Présentation

Jeudi 10 juillet 4 10 /07 /Juil 00:02

 

Tout était calme et silencieux dans la demeure. La noirceur de la nuit enveloppait les pièces pour les plonger dans un cocon feutré. Dans une chambre aux allures de maison de poupée, une personne s’agitait sous ses couvertures épaisses. Elle cherchait vainement à tomber dans un sommeil profond, propice à un sommeil réparateur, mais un lourd repas mangé peu de temps avant d’aller se coucher l’empêchait de dormir correctement. Et quand enfin il arriva à lui, une bonne heure après, la porte d’entrée claqua fortement.

Ceylan pesta, cette fois-ci pas contre son repas, mais contre son cher et tendre frère. Elle savait qu’il était de sortie suite à la visite de Daegan pour le bal de fin d’année du lycée mais elle avait espéré qu’il rentrerait sans faire de bruit. La jeune femme s’attendait à entendre plus de bruit mais seul le grincement de la porte que l’on refermait se fit entendre. Elle eut un profond soupir de soulagement avant de se tourner dans son lit et enfin commencer à tomber dans le pays des songes. Mais ça avait décidé de ne pas être sa nuit car un quart d’heure plus tard, il y eut des gémissements qui semblaient être de plaisir.

Maudite, elle se dit qu’elle était maudite et en plus ils n’étaient pas décidés à s’arrêter. En désespoir de cause, elle ralluma sa lampe et prit le dernier livre qu’elle était en train de lire. Après avoir vérifié si le marque page était toujours à sa place, elle se leva et se saisit de sa chaude robe de chambre. Elle sortit avec des rougeurs sur les joues suite à un cri plus fort que les autres. Morte de honte, elle descendit en vitesse au rez-de-chaussée pour se caler dans un fauteuil, essayant de faire abstraction des bruits qu’elle pouvait encore entendre. Une nouvelle nuit blanche l’attendait et elle aurait deux mots à dire à son frère quand il sortirait le nez de sa chambre.

 

Ses paupières battaient sous l’afflux de la lumière du soleil. Cherchant à échapper à cet élément perturbateur de son sommeil, il se tourna mais rien n’y faisait. Le pays des songes l’avait définitivement quitté mais pas la fatigue. Il s’assit sur son lit et sortit ses pieds qui prirent contact avec la douce moquette rouge de sa chambre. Il mit la main sur un boxer, dans lequel il se glissa, et sur le bas d’un jogging à la dernière mode.  La tête dans le brouillard, les yeux mi-clos, et deux trois ratés au niveau de la direction, Idriss réussit à sortir de sa chambre et à descendre à la cuisine.

S’étirant tel un chat, ajusté à une petite grimace, il s’assit sur un tabouret à l’assise en cuir noir du bar, sans remarquer que sa petite sœur s’y trouvait aussi, assise devant un petit déjeuner gargantuesque. Cette dernière lui jeta un regard furibond au moment où il prenait la bouteille de lait pour la boire au goulot.

-          Tu es content de toi.

-          De quoi ? Demanda Idriss, passablement dans le brouillard. Ah bonjour petite sœur.

-          Bonjour petite sœur ? C’est tout ce que tu trouves à dire à quelqu’un qui n’a pas dormi de la nuit par ta faute.

-          Hein ?

-         Oui, parce que monsieur estime que pour s’envoyer en l’air, il doit réveiller tout le monde. Apparemment elle était meilleure que les autres, cette fille. Vu que je ne l’ai pas vu se faire jeter de ta chambre comme une mal propre, ça doit être le cas.

-          Ceylan je vois pas de quoi tu parles et j’ai un putain de mal de crâne, là.

-         Tu as mal à la tête d’avoir trop baisé ou bien c’est ta copine et ses performances vocales, s’exclama Ceylan, légèrement énervée par la nonchalance de son frère et bien décidée à le lui faire savoir.

Posant sa bouteille de lait, Idriss descendit de son assise et s’approcha de sa sœur.

-          On t’a jamais appris à te la fermer, petite sœur, répondit un Idriss, tranchant.

Elle allait répliquer quand elle entendit descendre ce qu’elle pensait être la nouvelle fille, mais ce fut un garçon, à tomber selon elle, qui fit son apparition. L’air endormi, les cheveux blond cendré en bataille, des petites cernes sous les yeux, Auxence déambulait dans le salon en direction des deux autres. Les yeux de Ceylan se perdaient sur le torse du jeune homme laissé à la vue de tous par une chemise noire ouverte, et le regard était arrêté à un jean taillé juste comme il faut, une merveille payée à prix d’or.

-          T’aurais pu me réveiller, dit Auxence d’une voix traînante.

-          Pour quoi faire ?

-          Parce que j’apprécie très peu d’être seul au réveil.

-          Putain mais tu es une vraie fille.

L’effet qu’eut cette réplique sur Auxence fut de le faire rire et de lui faire lancer une phrase assassine.

-          Ah bon. Pourtant tu ne valais pas mieux cette nuit.

-          Oui, mais c’est qui qui a commencé dans la soirée.

-          Elle est où ta salle de bains, dit Auxence qui sentait qu’il n’allait pas avoir le dessus avec celui qui n’avait plus de statut défini dans sa tête, et bizarrement la présence de celle qui semblait être la petite sœur de celui-ci ne le dérangeait pas. C’était une inconnue pour lui.

-          Le deuxième couloir en partant du salon et la première porte à gauche.

Ceylan avait suivi cet échange, silencieuse, ne sachant pas comme réagir, ni quoi dire sinon demander si ce qu’elle venait de penser était vrai. Elle regarda son frère reprendre tranquillement sa bouteille de lait pour en vider entièrement le contenu comme si de rien n’était, sans faire attention à sa petite sœur qui avait vu et entendu toute la micro scène. Ne tenant plus, la curiosité étant trop forte, elle mit les pieds dans le plat.

-          Dis, vous… vous avez couché ensemble ?

-          Mmnh, répondit Idriss, la tête dans le frigo à la recherche de quelque chose à manger de potable.

-          Mais depuis quand tu es gay ?

La porte du grand frigo American fut refermée en un claquement sonore qui fit tinter les bouteilles en verre à l’intérieur de celui-ci. Le jeune homme se tourna vers sa sœur avec un mélange de plusieurs expressions sur le visage.

-          C’était pour l’emmerder.

-          Ah bon ? Fit-elle avec  une moue dubitative.

-          Oui. Ne pose pas de questions sur des choses que tu ne comprends pas. C’est juste un jeu.

-          C’est bizarre pour un jeu. Tu as pensé aux conséquences que cela peut avoir ?

Mais le jeune homme ne lui répondit pas, il était plus occupé à regagner l’étage et sa chambre qu’à répondre à sa petite sœur.  

Dix minutes plus tard, Auxence était en train de s’habiller correctement avec ses vêtements de la veille. Il n’avait aucun regard pour Idriss qui était allongé sur son lit, les yeux fermés. Au moment de passer la porte de  la chambre, en remontant la fermeture éclair de son manteau, il eut un moment d’arrêt avant de partir sans un mot, douce vengeance de la dernière fois et moyen de ne pas laisser Idriss avoir le dessus une nouvelle fois.

 

Deux jours s’étaient écoulés, laissant les vacances de Noël prendre doucement leur place. Le ciel se parait de nuages gris, ceux qui apportaient la neige pendant que les gens préparaient les fêtes. Dans la petite maison, après avoir fait ses devoirs pour la rentrée, Auxence avait fouillé dans le grenier pour en sortir les quatre boîtes en carton poussiéreuses. Sur toutes, il y avait marqué en gros au marqueur noir, décorations de noël. Avec la manche de son pull en grosses mailles bleu marine, il chassa la pellicule de matière poussiéreuse  pour soulever les couvertures afin de voir les trésors aux couleurs chatoyantes. Après avoir vérifié leur parfait état, il les descendit pour les poser à côté du gros sapin en kit que son père avait acheté la semaine précédente. 

Auxence déballa les divers morceaux et commença à les emboîter les uns dans les autres quand la sonnerie de la porte d’entrée se fit entendre. C’était Ephram. Il l’avait prévenu un peu plus tôt dans l’après-midi par portable qu’il passerait afin d’avoir quelques explications pour samedi. Auxence le fit entrer rapidement, car le froid commençait à se faire vraiment mordant. Ephram se délesta de sa doudoune marron et de son échappe montée jusqu’au nez, qu’il posa sur le dossier du canapé.

-          Tu es de corvée de décoration ? Demanda celui-ci en aidant Auxence à monter les derniers morceaux du sapin.

-          Oui. Tu sais comment est mon père à l’approche des fêtes.

-          Comme un enfant devant des cadeaux.

-          C’est à se demander comment il a fait pour devenir professeur à l’université, répondit Auxence avec un certain fatalisme.

Il ouvrit tous les cartons et ils commencèrent à monter les guirlandes électriques pendant qu’Ephram demandait à son meilleur ami pourquoi il l’avait lâché à la soirée. Même si c’était pour une fille, aussi jolie soit-elle, il aurait pu le prévenir.

-          J’ai trouvé une fille qui n’avait pas l’air contre, répondit Auxence, un brin gêné.

Pour chasser son malaise et ne pas le montrer à Ephram, il attrapa une guirlande pour la mettre avec empressement sur les branches du sapin synthétique.

-          T’aurais pu me prévenir ou au moins m’envoyer un texto. A moins que tu étais trop pressé de soulager tes envies, répondit le jeune homme assez vivement.

-          Dis, c’est qui qui m’a planté avec sa copine et Idriss ? C’est pas moi, s’exclama Auxence qui omit volontairement de dire qu’il avait été coincé dans le gymnase avec son maître chanteur et s’était attelé à un sport tout à fait particulier mais au combien jouissif.

-          Ok. J’admets que je suis fautif pour une fois. Au fait, où ca en est avec Idriss ?

-          Comme d’habitude.

-          Comment ça ?

-          Comme d’habitude. Tu ne veux pas me lâcher avec ça. Je n’ai pas envie d’en parler. C’est comme si moi je te demandais je te demandais comment ça se passe avec Daegan.

-          Comment tu… ? Demanda Ephram, pâle comme la neige et apeuré d’avoir été démasqué.

-          J’ai bien vu que vous commenciez à devenir copains. Ne m’oublie pas, fit Auxence avec un regard de chien battu, celui qui marchait toujours sur son meilleur ami.

-          Ça, je risque pas.

Les deux avaient le cœur qui battait à cent kilomètres à l’heure, à cause d’une conversation à deux sens. Un grand silence s’installa dans lequel ils essayaient de se calmer en finissant un sapin qui croula sur les décorations. A des kilomètres de là, deux autres personnes avaient aussi le même genre de conversation devant une partie de jeux vidéo. Contrairement à beaucoup de garçons qui n’aimaient que jouer aux jeux de courses et de combat, les trouvant vite ennuyeux, Idriss et Daegan pouvaient passer de longues heures devant les jeux de rôle et les énigmes. Tandis que le personnage d’Idriss allait de ville en ville et que Daegan tenait le livre de solution, les deux jeunes gens essayaient d’avoir une conversation banale sur ce qu’il s’était passé samedi soir. Daegan ouvrit le bal après avoir parlé de choses très anodines car il savait qu’Idriss lui cachait des choses. Des choses que sa curiosité naturelle mourait d’envie de savoir tout en ne parlant pas de ses relations nouvellement ambiguës avec Ephram.

-          Tu as passé une bonne soirée ?

-          Tu m’as réveille avec une carafe d’eau dans la gueule, tu m’as trainé au bal du lycée puis tu m’as planté seul comme un con et j’ai dû me taper l’autre crétin d’Auxence mais sinon ouais. C’était une bonne soirée. 

-          Comme si t’étais resté avec lui. Te connaissant, tu as plutôt dû t’en débarrasser au bout de cinq minutes. C’est dommage parce que c’est un mec sympa après ce que j’ai pu parler avec lui.

-          A ton avis ?

Pour la première fois, Idriss fut gêné de dire ça, surtout avec ce qu’il s’était passé plus tard. En repensant à cela, il se crispa sous l’effet d’un frisson imperceptible qui passa tout le long de son corps. De peur que son ami s’en rende compte, il tenta de faire dériver la conversation.

-          Au fait, pourquoi tu es parti comme ça ?

-          Je suis désolé mais ça me soulait ce bal. Ce n’était finalement pas une si bonne idée que ça. Et puis la meuf d’Ephram qui débarque comme ça et qui commence à faire sa petite fouine, ça a une tendance à me porter sur les nerfs.

-          Tu l’as dit…  

Une douce mélodie et un écran noir avec l’inscription Game Over détournèrent un instant Idriss de la conversation, en le faisant pester un nombre incalculable de gros mots. Daegan souffla de soulagement face à cette conversation qui prenait un tour bizarre. Pour cacher la gêne qui montait en lui, surtout en repensant au baiser sensuel échangé avec Ephram, il plongea son nez dans le livre, en choisissant frénétiquement une page quelconque.

La sonnerie lointaine du téléphone se fit entendre au rez-de-chaussée sans qu’Idriss n’y prête attention. Sa petite sœur était là et elle pouvait bien répondre, surtout qu’il venait de perdre une heure de jeu car il avait oublié de sauvegarder. Les deux arrêtèrent de parler de la vie réelle et de leurs interrogations pour reprendre là où ils en étaient. Mais il était décidé qu’ils n’y arriveraient pas car dix minutes plus tard, Ceylan montait à l’étage en se faisant bien entendre, douce vengeance pour la nuit blanche qu’elle avait faite à cause de son cher et tendre frère, pour ouvrir la porte à la volée.

-          Qu’est-ce que tu veux ? Dit Idriss, trop occupé à fixer son écran plat de télévision.

-          Les parents ont appelé. Ils débarquent dans deux jours alors nettoyage total de la maison, rachat des bouteilles que tu as pu soigneusement vidées, et plus personne ramené à la maison la nuit.

-          Quoi ? S’écria Idriss qui se retourna d’un seul coup.

-          Et oui.

-          Pas de chance, dit Daegan en lui tapotant une épaule dans un signe de compassion.

-          Au fait, grand frère…

-          Oui ?

-          C’était qui le mec qui a passé la nuit à la maison, il y a deux jours ? J’aurais voulu savoir son nom parce qu’il est vraiment trop beau.

Un grand silence s’installa d’un coup, tel un coup de blizzard.

Et voilà, encore un chapitre fini avec des dialogues qui nous ont bien fait tripé. Le temps avance plus vite qu'on le croit et on s'approche doucement de la fin de cette co-production.
La suite sera pour jeudi prochain comme c'est maintenant notre habitude.
Une bise à chacun qui passe par ici de la part des deux folles que nous sommes.

Par Perri_et_Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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