Présentation

Dimanche 21 septembre 7 21 /09 /Sep 14:48

Une légère brise chaude agitait la cime des plus hauts arbres du village, en particulier ceux qui entouraient la vieille église romane. Les vieilles pierres murmuraient des phrases énigmatiques au lierre qui avait prise sur elles. Aujourd’hui, le lieu de culte reprenait vie grâce à un mariage de la société bourgeoise. Des coupes de fleurs fraîchement coupées,  blanches et roses étaient disposées tout le long de l’allée gravillonnée et des rubans de tulle encadraient les bancs de l’église. Un grand nombre de personnes en grandes tenues était massé devant le portillon pour attendre la voiture qui amenait la mariée. Son futur époux était déjà dans l’église avec sa famille et ses témoins.

Egal à son habitude, Lorik arriva juste à l’heure, à cause de bouchons dans la périphérie de Londres et parce qu’il avait mis du temps pour se préparer. Il ne voulait pas paraître déplacé au milieu d’un monde qu’il connaissait que trop bien et où seules les apparences étaient maîtresses du jeu. Il avait revêtu un costume de couleur crème avec un œillet mauve en boutonnière à la demande de la mariée. Sous son bras droit, il avait son cadeau, soigneusement emballé dans un papier précieux. Il était encore sous le coup de la colère de quelques jours chez Harrods. S’il remettait la main sur le connard qui lui avait piqué le cadeau qu’il voulait, il se jurait de lui faire la peau. En plus de ça, cette petite brouille lui avait fait rater un important appel lorsqu’il faisait la queue. Dans son appartement d’Hyde Park, sur la massive table de chêne du salon où il avait étalé tous les dossiers qu’il lui restait à travailler. Et le résultat, c’était qu’il n’arrivait pas à s’y mettre. Cette maudite histoire allait lui pourrir la vie jusqu’au mariage. Il allait lui en reparler de son cadeau à Clémentine. Quelle idée de mettre des cadeaux aussi minables dans une liste d’un mariage huppé, mais d’un autre côté, cela ne l’étonnait pas venant de la jeune femme.

Aussi loin qu’il se souvenait d’elle, c'est-à-dire au jardin d’enfant, elle avait toujours eu un caractère fantasque et imprévisible. Tout le contraire de lui. C’était peut-être pour ça qu’ils s’étaient entendus dés la première fois. Ces souvenirs firent naître un petit sourire sur son visage plutôt sérieux. Un klaxon se fit entendre et une voiture de collection prêtée pour le mariage, apparut au coin de la rue pour s’arrêter devant le vieux portillon en bois et laissa sortir la mariée.

Bien qu’elle ait trente deux ans, sa robe droite aux pales couleurs du printemps et son court voile de mousseline blanche la faisaient paraître dix ans de moins. De petites demoiselles d’honneur coururent pour se mettre à ses côtés. Elles tenaient de petits paniers emplis de pétales de roses rose qu’elles devaient lancer lors de leur avancée dans l’église. Derrière son masque de tissus, Clémentine fit un sourire à Lorik avant de pencher la tête, comme pour lui dire de prendre place dans l’église avant son entrée. Ce qu’il fit rapidement en ne manquant pas de se faire encore remarquer car il faillit se prendre les pieds dans un petit pupitre où étaient posés dives petits prospectus sur les activités du village et du comté. Heureusement pour lui, un homme lui fit signe et lui montra une place libre à côté de lui.

-          Merci, dit-il en prenant place sur le dur banc d’église.

-          De rien.

Lorik prit dans les mains un petit guide relié en cuir sur le mariage. C’était tout le déroulement de la cérémonie dans ses moindres détails  et le nom de toutes les personnes invitées à cet événement. Lorik se disait que son ex-femme avait enfin trouvé le gros lot et aussi le grand amour. Il l’avait eue la vieille au soir, au téléphone, Clémentine. Cette dernière était toute heureuse du bonheur de pouvoir épouser Cypriaque. Apparemment, entre eux, c’était un amour solide, tendre et stable, tout ce qu’elle avait cherché ces dernières années.  

La traditionnelle marche nuptiale retentit et la mariée fit enfin son apparition, une aura de joie émanait et se propageait à toute l’assemblée et au marié. Quand il la vit, on pouvait sentir la joie qui animait son corps d’armoire à glace. Cypriaque avait un physique plus imposant du haut de son mètre quatre vingt. Ses cheveux noirs de jais était mi-longs, ramenés en arrière pour ce grand jour et laissant apparaître de grands yeux bleu  foncé. Bien qu’il connaisse le marié depuis quelques temps déjà, Lorik eut soudain l’impression qu’il lui rappelait quelqu’un, sans pour autant arriver à mettre un nom.

De plus, il sentait des regards assassins dans son dos. Il devinait sans peine qui cela pouvait être, des membres de son ancienne belle famille qui n’avaient jamais accepté que Lorik divorce de Clémentine et qui ne comprenaient pas pourquoi elle avait pris soin de le faire venir ici.

Le pasteur, commençant son office religieux, le tira de sa réflexion pour suivre une cérémonie de mariage classique mais ennuyeuse à souhait. Bien que cette dernière réserva une surprise de mauvais gout à l’homme d’affaires. Celui-là même qui lui avait fait prendre une colère sans nom en plein magasin, était là, à côté du marié. Il était tout sourire et ressemblait étrangement à Cypriaque. Lorik se retint avec grand peine de pousser un cri dans l’église et de lui régler son compte mais se lever au moment où le pasteur demandait si quelqu’un s’opposait à l’union, cela allait faire plutôt tache. Il se contenta de serrer fort les poings et les dents pour chasser la colère montante. Cela pouvait paraître ridicule, la rage de Lorik mais c’était quelqu’un de très sanguin et qui n’abandonnait la partie que quand il gagnait, même pour des gamineries.

-          Qu’est-ce qu’il y a ? Vous ne vous sentez pas bien ?

Lorik sursauta, ayant oublié les personnes à côté de lui.

-          Si, si. Je vais très bien.

-          Vous ne voulez pas de ce mariage vu la façon dont vous tentez de contenir votre colère.

-          Grand dieu, non. Je suis très content que Clémentine se remarie enfin.

-          Vous connaissez la mariée ?

-          Oui. C’est mon ex-femme. Mais je ne me suis pas présenté. Lorik Milkac.

-          Christian Brown.

Les deux hommes se firent une discrète poignée de main sous le regard désapprobateur d’une de leurs voisines de banc.

-          Alors qu’est-ce qui vous mettait dans cet état ?

-          Le témoin.

-          Ah…

-          J’ai eu un problème avec le témoin de Cypriaque dans un magasin.

Et Lorik se mit à raconter ce qu’il lui était arrivé quelques jours plus tôt avec le sourire légèrement moqueur de Christian.

-          … Au final c’est un vrai connard ce mec, conclut Lorik en espérant l’approbation tacite de son voisin, mais il n’eut pas la réponse voulue.

-          C’est mon copain.

-          Copain… Copain ?

-          Oui. Du genre qu’on couche ensemble.

-          Ah… mais ça reste un connard.

Lorik avait la vague impression d’avoir fait une gaffe, mais Christian ne sembla pas s’en offusquer, alors il n’eut pas besoin de se terrer dans un trou de souris pour cacher sa gêne. Il avait l’habitude d’être franc. Peu importait si le témoin était le petit ami de son voisin, il n’en était pas moins une personne qui l’insupportait depuis la première fois qu’il l’avait croisée.

Sans imaginer qu’ils venaient de parler de lui, Miralem assista à leur échange, sans pouvoir saisir les  paroles qu’échangèrent Lorik et Christian. Il était aux côtés de son frère, près de l’autel, et il n’apprécia pas de les voir discuter. Il ne savait toujours pas qui était Lorik, il n’avait pas pensé à le demander à Cypriaque. Il le ferait dès qu’il pourrait, car il était curieux, et il ne supportait déjà plus sa tête. Au fond de lui, il savait que Lorik n’était pas son réel problème. Il était simplement jaloux. Il l’admettait sans honte, et petit à petit, son ressentiment envers Lorik grandissait. Miralem lui en voulait d’accaparer l’attention de Christian, qui osait même sourire à un inconnu. Il en voulait aussi à son petit ami de parler gaiement avec un autre homme, d’autant que ce dernier était loin d’être moche. Miralem n’avait pas remarqué ce détail lorsqu’il l’avait croisé au magasin, mais à présent, il l’observait, et il ne pouvait qu’admettre la vérité. S’il trouvait Lorik physiquement à son goût, ce devait être aussi le cas de Christian, et cette simple idée le mettait hors de lui.

Il fulminait. De nature possessive, il savait qu’il exagérait, mais il ne pouvait rien y faire. Il était comme ça. Il ne vit pas son frère passer la bague au doigt de Clémentine. Il ne les vit pas s’embrasser pour s’unir à jamais. Ses yeux ne fixaient qu’un seul et unique point : son petit ami assis aux côtés d’un homme qui restait un inconnu. Lorsque la cérémonie fut terminée, Miralem alla rejoindre Christian, assez vite pour le retrouver, mais calmement pour ne pas que son comportement paraisse suspect. Tout le monde était debout, mais Lorik n’avait pas bougé de son rang, et il restait près de Christian, ne sachant pas trop quoi faire d’autre. Il ne connaissait pas grand monde. Il avait déjà rencontré la famille de Clémentine lorsqu’ils étaient ensemble, mais ils n’avaient sûrement pas envie de lui parler. Ils avaient été déçus de perdre un aussi beau parti pour leur fille, et Lorik se demandait s’ils lui avaient pardonné, maintenant que Clémentine aimait et épousait un grand architecte de renom.

Sans pudeur, Miralem passa un bras autour de la taille de Christian.

-          Tu m’as manqué, murmura-t-il à son oreille, assez fort pour que Lorik l’entende.

Ce dernier n’eut pas la moindre réaction, car il savait que les deux hommes étaient en couple, alors Miralem insista.

-          Vivement qu’on se retrouve tous les deux…

Christian sourit, sans pour autant répondre aux avances de son petit ami, alors que Lorik restait stoïque, les yeux rivés sur les jeunes mariés. Il avait beau ne rien dire, la situation le mettait tout de même assez mal à l’aise. Miralem était vraiment sans gêne. Il prononçait des mots intimes devant lui, et il n’hésitait pas à caresser vulgairement Christian. Celui-ci ne protestait pas, mais il ne participait pas non plus, sûrement peu enclin à donner des câlins en public.

Lorik s’obligea à porter son attention sur autre chose que sur les paroles osées qu’il entendait à quelques centimètres de lui. Miralem dut remarquer son regard fuyant, car ses lèvres s’étirèrent de satisfaction. Finalement, son petit manège avait porté ses fruits. Il reprit une attitude convenable, puis il fit semblant de s’apercevoir de la présence de Lorik.

-          Excuse-moi, je t’avais pas vu, déclara-t-il, un sourire hypocrite accompagnant ses dires.

Lorik perçut son ton moqueur, mais il préféra ne pas riposter, ne voulant pas enclencher une bagarre et gâcher le mariage de son amie. Il envoya un regard noir à Miralem, puis il reporta son attention sur ce qui se passait dans l’église. Son repos fut de courte durée, car à peine quelques secondes plus tard, Miralem lui adressa à nouveau la parole. Il avait joué, il avait gagné, mais à présent, il voulait savoir qui était Lorik. Il avait besoin d’être rassuré, car il se sentait en danger avec un homme si désirable à ses côtés. Christian était fidèle, Miralem lui faisait confiance, mais il ne pouvait s’empêcher de repérer le moindre danger et d’en craindre les conséquences. Sa possessivité et sa jalousie revenaient au galop.

-          D’où tu connais Clémentine et Cypriaque au fait ? Demanda-t-il.

Lorik ne fut pas étonné par la question. Il avait la même sur le bout de la langue, même s’il ne l’avait pas encore posée. Il se doutait du lien qu’il y avait entre Miralem et Cypriaque, mais il avait juste besoin d’une confirmation. Il décida de lui répondre, et d’essayer d’en savoir plus après. Il se tourna vers Miralem et ce ne fut qu’à cet instant qu’il remarqua que Christian les avait abandonnés pour aller discuter avec d’autres personnes. Faisant fi de ce détail, il observa son vis-à-vis et en profita pour réfléchir à ce qu’il allait dire, à ce qu’il était nécessaire de préciser ou pas. Il fut surpris un instant par l’inquiétude qui se reflétait dans les yeux de Miralem, mais il n’en montra rien. Il reprit son air impassible, et il lui expliqua :

-          Clémentine est mon ex-femme. On était marié il y a plusieurs années, mais comme tu peux le constater, ça n’a pas vraiment marché. L’amitié, ça nous réussit mieux.

Un long silence suivit cette déclaration, et Lorik n’essaya pas de le briser. Miralem ne savait plus quoi dire. Il se rendait compte qu’il s’était inquiété pour rien, une fois encore. Son caractère lui ferait du tort un jour, il le savait, mais il n’arrivait pas à changer.

-          Et toi ? Demanda Lorik, le sortant de ses pensées. Tu es qui par rapport à eux ?

-          Je suis le frère de Cypriaque.

-          C’est bien ce que je pensais, vous vous ressemblez un peu.

Ils n’avaient rien à se dire, déjà. Miralem devait trouver un sujet de conversation, vite, pour combler le blanc qui commençait à s’installer.

-          Je vois que tu as fait la connaissance de Christian ? Fut la seule chose qu’il trouva à dire.

-          Oui, oui, on a un peu discuté. J’ai juste eu le temps de te traiter de connard avant qu’il me dise que tu étais son copain. Heureusement qu’il l’a pas mal pris.

-          Ne t’inquiète pas. Il s’en fiche que tu m’aimes bien ou pas, tant que tu oses le dire, déclara Miralem, tout en souriant.

-          Il a l’air sympa.

-          Il l’est.

-          Et toi ? Lança Lorik. Tu es toujours aussi antipathique que tu l’as été l’autre jour chez Harrods ?

-          Ca dépend, je crois que là, ma compagnie n’est pas trop désagréable.

-          Non, ça va, confirma Lorik. C’est même mieux que tout à l’heure quand tu pelotais ton petit ami devant moi.

-          Désolé pour ça, ça m’arrive quelquefois.

-          Ca fait rien.

Ils ne dirent plus un mot pendant un moment, puis Lorik reprit la parole, après avoir jeté un œil autour de lui.

-          Je vais discuter avec Clémentine, maintenant que ses parents sont plus accrochés à elle. On se reverra sûrement d’ici à ce soir.

-          D’accord, à plus tard alors.

Lorik s’en alla, et Miralem l’imita, pour aller rejoindre Christian qui parlait avec son frère. Il se trouvait stupide. Il avait mal jugé Lorik. Cet homme n’était pas aussi inintéressant qu’il avait cru. Il était même plutôt sympathique. Surtout, il était complètement inoffensif. Miralem n’avait rien à craindre de lui. Il ne briserait pas son couple, car il aimait les femmes. Miralem l’avait bien compris. Son histoire avec Clémentine en était la preuve. Il en était soulagé, car il n’aurait pas aimé être sur le qui vive à longueur de journée, plus qu’il ne l’était déjà. Christian était à lui, et il n’accepterait pas que quelqu’un d’autre le lui prenne.

 

Désolé pour le petit retard mais le PC grognon a enfin entendu raison et nous pouvons enfin sortir le chapitre. Plus de peur que de mal... La suite sera comme prévu pour le 30 septembre.
Nous espèrons que ce chapitre vous a plu et qu'il vous éclaire un peu sur l'histoire. En tout cas, les auteurs se frottent les mains pour la suite...
Bises à tous et à toutes...

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Plus que nous [terminée]
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