Présentation

Jeudi 14 août 4 14 /08 /Août 00:24

Le regard déjà brillant, choqué par ce que venait de lui dire son petit ami, Ephram marcha tel un zombie jusqu’à sa chambre. Il retira son bas de pyjama et s’habilla d’une façon plus présentable, d’un simple jean noir et d’un pull fin en coton bleu ciel. Il ne jugea pas nécessaire de s’habiller plus chaudement. Il n’avait pas de temps à perdre. Il devait se rendre à l’hôpital aussi vite que possible.

Quand il fut prêt, il retourna auprès de Daegan, qui l’attendait dans le salon. Sans un mot, ils quittèrent la modeste maison en briques du roux, qui avait l’esprit obnubilé par les dernières paroles de son amant. Il se les répétait sans cesse, mais il n’arrivait pas à y croire. Il se demandait bien ce qui s’était passé. Il monta du côté passager, dans la Twingo verte de Daegan, qui respecta le silence de son petit ami pendant tout le trajet. Il se contenta de le conduire à l’hôpital, car c’était tout ce qu’il pouvait faire pour l’aider, pour l’instant. Les mots ne serviraient à rien. Ils ne diminueraient pas sa peine et la peur de perdre un être cher. De plus, cette nouvelle le perturbait lui aussi un peu, car après tout, Auxence était quand même son capitaine, celui qu’il respectait, qu’il écoutait sans douter.

 

Lorsqu’ils arrivèrent à l’hôpital, Daegan n’attendit pas qu’Ephram lui demande à quel étage était Auxence pour le lui dire. Il lui donna aussi le numéro de la chambre, et il dut lutter pour suivre son petit ami, qui courut jusqu’à l’ascenseur, avant de s’énerver sur le bouton d’appel, ne voyant pas l’appareil arriver. Quand les portes s’ouvrirent enfin, il se rua à l’intérieur de la cabine, sans faire attention aux personnes qui s’y trouvaient déjà. Il les bouscula légèrement, mais elles ne lui firent aucun reproche, car sa détresse était visible sur son visage. Ses traits étaient crispés, et ses yeux brillaient trop pour que ça ne soit qu’un éclat naturel. Daegan s’excusa malgré tout pour Ephram auprès des gens importunés, qui lui sourirent en échange, compréhensifs.

Ils arrivèrent au deuxième étage quelques secondes plus tard, dans une secousse propre aux ascenseurs, et Ephram sortit de l’appareil aussi vite qu’il y était entré. Il parcourut plusieurs couloirs avant de trouver la bonne chambre, trop abasourdi pour vérifier les numéros inscrits au dessus des ouvertures de chaque passage. Daegan le suivait, en courant, car son amant avait adopté une allure très rapide. Quand la porte de la chambre de leur coéquipier se présenta devant eux, il n’eut pas le temps de reprendre son souffle, car Ephram l’ouvrit et entra, sans frapper ni se présenter. Daegan le suivit, et ils assistèrent à une scène dont la personne concernée n’aurait sûrement pas voulu qu’ils soient témoins.

Auxence était allongé dans un lit, la tête posée sur un coussin blanc, et le corps recouvert d’un drap de la même couleur. Il était toujours inconscient, mais Idriss était assis à ses côtés, et il l’observait, le visage dévasté. Depuis que Daegan était parti pour aller prévenir Ephram, le brun n’avait pas bougé. Il tenait encore fermement la main d’Auxence, comme s’il ne voulait plus jamais la lâcher. Daegan sourit, à la fois surpris et attendri, mais il reprit vite ses esprits quand il vit Ephram avancer d’un pas décidé vers Idriss. Le roux se jeta sur lui et l’attrapa par le col, sans douceur. Son état d’énervement était tel qu’il en devenait effrayant. Daegan n’osait pas s’approcher de lui pour tenter de le calmer. Il regardait ce qui se passait devant lui, et il ne prenait aucun parti. Ni celui de son petit ami, ni celui de son meilleur ami.

-          Ca t’a pas suffi ton chantage ? Hurla Ephram, la voix emplie de reproches. Il fallait en plus que tu le mettes dans le coma ?!

Il n’avait pas lâché Idriss, et celui-ci était devenu livide. L’homme qui le maintenait lui faisait peur, mais surtout, il s’en voulait. En frappant Auxence, il avait infligé une douleur insupportable à son propre cœur, sans l’avoir pressentie, mais surtout, il avait blessé son entourage, ceux qui le connaissaient. Ca lui arrivait rarement, mais pour une fois, il pensait aux sentiments des autres. Il changeait, il le sentait, et il ne savait pas s’il devait s’en réjouir ou s’en affliger.

Si Ephram et Idriss trouvaient un sens aux paroles qu’ils prononçaient, il y en avait un dans la pièce pour qui ce n’était pas le cas. Daegan ne comprenait rien à ce qu’ils disaient. Il n’avait jamais entendu parler d’un quelconque chantage. Ne voulant plus être mis à l’écart, il respira un bon coup et rassembla tout son courage, puis il alla s’interposer entre Ephram et Idriss, plus facilement qu’il ne l’aurait cru. Ephram ne se calma pas pour autant, mais il n’avait plus aucune emprise sur Idriss, qui avait à présent la tête baissée, ne voulant pas affronter le regard des personnes tristes par sa faute.

Sans comprendre ce qui lui arrivait, il sentit quelqu’un agripper son bras, et il se retrouva dans le couloir, entraîné par Daegan. Ce dernier le lâcha et resta debout en face de lui, les bras croisés contre son torse. Idriss ne dit rien, attendant que son ami lui fasse savoir où il voulait en venir, ce qu’il fit sans tarder.

-          C’est quoi cette histoire ? Demanda Daegan.

Idriss hésita, mais il n’avait pas le choix. C’était trop tard. Il devait tout lui raconter. Il ouvrit la bouche et commença son récit, depuis le jour où il avait vu Auxence photocopier les sujets des contrôles jusqu’à l’incident de la veille, en passant par leurs ébats sexuels, sans pour autant entrer dans les détails. Daegan l’écouta pendant plusieurs minutes, attentif, sans montrer aucune expression. Ce n’est que quand Idriss fit référence à la conversation qu’il avait eue avec le père d’Auxence que le jeune homme aux cheveux noirs s’autorisa un léger sourire, en repensant au lien très fort qui unissait son capitaine à son paternel. Celui-ci devinait toujours ce qui perturbait son fils, sans qu’il ait à lui en parler.

-          Je savais pas qu’il m’aimait bien, finit par dire Idriss, la voix enrouée et la mine triste.

Daegan ne dit rien, comprenant l’allusion à Auxence. Il se contenta de prendre le brun dans ses bras pour le réconforter, car malgré ce qu’il venait de faire, Idriss restait son ami le plus précieux, le meilleur. Malgré son caractère, malgré sa bêtise, il le considérait comme un frère, depuis toujours, et il ne le laisserait pas tomber, même s’il devait se mettre tout le monde à dos.

Etonnement, Idriss accepta l’étreinte chaleureuse de Daegan. Il ne l’enlaça pas de lui-même, mais il laissa son ami lui caresser le dos pour lui apporter un minimum de réconfort et lui montrer son soutien sans faille. Intérieurement, il lui en fut reconnaissant, car même s’il ne le lui dirait sûrement jamais, il avait besoin de lui, d’une épaule sur laquelle se reposer.

Ils ne restèrent que quelques secondes dans cette position, car Idriss se libéra des bras rassurants de son ami. Il n’avait pas l’habitude d’avoir ce genre de contact avec lui. Il allait y prendre goût, il en était persuadé, mais pour l’instant, c’était encore tout nouveau pour lui, et ça le mettait mal à l’aise. Gêné, il retourna dans la chambre sans un dernier regard pour Daegan, qui n’en fut pas blessé pour autant. Il connaissait bien son ami, depuis le temps, et il s’attendait à cette réaction. Idriss avait déjà fait un gros effort en se laissant approcher ainsi, il le savait, alors son attitude ne l’énervait pas. Il avait connu pire avec lui.

Après quelques secondes de réflexion, il imita Idriss et le rejoignit, mais il fut étonné de le retrouver debout à côté de la porte de la chambre, appuyé contre le mur. Il semblait observer quelque chose avec attention, alors Daegan suivit son regard. Il se rendit compte qu’Ephram s’était assis sur la chaise qu’Idriss avait occupée quelques instants plus tôt. Il s’était accoudé au bord du lit sur lequel gisait Auxence, et il lui parlait, même si ce dernier n’était pas éveillé.

-          Tu peux pas m’faire ça, Auxi’… Tu peux pas me laisser. J’ai besoin de toi, moi. Je sais que je t’ai souvent reproché de pas assez m’écouter, mais je te promets que si cette fois, tu fais ce que je te dis, je me plaindrai plus jamais. T’as pas le choix. Tu te réveilles, un point c’est tout. Fais-le pour moi, pour ton père.

Il se tut un instant, semblant réfléchir, puis il se décida.

-          Fais-le pour lui, Auxi’. Tu en doutes peut-être, mais il a besoin de toi. Je me rappelle de tout ce que je t’ai dit sur lui, mais si c’est ce que tu veux, je peux encore changer d’avis. Tu peux arranger les choses avec lui, mais pour ça, tu dois te réveiller. Tu peux pas me laisser. T’AS PAS LE DROIT !

Ephram venait d’hurler ces derniers mots, poussé par une détresse qu’il ne contrôlait plus. Il fit sursauter les deux autres jeunes hommes présents dans la pièce, qui n’avaient pas saisi le sens implicite de ses paroles, destinées à Auxence, et à lui seul. Idriss n’imaginait pas une seule seconde qu’Ephram puisse être au courant de ses relations assez intimes avec le blond. Quand à Daegan, il se doutait de l’identité du « lui » concerné, mais il n’en était pas sûr. Ca n’avait pas grande importance, car tout ce qu’il voyait, c’était son petit ami qui allait mal, très mal, et ça lui brisait le cœur. Il ne pouvait rien faire pour le soulager, et ce sentiment était pire que tout.

Un long silence s’installa dans la chambre, perturbé seulement par le bruit régulier des machines auxquelles était relié Auxence.

-          Je vais y aller, intervint Daegan.

Ephram et Idriss se tournèrent vers lui et le fixèrent, surpris par cette décision soudaine. Daegan dut ressentir leur incompréhension, car il leur expliqua pourquoi il devait partir et les laisser seuls face à leur peine.

-          Je sais que c’est pas vraiment le moment de penser à ça, mais y’a un match ce soir. Il faut que j’aille prévenir le coach… Lui dire qu’Auxence pourra pas jouer…

Idriss avait détourné la tête dès qu’il avait compris de quoi parlait Daegan. Le match du jour ne l’intéressait pas, ni l’inquiétude de l’entraîneur. A cet instant précis, seul lui importait l’état d’Auxence, et il n’était pas encourageant, bien au contraire. Pendant qu’il imaginait divers scénarios plus tragiques les uns que les autres, Ephram échangea quelques mots avec Daegan. Idriss s’en rendit compte lorsqu’il vit son ami poser ses lèvres sur celles du garçon aux cheveux roux. Il se figea aussitôt, trop surpris pour faire le moindre geste ou émettre une quelconque opinion. Il n’ouvrit pas la bouche lorsque Daegan lui lança un faible « à tout à l’heure », ni lorsque celui-ci sortit de la chambre, pour le laisser seul en compagnie d’Ephram.

-          Depuis quand vous êtes ensemble ? Demanda-t-il, retrouvant sa voix sèche et son expression impassible.

Ephram le regarda un moment avant de prendre la parole, cherchant la réponse la plus appropriée face à ce garçon qui semblait vouloir à tout prix faire ressortir le côté sombre de sa personnalité. Il n’était pas dupe. Il se doutait bien que c’était pour cacher ses faiblesses, mais il ne devait pas lui donner l’opportunité de faire une bêtise de plus.

-          Assez longtemps pour ne pas te laisser tout gâcher, répliqua-t-il.

La réponse d’Ephram était assez vague, mais Idriss ne chercha pas à en savoir plus. Il n’insista pas, et il se tut, puis il détourna son regard pour laisser ses yeux se poser sur le corps toujours immobile d’Auxence. Il le fixa et s’approcha de lui pour glisser sa main dans la sienne, sans se préoccuper de la présence d’Ephram ou de son avis, puis il se perdit dans ses pensées.

-          Tu devrais lui dire, déclara Ephram, le sortant du monde dans lequel il s’était plongé.

-          Je sais, répondit-il simplement, sans quitter le blond des yeux.

-          Et pour le chantage ? S’inquiéta Ephram. Tu comptes faire quoi ?

-          Je vais arrêter, dit Idriss, comme si la décision lui paraissait évidente.

Il n’avait pas réfléchi une seule seconde avant de répondre. Auxence avait d’abord été son jouet, puis il était devenu son objet sexuel. A présent, il n’avait pas de statut défini, mais Idriss n’avait tout simplement plus envie de s’amuser avec lui. Il le voyait autrement, il osait enfin se l’avouer, sans pour autant l’affirmer haut et fort.

Sa déclaration sembla avoir un effet miraculeux, car c’est à ce moment-là qu’Auxence ouvrit les yeux. Idriss ne s’y attendait pas, et il retira brusquement sa main de la sienne, ne voulant pas que le blond le surprenne et devine l’état d’esprit dans lequel il se trouvait. Il marcha rapidement jusqu’à la fenêtre, et il se concentra sur le paysage, alors qu’Auxence réalisait peu à peu où il se trouvait.

-          Qu’est-ce que je fais là ? Murmura-t-il faiblement.

Ephram s’était assis près d’Auxence lorsque celui-ci s’était réveillé, mais ce n’était pas à lui de lui expliquer ce qui s’était passé, et pourquoi il était allongé dans un lit d’hôpital.

-          Petit incident de parcours, se contenta-t-il de répondre. Idriss te racontera mieux que moi.

Auxence remarqua alors la présence de celui qui n’était jusque là que son maître chanteur, officiellement. Il l’observa un moment, alors que ce dernier n’avait pas bougé et fixait toujours l’extérieur avec attention. Ne souhaitant pas aborder le sujet immédiatement, il engagea une autre conversation avec Ephram.

-          Au fait, on est samedi ? Lui demanda-t-il.

-          Ouais, répondit Ephram, se demandant où voulait en venir son ami.

-          Pourquoi t’es encore là ? Tu devrais pas plutôt dormir pour être en forme ?

-          Mais…

-          Va-t-en, c’est un ordre. Pense à moi quand tu joueras.

Devant l’air sérieux et réprobateur d’Auxence, Ephram sut qu’il n’avait pas son mot à dire. Il sourit, soulagé d’avoir retrouvé son ami, puis il s’en alla, après lui avoir adressé quelques derniers mots, et avoir fait un signe de la main à Idriss. Il les laissait seuls, sans aucune crainte, et il espérait qu’ils se diraient leurs quatre vérités, car ils avaient des choses à régler.

-          Idriss, regarde-moi, lança Auxence, quand son ami eut quitté la pièce.

Idriss se retourna, abandonnant son poste d’observation, et il se rua dans les bras d’Auxence, qui s’était redressé en position assise. L’attitude d’Idriss le surprit, mais il ne le repoussa pas, au contraire. Il le serra contre lui.

-          J’ai eu peur, déclara Idriss. J’ai cru que t’allais jamais te réveiller ! Si t’es là, c’est à cause de moi ! T’es venu me voir, et moi je t’ai frappé, je t’ai envoyé à l’hôpital ! Je suis désolé, tellement désolé ! Je sais pas ce qui m’a pris, je voulais pas ! Je…

Son discours implorant fut coupé par Auxence, qui emprisonna ses lèvres, leur permettant d’échanger un baiser doté d’une douceur inhabituelle. Les larmes d’Idriss coulaient sur ses joues et venaient se mélanger à leur salive, mais ils n’y faisaient pas attention. Ils profitaient de leurs langues s’unissant une nouvelle fois, dans des circonstances bien différentes. Auxence ne savait pas ce que l’avenir leur réservait, mais une chose était sûre. Il n’en voulait pas à Idriss.

C’est à contrecoeur que ce dernier mit fin à leur échange, semblant se souvenir de quelque chose. Il s’écarta de quelques centimètres, mais il ne lâcha pas Auxence. Il sécha ses larmes, ne voulant pas paraître plus faible qu’il en avait déjà l’air, et il se lança, effrayé à l’idée d’être brisé par une cruelle vérité, mais voulant la connaître malgré tout, pour ne pas se faire d’illusions.

-          Tout à l’heure, Ephram…il a parlé d’un garçon pour qui tu devais te réveiller… Quelqu’un qui a besoin de toi, et avec qui tu as des choses à arranger… Tu t’en souviens ?

-          Oui, je m’en souviens, dit simplement Auxence, attendant la suite.

-          C’était qui ? Demanda Idriss, froidement.

Un sourire illumina le visage d’Auxence. Les propos d’Idriss étaient guidés par une jalousie facilement décelable, et il s’en réjouissait. S’il savait, il ne serait pas aussi énervé.

-          Toi, souffla le blond, détournant la tête, le rouge envahissant ses joues.

-          Quoi ? J’ai pas entendu, s’emporta Idriss.

Auxence planta son regard dans le sien. Il avait les joues rosies par la gêne qu’il ressentait à lui dire une chose pareille, mais il devait le faire. Enfin, il allait être honnête avec lui, et surtout avec lui-même.

-          C’était toi, articula-t-il clairement, pour être sûr qu’Idriss comprenne.

Ce dernier ne sut pas quoi dire pour répondre à cette déclaration d’un sens certain. Il avait vraiment cru qu’Auxence appréciait un autre garçon, et cette simple pensée avait renforcé sa peine et sa jalousie. Soulagé, mais n’arrivant pas à trouver les bons mots, il préféra se manifester par les actes, alors il reprit sa position première. Assis sur la chaise posée près du lit du blond, il l’enlaça à nouveau, et il reposa sa tête sur son torse, alors qu’Auxence commençait à lui caresser doucement les cheveux.

 

Suite dans la partie 2

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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