INDICIBLES CRUAUTES
Suite à cette déclaration lourde de menaces, Idriss s’en alla, fier de lui, laissant un Auxence pétrifié par ce qu’il venait d’entendre.
Après quelques minutes nécessaires pour se remettre de ses émotions, Auxence alla en cours. Il commençait par deux heures de mathématiques, et ce n’était pas pour le réjouir. Certes, il aimait ce qu’il faisait, mais les exercices étaient rébarbatifs. Il s’ennuyait ferme pendant la majeure partie du cours, ayant toujours terminé avant les autres. Mais il faisait des efforts pour être attentif, car il souhaitait rester un des meilleurs élèves aux yeux des professeurs. Il ne fallait pas qu’ils se méfient de lui, car il avait besoin d’eux et de leurs clés pour son petit commerce.
Ce jour-là pourtant, il n’arrivait pas à se concentrer pour écouter ce que le professeur racontait. Ses pensées étaient ailleurs. Les dernières paroles de cette petite enflure aux mèches bleues trottaient dans sa tête. Faire ses devoirs, sans rien en échange. Auxence n’en avait pas envie, mais il n’allait pas vraiment avoir le choix. Soit il s’abaissait à son chantage, soit il se faisait dénoncer. Aucune proposition n’était à son avantage, mais la première lui desservirait moins que la seconde.
- Monsieur Teysster, puisque ce cours semble vous passionner, venez donc résoudre cette équation au tableau. Ca vous réveillera peut-être.
Bien sûr. Son professeur avait remarqué son manque total d’attention, mais son ton avait été plus compatissant qu’énervé. On lui pardonnait facilement de ne pas écouter pendant quelques minutes.
Auxence se leva, prit la craie que lui tendait l’homme plus âgé, et commença à déchiffrer l’équation écrite sur le tableau noir. Mais rien n’y faisait, il ne trouvait aucune solution au problème, au plus grand étonnement du professeur et des autres élèves. Son esprit était obnubilé par la menace qu’on venait de lui proférer et qui l’empêchait d’avoir une réflexion cohérente.
- Je suis désolé, Monsieur, j’y arrive pas, finit-il par dire, la tête basse et l’air penaud.
- C’est pas grave, retourne à ta place. Clément, au tableau.
Auxence alla s’asseoir, sans lever la tête. C’était la première fois que ce genre de chose lui arrivait, et il en avait un peu honte. Il en voulait à celui qui lui faisait perdre la face devant toute sa classe. Oh oui, il lui en voulait.
La sonnerie annonçant la fin du cours retentit quelques minutes plus tard, et il sortit aussi rapidement que possible, pour éviter les remarques des autres.
A midi, il retrouva Ephram au self. Ils firent la queue, se servirent, puis s’installèrent à une table dans le coin du réfectoire.
- Y’a un problème ? T’as l’air tout perturbé ? Lui demanda Ephram.
Auxence lui raconta alors ce qui s’était passé en cours de mathématiques, mais son ami n’eut pas la réaction escomptée.
- Je t’avais prévenu que ça finirait par t’apporter des ennuis tout ça. Tu peux t’en prendre qu’à toi-même.
Auxence fut déçu par le manque de soutien de son meilleur ami et le lui fit savoir.
- Je te demande pas d’approuver ce que je fais, mais tu pourrais au moins compatir.
- Compatir ? Depuis le début, je te couvre, mais je t’ai toujours dit que tu devrais arrêter !
- Je sais ! Et tu avais raison, comme toujours ! Mais t’es mon ami, non ? Tu pourrais m’aider.
- Je t’ai assez aidé Auxence. T’es dans la merde maintenant, et je peux rien faire pour toi à part espérer que ça s’arrange.
- Sympa, ça va vachement m’aider ça !
- Ecoute, si t’es pas content, c’est pareil. Je t’avais prévenu, tu m’as pas écouté, maintenant tu te démerdes ! Je suis pas là pour te sortir de la galère dans laquelle tu t’es mise ! Je suis pas ta roue de secours Aux…
Ephram s’arrêta net. Il ne l’avait pas pensé, ses mots avaient dépassé sa pensée. La réaction de son meilleur ami l’avait énervé, et il avait réagi au quart de tour, mais ce n’était pas ce qu’il voulait dire. Il savait qu’Auxence ne le prenait pas pour sa roue de secours, mais c’était sorti tout seul. Il s’en voulait d’avoir dit ça, et il avait raison. Un énorme blanc s’installa, laissant rapidement place à un malaise grandissant entre les deux amis de toujours.
Blessé, Auxence attrapa son plateau et sortit précipitamment du self, seul, sans un regard pour Ephram, qui ne chercha pas à le rattraper. Il alla s’enfermer dans la bibliothèque du lycée pour terminer les devoirs que d’autres élèves lui avaient commandés, et pour faire quelques exercices à lui. Il se consacra entièrement à son travail, pour oublier toute cette histoire de chantage, mais aussi sa dispute avec son meilleur ami. Ils étaient rarement en désaccord sur quelque chose, et quand cela arrivait, Auxence se sentait toujours coupable. Coupable d’avoir tort, ou d’avoir une réaction trop excessive. Ephram était le seul en qui il avait toute confiance, et dont il avait besoin pour se sentir bien, mais jamais il ne ferait le premier pas de la réconciliation. Il était trop fier pour ça.
Il était tellement absorbé par ce qu’il faisait qu’il ne vit pas le temps passer, et oublia son seul cours de l’après-midi. Il s’apprêtait à partir lorsque Idriss arriva et posa une dizaine de feuilles devant lui.
- Tu fais tout ça pour moi. T’as jusqu’à samedi.
Il ne laissa pas à Auxence le temps de répondre et repartit aussi vite qu’il était venu.
La semaine passa plutôt vite, et le samedi arriva. Comme tous les week-ends, il y avait un match de basket. Mais cette fois, l’équipe du lycée jouait à l’extérieur, contre celle d’un autre établissement. Ce n’était que le deuxième match de l’année, alors il n’y avait aucun véritable enjeu. Tout le monde était décontracté, des joueurs aux spectateurs.
Une fois encore, Idriss avait décidé d’assister au match. Il n’y avait aucun bus affrété pour l’équipe. Tout le monde devait se rendre au lieu de rendez vous par ses propres moyens. Heureusement, ce n’était pas très loin, et Daegan avait le permis. Ayant redoublé la seconde, il avait un an d’avance, soit dix-huit ans, depuis quelques mois déjà. Idriss alla le rejoindre chez lui, et ils partirent ensemble, assis dans une petite Twingo verte, que Daegan avait reçu de la part de sa grand-mère qui ne conduisait plus. Pendant le trajet, ce dernier s’interrogea sur le soudain intérêt d’Idriss pour le basket, car l’année passée, il ne venait jamais le voir jouer.
- Pourquoi tu viens nous voir cette année ? Je croyais que t’aimais pas le basket.
Pourquoi venait-il. Telle était la question, à laquelle Idriss n’avait pas de réponse concrète. S’il ne disait rien, Daegan se ferait des idées sans queue ni tête, alors il préféra trouver une quelconque raison.
- J’aime toujours pas ça, mais j’ai rien d’autre à faire. T’es pas content que je vienne te voir ?
- Si, si, je me demandais, c’est tout.
La discussion s’arrêta là. Daegan savait qu’il devait clore le sujet et ne pas insister. Le ton employé par Idriss était sans appel.
Ils arrivèrent au gymnase une bonne heure en avance. Le lycée n’était qu’à une dizaine de kilomètres du leur, dans la ville voisine, alors la route n’avait pas été longue. A l’intérieur, le coach était déjà là, mais personne n’avait commencé à s’entraîner. Daegan se dirigea vers les vestiaires, et fit signe à Idriss de l’accompagner, même s’il n’avait rien à y faire. Deux joueurs étaient déjà là et se changeaient. Daegan alla saluer Ephram, puis il se tendit sa main vers Auxence, mais il interrompit son geste quand il vit la tête que son capitaine faisait. Il fixait Idriss, le regard empli de colère et de méfiance, et le visage déformé par la haine.
- Qu’est-ce que tu fous là, toi ? Lui demanda-t-il.
- Je viens voir mon meilleur ami jouer au basket. Ca te pose un problème peut-être ? Lança Idriss.
Non seulement il le faisait chanter, mais en plus, il osait se présenter devant lui et l’humilier publiquement. Décidément, ce mec était la pire des ordures.
- Tu devrais sortir Idriss, intervint Daegan, connaissant le caractère trempé des deux garçons. S’ils continuaient dans cette voie, leur discussion houleuse se terminerait en bagarre.
- Non, faut que je lui parle.
- J’ai rien à te dire, tenta Auxence, plus par provocation qu’autre chose, car il savait qu’il allait devoir affronter cet Idriss, tôt ou tard. Au moins, il connaissait son nom maintenant.
- T’es sûr ? Parce que moi, j’ai des tas de choses très intéressantes à raconter si jamais.
Auxence se faisait prendre à son propre piège et il s’en mordait les doigts. L’idée d’un tête à tête avec Idriss ne lui plaisait pas du tout, mais il préférait cela plutôt que la révélation de son secret à tout le lycée, à commencer par Daegan ici présent, qui n’avait pas l’air de comprendre de quoi ils parlaient. Il jeta un coup d’œil vers Ephram, assis sur un banc, qui attendait patiemment que tout le monde se calme. Apparemment, il n’avait pas l’intention de prendre parti et de l’aider à se sortir de ce bourbier. Ils ne s’étaient pas reparlé depuis qu’ils s’étaient disputés. Jamais ils n’avaient été brouillés aussi longtemps, et cette situation attristait Auxence, mais comme toujours, il attendrait que son meilleur ami revienne vers lui.
- C’est bon, on va discuter. Dans le couloir, finit-il par déclarer, à l’intention d’Idriss.
Il attrapa son sac, sous le regard étonné de Daegan, qui ne voyait pas l’utilité que pourraient avoir les affaires de sport d’Auxence dans leur conversation. Puis il sortit des vestiaires, suivi de près par Idriss, dont la bouche s’étirait en un énorme sourire narquois. Ce dernier avait les mains dans les poches, et semblait très à l’aise, contrairement à Auxence, qui n’appréciait pas d’être en position d’infériorité. Ses mains tremblaient, tellement il était énervé et un peu stressé, mais il faisait tout pour le cacher. A aucun prix il ne se rabaisserait plus qu’il ne l’avait déjà fait, devant cet enfoiré. Question d’orgueil.
Au même moment, deux garçons se retrouvaient seuls dans les vestiaires.
- Depuis quand ils se connaissent ? Demanda Daegan.
- J’en sais rien, lui répondit Ephram, à moins que…
Il laissa sa phrase en suspens. Il était étonné, mais il avait bien une petite idée de l’origine de la rencontre entre Auxence et Idriss.
- A moins que quoi ? Insista Daegan.
- Rien, laisse tomber.
Il remarqua l’air d’incompréhension de son coéquipier, mais il ne lui en dit pas plus. Il n’avait pas besoin de savoir.
Dans le couloir, Auxence et Idriss se regardaient en chiens de faïence. Ce fut finalement le jeune homme aux étranges mèches bleues qui prit la parole, sans détour.
- Tu les as faits ?
Auxence avait perdu sa semaine pour ça, mais oui, il les avait faits. Ca lui avait pris beaucoup plus de temps que pour
les autres, alors qu’il ne recevrait rien en retour. Il avait à présent un énorme manque à combler, et ça n’allait pas être facile, surtout si Idriss ne le lâchait pas. Il sortit les exercices et
les sujets photocopiés de son sac et les lui tendit, avant de retourner au vestiaire, non sans avoir donné un petit conseil à Idriss.
- Maintenant, tu dégages.
Contrairement à la semaine dernière, l'inspiration est revenue, pour notre plus grand plaisir et pour le votre, car on vous prépare plein de choses pour la suite de cette histoire ^^.
Vous pourrez nous faire confiance.
A la semaine prochaine..
fid, quel commentaire. c'est la fête d'Auxence dans ce chapitre. Mais on l'aime bien ^^
Merci beaucoup
On continue...
Merci pour ces 2 longs commentaires, on retient ton idée pour Idriss mdrr
On fait la suite aussi vite que possible, pour la semaine prochaine bien sur^^
Bisous mademoizelle
Tu connaîtras tout sur eux en lisant les prochains chapitres hihi
Ne t'inquiète pas pour nous, nos délires ne sont pas prêts de s'arrêter, et notre co-prod nous fait bien rigoler xD
Bisous à toi et merci pour ce com :D
Pour réponse, on fait un chapitre chacune mais on fait les deux personnages. Chacune de nou maîtrise les deux personnages. on s'est fait un point d'honneur à ne pas faire un point de vue chacune^^.
Merci pour les favoris ^^. Ca nous fait très plaisir
Pas grave, tu en as déjà laissé quelques-uns^^
Bonne lecture^^