Présentation

Vendredi 31 octobre 5 31 /10 /Oct 23:47


Suite au baiser provoqué par Lorik, une semaine passa sans qu’aucun élément nouveau ne perturbe la tranquillité déjà chamboulée de Miralem. Pendant sept jours, il ne cessa de repenser à ce qui s’était passé. Il avait cru que le baiser lui passerait au dessus, qu’il l’oublierait dès qu’il serait rentré chez lui. Il lui était déjà arrivé de se faire embrasser par des hommes pour les ignorer la seconde qui suivait. Ce genre d’évènement ne le marquait pas, et il avait imaginé qu’il en serait de même pour Lorik, mais ce n’était clairement pas le cas. Leur baiser, bref mais intense, était ancré dans son esprit et il n’arrivait plus à en sortir les images de sa tête. Elles défilaient devant ses yeux, qu’il soit éveillé ou endormi, sans qu’il ne puisse rien y faire, et son humeur s’en ressentait.

Installé au poste de conduite de sa voiture, il fut sorti de ses pensées quand quelqu’un klaxonna derrière lui pour lui signaler que le feu était passé au vert. Miralem fit un signe de la main pour s’excuser, puis il démarra, et il ne s’arrêta que lorsqu’il arriva à destination, quelques rues plus loin. Il se gara dans une des places dessinées le long du trottoir, puis il sortit du véhicule. Devant l’immeuble, il composa le code que Christian lui avait envoyé un peu plus tôt, puis il entra et il gravit les marches jusqu’au deuxième étage. Il frappa trois coups sur une porte et il l’ouvrit sans attendre de réponse, comme il avait l’habitude de le faire lorsqu’il rendait visite à son amant. Il n’avait pas très envie de passer la soirée, voire la nuit avec lui, trop préoccupé, mais Christian était son petit ami, alors Miralem se devait de faire des efforts pour lui faire un tant soit peu plaisir et pour sauver les apparences. Agir comme d’habitude pour ne pas montrer ce qui le tracassait. Il espérait que Christian ne serait pas agaçant car il n’était pas d’humeur à disserter ou à réfléchir. Il voulait simplement passer une bonne soirée.

Miralem fermait la porte derrière lui quand il entendit son amant arriver pour l’accueillir.

-          T’es pas en retard, dis donc ! Lança Christian, déposant un court baiser sur les lèvres du nouvel arrivant.

-          Tu m’avais pas dit à dix-neuf heures ? S’étonna Miralem.

-          Si, mais il est à peine moins le quart, chéri, donc tu es en avance ! Bref, je te sers un whisky coca, comme d’habitude ?

-          Oui, ça sera parfait, merci.

-          De rien ! Je vais chercher ça et j’arrive ! Installe toi dans le salon, fais comme chez toi !

Christian disparut dans la cuisine, et Miralem alla s’asseoir dans un fauteuil imposant en cuir beige. L’appartement de son petit ami n’était pas spécialement grand, mais les meubles étaient pour la plupart très somptueux, tout en restant discrets, notamment grâce à des couleurs pastel, du vert au rose, en passant par le bleu ou l’orange. La décoration était parfaite, tout était assorti, en accord avec la personnalité du propriétaire, qui détestait les fautes de goût, en particulier vestimentaires.

-          C’est prêt ! Dit Christian, portant un plateau sur lequel trônaient deux verres pleins et une assiette pleine d’amuse-bouches.

Il s’assit à son tour, sur son canapé, aussi en cuir, mais plus foncé que le fauteuil voisin. Il tendit un verre à Miralem et prit le second pour lui.

-          Alors, cette journée ? Demanda-t-il.

-          La routine, répondit Miralem. Des visites, des ventes, des nouveaux clients, rien de sensationnel. Et toi ?

-          Je suis juste passé à l’hôtel pour vérifier deux trois trucs mais apparemment, tout va bien. Y’a pas mal de monde, donc j’ai pas à me plaindre. Les aristos sont de sortie en ce moment !

-          C’est vrai. J’en ai croisé quelques uns l’autre jour, quand je suis passé devant ton hôtel. Ils sortaient de leur limousine et un garçon plus jeune que moi venait récupérer leurs bagages.

-          A peine plus jeune que toi, chéri. En plus,  y’en a qu’un de cet âge là. Vingt-quatre ans, marié, un enfant. Il est déjà installé et tout !

-          Je le plains. Il a gâché la moitié de sa vie là. Il aura profité de rien.

La dernière remarque de Miralem ne sembla pas faire plaisir à Christian, car celui-ci fronça les sourcils. Miralem le remarqua, mais il ne dit rien, sachant très bien à quoi son amant pensait. Il attendit simplement de voir s’il allait aborder le sujet. Il ne patienta pas bien longtemps, car après avoir bu une gorgée de son cognac, Christian reprit la parole.

-          Ce te plairait pas d’emménager avec moi ? Demanda-t-il, déçu une fois de plus par l’attitude de son petit ami. Pourtant, il ne pouvait pas s’empêcher de lui poser encore et toujours la même question, espérant que la réponse changerait un jour, en vain.

-          J’ai pas dit ça, répliqua Miralem, cassant. Je suis pas prêt, c’est tout.

-          Tu seras prêt quand ? S’emporta Christian. T’es plus un gamin Mira ! Faudrait que tu penses à grandir, aussi bien pour notre couple que dans d’autres domaines !

-          Tu peux parler ! S’énerva Miralem. C’est toi qui arrêtes pas d’insister pour qu’on vive ensemble. Tu connais la réponse mais tu continues à me harceler, et vu que je dis pas ce que tu veux attendre, tu me fais un caprice comme un gosse qui reçoit pas son jouet ! C’est pas en me le demandant dix mille fois que tu vas me convaincre, au contraire !

Le sujet avait toujours été tabou entre eux, mais jamais ils n’avaient eu une dispute aussi virulente. Christian tentait de rester modéré mais la colère inhabituelle exprimée par Miralem le surprenait et l’obligeait à hurler aussi pour se faire entendre. Des éclats de voix dont les voisins se seraient certainement bien dispensés se firent entendre pendant de longues minutes, jusqu’à ce que Miralem parle d’une éventuelle rupture. Ils étaient à présent debout, face à face au milieu du salon. Christian se figea, choqué, mais son regard, furtivement triste à l’entente des derniers mots de son amant, devint vite menaçant.

-          Si tu me quittes, je balance tout Mira. J’hésiterai pas à te dénoncer.

-          Tu plongeras avec moi alors, lança Miralem, irrité mais pas effrayé le moins du monde.

-          Je sais, je m’en fiche. Si tu me laisses tomber, je dis tout ce que je sais, et c’est plus qu’il n’en faudrait.

-          Tu le feras pas Chris, tu sais ce qu’il t’arrivera sinon…

Miralem ne laissa pas à son petit ami le temps de répondre. Il récupéra son manteau et sa besace, puis il parcourut le couloir menant à la porte d’entrée. Il l’ouvrit, mais il s’arrêta sur le seuil, alors que Christian n’avait pas bougé, trop abasourdi par la situation.

-          C’est fini Chris, je veux plus jamais te revoir, déclara Miralem, d’un ton qui n’admettait aucune réplique.

Il sortit de l’appartement, et il rejoignit sa voiture, puis il rentra chez lui. Les souvenirs du baiser échangé une semaine plus tôt avec Lorik lui revinrent aussitôt, et il se coucha l’esprit très peu clair. C’était lundi, la semaine ne faisait que commencer, mais il n’en pouvait déjà plus. Il s’endormit difficilement, avec comme seule envie de ne pas se réveiller trop tôt.

 

Le lendemain matin, une musique rythmée retentit sur les coups de sept heures. Dans sa chambre d’une modeste dimension composée simplement d’un lit deux places et d’un placard aux portes coulissantes inséré dans le mur, Miralem ouvrit les yeux. Il repoussa sa couette ornée de rayures bleu ciel et bleu marine sur ses genoux et il observa un moment son plafond blanc, qu’il pouvait apercevoir grâce à la lumière matinale qui illuminait la pièce. Quand il fut bien réveillé, il sortit de son lit, et il ôta son pyjama. Il s’installa debout devant sa garde robes, et il choisit sa tenue de la journée : un pantalon noir cintré, une chemise vert pomme et une veste de commune noire, assortie à son pantalon. Satisfait par l’apparence qu’il renvoyait, il prit rapidement son petit déjeuner, avalant seulement une mandarine et un pain au lait. Il prit sa mallette de dossiers, et celle contenant son ordinateur, puis il sortit de chez lui. Il marcha jusqu’à la station de métro la plus proche, et il prit la ligne le menant tout droit au cœur de la City, à quelques mètres de son agence.

Arrivé à destination, il croisa Bertrand qui se rendait à un rendez vous. Il discuta quelques minutes avec lui, puis il entra dans son établissement. Il salua Chloé, déjà à son poste, et il n’eut pas à lui demander de préparer son café quotidien. Elle le fit automatiquement. Quand il fut prêt, il la remercia, et il alla s’installer dans son bureau. Il enleva son manteau, puis sortit son ordinateur de sa mallette et il s’installa confortablement dans son fauteuil, car il avait plusieurs heures de consultations de dossiers et de vérifications devant lui, jusqu’à sa pause déjeuner. Il lut et relut les divers documents qu’il possédait, ceux qui venaient d’être signés ou ce qui allaient l’être. Il passa un temps fou sur un dossier qui lui sortit par les yeux, jusqu’à ce qu’il trouve une solution et le déclare clos. Il retira ses lunettes, et se pinça le nez en fermant les yeux, exaspéré. Il se leva brusquement, remettant ses lunettes, puis il sortit de son bureau et alla préparer son deuxième café de la journée.

Un verre fumant à la main, il s’immobilisa devant la baie vitrée de son agence, et il dégusta sa boisson chaude, tout en observant le monde extérieur. Bien malgré lui, il se perdit dans ses pensées. Sa dispute avec Christian lui revint en mémoire. Ils étaient restés quatre ans ensemble, malgré leurs différences, malgré les circonstances. Ils avaient connu quelques accrocs, pris des risques, mais ils avaient toujours fini par se réconcilier. Cette fois, Miralem savait que sa décision était définitive. Il était certain de ne plus vouloir de cette relation, d’une part parce que leur dernière dispute avait été plus violente que toutes les précédentes, et d’autre part, parce qu’il se rendait compte qu’il ne ressentait rien quand il se disait qu’il venait de rompre avec Christian. Leur rupture déclenchait chez lui un simple sentiment d’indifférence, et ça l’étonnait autant que ça le soulageait. Il n’aurait pas cru réagir ainsi, mais il n’aurait pas non plus voulu se lamenter sur son sort et pleurer toutes les larmes de son corps pour un homme.

Alors qu’il ressassait cette idée, sans pour autant arriver à trouver une explication, un homme à l’imposante carrure fit irruption dans l’agence immobilière. Le claquement de la porte se refermant derrière lui sortit Miralem de ses pensées. Il se tourna vers le nouvel arrivant, et il sourit lorsqu’il vit que c’était son frère. Pourtant, celui-ci n’avait pas l’air de bonne humeur. Miralem le remarqua, et l’invita à s’installer dans son bureau pour ne pas créer de scandale devant Chloé. Débordée de boulot, elle n’avait pas besoin d’assister à une sorte de scène de ménage. Cypriaque comprit la situation, et il se tut jusqu’à ce qu’ils se retrouvent seuls, face à face, dans l’antre de l’agent immobilier.

-          J’aimerais que tu m’expliques là ! Hurla Cypriaque, furibond, debout, les mains posées sur le bord du bureau derrière lequel Miralem venait de s’asseoir.

Le propriétaire des lieux leva un sourcil, puis il sembla soudainement comprendre de quoi parlait son frère. Il ôta ses lunettes et les posa sur son bureau, las, puis il posa ses coudes tout près d’elles, et entrelaça ses doigts, attendant que Cypriaque en vienne au fait. Ce dernier mit un certain temps avant d’ouvrir à nouveau la bouche, car il pensait que son frère cadet lui répondrait. Comme ce n’était pas le cas, il reprit la parole, d’un ton plus posé, même si sa voix laissait transparaître l’incompréhension et l’agacement face à l’attitude de Miralem.

-          C’est vrai que tu l’as largué ? Demanda-t-il.

-          Pourquoi tu me demandes si tu connais déjà la réponse ? Rétorqua Miralem, cassant.

Cypriaque se sentit alors un peu stupide. Son frère avait raison. Il reprit vite son assurance, car il voulait en savoir plus, et comprendre pourquoi son cadet avait fait ça alors que tout semblait aller pour le mieux entre les deux jeunes hommes. Pour une fois, Miralem avait réussi à rester plusieurs années avec la même personne, et même si leur relation n’avait pas été idéale, notamment à cause de leur désaccord en matière de vie à deux, ils avaient toujours donné l’image d’un couple solide. Cypriaque avait été surpris d’apprendre leur rupture.

-          Christian m’a appelé à six heures ce matin, s’expliqua-t-il. Il avait l’air complètement désespéré et il était en pleurs. Il a baragouiné des phrases sans queue ni tête comme quoi tu l’avais laissé tombé, et qu’il voulait pas que ça se finisse. Il a marmonné d’autres trucs que j’ai pas saisis, mais c’est pas la question. Pourquoi t’as fait ça ? Tu l’aimais plus ?

-          Ca te regarde pas, répondit Miralem. Tu sais rien, Cyp’, t’as pas ton mot à dire dans notre histoire. C’est fini, c’est tout, et tant que moi ça me va, c’est l’essentiel.

-          Je t’ai connu plus altruiste, s’offusqua Cypriaque.

-          Et bien pour une fois, j’ai décidé d’être égoïste, et si ça te pose un problème, j’en ai rien à faire. C’est ma vie, et jusqu’à nouvel ordre, c’est encore moi qui la dirige.

-          J’ai jamais dit le contraire Mira. J’aimerais juste comprendre.

-          Y’a rien à comprendre. Ce sont des choses qui arrivent, c’est tout. Si vraiment tu veux une raison, dis toi que je l’aimais plus, et satisfais toi avec ça, car le sujet est clos. J’en dirai pas plus.

Cypriaque fixa un moment son frère, puis persuadé qu’il ne changerait pas d’avis et qu’il ne lui expliquerait jamais la situation plus clairement, il se calma et s’assit dans une des chaises réservées habituellement aux clients de l’agence. Il engagea une conversation sur un tout autre sujet qui s’avéra plus intéressant et plus discuté entre les deux hommes. Il coupa cours à ce qu’ils faisaient lorsqu’il regarda sa montre et se rendit compte qu’il avait un rendez-vous professionnel auquel il devait impérativement assister. Il enlaça son frère, comme pour le réconforter, puis il s’en alla, après avoir salué Chloé.

Miralem se retrouva seul, et replongea dans ses dossiers pendant deux bonnes heures, puis jugeant qu’il avait assez avancé pour la journée, il rangea tout et récupéra ses affaires, avant de quitter son bureau. Il vérifia auprès de sa secrétaire son programme du lendemain, puis la jeune femme lui souhaita une bonne soirée. Il lui répondit réciproquement, et il sortit de son agence immobilière. Arrivé chez lui, il prépara un grand plat de pommes de terres sautées et deux steaks hachés, car l’après midi était déjà avancé, et il n’avait rien avalé à midi. Il tiendrait ainsi jusqu’au dîner, et celui-ci serait sûrement peu copieux. Quand tout fut prêt, il posa son assiette pleine sur la table basse de son salon, il alluma son téléviseur, puis il s’installa confortablement dans son canapé, en tailleur, le plat entre les mains. Il avait à peine commencé à manger quand la sonnerie du téléphone vint perturber le calme de sa demeure. Agacé, il se leva, et il se dirigea vers le combiné, mais lorsqu’il arriva à quelques centimètres de celui-ci, il se rendit compte que ce  n’était pas de son fixe que provenait le bruit mais de son portable. Il alla le récupérer sur le bar de sa cuisine américaine, et il décrocha, tout en retournant s’asseoir sur son canapé.

-          Allo ? Dit-il simplement.

-          Adrian à l’appareil, répondit son interlocuteur.

-          Bonsoir, chef, lança Miralem, se redressant alors sur son fauteuil, surpris par l’appel de son supérieur qu’il se devait de respecter plus que n’importe qui d’autre, car il était le dirigeant national.

-          Alan, mon p’tit Alan, j’ai appris la nouvelle…

-          Je me doute…

-          Tu sais très bien que je me fiche des personnes avec qui tu couches, j’ai toujours été très souple là-dessus…

-          Je sais, chef, le coupa Miralem, mais Adrian ne l’autorisa pas à continuer.

-          Ecoute-moi, Alan. Vos histoires de cul, vous les gardez pour vous, je veux pas en entendre parler. Tout ce que je veux, que j’exige même, c’est que ça n’empiète pas sur votre travail.

-          Ca n’a jamais été le cas ! Riposta Miralem.

-          Jamais, avant aujourd’hui, lança Adrian, menaçant. Je le fais pour toi, Miralem. J’oublie que Christian n’a pas rempli sa mission, mais c’est l’unique fois. Il vaudrait mieux que ça ne se reproduise pas…

-          Ca ne se reproduira pas, chef, dit Miralem, maître de lui-même malgré la situation et les paroles d’Adrian.

-          Bien, c’est tout ce que je voulais savoir. Tu t’occupes de tout alors ?

-          Bien sûr, je règlerai le problème quand j’aurai trouvé une solution.

-          Je te fais confiance, encore. Bonne soirée, Alan.

Miralem n’eut pas le temps de répondre. Adrian raccrocha trop vite pour qu’il puisse dire quoi que ce soit. Il laissa tomber son téléphone mobile à ses côtés sur le canapé, et il se remit à manger, peu perturbé par l’appel qu’il venait de recevoir. Son patron lui avait simplement donné de nouvelles directives, et il allait devoir les appliquer, comme d’habitude. Il chercherait un moyen de résoudre la situation le lendemain, quand il serait plus en forme et moins fatigué par plusieurs heures de travail.

 
Voilà le chapitre 6, pas corrigé et un jour en retard, mais c'est presque devenu une habitude! On fait vraiment de notre mieux pour vous mettre les suites à temps, mais ce n'est pas toujours évident.
On espère qu'il vous a plu.
Bisous de nous deux et au 10 novembre, déjà!

(on vous offrira une petite surprise d'ici là^^)

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Plus que nous [terminée]
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