Présentation

Vendredi 10 octobre 5 10 /10 /Oct 22:51




Lorsqu’il sortit du restaurant, partant dans une direction opposée à celle de Lorik, Miralem ne put empêcher un sourire d’étirer ses lèvres. Il s’était déjà rendu compte pendant le mariage de son frère que l’ex-mari de Clémentine n’était pas tel qu’il l’imaginait.  Depuis, son opinion avait changé. Il ne l’appréciait pas particulièrement, mais il savait que c’était quelqu’un avec qui il pourrait s’entendre. Il avait cru remarquer que Lorik s’était fait une image de lui peu valorisante, mais apparemment, leur déjeuner avait suffi à redorer son blason. Outre le travail et leur dossier en cours, ils avaient trouvé de nombreux sujets de conversation les intéressant tous les deux, et si leur entente n’aurait sûrement pas de suite, ils se seraient au moins quittés en bons termes, contrairement au lendemain du mariage où ils s’évitaient encore.

Il marcha tranquillement jusqu’à son agence immobilière, où il retrouva Chloé, toujours affairée derrière son bureau à ranger divers dossiers et papiers et à répondre aux coups de fil incessants, de plus en plus nombreux avec le temps. Elle n’arrêtait pas une minute, mais elle ne s’en plaignait pas, car le surplus de travail prouvait la popularité de leur entreprise et son salaire s’en ressentait. Comme ils n’étaient que deux employés, et que Miralem avait des revenus assez élevés grâce au succès de son agence, il leur versait des salaires conséquents. Il estimait que ses collaborateurs faisaient du bon travail, alors sa générosité ajoutait à la somme initiale plusieurs centaines ou milliers de Livres, selon les mois.

-          Alors, ce rendez-vous ? Demanda Chloé, quand son patron entra.

-          Surprenant mais rassurant. Monsieur Miklac est l’homme qu’il nous faut pour vérifier des sommes pareilles. Professionnel, compétent, il a l’air d’avoir zéro défaut dans son boulot.

-          Dans son boulot ? Remarqua Chloé.

-          Oui, sourit Miralem, sans en dire plus.

-          Vous avez entendu parler de lui ailleurs ?

-          Mieux que ça. Je le connais. C’est l’ex-mari de ma belle-sœur, tu sais, la femme de Cypriaque.

-          Oui, oui, je me rappelle d’elle. Elle était passée une fois pour te voir, non ?

-          C’est ça.

N’ayant rien à ajouter, Miralem se dirigea vers son bureau, et il déposa sa mallette. Il sortit son ordinateur et il l’alluma, puis il attrapa les notes qu’il avait prises lors de son rendez vous avec Lorik. Il les relut rapidement, et il retourna voir Chloé.

-          Tu peux me taper ça et me l’imprimer, s’il te plaît ?

-          C’est pour quand ?

-          Faut que ça soit fait assez vite, mais te presse pas non plus. Si t’as d’autres trucs à faire avant, vas-y.

Chloé sourit et hocha simplement la tête pour montrer son accord, alors Miralem alla s’asseoir dans son bureau pour consulter les dossiers enregistrés dans son ordinateur. Après quelques minutes de silence ponctuées uniquement par le bruit des touches de divers claviers, Miralem leva la tête.

-          C’est à quelle heure ma prochaine visite ? Demanda-t-il, assez fort pour que Chloé l’entende dans la pièce voisine.

Il l’entendit légèrement tourner les pages d’un cahier, puis une réponse fusa.

-          A quatre heures moins le quart.

-          Et il est ?

-          Trois heures moins cinq.

-          C’est loin d’ici ?

Il attendit une réponse, en vain. Elle n’arriva jamais. Il n’eut droit qu’à la porte qui s’ouvrit, laissant entrer un homme plutôt grand et carré, vêtu d’un pull-over gris clair et d’un pantalon cintré noir. Il avait de longs cheveux blonds remontés en une queue de cheval, et plusieurs classeurs dans les bras.

-          Ca s’est bien passé ? Demanda Chloé.

-          Oui oui, très bien, répondit le nouvel arrivant.

-          Salut, Bertrand, lança  Miralem, alors qu’il avait quitté son bureau pour accueillir son plus proche collaborateur, qu’il n’avait pas encore vu de la journée.

-          Bonjour, patron.

Miralem grimaça, comme à chaque fois que le blond l’appelait ainsi. Il avait insisté pour qu’il n’y ait pas de supériorité évidente entre eux trois. Il savait que Bertrand le provoquait gentiment, alors il ne lui en tenait pas rigueur, mais moins on lui rappelait son statut, mieux il se portait. La différence était assez visible au niveau de leurs différents revenus, il ne tenait pas à ce qu’elle soit évidente dans les contacts humains. Tout le monde savait qui il était, car son entreprise portait son nom, mais entre lui et ses deux collaborateurs, c’était plutôt une relation amicale qu’une d’employeur à employé, et il s’en félicitait.

-          Salut Bertrand, finit-il par dire. Tu finalisais la vente de la villa de Lady Palington, c’est ça ?

-          Eh oui, un classique. J’ai revu les acquéreurs sur place, on a signé tout ce qu’il fallait, puis comme d’habitude, je suis allée voir notre chère cliente dans son nouveau palace pour régler les derniers détails avec elle. J’ai pas eu droit au thé cette fois, plaisanta-t-il.

-          C’est parce que c’était pas l’heure, remarqua Chloé, amusée.

-          Vous devriez venir avec moi un jour. C’est mythique avec elle.

-          On a plus qu’à attendre sept ou huit mois alors, intervint Miralem. D’ici là, elle aura trouvé autre chose qui lui plaît, comme d’habitude.

-          Y’a pas de souci, je serai là au poste ! Une cliente aussi fidèle, ça se garde ! Déclara Bertrand.

-          Je m’inquiète pas pour ça, dit Miralem. Si elle continue à traiter avec nous, c’est que tu fais du bon boulot.

Bertrand rougit légèrement. Il savait ce que Miralem pensait de lui, mais ce dernier n’était pas du genre à exprimer ce qu’il ressentait ou à faire des compliments. Lorsqu’il en faisait un, il fallait en profiter.

-          Tu as d’autres rendez vous cet après-midi ? Demanda Miralem, le sortant de ses pensées.

-          Non, j’ai fini pour aujourd’hui. Je pensais juste vérifier deux trois trucs dans mon bureau.

-          Tu peux m’accompagner, si tu veux.

-          Pourquoi pas, c’est quoi le programme ?

-          Visite d’un château à quinze kilomètres d’ici, intervint Chloé. C’est un peu excentré de la ville. 520 mètres carré habitables, 4500 mètres carré de jardin. Les propriétaires sont déjà partis pour s’installer en France. Ils sont pas pressés, donc pas besoin de prendre le premier acheteur venu. Ils veulent juste qu’on le vende au prix donné, peu importe le temps que ça prendra. Vous avez rendez vous avec un couple qui en a marre de vivre au milieu des immeubles et qui cherchent quelque chose de grand pour pouvoir accueillir leur famille, immense apparemment.

-          Ok, dit Miralem. On y va alors.

Il prit le dossier que lui tendait Chloé, et alla le ranger dans sa mallette, puis il sortit de l’agence, suivi par Bertrand. Ils montèrent dans la voiture de ce dernier, qui s’installa au poste de conducteur, et ils parcoururent silencieusement les quelques kilomètres qui les séparaient de leur destination. Ils rencontrèrent de légers bouchons, mais ils en sortirent vite pour trouver des routes un peu plus tranquilles. Les immeubles avaient laissé place à de simples maisons cossues collées les unes aux autres et sensiblement identiques, mais il était clairement visible qu’ils étaient toujours dans Londres. Ils finirent par bifurquer sur la gauche pour emprunter un long chemin bordé d’arbres, puis ils arrivèrent à destination. Ils se garèrent devant un haut portail noir surmonté de sphères argentées. Ils sortirent de la voiture pour saluer leurs clients qui attendaient à quelques mètres. Miralem sortit la clé du portail d’une pochette glissée dans le dossier, et il laissa entrer Bertrand et les deux potentiels acheteurs, avant de fermer la grille derrière lui.

 

Deux heures plus tard, les deux jeunes hommes étaient de retour à l’agence. Miralem donna à Chloé tout ce dont elle avait besoin pour faire un compte rendu de leur rendez vous, puis il alla poser ses affaires dans son bureau, et il en ressortit aussitôt pour aller chercher un café.

-          Ils m’ont fatigué ces deux là ! Lança-t-il. Y’avait toujours un truc qui allait pas, j’ai cru qu’on finirait jamais la visite.

-          Tu crois qu’ils vont revenir ? Demanda Bertrand, ironique.

-          Ca m’étonnerait ! Il doit bien y avoir quelque chose qui leur a pas plu avec tout ce qu’ils ont demandé ! Ca fait rien, c’étaient que les premiers à visiter. Sympa le château en tout cas.

Sur ces dernières paroles, il laissa ses deux amis seuls, et il s’enferma dans son bureau pour mieux se concentrer et travailler sur les dossiers en cours. Il ne fut interrompu qu’une fois, quand Chloé et Bertrand vinrent le prévenir qu’ils rentraient chez eux. Il hocha la tête et leur sourit, puis il replongea dans ses papiers, ses yeux passant de ses feuilles à son écran d’ordinateur.

Il ne quitta l’agence que vers dix-neuf heures trente, après avoir tout mis en ordre. Il marcha jusqu’à la station de métro la plus proche, et il arriva chez lui quelques minutes plus tard. Il n’habitait pas au cœur de la City. Il y passait ses journées, ça lui suffisait. Il vivait dans un quartier plus tranquille, construit récemment, et il appréciait le calme qui y régnait. Il avait acheté une maison de plein pied depuis plus d’un an, et il s’y sentait bien. Il venait de s’affaler dans son canapé quand une sonnerie retentit. Il se leva et marcha jusqu’au combiné du téléphone, puis il décrocha, en retournant s’asseoir.

-          Allo ?

-          Oui, c’est Chris.

-          Ah salut.

-          Ton enthousiasme fait peur, chéri.

-          Désole, je suis un peu crevé là.

-          Tu viens de rentrer du boulot ?

-          Tout à fait, et je suis pas encore couché. J’ai une réunion ce soir.

-          J’étais pas au courant…

-          C’est normal, on est pas beaucoup à y aller. Juste les membres les plus hauts placés, comme l’an dernier.

-          De toute façon, j’aurais pas pu venir. Tu me tiendras au courant ?

-          Bien sûr.

-          On se voit samedi alors ?

-          Comme prévu. Tu rentres vendredi matin, c’est ça ?

-          C’est ça, mais on pourra pas se voir avant le repas. Comme à chaque fois que je rentre d’un déplacement, on m’aura laissé trente-six trucs à faire. On se retrouve chez toi ?

-          D’accord. A samedi alors, vers dix-huit heures.

-          A samedi, honey.

Miralem raccrocha, et il posa le téléphone sur la table basse devant lui. Il venait d’avoir une conversation agréable avec son petit ami, et ça l’avait mis de bonne humeur, même s’il était toujours aussi fatigué. Il se leva et marcha jusqu’à sa cuisine. Il sortit une salade et du jambon du frigo, et il se prépara une assiette simple. Il n’avait pas très faim, donc ça lui suffirait. Il remit ce qu’il restait au réfrigérateur, puis il s’installa à table, et il mangea, accompagné par le son de la radio qu’il venait d’allumer.

Il repensa brièvement à la journée qu’il venait de passer. La tournure des évènements n’avait pas été celle qu’il avait prévue. Il aurait cru que son déjeuner avec Lorik aurait été un désastre, et que son rendez vous client se serait très bien déroulé, mais ça avait été l’inverse, étonnamment. Ses clients avaient été insupportables, et Lorik avait été très professionnel. Miralem appréciait ce trait de sa personnalité, car il côtoyait aussi de vieux hommes d’affaires, dans le métier depuis des décennies, cherchant à briser l’ennui de leur vie réglée comme du papier à musique depuis toujours et dirigée par une relation maritale parfois peu glorieuse et vouée à l’échec. Ils le draguaient souvent, croyant avoir une chance, car son orientation sexuelle n’était un secret pour personne dans leur milieu. Il n’avait pas tenu à la dissimuler, même si l’habitude qu’avaient prise ses aînés de l’aborder n’était pas à son goût. Il avait beau les ignorer, ils revenaient plusieurs fois à la charge, jusqu’à ce qu’ils se lassent, mais il y en avait toujours un qui recommençait, et Miralem s’en lassait. Il était heureux d’avoir enfin rencontré un homme, certes du même milieu, mais très différent de ceux avec qui il avait l’habitude de négocier. Jeune, charmant, compétent. Lorik avait toutes les qualités requises, même plus, pour que le boulot qu’il fasse ne déçoive pas Miralem. Ce dernier l’avait décidément mal jugé, et il était soulagé d’avoir pu le voir sous une autre facette que celles peu réjouissantes qu’il avait constatées lors de la scène au magasin ou lors du mariage, au cours duquel, il devait l’avouer, il n’avait pas eu une attitude irréprochable non plus.

 
SUITE DANS LA PARTIE 2

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Plus que nous [terminée]
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