INDICIBLES CRUAUTES
Le bruit de ses chaussures résonnant sur les sols cirés des couloirs du lycée, Auxence courait jusqu’aux vestiaires. Son sac se baladait dans tous les sens dans son dos. Arrivé aux vestiaires, le jeune homme ouvrit en grand la porte, ce qui fit sursauter tous les joueurs présents. Une tension palpable régnait parmi tous. C’était le premier match, peut être pas le plus important, mais celui-ci motiverait les joueurs pour le reste de la saison.
Auxence s’installa à côté d’Ephram, et se changea rapidement en enfilant son maillot rouge au chiffre six inscrit dans le dos. Il mit ses éternelles barrettes sur ses mèches volantes, avant de mettre les affaires qu’il n’utilisait pas dans son sac. La fermeture éclair se fit entendre tant il la tira vivement.
Il restait encore une petite dizaine de minutes avant que le match ne commence et que le coup d’envoi ne soit donné.
Le jeune homme s’assit sur le banc de bois foncé et souffla un bon coup. Il écarta ses doigts, les tournant de façon à se les faire craquer. Il arrêta quand il sentit le regard de son meilleur ami peser sur lui. Il tourna la tête vers Ephram en lui jetant un regard interrogatif.
- Quoi ? Demanda Auxence, neutre.
- Rien.
- Si. Tu as quelque chose à dire, je le vois bien.
- Tu l’as fait ?
- Oui. J’ai tous les papiers qu’il me fallait.
- J’espère.
- Le coach est passé ?
- Non. Pas encore.
Avec le ton qu’il employait, le jeune homme faisait bien comprendre à Auxence qu’il n’aimait pas ce qu’il faisait, et encore moins le couvrir, mais il était son ami. Son meilleur ami depuis la petite enfance, partageant tout. Des petits secrets d’enfant jusqu’aux grandes douleurs.
- Tant mieux. Je sais que tu n’approuves pas, mais tout le monde y trouve son compte.
- Il y a quelque chose que j’aimerais savoir.
- Oui ?
- Comment tu fais pour les avoir ? Les clés ?
- Les profs me demandent souvent d’aller chercher, pour eux, des papiers quelconques dans leur casier. Personne ne se méfie du petit surdoué, sauf que j’y ai vu un intérêt. J’ai demandé à un copain une boîte à empreintes, où j’ai pu dupliquer les clés.
Auxence eut un petit sourire satisfait en disant ça, et Ephram ne revenait pas du culot dont son ami faisait preuve. Il le pensait aussi gonflé, mais rien n’y faisait, le jeune homme ne cautionnait pas ce que faisait Auxence. Il allait lui dire quand le coach fit irruption dans les vestiaires, énervé, comme toujours lors des matchs. Il leur fit un long discours sur ce qu’il voulait voir pendant le match. Les nouveaux buvaient littéralement ses paroles, mais les anciens écoutaient d’une oreille passablement distraite. Avec une grande difficulté, les deux amis se retenaient de rire, surtout en croisant le regard de Daegan. Car le jeune homme pouvait se livrer à des imitations très acides du coach à ces moments-là.
Quand la musique se mit à résonner, les joueurs des deux équipes sortirent des vestiaires. Les gradins du gymnase étaient pleins à craquer de gens qui brandissaient des banderoles aux couleurs des équipes respectives.
Les pom-poms girls faisaient leur numéro sur les planches du parquet, ciré de frais, sous le regard de la plupart des hommes présents. Elles n’étaient pas vraiment choisies pour leur intellect, mais plus pour leur physique avantageux qui laissait peu d’hommes indifférents. Cinq minutes après, le match commença entre les deux équipes, Auxence et ses joueurs affrontaient l’équipe qui avait gagné le championnat, l’an passé.
Les deux premières périodes furent douloureuses pour l’équipe d’Auxence. Ils étaient menés 32 à 12. Leurs adversaires menaient par un jeu rapide, jouant sur les grands joueurs et leurs forces musculaires. Après quelques changements, Auxence, Ephram, Daegan et deux autres petits joueurs rattrapèrent le retard en moins de temps qu’il ne fallait le dire, sous les hourras de la foule qui était principalement pour l’équipe du lycée. Dans la même foule, une personne regardait le match avec un intérêt grandissant, un léger sourire flottant sur ses fines lèvres rosées. Idriss ne regrettait finalement pas la pression de Daegan pour qu’il vienne voir ce fichu match. Le début de soirée se révélait riche. Plus riche qu’il ne l’aurait pensé.
Son regard noisette suivit le grand blond, qui croisait sa route ces jours-ci, et le vit mettre un panier juste avant que ça ne sonne la fin de la rencontre sportive. Les cris d’une foule en délire retentirent d’un seul coup, et nombreux étaient les gens qui descendaient sur le terrain pour féliciter les joueurs.
Ce bain de foule improvisé dura une bonne demi-heure, avant que les joueurs ne regagnent leur vestiaire pour prendre une douche salvatrice et se changer. Mais la soirée n’était pas finie. Comme à chaque victoire de l’équipe, une fête était improvisée dans l’immense propriété d’un des joueurs, à grand renfort de boissons alcoolisées en tout genre, sortant de nulle part.
Une heure du matin. Auxence naviguait de groupe en groupe, son verre en plastique empli de bière à la main. Sa tête tournait légèrement à cause des vapeurs d’alcool, de cet alcool traître qu’était la bière. Même ceux qui tenaient bien pouvaient être bien, voire ivre, avec cette petite boisson anodine.
Pour chasser cette impression d’être comme dans du coton, Auxence sortit sur la terrasse pleine de monde, s’amusant autour ou dans la piscine. Des couples se pelotaient sans honte devant tout le monde, mais personne n’y faisait attention.
Le jeune homme trouve un mur sur lequel il put s’adosser pour souffler un bon coup, laissant l’air de nuit s’insinuer dans son corps. C’était comme pour chasser une légère gueule de bois qui s’installait insidieusement. Trop occupé, il ne vit pas que quelqu’un s’était installé à côté de lui.
- Alors, la tête blonde ne supporte pas l’alcool, dit une voix moqueuse.
Auxence tourna la tête sur le côté gauche pour voir le jeune homme aux pointes bleues qui lui avait fait deux doigts d’honneur au cours de la semaine. Une bouffée de colère montait en lui, mais son esprit était trop embrumé pour dire quoi que ce soit.
- Je sais ton petit secret, dit Idriss en avalant le restant de son verre, qui contenait apparemment de la vodka pure.
- Quoi ?
- C’est fou ce qu’on peut faire dans la salle des profs.
Sur ce, Idriss partit en ayant une démarche nonchalante, laissant Auxence seul avec ses pensées.
Ce fut un mal de tête lancinant qui le réveilla au petit matin. Avec une grimace, Auxence ouvrit péniblement les paupières. Ce qu’il pouvait voir avec ses yeux, plein de sommeil, lui disait qu’il n’était pas dans sa chambre. Et quand les premières lueurs du soleil vinrent frapper son visage, il était sûr de ne pas être chez lui. Il tenta de se tourner dans ce lit qui n’était pas le sien, quand il se rendit compte qu’un bras était posé sur sa poitrine. Il tourna la tête pour voir la personne qui partageait le lit, et plus encore dans la nuit.
Il se dit que la jeune femme qui partageait ses draps n’était pas ce qu’il y avait de mieux. Il était déçu de son choix. Etre bourré ne lui réussissait pas vraiment. Avec une lenteur calculée, il souleva le bras du bout des doigts, pour le poser sur le matelas couvert de blanc. Le jeune homme sortit du lit et collecta un à un ses vêtements éparpillés pour se rhabiller. Au moment où il mit sa chemise, il eut une légère grimace de douleur. Il passa une main sur son omoplate où il sentit de petites croutes semblables à des griffures. Un léger sourire prit place sur ses lèvres.
Une fois habillé, il remarqua les trois paquets ouverts de préservatifs, ainsi que les capotes usagées nouées. Auxence se fit la réflexion de ne plus boire pour se souvenir de ses ébats. Il sortit de la chambre en catimini pour rentrer chez lui, prendre une bonne aspirine, une douche et faire une bonne sieste réparatrice. A quelques mètres de là, Idriss pensa la même chose quand il se réveilla aussi avec une fille dans le lit qu’il avait emprunté pour la courte nuit. La soirée s’était décidément montré pour lui très riche et fort appréciable.
Le lendemain matin, Auxence arriva au lycée avec une petite avance. Le lundi était pour lui une courte journée de cours, la commençant à dix heures du matin pour la finir à deux heures et demi de l’après-midi. Comme à son habitude, il déambula dans les couloirs pour atteindre son casier et prendre les livres qu’il lui manquait pour son cours de physique. Au moment où il ferma son casier, il vit, derrière la porte, la secrétaire du proviseur. C’était une femme sèche et sévère, jusque dans la caricature, avec un chignon haut retenu par quelques épingles et un tailleur bleu marine. Cela la faisait paraître âgée d’une quinzaine d’années de plus que son âge véritable.
Avec sa voix cassante, elle pria le jeune homme de la suivre car le proviseur voulait le voir au plus vite. Pendant un instant, Auxence fut pris de panique. Les vapeurs d’alcool ne lui avaient pas fait oublié les mots qu’Idriss avait prononcés à la fête. Ils s’amusaient à danser dans sa tête.
Pendant ce temps, Idriss se trouvait assis sur un banc plutôt inconfortable au secrétariat du lycée. Une autre élève de deux ans sa cadette était assise et le regardait avec un intérêt non dissimulé. Le jeune homme s’en amusa et lui lança une œillade qui la fit rougir. Au même moment, un homme en charge des élèves et de leur présence dans l’établissement l’appela pour qu’il aille dans son bureau.
Idriss était convoqué pour son absentéisme répété ces dernières semaines, et des explications lui étaient demandées, mais le jeune homme répondit par son silence. Pour lui, il n’avait pas à se justifier auprès de ces gens, les seules personnes à qui il était susceptible de s’expliquer étaient ses parents, quand ils feraient une apparition supérieure à un jour dans la demeure familiale. Idriss s’amusa de voir l’homme devenir rouge de colère, qui passa ses nerfs sur lui pendant une bonne dizaine de minutes, le priant forcement d’être plus souvent là. Cela l’indifférait au plus haut point.
Quand il fut enfin libéré, il passa devant le bureau du proviseur dont la porte était légèrement ouverte.
Son oreille saisit un bout de la conversation, qui l’intéressa fortement. Finalement, ça valait le coup d’être convoqué par moments. Un grand sourire naquit sur ses lèvres. Il avait trouvé quelque chose qui pouvait se montrer amusant, le sortant de la monotonie dans laquelle il s’était plongé ces derniers temps.
Idriss fourra ses mains dans les poches de son baggy kaki clair et sortit des bureaux de l’administration, mais il ne quitta pas pour autant cette partie du lycée dédiée à la paperasse. Il descendit les escaliers, la seule sortie possible, et se cala contre un mur. Une dizaine de minutes plus tard, il vit apparaître un Auxence tout sourire, descendant les escaliers.
- Alors, on est content d’avoir décroché deux bourses pour l’année prochaine.
- Qu’est ce que ça peut te faire, petit con ? Dit Auxence qui avait tout perdu de son sourire.
Idriss se détacha de son mur pour se planter devant le jeune homme et le dominer du haut de leurs trois centimètres de différence.
- Il serait dommage de les perdre bêtement, n’est-ce pas ? A cause des vulgaires sujets de contrôles volés dans la salle des profs.
Pour la première fois, Auxence prit au sérieux ce que cette raclure, selon lui, venait de lui dire. Ainsi, Idriss l’avait vu. Il se demanda comment, avant de se rappeler qu’il avait laissé la porte légèrement ouverte, oubli de sa part. Au fur et à mesure de ses pensées, son visage blêmit, et Idriss s’en régala.
- Je suppose que tu n’en as pas besoin, vu que selon le proviseur, tu as l’air d’un petit génie. Je pense plutôt que tu les revends. Ça doit être lucratif.
Le jeune sut qu’il avait tapé dans le mille, car Auxence ne répondait rien
- Puisque tu sembles être un petit génie, tu vas faire mes devoirs et piquer mes sujets de contrôles sans rien demander, ou je te balance.
Nous nous excusons pour ce petit retard. Mais la motivation et l'inspiration ne sont pas toujours forcément au rendez-vous
xD
Merci à toutes pour vos derniers coms, on est contente que l'histoire vous plaise, et on espère que vous aimerez cette suite autant que le reste.
Bisous à toutes.
Idriss commence ce chantage... Hihihi. Les auteurs qui jubilent d'avance...
Ne t'inquiètes pas notre inspiration va revenir^^. Merci
Pour ce qui est des rebondissements, il va en avoir. Tu peux nous faire confiance pour ça. ^^
On entre enfin dans le vif du sujet ^^....
Tout ne fait que commencer hihi^^
Tu les aimeras de plus en plus lool
Gros bisous!!
Tu verras par toi même les conséquences que ça aura^^
Bisous miss
Bisous