Mais Auxence ne se calma que très peu.

Idriss tenta de bouger un peu, mais il n’obtenu comme résultat qu’un cri plaintif. Pourtant il continua de petits mouvements, aimant la sensation. Ses mots rassurant filèrent de ses lèvres pour entrer dans l’oreille de son amant, voulant le rassurer et lui jurant qu’il ne voulait pas lui faire de mal.

Pendant dix très longues minutes, ce rituel continua avant qu’une main d’homme mais frêle à cet instant prit place sur son fessier. Bien qu’Auxence semblait toujours souffrir de sa présence, il accepta cet acte sexuel et demanda implicitement à Idriss de faire son affaire. Le jeune homme ne se gêna pas, pouvant enfin libérer ses ardeurs. Le rythme changea passant du lent au rapide et inversement, cherchant un plaisir qu’il savait succulent.

Puis un léger gémissement du plaisir se fit entendre de la part d’Auxence, rejoignant ceux d’Idriss. Celui-ci, proche d’un orgasme dévastateur, décida qu’Auxence devait prendre autant de plaisir que lui et se saisit du pénis dressé pour lui imprimer le même mouvement que ses reins.

Leur libération fut douloureuse mais au combien salvatrice, les laissant vidés et en proie à une respiration erratique.  Idriss se retira et s’allongea dos au sol, savourant son plaisir et la douceur de la moquette. Il resta ainsi un bon quart d’heure, mais regrettant le silence lourd de celui qui était passé de jouet à amant jusqu’à ce qu’il voie Auxence au-dessus de lui.

Les choses étaient loin d’être finies entre eux, quitte à s’en mordre les doigts après.


Voici le chapitre que beaucoup de monde attendait. On espère que vous n'êtes pas déçues. Nos délires ont disparu, car Perri n'est plus chez Joy, mais ils reviendront, tôt ou tard. Après ce court séjour, l'entente n'est que meilleure. Les auteurs s'adorent, au point d'avoir prévu de quoi co-écrire pour les six mois à venir. Bisous à tous (s'il y a qui passent) et à toutes...

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Jeudi 5 juin 4 05 /06 /Juin 03:49


Pendant deux semaines, Idriss continua son chantage. Ses exigences étaient restées les mêmes : Auxence lui faisait ses tous ses devoirs et lui donnait tous les sujets qu’il voulait, et il ne lui donnait rien en échange. Mais hormis quelques feuilles échangées, il n’y avait plus aucun contact entre eux. Depuis le coup de la librairie, ils s’ignoraient presque, ne se parlant que lorsqu’ils n’avaient pas le choix. Auxence était à bout, et il lui en faudrait peu pour s’énerver si Idriss lui adressait trop souvent la parole. Mais ce dernier ne semblait pas être d’humeur à discuter avec le jeune homme qu’il faisait chanter. Il préférait à présent l’éviter, la présence d’Auxence ayant des effets néfastes sur ses pensées.

Pourtant, il ne put s’empêcher d’engager la conversation avec lui, un froid matin de décembre. Son jouet lui manquait, il s’ennuyait.

Un mardi matin, alors que le temps ne s’y prêtait pas du tout, Idriss sécha les cours pour aller faire un tour au centre-ville. Il passa chez lui pour prendre de quoi s’amuser, et alla attraper un bus. Une fois arrivé à destination, il décida d’appeler Auxence afin que celui-ci le rejoigne, car tout seul, il ne trouvait aucune occupation. Obliger le blond à l’accompagner serait une bien meilleure occupation que flâner dans les rues, surtout avec ce qu’il avait prévu.

Malgré quelques réticences, Auxence céda après seulement quelques minutes. Il quitta le lycée alors qu’il lui restait encore plusieurs heures de cours et il retrouva Idriss devant le bar dont le brun lui avait donné le nom. Il accepta d’aller s’asseoir à une table, tout en restant méfiant.

-          Tu m’as pas appelé pour m’inviter à boire un coup ? Demanda-t-il à Idriss.

-          Si. D’ailleurs, je vais aller me commander un chocolat viennois. Tu veux quoi ?

Etonné, Auxence hésita un moment avant de répondre, mais devant le regard insistant d’Idriss, il capitula, craignant malgré tout un mauvais coup.

-          Un capuccino.

Idriss ne fit pas de remarque sur le ton brusque d’Auxence. Pas de politesse, pas de douceur. Ils se parlaient ainsi, et ça leur convenait. Il se leva pour aller passer leur commande au comptoir, un sourire vainqueur au bout des lèvres. Cette fois, ça allait être au tour d’Auxence d’avoir l’air ridicule. L’incident à la librairie n’avait pas eu l’effet escompté, mais il allait prendre sa revanche. Aujourd’hui.

 

Quand il eut récupéré et payé les deux boissons, il alla les poser sur une table vide, à l’abri des regards, et surtout de celui d’Auxence. Il fouilla dans les poches de son baggy noir pour en sortir une ampoule qu’il avait protégée pour ne pas qu’elle se brise dans son pantalon. Il en cassa les deux bouts, avant de verser le liquide dans le gobelet d’Auxence. Il alla jeter les morceaux de verre dans une poubelle, puis il alla rejoindre le blond, après avoir attrapé les boissons.

Il tendit le capuccino à Auxence, qui l’observa, suspicieux, mais ne fit aucun commentaire. De toute façon, il n’avait pas le choix. Il pouvait déjà être content de ne pas l’avoir eu sur le dos pendant quinze jours. La période de répit était finie, Idriss et ses stupides lubies reprenaient du service. Il commença à boire, sous l’œil du brun, qui n’en loupait pas une miette, sans pour autant laisser transparaître une quelconque émotion sur son visage.

-          Tiens, Dris, intervint une voix, alors qu’ils se regardaient en chien de faïence.

-          Marilyn, dit simplement Idriss, en reconnaissant sa meilleure amie.

-          Qu’est-ce que vous faites là ?

-          Bah on boit un coup, ça se voit pas ?

-          Toujours aussi aimable, mon chou.

Il n’y avait plus aucune chaise de libre autour d’eux, alors elle s’assit sans autorisation sur les genoux d’Idriss, qui la repoussa au premier abord, pour ensuite la serrer plus fermement contre lui, ayant aperçu le regard meurtrier qu’Auxence lui jetait, et voulant le faire enrager un peu plus, sans vraiment comprendre ce qui pouvait le gêner dans cette situation. Le blond se posait aussi des questions. Il se demandait pourquoi il avait ressenti un pincement au cœur lorsque cette Marilyn s’était approchée d’un peu trop près de son pire ennemi. Mais il n’eut pas le temps d’approfondir ses pensées, car la jeune femme reprit la parole.

-          Tu veux pas aller me chercher un café Dris ?

-          Et puis quoi encore, je suis pas ta boniche.

Marilyn ne sembla pas offusquée par la façon dont Idriss lui parlait. Au contraire, elle riait, ce qui n’était pas le cas d’Auxence, qui s’étonnait de plus en plus du comportement du brun. Il avait accepté d’aller chercher à boire pour lui, mais pas pour son amie, et ce n’était pas normal. Vraiment pas normal. Il avait beau chercher le piège, il ne le trouvait pas, et ça l’énervait.

-          Au fait Dris, tu nous présentes pas ? Demanda Marilyn, faisant revenir Auxence sur terre.

-          Marilyn, Auxence. Auxence, Marilyn, lança Idriss.

-          Un ami à toi ? Tu me l’avais jamais présenté.

-          Non.

-          T’aurais dû ! Il est vachement mignon.

Auxence se sentit un peu mal à l’aise après ce compliment, mais il n’en montra rien, de même qu’Idriss, qui restait figé, tel un bloc de glace, comme il en avait l’habitude. Pourtant, une simple phrase réussit à les déstabiliser.

-          Si j’étais toi, j’aurais déjà tourné gay.

Un lourd silence suivit cette déclaration, rapidement brisé par Idriss, qui ne pouvait décidément pas perdre de sa superbe devant le garçon qu’il était sensé mépriser.

-          Dis pas de conneries Mari.

Qu’elle sonnait mal cette phrase dans sa bouche. Il s’en rendait compte, mais visiblement, les deux autres ne remarquaient rien, ce qui le soulagea. Depuis l’arrivée de son amie, Auxence n’avait pas dit un mot, mais divers sentiments avaient traversé son regard et déformé son visage. S’il y avait tout d’abord fait attention, Idriss préféra par la suite arrêter de l’observer, car le blond le troublait plus qu’il ne voulait se l’avouer.

Se sentant de trop, et en ayant marre de ce petit rendez vous improvisé, Auxence se leva brusquement. Sans explication, il s’en alla, sous le regard étonné des deux compères encore assis sur leur chaise.

 

Quand il arriva au lycée, il n’avait loupé que deux heures de cours finalement. C’était à présent l’heure de manger, alors il appela Ephram et alla le rejoindre dans la queue de la cantine. Le repas se passa sans encombre, puis ils allèrent récupérer leurs sacs de sport dans leurs casiers, avant de se diriger vers le gymnase pour leur entraînement de basket. Ils retrouvèrent Daegan dans les vestiaires, puis ils se changèrent rapidement pour vite retrouver le terrain.

Tout se passa bien, jusqu’à ce qu’Auxence ressente de violentes douleurs au ventre. Il essaya de les oublier, mais elles revenaient sans cesse. Un flash traversa soudain son esprit, et il devina ce qu’il avait. Il fit signe au coach qu’il allait aux toilettes, avant de s’y ruer pour se soulager. Mais les douleurs persistaient, alors il retourna voir ses coéquipiers et son entraîneur pour leur expliquer qu’il se sentait mal et qu’il allait rentrer chez lui. Personne n’osa le contredire en voyant sa mine dépitée. Il ne jouait pas la comédie, et Ephram l’avait bien compris. Il s’inquiéta.

-          T’inquiète pas, ça ira, je t’appelle plus tard, lança Auxence pour rassurer son meilleur ami.

Il alla se rhabiller, et récupéra tout ce qui lui appartenait, avant de sortir du gymnase pour rejoindre sa maison à pied. L’air frais lui ferait le plus grand bien.

Arrivé chez lui, il  monta à l’étage pour déposer ses affaires de sport et son sac de cours dans sa chambre. Il descendit et retrouva son père qui corrigeait des copies, installé à la table du salon. Etonné que son fils soit là à cette heure-ci, il leva la tête.

-          Ton coach était pas là ? Demanda-t-il à Auxence.

-          Si, si, mais je me sentais pas bien, alors je suis parti.

Il n’entendit pas la réponse de son père, car une envie pressante lui tirailla les entrailles. Il courut jusqu’aux toilettes pour se vider à nouveau. Il revint au salon quelques minutes plus tard, et son père avait l’air vraiment soucieux.

-          T’as bien fait de rentrer apparemment. Qu’est-ce qui t’arrive ?

-          Rien de grave, papa. Juste un petit con qui a voulu s’amuser.

-          Quoi ? Qui ça ? Je vais pas le laisser s’en prendre à toi comme ça sans réagir.

-          C’est rien, papa. Je sais qui a fait ça, je vais m’en occuper.

La discussion se termina ainsi, car Auxence alla s’allonger sur le canapé, laissant son père terminer son travail.

 

Il resta chez lui plusieurs jours, malade. Les effets ne disparaissaient pas du jour au lendemain. Ephram passait le voir chaque soir, pour lui amener les cours et pour prendre de ses nouvelles. Il retourna au lycée le vendredi matin, même s’il n’était pas encore au meilleur de sa forme. Devant le portail d’entrée, il croisa Idriss et son sang ne fit qu’un tour. Il se dirigea vers lui, et ouvrit la bouche pour lui dire le fond de sa pensée.

-          J’espère au moins que t’es content de ta connerie ! A cause de toi, j’ai pas arrêté de chier pendant trois jours ! Tu peux rire, vas-y, mais t’inquiète, je me ferai pas avoir deux fois ! Je savais que tu préparais un truc douteux, mais j’ai rien dit ! J’ai préféré croire que tu voulais être sympa pour une fois ! J’ai été bien con, mais moi au moins, j’ai le courage de le reconnaître ! J’emmerde pas les gens en leur faisant avaler du laxatif !

Il avait tout dit d’un coup. Il était tellement énervé qu’il avait craqué. Mais sa tirade ne semblait pas avoir impressionné Idriss, qui le fixait d’un air hautain. Il souriait, comme s’il se moquait de lui, et Auxence en fut décontenancé malgré sa soi-disant indifférence.

-          Tu vas en boîte ce soir, déclara Idriss.

-          C’est une question ?

-          Non, c’est un ordre, et je viens avec toi. Minuit au Black Phoenix. Ramène ton pote.

Auxence voulut donner son avis, mais Idriss était déjà parti. Il n’avait plus d’autre choix que de passer la soirée avec l’enflure qui l’exaspérait plus que tout, car il ne pouvait pas se permettre de risquer son avenir. Cette idée le dégoûtait, mais il le ferait, pour lui, pour sa mère, pour que son père soit encore fier de lui.

 

Le soir venu, il commença à se préparer. Il enfila un boxer blanc à élastique noir, qu’il surmonta d’un pantalon moulant en toile, blanc lui aussi. Il attrapa une chemise noire qu’il ne boutonna pas complètement, avant de mettre ses Converse de la même couleur. Il passa un rapide coup de peigne dans ses cheveux indomptables, puis se regarda dans la glace pour admirer le résultat. Même s’il savait que cette tenue mettait son corps en valeur, il s’étonna de l’image qu’il renvoyait. Pendant un instant, il se demanda pourquoi il s’était fait aussi beau, mais il chassa vite cette idée de son esprit pour afficher un sourire prétentieux.

Satisfait, il enfila son manteau qui contenait son portable, ses clés et son portefeuille, puis il sortit de chez lui silencieusement, car son père était déjà couché. Il l’avait averti quelques heures auparavant, il n’avait pas besoin de le réveiller. Il marcha jusqu’à chez Ephram, puis ils prirent ensemble le dernier bus de la journée pour aller jusqu’au centre-ville. Le Black Phoenix n’était qu’à quelques mètres du terminus, alors ils y arrivèrent assez rapidement. Ils retrouvèrent Idriss et Daegan qui les attendaient devant l’entrée.

-          C’est pas trop tôt, lança Idriss.

-          Tu devrais déjà être content que je sois là, répliqua Auxence, furieux.

-          Oh oui, quel plaisir ! Ironisa Idriss.

Auxence préféra ne rien répondre, et il se dirigea vers le vigile qui voulut vérifier son âge. Heureusement, Idriss se présenta, et ils purent facilement entrer, car les parents du brun étaient des amis au patron de la boîte. L’idée d’être pistonné grâce à Idriss ne fit qu’énerver Auxence un peu plus, mais il tenta de garder son calme et suivit son maître chanteur, rapidement imité par Daegan et Ephram. Ils avaient tous deux accepté d’accompagner leur ami en discothèque, mais ils n’en comprenaient pas l’intérêt. Jusqu’à nouvel ordre, Auxence et Idriss n’étaient pas amis, et Daegan ne connaissait même pas la raison de leur inimitié mutuelle, contrairement à Ephram. Mais celui-ci n’était pas décidé à dire quoi que ce soit, d’autant que cette soirée ne lui disait rien qui vaille.

Une fois à l’intérieur, Idriss traîna Auxence dans un coin en retrait.

-          Tu dois réussir à emballer dix filles, ou je dis tout ce que je sais, ordonna-t-il à Auxence, menaçant.

Il n’en dit pas plus, et laissa le blond méditer. Voir Auxence draguer des hystériques en chaleur ne l’amusait pas plus que ça, mais il n’avait pas pu s’empêcher de le lui demander. Il devait le faire, il en avait besoin, pour se prouver une bonne fois pour toutes à lui-même que le blond ne l’intéressait pas.

 

Pendant ce temps-là, Ephram et Daegan étaient assis au bar. Ils avaient commandé des cocktails, avec ou sans alcool, et ils discutaient allègrement, car danser n’était pas leur activité favorite. Leurs meilleurs amis respectifs les avaient abandonnés alors ils étaient restés ensemble et ils s’occupaient comme ils pouvaient. En temps normal, ils n’auraient pas sympathisé, mais ils s’étaient trouvés de nombreux points communs, alors ils faisaient connaissance.

Après de multiples paroles échangées, ils avaient abandonné leurs sièges. Ils étaient allés sur la piste pour se mettre à danser. Ils avaient d’abord ri, effectuant des mouvements qui ne ressemblaient à rien, puis petit à petit, Daegan s’était approché d’Ephram. Il n’avait pas de sexualité définie. Il était le genre de personne prêt à tout essayer, garçon ou fille, tant que la personne en face de lui plaisait. Et Ephram lui faisait indéniablement de l’effet. Sa moue boudeuse lorsque son verre était vide, ses fossettes quand il souriait, ses yeux hypnotisants : autant d’éléments qui avaient fait craqué Daegan. Il ne savait pas si le roux accepterait ses avances, mais il allait essayer. Ce n’était qu’une soirée, et si Ephram le repoussait, il n’insisterait pas.

Mais il ne put pousser sa réflexion plus loin, car le roux avait remarqué son petit manège, et l’alcool aidant, il s’approchait à présent de son plein gré. Il n’avait jamais pensé être attiré par un homme un jour, mais lorsque Daegan s’était rapproché, il avait eu chaud, très chaud, et pas seulement à cause des boissons qu’il venait d’ingurgiter.

Leurs gestes s’accordaient, leurs corps se rapprochaient, sans qu’ils ne cherchent à s’éloigner. L’excitation les gagnait, pour ne plus les quitter. La collision était inévitable, et il ne leur fallut que quelques minutes pour se retrouver collés l’un à l’autre. Tels deux aimants, ils ne pouvaient plus se séparer, à moins qu’on les tire. Ils bougèrent un moment dans cette position, Ephram avec ses mains sur les fesses de Daegan, et ce dernier les bras autour du cou du roux. Mais ils n’osèrent rien de plus poussé, ce simple rapprochement l’était déjà assez pour eux.

Après plusieurs minutes à se regarder dans les yeux tout en se frottant sensuellement l’un contre l’autre, ils décidèrent de partir, car il était déjà tard. Ils cherchèrent Idriss et Auxence, en vain.

-          On a qu’à partir sans eux, dit Daegan. Ils nous ont traîné ici limite de force, on va pas les attendre

-          Ouais, t’as raison, répondit Ephram. Mais à pied, on est pas arrivé. Surtout moi, j’habite pas à côté.

-          T’inquiète, je te ramène. On est venu avec ma bagnole tout à l’heure.

-          Tant mieux, ça me disait rien de marcher. C’est pour ça que t’as pas bu d’alcool alors ?

-          Bah ouai, boire ou conduire, il faut choisir.

-          C’est clair.

Ils rigolèrent, même si leurs paroles étaient tout ce qu’il y avait de plus sérieux. Puis ils sortirent de la boîte, sans se préoccuper de ce qui se passait autour d’eux. Arrivés à la voiture, Daegan s’installa sur le siège conducteur, et Ephram monta à l’avant du côté passager. Un silence s’installa. Ils réfléchissaient tous deux à la soirée qu’ils venaient de passer. Daegan était parfaitement sobre, alors que l’esprit d’Ephram était un peu embrumé. Ils n’avaient pas la même vision des choses, même s’ils se souvenaient de tout, dans les moindres détails.

Soudain, Daegan se tourna vers Ephram et le dévisagea. Sentant son regard sur lui, le roux planta ses yeux dans ceux du jeune homme aux cheveux noirs assis à côté de lui. La tension était palpable, l’air devenait lourd. Sans un mot, mais dans un commun accord de leurs cerveaux, ils rapprochèrent leurs visages. Ephram pouvait sentir le souffle de Daegan sur sa peau. Il frissonna et ferma les yeux, avant de les rouvrir lorsqu’il sentit des lèvres se poser sur les siennes. Il se figea un instant, et ne répondit pas de suite au baiser. Daegan en fut étonné, mais il ne s’éloigna pas pour autant et attendit que son ami reprenne ses esprits.

Il n’eut pas à patienter très longtemps, car Ephram l’attrapa brusquement par le cou, pour les lancer dans un jeu de langues violent et passionné. Ils s’embrassèrent longtemps, profitant de ce rare moment d’intimité, puis Daegan mit fin au baiser, provoquant un grognement frustré d’Ephram. Il n’y fit pas attention. Ils devaient s’arrêter là. Ca ne pouvait pas aller plus loin entre eux, où ils le regretteraient. Ephram sembla comprendre la situation, car il finit par sourire.

-          T’as raison, déclara-t-il simplement.

Rassuré, Daegan démarra enfin. Le trajet dura une dizaine de minutes pendant lesquelles Ephram faillit s’endormir. La fatigue l’envahissait, il était bien content de rentrer. Il allait bientôt pouvoir aller se coucher, car Daegan s’arrêtait devant chez lui. Le roux détacha sa ceinture, avant d’ouvrir la porte et de descendre de la voiture. Avant de s’en aller, il fixa Daegan, comme s’il le sondait pour savoir ce qu’il avait le droit de dire ou faire. Finalement, il ouvrit simplement la bouche.

-          Merci pour le baiser, lança-t-il, en faisant un clin d’œil.

Daegan le regarda bizarrement, les sourcils froncés, avant de reprendre contenance pour lui répondre.

-          De rien, c’était avec plaisir, dit-il en lui souriant.

N’ayant rien à ajouter, Ephram ferma la portière et marcha jusqu’à la porte d’entrée de maison, suivi du regard par Daegan, qui secoua la tête avant d’appuyer sur l’accélérateur pour s’en aller. Entendant les roues crisser à cause d’un violent démarrage, Ephram se retourna, mais la voiture de Daegan n’était déjà plus qu’un point à l’horizon. Les bras ballants, il restait immobile. Quand il se rendit compte de son état, il se frappa le front avec la main pour chasser de drôles d’idées de son esprit, puis il pénétra enfin à l’intérieur de sa maison.

 

Pendant ce temps-là, au centre-ville, deux jeunes hommes tentaient de s’entendre, mais la tâche s’avérait ardue. Idriss et Auxence étaient toujours au Black Phoenix, et leur relation n’était pas au beau fixe, pour changer. Le brun tira le blond avec force pour l’emmener à l’extérieur. Il était énervé, sans raison apparente, au désespoir d’Auxence qui se laissait faire malgré tout. Il n’essayait pas de résister, car il savait que ce serait inutile. Il ne ferait pas le poids, et il n’avait pas d’arguments valables.

-          Je t’avais dit d’en draguer dix, pas vingt ! Hurla Idriss, hors de lui.

-          Qu’est-ce que ça change ? Lui rétorqua Auxence.

-          Ca change tout, merde !

Idriss s’était reculé de quelques pas en sortant cette réplique. Son visage reflétait à présent la colère, mais aussi le doute. Auxence ne répondit rien. Il n’y avait rien à répondre. Il ne comprenait pas, alors il préférait encore se taire, plutôt que de donner à Idriss l’occasion de passer ses nerfs sur lui plus qu’il ne le faisait déjà. Il fut sorti de ses pensées par le jeune homme aux mèches bleues, dont le ton se fit froid et menaçant. Il n’admettait aucune réplique.
      -     Suis-moi.

Voilà un nouveau chapitre qui on l'espère vous plaira. Un peu plus long, un peu plus bon, un peu plus con (et nous aussi d'ailleurs XD).
Bisous à toutes. Pour de plus amples nouvelles, voir l'article précédent^^ Vous saurez tout de notre passionante vie =D
Au fait, qu'est-ce qui est raide comme la justice ? Petite devinette de Perri, ayant été suivie d'un délire monstrueux au beau milieu de la nuit...

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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Samedi 31 mai 6 31 /05 /Mai 03:45

Un frisson glissa le long de l’échine d’Auxence. Pour la première fois, Idriss lui inspira vraiment de la peur. Ses yeux le transperçaient de part en part, ne lui laissant aucune porte de sortie. Résigné par l’attitude menaçante d’Idriss, le jeune homme se délesta de son blouson qui allait le gêner plus qu’autre chose durant cet échangé sportif forcé.

Idriss eut un large sourire victorieux quand il vit son jouet se mettre en place en position défensive,  sur ce terrain de basket goudronné du parc. Il se mit à faire bondir  le ballon de basket sous les lumières vacillantes des vieux lampadaires disséminés autour ce lieu sportif et champêtre, autant que cela pouvait l’être en pleine ville. Auxence cligna des yeux comme pour chasser la fatigue et le sommeil, et son adversaire en profita pour le contourner et marquer un panier sans difficulté.

La rage monta en Auxence comme un poison lancinant. Déjà qu’il lui faisait ce coup de pute, maintenant il se permettait de le battre à son sport favori. Le jeune homme secoua la tête fermement pour se réveiller, croisa les doigts de ses mains vers l’extérieur et les fit craquer. Il attendit qu’Idriss reprenne sa place en face de lui pour lui prendre le ballon d’un mouvement habile et amener l’égalité de points entre eux. 

Une bonne heure après, Auxence était allongé sur le goudron, transpirant tout ce qu’il pouvait. Il avait lamentablement perdu contre la personne qui lui faisait du chantage depuis plus d’un mois. Encore une fois. La fatigue commençait à faire son retour dans ses muscles, ses yeux. La seule satisfaction qu’il pouvait encore avoir, c’était qu’Idriss avait, lui aussi, le souffle court, assis contre le poteau du panier.

Le jeune homme était satisfait de lui, il avait réussi à faire enrager son jouet préféré et à se dérouiller un peu. Peu de gens savaient qu’il avait fait du basket en équipe lors du collège, mais arrivé au début du lycée, il s’en était complètement dégouté et avait commencé à prendre un virage plus trash. Il eut un petit sourire en pensant à ça, ce qui n’échappa à Auxence qui prit légèrement la mouche.

-          Alors, tu es vraiment content de toi ?

-          De quoi tu parles ? Demanda Idriss qui ne comprenait pas cette question.

-          De ce sourire immonde que tu as sur ta sale gueule.

-          Ah… Oui, je suis content.

Le niveau de tolérance d’Auxence était arrivé à son maximum et le vase avait débordé. Il se leva lentement, la fatigue ralentissant ses gestes, et alla prendre son blouson qu’il avait retiré plus tôt, pour rentrer chez lui pour quelques heures de sommeil qu’il avait largement méritées selon lui.

-          Eh !!

-          Quoi ? Fit Auxence entre se dents, se retournant vivement pour regarder Idriss qui l’avait interpelé. Le ballon de basket à la surface rugueuse oranger était juste à ses pieds.

-          Ta copine…

-          Oui ?

-          Elle te trompe.

-          Ça m’étonnerait.

-          Oh si. Ils étaient mignons, main dans la main, à s’échanger des paroles douces au creux de l’oreille et de légers baisers dans le cou.  C’est ce que j’appelle un joli petit couple.

-          Tu mens.

-          Oh non. Je les ai vus cet après-midi avec une amie. Ca fait quoi de se faire cocufier ?

-          Jamais.

Idriss laissa échapper un petit rire de satisfaction. Décidément, Auxence l’amusait follement, plus qu’il ne l’aurait cru, bien qu’il se serait dispensé de certaines choses qui commençaient à emprisonner son esprit de jour en jour.

-          Pauvre petit. On va pleurer, ne put s’échapper de dire le jeune homme.

-          Ta gueule.

Tout en criant ces mots, Auxence frappa d’un coup de pied rageur  le pauvre ballon qui n’avait rien demandé. Celui-ci s’enfonça dans les profondeurs des buissons bien taillés du parc, avant qu’Auxence parte d’un pas furibond. Les mains dans les poches et le col remonté, il faisait le trajet du retour beaucoup plus rapidement. La colère, la fatigue et l’envie de retourner au fond de son lit guidaient ses pas. Il rentra en faisant le moins de bruit possible, mais cela ne l’empêcha pas de se prendre les pieds dans un tapis et de s’atteler lamentablement sur le sol.  

Après avoir pensé un grand nombre de jurons aussi variés les uns que les autres, il se releva tant bien que mal dans le noir et alla dans sa chambre en tâtonnant des mains les murs et autres objets sur son chemin. Quand il passa devant la chambre de père, il vérifia d’un coup d’œil qu’il ne s’était pas réveillé. Ce qui ne semblait pas être le cas car on pouvait l’entendre ronfler. Avec soulagement, il ferma la porte de sa chambre et alluma sa lampe de chevet. Une grimace apparut sur son visage quand il vit l’heure qu’il affichait.

3h10.

Rapidement, il changea ses vêtements contre un pyjama froid et se glissa sous sa couette à étoiles qui avait conservé un léger fantôme de chaleur. Il soupira en éteignant la lumière. Il allait avoir peu d’heures de sommeil. Qui plus est, la petite conversation avec Idriss le travaillait, et avait décidé de chasser le sommeil que réclamait son corps, au profit d’une longue interrogation qui lui mangea deux heures, avant qu’il sombre dans les méandres  des rêves. Des rêves aussi bizarres qu’irréalistes.

 

A la sonnerie, les couloirs du lycée se remplirent de flots d’élèves que déversaient les salles de cours.  La plupart d’entre eux se dirigeait vers la cantine pour profiter du premier service, celui qui distribuait de la nourriture presque bonne. Perdu au milieu de tout ce monde, les yeux ensommeillés et les cernes qui les accompagnaient, Auxence se dirigeait tant bien que mal jusqu’à son casier où il déchargea ses cours du matin pour prendre ceux de l’après-midi. Il ressemblait plus à un zombie qu’à un élève normal et il s’était même surpris à faire de légères somnolences durant son cours d’histoire et de mathématiques. Et il devait une fière chandelle à Ephram qui prit les cours mieux que lui, et se chargea de le réveiller à la fin de ceux-ci.

Son meilleur ami lui avait demandé pourquoi il était dans cet état, lui qui, la plupart du temps, était éveillé et en pleine forme. Sans savoir pourquoi, il ne lui dit pas qu’Idriss l’avait appelé au milieu de la nuit pour lui faire subir une de ses lubies. Peut-être pour ne pas entendre une nouvelle leçon de morale dont il n’avait pas besoin.

Quand sa journée prit fin, Auxence eut l’agréable surprise de ne pas voir Idriss réclamer son dû comme chaque semaine. La colère et la rage l’animaient quand il pensait à ce chantage et surtout, il maudissait sa propre stupidité d’un instant d’avoir oublié de fermer une porte correctement. Bien qu’il ait fini les cours et que son corps réclamait le repos dont il avait été privé, il avait une dernière chose à faire. Rompre avec sa copine du moment. Car même si cela pouvait être que de simples allégations de la part d’une bouche perfide, il avait en horreur de se faire traiter de cocu. Son honneur d’homme en était blessé.

La jeune femme en question sortit de son dernier cours une heure plus tard, et elle eut la surprise de voir Auxence l’attendre devant sa salle. Elle eut un sourire s’affichant sur son visage trop parfait, sans doute déjà retouché malgré ses jeunes années. Mais ce sourire que le jeune homme sentait factice disparut peu à peu sous le coup des accusations d’Auxence. Lentement et sûrement, il  l’humilia devant tout le monde, lavant sa fierté mal placée. L’esprit plus léger que la veille, il rentra chez lui, dans son lit qui l’appelait d’une douce voix, lui rappelant celle de sa mère.

 

Une semaine s’écoula sans qu’Auxence n’entende, ni ne voit Idriss. Il se sentait respirer, presque revivre, et ce n’était pas la visite de Daegan au cours de la semaine qui avait entamé sa bonne humeur. Ca l’avait même améliorée. Son équipier avait été chargé par Idriss, dont il apprit qu’il était un bon ami, de récupérer un dossier qu’il  avait pour Idriss. Il lui donna en lui demandant, mine de rien, ce qu’il était advenu de sa bête noire. Et ce qu’il apprit acheva de le mettre dans une bonne humeur folle qui se prolongea toute la semaine. Suite à leur petite rencontre sportive plutôt tardive, le lendemain, Idriss s’était retrouvé avec une forte fièvre et des ganglions énormes au fond de la gorge. Il avait attrapé une angine rouge, une forte qui le cloua au lit pour une bonne semaine.

Cette chape de plomb qu’il avait un bref moment retrouva sa place quand il entraperçut une silhouette d’apparence musclée et aux cheveux bruns ourlés de bleu presque cobalt. Comme un gamin, il se cacha de lui, changeant de chemin ou de couloir au cœur du lycée, ne voulant pas reprendre ce chantage qui le minait plus qu’il ne voulait se l’avouer. Il tenait à ses bourses qui pouvaient lui permettre de faire ce qu’il voulait, et d’aller aux meilleurs endroits pour parfaire son éducation et sa culture. Ainsi, il réaliserait la promesse qu’il avait faite à sa mère, sur son lit de mort, alors qu’il n’était qu’un petit enfant de six ans. 

Il se passa quatre jours avant qu’Idriss ne donne signe de vie par un texto simple, mais au combien cassant, lui demandant de le rejoindre de l’autre côté du complexe scolaire. Il l’avait reçu juste au moment où la sonnerie se décida à appeler les élèves vers leurs heures de cours et d’ennui, celui-ci ne souffrait d’aucune attente. Après avoir dit à Ephram de lui prendre les cours, il sortit de la queue de sa classe pour prendre la direction du rendez-vous. Sans savoir pourquoi, il avait le pressentiment de quelque chose de foireux, mais il ne voulait pas qu’Idriss trouve un prétexte pour le dénoncer. Il mit dix bonnes minutes à atteindre cette partie de son lycée qu’il connaissait peu. Elle était surtout utilisée par les élèves d’arts plastiques et dramatiques, dont il ne faisait en aucun cas parti.

Quand il trouva l’endroit de rendez-vous, Idriss n’était pas là. Auxence sentit un relent de colère monter en lui, et son téléphone portable dans son poing droit commençait à en faire les frais.  Trois minutes plus tard, un grand salut se fit entendre. Idriss arrivait les mains dans les poches de son baggy, un grand sourire imprimé sur ses lèvres.

-          Désolé, j’ai eu du mal à trouver l’endroit, fut tout ce qu’il trouva à dire à Auxence, qui contenait avec mal sa rage.

-          Qu’est-ce que tu veux ?

-          Et bonjour, ça t’arracherait la langue  de le dire.

Idriss avait retourné les propres mots d’Auxence contre lui, qui essayait de se calmer.

-          Salut, laissa-t-il filtrer entre ses dents. Qu’est-ce que tu veux ?

-          Moi ?

-          Oui. Toi.

-          Je veux rien. Juste voir comment tu allais.

-          Tu m’as fait faire péter mon heure de cours la plus importante de la semaine juste pour ça ?

-          Oui.

-          Mais t’es un vrai connard.

Auxence ne contrôla plus la rage et la colère qui bouillonnaient  en lui. Il abattit son poing dans le visage d’Idriss qui ne l’avait pas vu venir. Celui-ci se retrouva assis sur le bitume. Une  surprise totale se lisait sur son visage tandis qu’il massait sa joue endolorie.

-          Ne joues pas trop au con non plus, Idriss. Evite de trop t’amuser avec mes nerfs pour ce chantage à la con, sinon la prochaine fois, je répondrai plus de moi.

Sur ces mots, il partit d’un pas furibond vers son heure de cours manquée. Passée la surprise, Idriss eut un grand sourire, content de voir que son jouet n’était pas aussi passif que ça et qu’il avait un minimum de caractère. Mais il allait payer pour ça.

 

La vengeance du jeune homme ne tarda pas à venir, puisque le lendemain soir, Idriss attendait Auxence à la sortie de son entraînement hebdomadaire de basket. Il avait eu les heures grâce à Daegan qu’il avait bassiné en faisant valoir son rôle de chef de bande. 

Un à un ou en groupe de deux, tous les joueurs sortirent, et Idriss eut la satisfaction de voir qu’Auxence fut le dernier, suivi du coach de l’équipe. Il interpella son jouet du moment avec une voix doucereuse qui fit retourner Auxence d’un bond. Il ne s’était pas attendu à le voir de si tôt après leur altercation de la veille. Il était toujours habillé avec son baggy kaki mais portait un long blouson noir sur un pull fin de la même couleur. Auxence le regarda des pieds à la tête, et ses yeux s’arrêtèrent sur une légère ombre d’ecchymose rougeâtre sur la joue qu’il avait frappée la vieille.

-          Un problème, Auxence ? Demanda le coach.

-          Non, non.

-          Tu viens ?

-          Non, allez-y. j’ai quelque chose à régler.

-          Ok. A samedi.

-          Oui. Bonsoir coach.

Auxence retourna sur ses pas pour se planter devant la personne qui avait l’art et la manière de le faire sortir de ses gonds. Pendant quelques instants, un silence lourd et pensant prit place entre eux. Le calme avant l’orage.

-          Qu’est-ce que tu veux, Idriss ?

-          Des excuses.

-          Jamais.

-          Ton avenir ne t’intéresse donc pas ?

-          Si.

-          Alors ces excuses ?

-          Jamais.

-          Alors on va à l’administration, tous les deux. Bras dessus, bras dessous.

-          Je ferai ce que tu veux jusqu’à une certaine limite, mais jamais des excuses envers toi franchiront mes lèvres.

-          Ce que je veux…

Un large sourire apparut sur ses lèvres d’Idriss et s’étira de plus en plus. Auxence eut un léger mouvement de recul, sentant la vacherie venir. Pourquoi n’avait-il pas voulu dire ces maudits mots ?

Parce que sa fierté lui interdisait ça, et qu’Idriss ne l’aurait pas à l’usure.

-          Suis-moi, dit le jeune homme en lui passant devant.

-          Quoi ?

-          Bouge ton cul et suis-moi.

Tant bien que mal, chargé de son gros sac de sport qui battait derrière lui, Auxence rattrapa avec peine son maître-chanteur qui marchait d’un bon pas, même d’un très bon pas. Presque aussi sautillant qu’un enfant venant de recevoir le jouet de ses rêves à son anniversaire. Après une bonne demi-heure de marche à travers les rues de la ville qui commençaient à se décorer de guirlandes éclectiques de couleurs, en prévision des fêtes de fin d’année, ils s’arrêtèrent devant une grande librairie. Les grandes vitrines étaient à l’image des dernières nouveautés littéraires et des best-sellers caracolant en haut des listes des plus fameuses revues.  Le tout était posé sur des épaisses tentures de velours rouge, pour les yeux curieux des passants et les pousser à faire une halte dans la libraire. Bien qu’Auxence suive un cursus scientifique, il vouait aux livres et à la littérature un profond amour, et ces vitrines bien mises en valeur étaient comme une friandise pour ses yeux.

Mais une poigne forte sur une de ses épaules le rappela à l’ordre, il devait obéir à une nouvelle lubie d’Idriss. Celui-ci le fit entrer dans la librairie, dans laquelle Auxence admira la hauteur sous plafond du bâtiment ancien et l’imposant escalier qui menait aux étages tout aussi empli de livres que le rez de chaussée. Mais Idriss avait une idée bien précise de ce qu’il voulait, et il amena son jouet vers la section des revues de presse. Tout y était. Ils se plantèrent devant cet immense choix.

-          On fait quoi, là ? Demanda Auxence qui ne voyait pas ce qu’Idriss voulait.

-          Je veux que tu prennes une revue et que tu l’achètes.

-          Oui et ? Je ne vois pas l’intérêt. Je vais le faire, dit-il en prenant une vulgaire revue financière.

-          Non. Pas ça.

Auxence reposa son bout de papier dans le grand présentoir avec un sourcil haussé, comprenant de moins en moins la démarche du jeune homme qu’il accompagnait.

-          Je veux que tu prennes celle-là, lança Idriss, en désignant du bout de l’index une revue dont seul le titre était visible. Et que tu ailles en caisse l’acheter.

-          Très bien, fit Auxence en prenant l’objet désigné.

Il blanchit légèrement en voyant le titre et la couverture, avec des hommes plutôt dénudés. Un magazine gay. Idriss envoya un grand sourire qui montra toutes ses dents à Auxence, content de voir un instant son visage déconfît. Il était heureux de le voir se prendre la honte de sa vie. Mais le jeune homme ne se démonta pas, il ne lui ferait pas ce plaisir.  

La tête haute, bien que légèrement énervé, il prit le bout de papier à pleines mains et se dirigea vers les caisses, talonné de très près par Idriss qui ne voulait pas en rater une miette. Ils durent faire la queue, car beaucoup de personnes commençaient à faire leurs achats pour les fêtes avec un bon mois d’avance, pour éviter les courses de dernière minute. Auxence posa la revue sur le tapis roulant, le plus simplement du monde. La caissière lui fit un grand sourire pendant qu’elle passait le code barre sur le lecteur. 

-          Ca fait plaisir à voir, dit-elle d’une jolie voix claire.

-          De quoi ? Demanda Idriss, un peu déçu.

-          Ca fait plaisir de voir un couple qui s’assume. C’est si rare. En plus, vous formez un couple trop mignon. Quelle perte pour la gente féminine.

La jeune caissière laissa échapper un profond soupir de déception, avant de dire le montant à Auxence qui ouvrit son porte-monnaie pour payer la somme due.

-          Vous faites erreur mademoiselle, dit un Auxence un peu énervé par ce qu’Idriss l’obligeait à faire et à entendre. Je ne suis pas en couple, et encore moins avec un con pareil. Il faudrait déjà arriver à le supporter.

La remarque était acide et bien placée de la part du jeune homme. Tant et si bien qu’Idriss sentit ses joues chauffer comme s’il rougissait, chose qui, pour lui, était impossible. Il ne répondit pas à Auxence, se contentant de suivre le mouvement.

Tous les deux sortirent de la libraire et firent quelques pas pour arriver à une petite place. De l’eau coulait d’une fontaine de bronze, adossée à une façade ancienne d’un immeuble particulier. Auxence se retourna et plaqua la revue sur le torse d’Idriss, qui la rattrapa d’une main pour éviter qu’elle aille par terre.

-          J’espère que tu es content de toi. Si tu ne vois pas d’objection, il y a des personnes qui aimeraient rentrer chez elles pour aller se reposer, parce qu’elles ont travaillé en cours et eu un long entraînement.

Idriss ne trouva rien à dire. Son silence  répondit au jeune homme qui partit, laissant son maître-chanteur seul avec des pensées troublantes. Il roula le magazine entre ses mains pour le fourrer dans la large besace noire qui lui servait de sac de cours. Il faisait ça comme pour chasser ce sentiment de contentement qui était monté en lui lorsque la jeune caissière leur avait dit qu’ils formaient un mignon petit couple. C’est dans cet état d’esprit un peu perdu et agité qu’il regagna sa villa et son lit, dans l’espoir que la nuit balaye ses troubles.

 

Désolé pour ce petit retard. On se rattrape en vous offrant un chapitre plus long que d'habitude. On espère qu'il vous a plu. La première partie a été longue et ennuyeuse à rédiger, mais la seconde ne fut qu'une partie de plaisir. Désolé Fid de t'avoir privé de ton plaisir au petit déjeuner du jeudi XD. Et non, Toto, tu ne nous battras jamais, là il est 3h45^^. Bisous à toutes et à très vite.

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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