Présentation

Vendredi 4 avril 5 04 /04 /Avr 15:18


Les premiers jours d’octobre étaient gris. La pluie menaçait de tomber à tout instant, mais c’était le cadet des soucis de beaucoup de lycéens, et particulièrement d’un lycéen. Le baladeur criant My Favorite Game, des Cardigans, vissé sur les oreilles, un jeune homme de dix-sept ans s’avançait vers les portes  de son lycée. Ses yeux bleu gris balayaient les environs à la recherche de têtes connues, mais sans succès. 

Un gros sac de sport accroché à son épaule et son sac de cours jeté sur l’autre, Auxence prit la direction de son casier, dans le couloir principal du lycée. Un brouhaha monstre se faisait entendre dans les couloirs, créé par les cris, les conversations futiles et les musiques de baladeurs trop fortes. Le jeune homme ouvrit son casier en faisant tourner la roulette de son cadenas. Il prit deux livres de mathématiques et de biologie et mit tant bien que mal son sac de sport.

Il ferma la porte d’acier, pour y voir un visage féminin aux traits délicats et au grand sourire siliconé lui faire face. C’était la dernière copine en date d’Auxence. Déjà une semaine qu’ils étaient ensemble et il en avait marre, mais cela ne l’empêcha pas de lui faire un langoureux baiser de bonjour, avant de la regarder rejoindre ses amies qui lui faisaient de grands signes. 

Il décida de la larguer sous peu, peut être ce soir ou demain. Il savait déjà que d’autres filles seraient là pour avoir ne serait-ce qu’une nuit avec lui. Car Auxence était un beau jeune homme qui ne laissait aucune fille indifférente. Ses yeux gris bleu et ses cheveux raides, blond cendré, descendant juste en dessous des oreilles et de la nuque, lui donnaient un air angélique. Cela contrastait avec une solide carrure de sportif d’un mètre quatre-vingt, forgée par de longues heures à pratiquer du basket, et qu’il mettait en valeur par des jeans ou pantalons, et des chemises, des pulls à la mode. La seule chose qui ne changeait jamais dans sa tenue vestimentaire, c’était son éternelle paire de Converse noires aux revers écossais rouges.  

La sonnerie de début de cours se fit entendre dans tous les bâtiments et appela les élèves dans les salles. Auxence, son sac de cours sur l’épaule et ses livres sous le bras, prit la direction de son cours de mathématiques, prêt pour trois longues heures. Arrivé dans la salle de cours, il s’installa à une table du milieu, près de la fenêtre, et sortit sa petite trousse de toile bleue marine et son bloc de feuille. Celui-ci était décoré de dessins, faits pour chasser l’ennui profond que certaines heures pouvaient apporter. Son camarade de table habituel s’installa à côté de lui. Il n’avait jamais réellement cherché à parler avec lui, juste les habituelles politesses d’usage. Auxence n’en voyait pas l’utilité. Sa nature était plutôt froide et distante, sauf quand il jouait avec son équipe à son sport préféré. Seulement à ce moment-là, son côté passionné refaisait surface.

Un raclement de gorge se fit entendre. Le vieux mais respecté professeur de mathématiques commença son cours dans un silence presque religieux. En dehors de la voix du vieil homme, seul  le grattement des pointes de stylobilles sur les feuilles de papier se faisait entendre.

 

Trois heures plus tard, Auxence changea de salle pour se rendre en biologie. Les salles vomissaient leurs torrents d’élèves aux allures diverses, mais qui, à ce moment- là, se fondaient dans la masse.

D’un pas rapide, le jeune homme se glissa entre les élèves pour se rendre dans l’aile scientifique pour une heure de travaux pratiques.

Sept minutes après, une quinzaine d’élèves rentrèrent dans une salle blanche et vert pale aux allures de laboratoire. Chacun prit une blouse blanche et s’installa à une table de travail aux carreaux, froids sous la paume des mains. Un professeur d’une quarantaine d’années fit son entrée, en tenant une petite boite en fer. Tout le monde savait déjà ce qu’elle contenait, car c’était le cours attendu et redouté par tout le monde : la dissection.

Pour Auxence, c’était juste un cours comme un autre, sauf que là, il y avait des travaux pratiques. C’était un moyen comme un autre de s’occuper.

Une heure après, la sonnerie de midi se fit entendre, mais les élèves de la salle de biologie ne sortirent pas tout de suite. Ils prirent soin de ranger tout le matériel sorti et de rendre les travaux au prof.

Le jeune homme fut l’un des derniers à sortir, principalement à cause du même professeur qui voulait l’avis de son meilleur élève sur le sujet qu’elle venait de donner en devoirs. Quand Auxence sortit enfin, il eut un profond soupir de lassitude. Il venait de rater le premier service de la cantine, et serait obligé de prendre le dernier.

D’un pas lent, il prit  la direction de son casier pour y ranger  ses affaires de cours et prendre les autres. Les couloirs s’étaient vidés, et peu de personnes n’avaient pas encore rejoint la cantine ou leur maison pour la pause. Il était à cinq mètres de son casier quand quelqu’un le heurta. Il s’attendit à un mot d’excuse qui ne vint pas. Il se retourna vivement.

-         Ça t’arracherait la langue de dire pardon.

Un jeune homme aussi carré que lui se retourna et lui planta un joli doigt d’honneur, mêlé à un sourire dédaigneux. Puis il continua sa route comme il était venu. Auxence resta planté comme un con quelques secondes, trop surpris pour faire quoi que ce soit.

Et puis il se dit qu’avec l’allure qu’avait cet élève, il n’y avait rien à faire. Encore une petite frappe ou un membre d’un quelconque petit groupe qui ne savait pas quoi faire pour se faire remarquer. Des cheveux bruns aux pointes bleu électrique, quelle idée.

Le jeune homme réussit enfin à gagner son casier, où il échangea enfin ses affaires. Puis d’un pas tranquille, il alla à la cantine tout juste refaite après deux ans de lourds travaux. Il se mit au bout de la file d’attente, jusqu’à ce qu’il voit trois membres de l’équipe de basket avec leurs gros sacs lui faire de grands signes pour qu’il vienne les rejoindre, plus en avant dans la queue.  Après les salutations d’usage, ils se mirent à parler du premier match du championnat qui devait avoir lieu ce samedi. Tous les joueurs, à part Auxence, étaient anxieux, car ils affrontaient une des meilleures équipes de l’année dernière. Auxence, qui était le capitaine, avait lui confiance en son équipe et en leur jeu, et il comptait bien leur prouver à l’entrainement de cet après-midi.

Il fut interrompu dans sa réflexion par un joueur qui lui posa une question.

-         Dis, Auxence, tu as fini ?

-         Oui, répondit le jeune homme qui comprit de quoi il parlait.   

-         Tu pourrais me le passer ?

-         Non. Ca sera après l’entrainement, comme d’habitude.

-         Ok.

-         Et n’oublies pas la contrepartie ?

-         C’est bon. Je l’ai.

-         Bien. Il serait peut être tant d’avancer. Ca va être à nous de passer.

En effet, un trou s’était créé dans la file d’attente, juste devant eux, pendant qu’ils discutaient, et plusieurs personnes commençaient à s’énerver. Ils se hâtèrent de passer et de manger pour se rendre à l’entraînement de l’après-midi. S’ils avaient le malheur d’être en retard d’une minute, l’entraîneur leur  passait le savon de leur vie.

Trois heures plus tard,  sous les lambris du vieux gymnase du lycée, une dizaine d’athlètes vêtus d’une tenue de basket suaient pour gagner leur match d’entraînement. L’équipe témoin d’Auxence menait d’un petit point, mais les autres se battaient comme des beaux diables, les poussant tout le temps à la  faute. La fatigue de l’entraînement commençait à se faire ressentir dans les muscles des jambes et des bras, la faute était facile à faire.

Auxence criait ses ordres avec une énergie féroce, la sueur collait ses cheveux blonds à son visage. Il vit une ouverture dont son meilleur ami Ephram profita pour prendre le ballon à l’équipe adverse, et tous les deux se lancèrent à la remontée du terrain par une série de passes à deux, jusqu’à ce qu’Auxence marque un panier à deux points. Ils assuraient une victoire nette et sans bavure. L’entraîneur siffla la fin et les fit se réunir autour d’un tableau explicatif de la stratégie à suivre pour le match de samedi.

Il eut un grognement mécontent quand il entendit des applaudissements venant des tribunes. Les entraînements pouvaient être vus par tout le monde faisant partie du lycée, et il y avait pas mal de personnes présentes cette semaine, surtout des filles qui jouaient les groupies. Les garçons de l’équipe étaient très populaires dans le lycée, et beaucoup de filles espéraient se faire remarquer des joueurs.

Passé son court instant d’agacement, l’entraîneur, à l’aide d’une grande règle, expliqua tous les moindres mouvements de sa stratégie. Il demanda à Auxence de l’y aider, car bien que ses joueurs l’écoutaient, leur confiance allait au jeune homme qui savait à chaque moment où faire placer ses camarades pour que la situation soit à leur avantage sur le terrain. 

Quand on leur annonça qu’ils pouvaient enfin regagner les vestiaires pour prendre une bonne douche, des cris de joies résonnèrent dans le hall du gymnase.  Les joueurs étaient ravis et coururent jusqu’au douches salvatrices, où chacun passa bien un bon quart d’heure sous l’eau.

Une fois qu’Auxence fut habillé et se soit séché les cheveux, il sortit de son sac de sport une grosse pochette en plastique violette. Il l’ouvrit et en tira un paquet de feuilles et un cahier d’écolier, armé d’un stylo.  Ses camarades de basket, propres et habillés,  s’approchèrent, en sortant leur porte feuille de leur sac.  Le commerce allait commencer.

Pour se faire de l’argent de poche, Auxence vendait ses talents de surdoué moyennant finance. Il rédigeait des devoirs à la maison ou vendait les sujets de devoirs surveillés qui allaient tomber. Peu profitaient de ses services, pour éviter des problèmes, et il fallait pas mal d’argent pour se payer ses services. Auxence prenait soixante-dix Euro pour les devoirs et cent Euro pour les sujets.

Personne n’avait dénoncé le jeune homme pour ça, car les gens qui en profitaient avaient beaucoup à perdre, comme des bourses ou des admissions dans des universités.

Après dix minutes de transaction pendant lesquelles Auxence nota les noms et les sommes sur son cahier, tout le monde sortit. Le jeune homme avait un grand sourire aux lèvres, il venait de gagner six cent cinquante Euro d’un coup pour des devoirs qui lui avaient pris une journée seulement à faire. C’était une bonne journée pour lui.  


On espère que ce premier chapitre vous a mis en bouche et vous a donné envie de lire la suite. Le deuxième chapitre arrivera dans la semaine prochaine. 

Par Perri&Joy - Publié dans : Indicibles cruautés [terminée]
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